Aliments, atouts et plantes pour les nourrices et leurs nourrissons

Publié le 21 mai 2016
Écrit par Anny Schneider, herboriste-thérapeute accréditée

Aliments, atouts et plantes pour les nourrices et leurs nourrissons

« Une maman se révèle dès qu’elle sent sa poitrine s’arrondir et son ventre se tendre. » – Jean Castaldi, écrivain Français

D’avoir porté, nourri et élevé deux enfants fut un des plus beaux cadeaux que la vie m’ait apportés.

Bien sûr, en tant qu’herboriste férue et confiante en nos chères plantes, c’est elles que j’ai choisies pour soulager les petits malaises courants de la condition de bébé et de ma propre santé.

Le lait maternel étant la première et unique source de nourriture, n’oubliez pas que c’est le sang de la maman et tout ce qu’il contient qui génèrera et déterminera la qualité du lait et la santé de l’enfant qui s’en nourrira.

 

ALIMENTS ADÉQUATS POUR LA MÈRE NOURRICIÈRE

Bien sûr, il faut s’assurer d’une alimentation riche et complète pour assurer l’apport de tous les nutriments nécessaires à la croissance et à l’immunité de l’enfant.

Pour réguler la glycémie, pour l’énergie et les minéraux de leurs enveloppes, maintenez un bon apport régulier en hydrates de carbone co plexes : légumes racines ou céréales entières ; l’avoine, l’orge, le millet, le sarrasin et le riz étant les plus bénéfiques.

N’oubliez pas les aliments plus concentrés en protéines (algues bleu-vert, légumineuses, œufs bio, poissons de haute mer et viandes saines (mais plus rarement…), gras essentiels (noix et graines), tout cela en respectant les combinaisons alimentaires, sinon gare aux gaz et aux coliques chez le bébé.

Ne pas hésiter à ajouter aux trois repas réguliers deux collations par jour (ex : fruits et noix, yogourt ou kéfir, crudités et craquelins santé au lin…).

Consommer souvent de ces légumineuses germées : la luzerne, le fenugrec, le soya et le trèfle, qui enrichissent particulièrement bien le lait maternel.

Bien sûr, tous les légumes verts riches en vitamines hydrosolubles sont précieux et doivent être au menu au moins une fois par jour.

La levure alimentaire aussi est, par ailleurs, une bonne source de protéines et de vitamines du complexe B. Ajouter aux salades ou aux soupes, une cuillère à table à la fois.

 

PLANTES RECONNUES POUR AUGMENTER LA PRODUCTION ET ENRICHIR LE LAIT
Si vous manquez de volume de lait, choisissez les plantes galactagogues comme le chardon bénit, la guimauve, le galéga, le houblon, le fenouil ou le framboisier (au choix ou mélange de trois par votre herboriste détaillant favori).

 

PETITS MALAISES TRANSITOIRES ET SOLUTIONS

Outre l’amour, l’autre unique nourriture de l’enfant naissant est le lait maternel, concentré de tout ce que consomme et qu’a absorbé la maman, soit presque autant de calories qu’un bûcheron, car elle mange pour deux.

Parfois, les ballonnements et les coliques qui en résultent incommodent le nourrisson et réveillent les parents, quand ce n’est pas l’hypoglycémie du bébé, plus affamé et vorace encore durant les cycliques poussées de croissance.

 

CONTRE LES COLIQUES

Avant l’âge de trois mois, la mère elle-même peut boire des plantes carminatives : anis étoilé, graines d’anis vert, de coriandre ou de fenouil, de grands classiques.

Assez rapidement, on peut les donner au bébé, en décoction tiède (eau bouillie avec ces plantes carminatives, dans le biberon du bébé (1 étoile d’anis ou 1⁄4 de cuillère à thé de graines par tasse d’eau).

Il est bon d’hydrater les bébés, surtout l’été, et de leur donner des tisanes douces et légères pour améliorer leur santé.

Exemples : camomille, cataire, guimauve ou mélisse, toutes des calmantes à donner à bébé pour le relaxer et aider à la finition des intestins, derniers organes à se mettre en place et à devenir fonctionnels.

L’autre moyen, quand le pauvre bébé, tout rouge, se tord en crampes douloureuses en pédalant dans le vide, est de confectionner une huile anti-spasmodique avec 5 % d’huile essentielle dans 95 % d’huile d’olive bio ou d’amande douce, en friction douce du ventre dans le sens du côlon.

En y ajoutant quelques gouttes d’anis étoilé et de menthe poivrée, ce formidable antidouleur diminuera encore mieux et plus rapidement les crampes du bébé. De le porter collé sur soi dans un sac ventral et de se déplacer en le berçant le soulage aussi, mieux que de l’attacher dans un siège d’auto ou sur une sécheuse en marche.

