Alternatives aromatiques aux cosmétiques synthétiques

Publié le 10 mai 2016
Écrit par Stéphanie Plamondon, Ac., M. Sc.

Alternatives aromatiques aux cosmétiques synthétiques

Tous les jours, nous nous appliquons des produits corporels, dont plusieurs, malheureusement, contiennent des ingrédients qui sont de plus en plus soupçonnés de jouer un rôle dans le développement d’allergies, de déséquilibres hormonaux et, pire, de dérèglements cellulaires à l’origine de certains cancers.

 

Ces ingrédients cosmétiques sont en effet absorbés par l’épiderme et se retrouvent rapidement dans la circulation sanguine, où ils atteignent des organes importants, tels que le foie et les reins. Certaines de ces craintes ne sont pas encore confirmées hors de tout doute par les recherches scientifiques, mais en attendant, pourquoi ne pas s’en abstenir, jusqu’à ce que le verdict tombe, et choisir, à la place, des alternatives saines ?

Les huiles essentielles ont ceci de très intéressant qu’elles permettent de fabriquer des produits corporels et thérapeutiques non seulement efficaces, mais surtout naturels et en harmonie avec notre biochimie interne. À l’approche de la fête des Mères, au lieu de fleurs, pourquoi ne pas offrir un bouquet de produits cosmétiques naturels faits maison ? Un cadeau de santé original qui plaira à tout coup !

Voici sept produits corporels faciles à fabriquer et à (s’)offrir ;

 

Les dentifrices commerciaux

Le problème : contiennent du fluor

Le fluor, qui est présent dans près de 95 % des dentifrices, est un oligo-élément qui suscite la controverse depuis de nombreuses années. On le soupçonne de représenter un danger pour la santé, particulièrement celle des jeunes enfants. D’ailleurs, à cet effet, on retrouve sur les tubes de dentifrice un avertissement incitant les usagers à appeler un centre antipoison en cas d’ingestion accidentelle du produit. Les risques associés au fluor sont le développement de certaines affections, telles que la fluorose dentaire (décoloration permanente des dents), des troubles digestifs, une toxicité aiguë, des irritations cutanées ainsi que des troubles de l’équilibre du glucose sanguin.

L’alternative : se procurer un dentifrice naturel sans fluor ou le fabriquer soi-même

 

Recette de dentifrice naturel, efficace et délicieux !

Quantité : environ 115 g

Durée de vie : 1 an, à la température de la pièce

  • 50 g d’argile blanche
  • 30 g de gel d’aloès bio
  • 15 g de glycérine végétale
  • 10 g de savon de Castille liquide non parfumé (ex. : D . Bronner)
  • 5 g de bicarbonate de soude
  • 5 g de xylitol

 

Huiles essentielles désinfectantes et rafraîchissantes

  • 15 gouttes d’HE de menthe verte (Mentha spicata) bio
  • 10 gouttes d’HE de menthe poivrée (Mentha x piperita) bio
  • 5 gouttes d’HE d’anis étoilé (Illicum verum) bio
  • 5 gouttes d’HE de cannelle de Chine (Cinnamomum cassia) bio

 

Caractéristiques des ingrédients :

  • L’argile blanche et le bicarbonate de soude nettoient et polissent les dents ;
  • La glycérine végétale préviendrait la déminéralisation des dents ;
    Le gel d’aloès réduit l’inflammation des gencives ;
    • Le savon de Castille nettoie et désinfecte la bouche ;
  • Le xylitol est un sucre naturel qui, paradoxalement, prévient la carie dentaire (trouvez-le en magasin d’aliments naturels).

Dans un bol, bien mélanger tous les ingrédients. Ajuster la consistance selon ses préférences en ajoutant de l’argile blanche (pour épaissir) ou du gel d’aloès (pour liquéfier). Mettre en pot. Utiliser une petite quantité du produit sur une brosse à dents propre après chaque repas. Efficace et délicieux !

 

La gelée de pétrole

Le problème : produit dérivé de l’industrie pétrochimique

Comme son nom l’indique, la gelée de pétrole, communément appelée « vaseline », est un sous-produit obtenu du raffinage du pétrole. Les activités reliées à l’industrie pétrolière sont non seulement polluantes et non écologiques, mais en plus, les produits qui en découlent, dont la gelée de pétrole, sont soupçonnés de contenir des traces de résidus pétrochimiques carcinogènes.

