À la découverte des hydrolats – (Partie 1)

Publié le 9 juin 2019
Écrit par Stéphanie Plamondon, AC., M. SC. écrit en collaboration avec Sarah Milon, stagiaire en aromathérapie.

À la découverte des hydrolats – (Partie 1)

Nous connaissons les eaux florales de rose et de fleur d’oranger pour les avoir souvent vues dans les épiceries spécialisées, mais saviez-vous qu’il en existe de nombreuses autres qui gagnent à être découvertes et intégrées à notre quotidien ?

 

En effet, étant peu connues il n’y a pas si longtemps, elles finissaient souvent dans les égouts, mais depuis quelques années, leurs propriétés distinctes sont de plus en plus étudiées et appréciées. Pleins feux sur les hydrolats !

 

Qu’est-ce qu’un hydrolat ?

Les hydrolats proviennent de la condensation de la vapeur qui a servi à la distillation des plantes aromatiques et sont recueillis lors de la production des huiles essentielles.

Selon la partie de la plante utilisée lors de la distillation, ces corps aqueux auront des appellations différentes :

  • L’eau florale provient des fleurs et des sommités fleuries.
  • L’hydrolat provient de toute autre partie de la plante.
  • Le terme « hydrosol », quant à lui, est la désignation anglaise de l’hydrolat.

Il est intéressant de constater qu’un hydrolat contient environ 0,05 à 0,1 % de molécules aromatiques, ce qui lui confère une puissance thérapeutique équivalente à une centaine de tisanes de la même plante. Bien que cette concentration soit bien inférieure à celle des huiles essentielles, elle n’en demeure pas moins très active sur le plan thérapeutique.

Au cours de la distillation, les molécules aromatiques légères et volatiles se concentrent surtout dans les huiles essentielles, tandis que les molécules plus lourdes, elles, dans les hydrolats. Ils contiennent ainsi à la fois certaines molécules aromatiques et des principes actifs hydrosolubles présents dans la plante, tels que des minéraux et des oligoéléments. L’hydrolat se retrouve donc entre l’infusion et l’huile essentielle, mais n’est ni le versant plus actif de l’une ou moins actif de l’autre. En effet, l’hydrolat n’est pas un sous-produit de l’aromathérapie ni une version douce de l’huile essentielle qui lui est associée, mais bien un produit à part entière, possédant ses propres principes actifs, ses odeurs, ses saveurs et ses propriétés thérapeutiques.

 

Critères de qualité

Comme les huiles essentielles, il est très important de respecter certains critères de qualité lors de l’achat et de l’entreposage des hydrolats, puisqu’aucune loi ne règlemente ces précieuses eaux thérapeutiques.

En effet, comme l’hydrolat est produit en même temps que l’huile essentielle, il ne peut qu’exister des hydrolats qui proviennent de la distillation de plantes aromatiques. Si une plante n’est pas aromatique, il n’est alors ni possible d’en produire une huile essentielle ni un hydrolat. Prenons l’exemple des plantes suivantes : ortie, calendula, bambou, pissenlit…

La réflexion est la même concernant les zestes d’agrumes. Leur épaisseur rend leur distillation par vapeur d’eau difficile, voire impossible. Leurs molécules aromatiques sont alors extraites par pression mécanique, et pour cette raison, le produit obtenu est alors appelé « essence » de zeste de citron/orange/bergamote… et non « huile essentielle », terme réservé aux produits obtenus par distillation. Comme il n’y a pas de distillation de zestes (sauf parfois pour la lime), il ne peut donc pas exister d’hydrolat d’agrumes.

La méfiance est ainsi de mise lorsque des produits appelés « hydrolats » ont été créés alors qu’ils ne peuvent en être.

 

Lors de l’achat, s’assurer des critères suivants :

  • Se procurer des hydrolats conservés au réfrigérateur dans des contenants de verre ambré (si les hydrolats achetés sont embouteillés dans des bouteilles de plastique, il est recommandé de les transférer dans un contenant en verre).
  • Ne choisir que des hydrolats issus de plantes biologiques.
  • Choisir des hydrolats qui ne contiennent aucun autre ingrédient (ni conservateurs, glycérine, agents désaponifiants, dispersants ou parfums).
  • Choisir des hydrolats qui proviennent d’une plante distillée pour son huile essentielle.

