Accoucher … en sécurité

Publié le 1 avril 2020
Écrit par Laurence Sala, Naturopathe

Accoucher … en sécurité
Atelier Deuil-Temps des fêtes

Plusieurs mois se sont écoulés avant que je reprenne la plume. J’avais besoin de vivre sereinement la fin de ma grossesse, préparer l’accouchement, finaliser certains projets… puis de prendre mes marques dans cette dynamique familiale à quatre.

 

Aujourd’hui, je reviens dans cette belle tribune avec un article plus personnel. J’ai envie de vous partager l’expérience que nous avons vécu le 23 mai 2019 lors de la naissance de notre fille Gabriele.

 

Après avoir hésité à partager notre histoire, une femme m’a rappelé que « c’est important de transmettre ». Au-delà de notre parcours en fertilité, nous avons eu tout un parcours pour donner naissance à nos enfants. Voilà donc un bout de notre intimité, qui je l’espère, apportera réconfort, baume au cœur, voire inspiration, pour certaines femmes.

 

En 2015, notre fille Anna est née en milieu hospitalier à Montréal. Un accouchement traumatique d’une durée de 30 h, qui m’a demandé beaucoup de temps, de communication, de soins pour m’en remettre.

 

Mais j’ai tellement appris…

  • L’accouchement ne dépend pas QUE du pouvoir de la femme d’enfanter. C’est toute une symphonie le jour J avec laquelle on doit composer…
  • On rédige des souhaits de naissance… et non un « plan ». Avoir de grandes attentes peut créer un sentiment d’échec et plus de difficultés pour s’en remettre.
  • La médecine a toute sa place quand un problème survient. Ce n’est sans doute pas ce qu’on souhaitait de l’accouchement, mais heureusement qu’ils sont là.
  • La définition d’un accouchement traumatique est propre à chacun. Une césarienne n’est pas la seule voie. Une péridurale ou une épisiotomie peuvent aussi être un traumatisme.
  • Les mots « bébé et maman vont bien » ne réconfortent pas. Comparer l’accouchement à d’autres plus « traumatiques », non plus. Cela n’enlève pas la douleur de ce que l’on a vécu. Pire, ces propos apportent de la culpabilité et empêchent la personne de vivre ses émotions.
  • Le stress traumatique peut se traduire par de l’angoisse, de la rigidité (pour survivre), un sentiment de honte, un syndrome de dissociation… un stress qui peut être autant vécu par la mère que par le père.
  • Peu importe ce qui se passe à l’accouchement, une doula est un pilier. On ne peut pas attendre du conjoint qu’il soit un expert de l’accouchement ! La doula amène de la fluidité, du savoir-faire, de la confiance. Elle fait équipe avec papa et le corps médical. Selon moi, elle fait la différence… même lorsqu’on est suivie par une sage-femme.

 

Accoucher est un GRAND passage. J’ai pleinement intégré le fait que chaque femme devrait pouvoir définir son cadre de sécurité… c’est-à-dire le lieu où elle se sent le plus en sécurité, mais aussi choisir l’équipe qui sécurise cet espace. On a tous une histoire unique, des valeurs, des croyances qui définissent ce cadre de sécurité. Peu importe le choix final du couple, aucun jugement ne devrait être fait.

 

Le 23 mai 2019, je n’ai donc pas eu le courage d’accoucher à l’hôpital…

 

Par mon histoire personnelle et familiale, l’hôpital est synonyme de traumatismes pour moi. Que l’on ne s’y méprenne pas : je crois en la médecine. Certaines équipes médicales se forment même à l’accouchement physiologique, et j’honore leur travail !