L’alternative : fabriquer une pommade contenant des ingrédients sains et naturels

 

Recette de vaseline naturelle

Quantité : environ 1 tasse

Durée de vie : 1 an, à la température de la pièce

  • 120 g de beurre de coco bio
  • 90 g de beurre de cacao bio
  • 30 g d’huile de jojoba

Dans une casserole en acier inoxydable, faire fondre à feu très doux les beurres de coco et de cacao. Une fois ceux-ci liquides, ajouter l’huile de jojoba. Bien mélanger et verser dans un pot. Placer le mélange au frigo pendant 30 minutes, puis fouetter à l’aide d’un bâtonnet de bois jusqu’à l’obtention d’une belle pommade onctueuse. Masser une petite quantité pour soulager et adoucir la peau sèche. À cette pommade, il est possible d’ajouter des huiles essentielles à des fins thérapeutiques spécifiques, dont voici un exemple :

 

Soin des vergetures

  • 2 c. à soupe de vaseline naturelle

 

Huiles essentielles cicatrisantes et astringentes

  • 9 gouttes d’HE de menthe verte (Mentha spicata) bio
  • 9 gouttes d’HE de romarin officinal à verbénone (Rosmarinus officinalis verbenoniferum) bio
  • 9 gouttes d’HE de bois de hô (Cinnamomum camphora glavescens) bio

À l’aide d’un bâtonnet de bois, incorporer doucement les huiles essentielles dans la vaseline naturelle. Appliquer une petite quantité du produit sur les vergetures, deux fois par jour. En raison de la présence de cétones dans les huiles essentielles de menthe verte et de romarin à verbénone, ce produit est déconseillé aux femmes enceintes ou qui allaitent.

 

Les antisudorifiques

Le problème : contiennent des composés d’aluminium

À la différence des déodorants, qui contrôlent les odeurs reliées à la sudation, les antisudorifiques commerciaux, eux, contiennent des dérivés d’aluminium qui ont comme fonction de réduire la production de transpiration. Ces composés d’aluminium fonctionnent en faisant gonfler les cellules épidermiques là où ils sont appliqués.

Ce gonflement provoque la contraction des glandes sudoripares, qui ne peuvent alors plus relâcher la transpiration. Si un peu de sueur parvient tout de même à s’échapper de ces glandes comprimées, elle se retrouve rapidement absorbée par les composés d’aluminium présents dans l’antisudorifique.

Malheureusement, des recherches tendent à établir un lien entre certains dérivés d’aluminium et le risque de développer des cancers, dont celui du sein et de la prostate. Malgré le fait que des études aient récemment jeté un doute sur le lien qui existerait entre l’aluminium et la maladie d’Alzheimer, d’autres recherches sont encore à mener sur ce sujet. Quoi qu’il en soit, si jamais le lien entre ces pathologies et l’aluminium était réfuté, la simple idée d’entraver un processus aussi naturel que la transpiration en est assez pour inciter plusieurs à rechercher des alternatives aux antisudorifiques.

L’alternative : se procurer un déodorant naturel ou le fabriquer soi-même

 

Déodorant végétalien en bâton

Quantité : bâton de 75 g

Durée de vie : 1 an

  • 30 g d’huile de jojoba bio
  • 18 g de cire de candelilla
  • 14 g de beurre de karité bio
  • 8 g de beurre de cacao bio
  • 4 g de fécule de maïs
  • 1 g de bicarbonate de soude

 

Huiles essentielles antibactériennes et désodorisantes

  • 20 gouttes d’essence de citron (zeste) (Citrus limonum) bio
  • 20 gouttes d’HE de sauge officinale (Salvia officinalis) bio
  • 20 gouttes d’HE de tea tree (Melaleuca alternifolia) bio

 

Caractéristiques des ingrédients-clés :

  • La cire de candelilla est une douce cire végétale provenant d’un arbuste du nord du Mexique ;
    • La fécule de maïs et le bicarbonate de soude absorbent la transpiration et les odeurs ;
  • L’huile essentielle de sauge officinale est excellente pour normaliser la transpiration, sans en entraver la production.

Dans une casserole en acier inoxydable, faire fondre la cire de candelilla à feu très doux. Ajouter les beurres de karité et de cacao, puis faire fondre. Ajouter l’huile de jojoba, la fécule de maïs et le bicarbonate de soude. Bien mélanger. Incorporer les huiles essentielles. Verser le mélange dans un contenant à déodorant et placer au frigo durant 2 heures, pour le faire durcir. Utiliser sur une peau propre, une à deux fois par jour. Efficace, agréable et non toxique !

 

Gel désinfectant pour les mains

Le problème: contient du triclosan

Le triclosan est un composé organique utilisé dans de nombreux produits pour ses propriétés antibactériennes et antifongiques. Malgré le fait qu’il soit réputé être très efficace, plusieurs études ont démontré qu’il contribue au développement de certaines superbactéries résistantes, un problème majeur selon l’Organisation mondiale de la santé. En 2010, aux États-Unis, une vaste étude fut d’ailleurs exigée afin de mieux comprendre la participation du triclosan dans l’essor de ces puissantes bactéries .

