Abondante moisson estivale aux propriétés médicinales

Publié le 7 août 2021
Écrit par Anny Schneider, auteure et herboriste-thérapeute accréditée (HTA)

Abondante moisson estivale aux propriétés médicinales

Au Québec, l’été est court, mais de plus en plus chaud et généreux en ressources végétales nutritives et thérapeutiques, accessibles dans chaque friche ou prairie saine.

La plupart de ces plantes fort utiles sont des importées naturalisées, mais je les ai surtout choisies pour leur grande abondance et leurs nombreuses vertus thérapeutiques.

Qu’elles soient ou non des importées ou des espèces envahissantes, elles sont surtout accessibles, utiles et bienfaisantes, de même que relativement présentes durant tout l’été, du moins au Québec et dans le sud-est du Canada.

 

Feuilles accessibles et bienfaisantes

Armoise (Artemisia vulgaris) : celle que l’on appelle « herbe de la Saint-Jean » ou « herbe aux sorcières » est utilisée depuis des millénaires. Elle combat l’anémie et soigne la diarrhée, les douleurs menstruelles et les parasites. Placée dans les souliers avant les grandes marches, elle protège des ampoules et de l’excès de sudation.

Consoude (Symphytum officinale) : utilisée depuis des temps immémoriaux pour réparer les tissus et même les os fracturés, la racine de consoude est souveraine sous forme d’huile ou de cérat, en usage externe, même contre les rides. On déconseille de la prendre en interne à cause de ses pyrrolizidines hépatotoxiques, même si elle se vendait autrefois en comprimés, pour soigner les ulcères. Ses jeunes feuilles se mangent en salade et se boivent bien en décoction ou ajoutées à une soupe. L’élixir de ses fleurs aide à réparer et à rééquilibrer le système neurosensoriel, et à renforcer la mémoire, tout en aidant à rester ancré dans la terre.

Framboisier commun (Rubus idaeus) : les feuilles du framboisier sont des toniques utérins utilisés en périnatalité. Elles sont aussi astringentes, relaxantes et reminéralisantes. Les fruits sont riches en antioxydants, particulièrement les graines, qu’il faut bien mastiquer, pour en bénéficier. Les ronces, ou mûriers, ont des vertus similaires.

Menthes (Mentha piperita, spicata, viridis, etc.) : la menthe est l’une des plantes les plus appréciées dans le monde pour ses propriétés digestives, toniques et rafraîchissantes. En externe, elle combat les douleurs musculaires et articulaires, en plus d’avoir un effet désodorisant. À preuve, sa présence dans les gommes à mâcher, les dentifrices et les liqueurs digestives.

Ortie dioïque (Urtica dioica) : plante de friche riche, puissante dépurative du sang, diurétique et reminéralisante, très utile contre l’anémie et les allergies. Elle pique à cause de l’acide formique de ses poils urticants. Ses graines sont nutritives et favorisent la repousse des cheveux ; ses fibres étaient autrefois tissées en une étoffe résistante. Ses jeunes feuilles se mangent en potage ; plus âgées, elles se boivent en tisane ou en décoction.

Plantains (Plantago major ou lanceolata) : les feuilles du plantain, écrasées ou mâchées, soulagent immédiatement les piqûres d’insectes. En décoction, il adoucit les muqueuses des bronches et des intestins. On l’emploie aussi en onguent, contre les plaies et les hémorroïdes.

Prêle des champs (Equisetum arvense: on cueille la prêle au printemps, pour en faire des décoctions et éliminer les pierres aux reins. Plus tard, en été, elle est plutôt reminéralisante, soigne les plaies, et agit contre la chute des cheveux et l’ostéoporose.

Saule (Salix spp.: c’est aux saules et au chercheur italien Raffaele Piria qu’on doit la découverte de l’acide salicylique. La décoction des rameaux feuillus du saule agit contre les fièvres et les douleurs, et peut également s’employer en compresse ou en bain de pied.