 

Mais pour moi, le milieu hospitalier ne rime pas avec détente, lâcher-prise, joie…

 

C’est pourquoi notre Gabriele est arrivée dans la douceur de notre nouvelle maison, entourée d’une équipe solide :

  • un conjoint qui a dépassé sa zone de confort en m’accompagnant dans l’accouchement à domicile, un homme ancré avec qui j’ai pu faire équipe, avec lequel j’ai pu ressentir toute la puissance de notre amour, avec qui j’ai navigué à chaque contraction, à chaque vague de la vie…
  • Amaili et Annie Pilon, deux sages-femmes d’expérience qui m’ont suivie au son des contractions et ont laissé bébé faire sa rotation tout seul ;
  • Annie Bouthot, une doula en or qui m’a ramenée plusieurs fois dans « ici et maintenant, en confiance » avec la magie des huiles essentielles ;
  • Clara Ludmila, une doula toute douce qui nous a permis de décrocher en s’occupant de notre grande fille pendant l’accouchement.

 

À mes yeux, cette équipe a fait la différence. Grâce à la définition de mon cadre de sécurité, j’ai pu plonger dans le vortex de la naissance, lâcher prise en sécurité, affronter l’intensité des contractions et vivre pleinement ce grand passage. Un moment de ma vie où j’ai puisé force, courage et confiance comme jamais.

 

Gabriele a ensuite trouvé le chemin vers l’allaitement. Un moment de découverte, de premiers regards, de communication… avant de se coller et de faire du peau à peau.

 

Anna est venue rejoindre sa petite sœur dans la chambre. Du haut de ses (presque) quatre ans, elle avait un regard d’émerveillement, de questionnements, d’amour, de complicité que je n’oublierai jamais… Je n’oublierai pas non plus son rire et sa joie de jouer dans la piscine d’accouchement où je n’avais pas eu le temps de me rendre !

 

Reliée à son placenta durant six heures, Gabriele a aujourd’hui son empreinte de vie. Il s’agit d’une pratique où l’on dépose le placenta sur une feuille de papier Canson® afin de garder un souvenir de sa grossesse, de sa première maison (que l’on appelle aussi « arbre de vie »).

 

Ainsi, nous avons pu retarder le clampage du cordon ombilical. L’idée était de ritualiser chaque étape de la naissance, que Gabriele puisse avoir un apport sanguin supplémentaire et ainsi augmenter sa réserve de fer. Lorsque mon conjoint m’a proposé de couper le cordon, j’ai été très émue. C’était toute une étape pour moi, pour elle. Ainsi, j’ai symboliquement finalisé la naissance de notre Gabriele par ce geste.

 

Un accouchement si réparateur…pour moi, pour nous.

Un accouchement où étaient pleinement réunis le féminin et le masculin sacrés.

 

Quelques jours plus tard, mon amie Caroline Lebon Le Roy est venue à la maison nous offrir un Thalasso Bain Bébé®. Un soin puissant, émouvant, qui permet de libérer les tensions de la grossesse et de l’accouchement. Une journée hors du temps où nous avons plongé dans nos émotions et entouré Gabriele de tout notre amour… pour honorer ses premiers moments de vie.

 

C’est avec vulnérabilité et humilité que j’écris ces lignes, pour transmettre nos apprentissages et encourager chaque lectrice à entreprendre son propre chemin, dans son propre cadre de sécurité… sans aucun jugement.

 

Anna et Gabriele sont nos victoires, nos fiertés. Que ce soit en milieu hospitalier ou à la maison, je ne serais pas devenue la femme et la mère que je suis aujourd’hui sans ces deux bébés arc-en-ciel, sans ces deux grands passages, sans ce chemin depuis 2013.

 

Ma boîte à outils

  • Des professionnels incroyables tout au long de la grossesse et en post-partum : sages-femmes, doulas, ostéopathe, chiropraticien, psychologue, hypnothérapeute, physiothérapeute périnéale…
  • Des huiles essentielles précieuses
à ce cheminement, en particulier le laurier noble et le petit grain bigaradier.
  • Des outils naturopathiques comme le glycéré de rose et l’eau florale de rose.
  • Le soin rebozo d’Angie Yanez et la transmission de Claire d’eau (MoonSistars) pour me connecter au courage d’accoucher de nouveau.
  • Le livre Ma mère, c’est la plus forte d’Andréann Larouche pour préparer
notre grande à l’accouchement à domicile.
  • L’Institut Biocoaching pour détricoter mes émotions et écrire une nouvelle histoire.