Allergie alimentaire ou intolerance à l’histamine ; l’œuf ou la poule ?

Publié le 8 février 2019
Écrit par Sylvie Rousseau nd.a

Allergie alimentaire ou intolerance à l’histamine ; l’œuf ou la poule ?
Bio Strath September

L’histamine est un médiateur du système immunitaire synthétisé à l’intérieur de nombreux organes humains, dont la peau, l’estomac et le cerveau. Elle joue un rôle dans plusieurs réactions inflammatoires et allergiques, y compris dans les réactions d’hypersensibilité immédiates et retardées.

 

Normalement, cette molécule de signalisation participe à plusieurs fonctions physiologiques de l’organisme. Elle contribue d’une part à la production d’acide chlorhydrique dans l’estomac, régule les fonctions du tube digestif, augmente la puissance des pulsations cardiaques, assure le rythme éveil-sommeil, contrôle la température corporelle, la pression et la sensation de douleur. C’est aussi un neuromédiateur cérébral. Cependant, la principale fonction de l’histamine est de détruire les substances étrangères dans l’organisme. Elle est ainsi libérée en grande quantité lors de réactions allergiques ou à la suite de l’ingestion d’aliments riches en histamine.

Elle est synthétisée à partir de l’histidine, un acide aminé essentiel, par une enzyme connue sous le nom d’histidine décarboxylase. L’histamine peut ensuite être conservée ou dégradée rapidement par une ou l’autre des enzymes suivantes : l’histamine-N méthyltransférase (HNMT) ou la diamine oxydase (DAO). Cette dernière est la principale enzyme présente dans le système gastro-intestinal.

 

Symptômes et causes

Lorsque l’histamine n’est pas suffisamment dégradée, on se retrouve avec un excès d’histamine et on peut voir apparaître les symptômes suivants : écoulement nasal, éternuements, congestion, démangeaisons, étourdissements, maux de tête, nausées, vomissements, crampes intestinales, diarrhée, essoufflement, cycle menstruel irrégulier, fréquence cardiaque anormale, hypertension et, à l’extrême, une réaction anaphylactique.

Plusieurs causes probables d’un niveau élevé d’histamine ont été répertoriées, dont les allergies, l’intolérance au gluten, la prolifération bactérienne de l’intestin grêle (SIBO), la perméabilité intestinale (leaky gut), les aliments histamino-libérateurs, une déficience en DAO, une mutation génétique, une maladie inflammatoire intestinale ou encore la prise de certains médicaments comme la metformine, les antibiotiques, les antiacides, les contraceptifs et même les antihistaminiques, à long terme. Ces derniers peuvent bloquer la dégradation de l’histamine, tout comme un déséquilibre hormonal. Plus concrètement, s’il y a excès d’œstrogènes dans l’organisme ou carence en progestérone, l’histamine sera élevée en raison d’une insuffisance en DAO.

 

Les allergies alimentaires

Plusieurs des symptômes décrits plus hauts peuvent être déclenchés par les sensibilités alimentaires, qui sont une cause majeure d’inflammation intestinale. En effet, la muqueuse intestinale devient enflammée quand une hyperactivité immunitaire en lien avec la consommation d’aliments allergènes s’installe.

Il faut savoir qu’il y a trois types de réactions allergiques : l’allergie alimentaire immédiate, la sensibilité alimentaire et la réaction auto-immune. L’allergie immédiate, une condition impliquant un niveau élevé d’anticorps de type immunoglobulines E (IgE) dans le sang, touche très peu de gens, mais elle peut être très sérieuse en entraînant le relâchement d’histamine, de mastocytes et d’autres cytokines qui enclenchent une réaction d’hypersensibilité importante et à la limite dangereuse pour la vie.

Toutefois, la majorité des problèmes allergiques sont causés par des sensibilités alimentaires impliquant la formation d’immunoglobulines de type G (IgG), représentant 80 % de tous les anticorps et supposant une réaction beaucoup plus sournoise sur l’organisme. La sensibilité alimentaire est une réaction de type retardée et elle est souvent associée à une exposition à des toxines environnementales, ou encore causée par une infection ou un stress émotionnel.