 

Fleurs et sommités fleuries bénies

Achillée (Achillea millefolium: l’achillée aurait le pouvoir d’augmenter la concentration en huiles essentielles d’autres plantes en plus d’attirer les pollinisateurs et les coccinelles, tout en éloignant les nuisibles. On récolte la feuille en juin, et les fleurs, tout l’été. L’achillée est utilisée pour ses propriétés antihémorragiques, y compris pour les intestins irritables. Elle est aussi hépatoprotectrice, diaphorétique, et combat la fièvre aiguë. L’achillée est une plante de la femme, modulatrice hormonale avec la propriété de décongestionner la sphère génitale. En élixir, elle a le pouvoir d’augmenter les facultés méditatives. Elle peut nous protéger contre les énergies négatives, qu’il s’agisse des intentions belliqueuses d’autrui ou des ondes électromagnétiques nocives.

Agripaume (Leonurus cardiaca: au-delà de son aspect et de son goût un peu rébarbatifs, c’est une plante formidable, à prendre en teinture mère ou en tisane, contre les palpitations, les douleurs et l’oppression dans la région du cœur. Offerte en vrac ou en teinture mère, seule ou composée, dans les herboristeries et les magasins d’aliments naturels. Suivre la posologie indiquée sur le flacon, sinon, en tisane, mettre une cuillère à thé par tasse, de deux à trois fois par jour, l’estomac vide, idéalement, car l’effet est ainsi plus rapide. Encore mieux si combinée à une autre cardiosympathique plus agréable au goût, comme le tilleul ou la lavande.

Bourse-à-pasteur (Capsella bursa-pastoris) : avec ses capsules en forme de cœur collées le long de la tige, cette autre importée, très répandue dans les friches, est merveilleuse pour arrêter les hémorragies de tous types, y compris utérines. Elle aurait aussi servi à soigner le scorbut. Le mieux est de l’utiliser fraîche ou en teinture mère. Elle est hémostatique, tonique, astringente et diurétique.

Brunelle (Prunella vulgaris) : sa fleurette labiée répare la bouche et la gorge. Elle aide à cautériser les blessures, tant internes qu’externes. Les Anglais ne l’appellent-ils pas « Heal-all » ? D’après les Chinois, elle calme le feu du foie et diminue l’excès de chaleur qui sort des orifices céphaliques, la tête en tête. Elle est altérative, antihistaminique, antivirale, immunostimulante, fébrifuge, hypoglycémiante et cholagogue, vulnéraire, et hypotensive.

Millepertuis (Hypericum perforatum) : cette fleur de la Saint-Jean se cueille une à une, tout l’été, et se boit en infusion, contre la dépression, les maux de tête et même les défaillances du système immunitaire d’origine hépatique. En externe, on emploie les boutons floraux macérés dans de l’huile contre les brûlures, les douleurs et les névralgies.

Sureaux (Sambucus canadensis) : ce sureau indigène produit de belles fleurs blanches en corymbes, qui sont fébrifuges et diurétiques. Aussi, ses fruits mauve-noir, à maturité, combattent l’anémie, l’arthrite et les virus saisonniers. Le sureau rouge (S. pubens) a des fruits en grappes rouges et est plus acide ; il stimule l’écoulement biliaire.

Tilleuls (Tillia americana, cordata ou europea) : ses feuilles, en tisane, sont anti-inflammatoires, et ses fleurs et ses bractées épanouies, cueillies autour du solstice d’été, sont calmantes, diurétiques et fébrifuges. Son écorce est diurétique, pour soulager les hypertendus dont la cause est d’origine rénale.

Verges d’or (Solidago virgaurea et ssp.) : avec ses 80 sous-espèces, toutes indigènes d’Amérique du Nord, c’est une des rare plante à s’être disséminée en Europe. Fleurissant en août, la verge d’or a des effets anti-inflammatoires et calmants. Elle soulage également les réactions allergiques aux pollens de fin d’été. En décoction ou en tisane, ou plus concentrée dans l’huile essentielle, c’est un draineur bienfaisant pour les reins et la vessie. Également bénéfique pour la prostate et la virilité, comme l’indique son nom évocateur de verge d’or. Psychologiquement, la fleur de verge d’or aide à nourrir le sens de l’harmonie en communauté, sans toutefois nier son individualité propre.

 

Racines utiles et omniprésentes

Bardane (Arctium lappa) : cette plante, qu’on appelle aussi « gracchia » ou « toques », est remarquable par son abondance et sa vitalité. Ses feuilles, en externe, soignent même les infections graves comme l’impétigo. En interne, sa racine est délicieuse au goût, même en potage, elle régularise le taux de sucre et soigne les maladies de peau. Ses boutons floraux mauves et collants sont amers au goût, mais soulagent les infections urinaires.