 

Petits rappels sur le rôle du lait maternel et son apport au microbiote

  • Un lait maternel sain favorise chez le bébé l’implantation, par les muqueuses et l’intestin, d’une flore bactérienne bénéfique pour toute sa vie.
  • La flore intestinale s’implante dès les premières minutes après la naissance, car un bébé en bonne santé tète sa maman dès sa sortie, après l’immense effort fourni dans le travail conjoint de la délivrance !
  • In utero, le tube digestif est stérile et acquiert sa composition en quelques heures seulement !
  • Les nouvelles études sur l’importance de notre microflore totale (le fameux microbiote) prouvent qu’elle restera ensuite pratiquement stable pendant toute la vie de l’individu, d’où l’importance d’un bon démarrage. L’accouchement naturel et la période de l’allaitement sont donc cruciaux pour la santé immunitaire de toute notre vie.
  • Cette flore est composée de bactéries lactiques variées : bifidobactéries et lactobacilles divers : acidophilus, caséi, faecium, infantis, longum, rhamnosus, salivarius, etc.
  • La flore module les réponses immunitaires et même les émotions, par les neurotransmetteurs se métabolisant principalement dans la paroi intestinale, notre deuxième cerveau.
  • Aussi, elle empêche la prolifération de bactéries pathogènes.
  • L’allaitement apporte des anticorps neufs (notamment des IgA sécrétoires) et des substances inhibant de façon spécifique la croissance de certains germes (par exemple, une lactadhérine active contre le rotavirus et des oligosaccharides actifs contre l’Escherichia coli et le Candida albicans si répandu…).
  • Le lait maternel acidifie au bon degré le milieu intestinal (du fait de son équilibre en fer et en phosphore, de sa concentration en protéines et de la production d’acides gras à chaînes courtes, secondaires à la fermentation du galactose).
  • Il apporte aussi des oligosaccharides, sucres complexes très assimilables, véritables substrats prébiotiques nutritifs.

 

Par contre, avec le lait artificiel…

  • La flore contient une plus grande variété d’espèces bactériennes nocives pathogènes.
  • La présence d’acido et de bifidobactéries est pauvre et inconstante.
  • Les allergies alimentaires ou respiratoires sont beaucoup plus fréquentes chez les enfants qui n’ont pas été allaités.
  • Le lait artificiel est souvent trop riche en sucres doubles, mauvais pour la glycémie, en gras saturés athérogènes et enrichis de suppléments synthétiques, jamais aussi bénéfiques que les nutriments

Évidemment, il faut surveiller les selles, car la constipation comme la diarrhée augmenteront les risques de spasmes douloureux, étrangement souvent plus nombreux au crépuscule.

À noter : les maladies infectieuses sont courantes chez les jeunes enfants, surtout quand on les envoie trop tôt en garderie, où ils sont plus exposés aux infections des autres. Avant cela, les principes immuns du lait maternel les protègent de bien des bactéries pathogènes, souvent bien mieux que la vaccination.

 

CONSEILS ANTI-GERÇURES ET INFECTIONS DES MAMELONS

Changer souvent la position du bébé lors de la tétée, l’équilibrer en changeant souvent de sein.

En cas de mastite, se donner des douches chaudes sur les seins, les masser pour éviter la stagnation, diminuer les liquides, éviter les jus de fruits, couper les plantes galactagogues.

Au pire, tisane et cataplasme de sauge, persil.

Feuilles de chou à la vapeur en compresses.

Bien sûr, s’il y a engorgement prolongé des seins, surtout avec suppuration et fièvre, il faut consulter et contrôler l’infection, mais si possible naturellement et sans stopper l’allaitement.

En interne, prendre de la teinture mère d’ail, d’achillée et de cataire de trois à cinq fois par jour, selon les indications du fabricant.

L’argent colloïdal est un excellent anti-infectieux, à prendre en interne et à appliquer directement sur les gerçures.

La lécithine pure, l’onguent de calendula ou de plantain bio peut s’appliquer après chaque tétée et nettoyage, et ne nuiront pas au nourrisson qui en absorberait un peu.

Ces choix sont bien plus adéquats que la lanoline de source animale, la vaseline ou l’onguent de zinc, potentiellement toxiques.

Avec beaucoup d’attention et un peu de recherche, chaque parent peut réussir à gérer naturellement la santé de son bébé.

« L’amour d’une mère remonte des profondeurs de l’océan. »

Maman un jour, maman toujours !

Un papa attentif lui aussi, évidemment, peut grandement participer au bien-être de la maman et du bébé, chaque nouvel enfant étant une succession de merveilles et de miracles qui se déploient sous nos yeux, dans nos bras !

 

RÉFÉRENCES

STARENKYJ, Danièle. L’alimentation de l’enfant de 0 à 2 ans, Montréal (Québec), Editions Orion, 1997, 224 pages.

ARSENAULT, Céline. Accueillir mon enfant naturellement, Montréal (Québec), Éditions Le Dauphin Blanc, 2009, 395 pages.

VERDON-LABELLE, Johanne. Soigner avec pureté, Montmagny (Québec), Éditions Fleurs sociales, 1985, 333 pages.

L’incontournable universelle Ligue La Leche : www.allaitement.ca. Ou encore ce site français : www.allaitement.com.