 

Conservation

À la différence de l’huile essentielle qui se conserve durant des années, l’hydrolat est constitué en grande partie d’eau et se conserve donc beaucoup moins longtemps, à savoir un à deux ans maximum.

Lorsqu’il commence à s’altérer, son pH diminue, signe qu’une prolifération bactérienne ou fongique commence à s’y développer. Il est même parfois possible d’observer des filaments translucides se former dans l’hydrolat ainsi qu’un changement de son odeur. Il devient alors impropre à la consommation et à l’usage cosmétique.

Les principaux hydrolats qui se conservent de 12 à 18 mois au réfrigérateur sont les suivants : géranium, gingembre, lavande vraie, menthe poivrée, sauge sclarée, thym à linalol et verveine des Indes.

Alors que ceux-ci se conservent durant deux ans au réfrigérateur : camomille noble, cannelle de Chine, cardamome, carotte, cèdre de l’Atlantique, ciste, épinette noire, hélichryse italienne, mélisse, néroli (fleur d’oranger), romarin à cinéole, sapin baumier et thym à thymol.

 

Usages

Les hydrolats peuvent être utilisés à des fins thérapeutiques de plusieurs façons : à l’interne, en gargarisme, en cuisine, dans le bain, en parfum, en cataplasme, en diffusion, purs ou incorporés à des produits corporels.

Les usages sont nombreux, parfois même plus que les huiles essentielles, pour plusieurs raisons. Principalement en raison des molécules neurotoxiques telles que les cétones qui ne se retrouvent pas ou que très peu dans les hydrolats, les rendant sécuritaires pour les enfants et les femmes enceintes. La menthe poivrée est un bon exemple ; son huile essentielle est interdite chez les enfants et les femmes enceintes en raison de la présence de menthone (une cétone), alors que son hydrolat en est dépourvu et est donc sécuritaire.

D’autre part, à la différence des huiles essentielles, ils sont miscibles dans l’eau, rendant leur usage plus facile dans le bain ou sous forme d’infusions aromatiques.

 

À l’interne, il est possible d’utiliser les hydrolats de plusieurs façons :

  • En tisanes aromatiques : Pour cela, il suffit d’ajouter l’équivalent d’une c. à soupe d’hydrolat dans une tasse d’eau chaude ou froide.
  • En gargarisme : Utilisés comme rince-bouche, les hydrolats antibactériens tels que ceux de cannelle ou de girofle seront ajoutés à raison de 2 c. à soupe dans 100 ml d’eau de source. Gargariser pendant une bonne minute, puis recracher.
  • En cuisine : Les hydrolats sauront rehausser le goût de sauces, de riz, de salades, de desserts, de soupes… Ils seront ajoutés à la fin de la cuisson ou dans une vinaigrette.

 

Les usages externes sont également multiples :

  • Dans le bain : ½ tasse d’hydrolat dans l’eau du bain transformera celui-ci en véritable bain thérapeutique : la lavande vraie, la camomille ou le néroli pour relaxer ; le sapin baumier ou le romarin à cinéol pour faire le plein d’énergie.
  • En parfum : Simplement vaporiser sur le corps et les cheveux pour un parfum doux et léger. Sans toxicité, même pour les enfants !
  • En cataplasme : Déposer un tissu en coton imbibé d’hydrolat de mélisse, d’hélichryse italienne ou de menthe poivrée sur la région douloureuse.
  • En diffusion : Substituer la totalité ou une partie de l’eau du nébulisateur à de l’hydrolat. En raison de leur prix, certaines huiles essentielles se prêtent moins à la diffusion, mais l’hydrolat est plus économique. La diffusion de la rose et du néroli devient alors possible !
  • Soins du corps : Les hydrolats peuvent remplacer l’eau dans les recettes de produits corporels naturels et peuvent être utilisés purs en tant que tonique, leur pH étant proche de celui de la peau.