Chiendent (Agropyron repens.) : on l’appelle la « peste des jardiniers », et pourtant, les chiens l’adorent et en mâchent les feuilles pour se purger les intestins et le sang. On peut faire des veloutés avec ses feuilles sucrées, saturées de chlorophylle et de vitamines E et C. Ses racines, en décoction, sont de puissants dissolvants de pierres, des reins à la vésicule, diurétiques, anti-inflammatoires et antiarthritiques.

Fraisier sauvage (Fragaria vesca) : les racines du fraisier sont reconnues comme ayant de puissants effets antidiarrhéiques et servaient autrefois à se nettoyer les dents et à soigner les gencives infectées. Les jeunes feuilles cicatrisent la peau et peuvent se manger en soupe. Les fruits sont riches en antioxydants et soignent l’arthrite et la goutte.

Patience (Rumex crispus et orbiculatus : ses jeunes feuilles peuvent se manger en salade ou en soupe. Plus souvent, on utilise sa racine, pour ses effets laxatifs et dépuratifs. C’est aussi un tonique intestinal et utérin. Elle est très riche en fer, à preuve, elle est garnie de nombreuses graines qui attendent le printemps pour se ressemer.

Pissenlit (Taraxacum officinale) : les premières feuilles de pissenlit du printemps constituent une excellente source de vitamine A et de minéraux (calcium, magnésium, fer), et la racine, de lactones d’inuline et de potassium. Plus tard, c’est mieux de les cuire à la vapeur ou de les boire en décoction. Les fleurs, en salade, en tisane et même transformées en vin, soignent le foie. La racine d’automne nettoie les reins et aide le pancréas.

Salsepareille (Aralia nudicaulis et sp.) : c’est la variété la plus répandue à la lisière des forêts mixtes. La racine de la salsepareille peut être longue de trois mètres. C’est la cousine du ginseng. Cette plante indigène est une tonique surrénalienne, aussi reconnue comme dépurative du sang et de la peau.

Savoyane (Coptis trifolia : aussi appelée coptide du Groenland, elle est plus connue sous le nom de savoyane. Sa racine est un fil d’or qui nous aide à nous rapprocher de la terre et à nous nettoyer des bactéries et des virus. C’est un antiseptique dont on mâche la racine pour lutter contre les ulcères, de la bouche aux intestins.

Valériane (Valeriana officinalis) : les racines de cette plante sédative et antispasmodique ont un goût et une odeur très forts, donc il vaut mieux privilégier la teinture mère, selon la posologie du fabricant indiquée sur le flacon. C’est un remède germanique éprouvé depuis des siècles contre l’insomnie, les palpitations et la trop grande nervosité. Ses jolies fleurs roses ont également des vertus calmantes.

En conclusion, il faut avoir de la gratitude pour toute cette abondance. Merci de cueillir en toute conscience, aux bons endroits, juste ce dont vous avez besoin, sinon partagez, et défendez les lieux encore sains où ces ressources croissent en abondance, sans toutefois être illimitées !

Plus on a besoin de la nature, mieux on apprend à la connaître et à l’aimer !

 

N’oubliez pas : la nature est un immense musée vivant, pas inépuisable, mais généreux de ses innombrables trésors et vertus.

À nous de l’étudier attentivement et de la préserver activement, pour nos petits-enfants et les leurs !

  

RÉFÉRENCES

Bardeau Fabrice La santé à la pharmacie du Bon Dieu La Guilde du livre Stock Genève, Suisse 1973, 350 pages

Marie-Victorin Frère La flore Laurentienne Presses de l’université de Montréal 1995, 1083 pages

Hutchens .R.Alma A native handbook of Native American Plants et Indian Herbology of North America , Shambala Boston 1992, 256 pages,11989 et 1992

Foster, Steven and Duke, James Field guide to Medicinal Plants and herbs Peterson Field guide 2014, 456 pages

Schneider Anny Je me soigne avec les plantes sauvages 2011, 302 pages Éditions de l’homme Montréal

Web infos : www.herbier.ulaval.ca ou herbnet.com