La sensibilité alimentaire peut prendre des semaines ou des mois avant de se développer pleinement. Les symptômes prennent la forme de douleurs abdominales, constipation, diarrhée, gastrite, migraine, démangeaisons, bronchite, sinusite, rhinite, prise de poids ou encore de rétention d’eau.

Les anticorps forment des complexes avec les antigènes des protéines alimentaires. S’il y en a trop, les complexes peuvent entrer dans les tissus et amener une réaction inflammatoire en enclenchant le troisième type de réaction allergique, soit la réaction auto-immune, un problème beaucoup plus difficile à traiter. Heureusement, lorsqu’on élimine les aliments incriminés, les symptômes s’atténuent dans les semaines ou les mois à venir.

 

L’intolérance à l’histamine

Plusieurs symptômes imitant une réaction allergique peuvent apparaître lorsqu’il y a une surproduction d’histamine causée par la dysbiose intestinale (déséquilibre du micro-biote intestinal). Ce serait la principale raison pour qu’une intolérance à l’histamine puisse se développer. En effet, certaines bactéries pathogènes produisent de l’histamine et bloquent la formation de la DAO. Aussi, les aliments histamino-libérateurs, notamment l’alcool, les boissons énergisantes, le thé et tous les allergènes diminuent la DAO, provoquent une accumulation d’histamine et causent une intolérance à cette dernière. On se retrouve alors avec une augmentation d’histamine et une diminution de l’enzyme diamine oxydase (DAO) et de l’histamine-N-méthyltransférase (HNMT), responsables de la dégradation de ce médiateur.

La mauvaise élimination de l’histamine peut aussi venir d’une déficience dans certains cofacteurs importants pour la formation de la DAO, dont la vitamine C, la vitamine B6 et la B12, le fer, le cuivre et le manganèse. Par exemple, si la vitamine B6 est basse, la DAO sera incapable de dégrader l’histamine.

 

Solutions naturopathiques

La première étape d’un point de vue naturopathique sera d’identifier les allergènes, soit par des régimes d’éviction ou par des tests d’allergies alimentaires faits en laboratoire, pour arriver à éliminer le contact avec ceux-ci. Les principaux aliments allergènes incriminés sont les œufs, le poisson, les fruits de mer, les arachides, les produits laitiers, le chocolat, le gluten, les agrumes et les colorants alimentaires.

Il faut également éviter les régimes trop riches en gras saturés et en sucres raffinés, ainsi qu’augmenter sa consommation d’acides gras oméga-3, qui sont des anti-inflammatoires et antiallergiques naturels.

Les antioxydants en général (vitamine A, C, E, sélénium et zinc), mais surtout de hautes doses de vitamine C (1000 mg à 3000 mg par jour pour un adulte) vont soutenir le mécanisme antiallergique du système. Ils préviennent la sécrétion de l’histamine par les globules blancs et augmentent la détoxication de ces médiateurs inflammatoires. La quercétine, la vitamine B12, l’extrait de pépins de raisin, le ginkgo biloba sont d’autres antioxydants particulièrement indiqués pour le système immunitaire. Nommons aussi les bloqueurs d’histamine, soit l’ortie, la broméline, la lutéoléine, la vitamine C et les huiles de poisson.

Pour augmenter la diamine oxydase (DAO), il est indispensable d’éviter les aliments contenant beaucoup d’histamine, dont les boissons alcoolisées (surtout le vin rouge), les fromages, les charcuteries, le foie de porc et de bœuf, les fruits de mer, la levure, le café, le cacao, le tofu, le blé, les aliments fermentés et les marinades. Manger des aliments frais et non transformés sera le gage d’une bonne santé immunitaire à long terme.

 

RÉFÉRENCES

LORD, Richard S. et J. Alexander BRALLEY, Éd. Laboratory EValuations for IntegratiVe and Functional Medicine, 2e edition, Metametrix Institute, Duluth, Georgia, 2008.

ARSENEAU, Leigh Dr et coll. IQ intestinal, soutenir une santé gastro-intestinale, Fluids IQ, 2018.

Dr Lynch. Histamine Intolerance, MTHFR and Methylation, http://mthfr.net/histamine-intolerance-mthfr-and-methylation/2015/06/11/