L’alternative: fabriquer un gel désinfectant à base d’huiles essentielles

 

Gel désinfectant pour les mains au lemongrass

Quantité : environ 100 g

Durée de vie : 6 mois

  • 50 g de gel d’aloès bio
  • 45 g d’eau florale de menthe poivrée bio
  • 2 g de glycérine végétale
  • 1 g de gomme de xanthane (ou 5 g de gomme arabique)

 

Huiles essentielles désinfectantes et rafraîchissantes

  • 20 gouttes d’HE de lemongrass (Cymbopogon flexuosus) bio
  • 5 gouttes d’HE de menthe poivrée (Mentha x piperita) bio
  • 5 gouttes d’HE de tea tree (Melaleuca alternifolia) bio

Placer tous les ingrédients dans une tasse à mesurer en verre. Fouetter à l’aide d’un mélangeur à main jusqu’à ce que le produit prenne l’aspect d’un gel. Transvider dans un tube ou une bouteille, et verser quelques gouttes sur les mains ; effet désinfectant et adoucissant assuré !

 

Les gels exfoliants

Le problème : contiennent des microbilles de plastique polluantes

Les microbilles utilisées dans la fabrication de produits exfoliants sont extrêmement dommageables pour l’environnement et particulièrement pour les cours d’eau, dans lesquels elles s’accumulent à un rythme effarant. Sous la présidence de Barak Obama, leur utilisation est d’ailleurs devenue illégale aux États-Unis depuis 2015, et les produits qui en contiennent ne pourront plus être offerts sur le marché à compter de juillet 2017. Le Canada a emboîté le pas et est à formuler en ce moment même un règlement similaire qui en interdira la vente à compter de la fin 2018. Le problème majeur relié à ces microbilles exfoliantes est qu’elles sont faites d’un plastique qui exige de très nombreuses années afin d’être dégradé. Elles constituent ainsi une menace importante pour la faune aquatique, qui ne parvient pas à distinguer les microbilles synthétiques des particules alimentaires .

L’alternative: fabriquer ses exfoliants à base d’ingrédients naturels et écologiques

 

Exfoliant au girofle et à l’orange

Quantité : environ 100 g

Durée de vie : 6 mois

Contenant suggéré : pot

  • 60 g de sucre de canne non raffiné bio
  • 30 g d’huile d’amande douce bio
  • 5 g de clous de girofle bio (légèrement concassés dans un moulin à café)

 

Essence aromatique

  • 60 gouttes d’essence d’orange (zeste) (Citrus sinensis) bio

Dans un bol, bien mélanger tous les ingrédients. Verser dans un pot. Utiliser l’exfoliant sous la douche, en massant délicatement la peau. Bien rincer. Merveilleux gommage à l’odeur chaude et bienfaisante, il stimule la circulation sanguine et rend la peau douce, douce, douce… sans polluer les océans.

 

Les poudres corporelles

Le problème : contiennent du talc

Le talc est une poudre minérale composée de silicate de magnésium, utilisé dans de nombreux produits cosmétiques, notamment dans des poudres pour bébés et des maquillages. Il est également utilisé dans la fabrication de serviettes hygiéniques, de papiers et même de certains sels de table.

Il existe deux types de talc sur le marché : un qui contient de l’amiante et un autre qui n’en contient pas. Le premier est associé depuis longtemps au développement de certains cancers, notamment celui du poumon. Le rôle du deuxième type de talc dans la genèse de tumeurs est cependant plus controversé et un consensus définitif n’existe pas à l’heure actuelle à son sujet.

La Société canadienne du cancer joue cependant de prudence et classifie le talc sans amiante comme facteur de risque potentiel dans le développement de certains cancers, notamment celui des ovaires . Le problème, évidemment, réside dans le fait que plusieurs produits contenant ce type de talc sont appliqués sur les parties génitales féminines, notamment les poudres pour bébés et les serviettes hygiéniques. D’autres produits, comme les poudres pour les pieds, en contiennent également.

L’alternative : fabriquer sa poudre maison sans talc

 

Poudre rafraîchissante et désodorisante sans talc pour les pieds

Quantité : 100 g Durée de vie : 1 an

Contenant suggéré : salière

  • 40 g d’argile blanche
  • 30 g de fécule de maïs
  • 20 g d’oxyde de zinc
  • 10 g de bicarbonate de soude

 

Huiles essentielles

  • 10 gouttes d’HE de cyprès toujours vert (Cupressus sempervirens) bio
  • 10 gouttes d’HE de menthe poivrée (Mentha x piperita) bio
  • 10 gouttes d’HE de sapin baumier (Abies balsamea) bio

Dans un bol, bien mélanger toutes les poudres, à l’aide d’une fourchette. Ajouter les huiles essentielles et bien les disperser dans le mélange. Au besoin, pulvériser le tout dans un moulin à café durant quelques secondes. Verser dans une salière. Saupoudrer les pieds, les chaussettes et les souliers de cette belle poudre thérapeutique sans talc.

 

Les parfums commerciaux

Le problème : contiennent des phtalates

Selon une recherche menée en 2005 par Greenpeace, les parfums renfermeraient plusieurs ingrédients potentiellement dangereux pour la santé, notamment des phtalates, un groupe de produits chimiques utilisés comme solvants et plastifiants dans de nombreux cosmétiques. Récemment, des études ont démontré que les phtalates sont des perturbateurs endocriniens et causent des troubles hormonaux, notamment l’atrophie testiculaire ainsi qu’une baisse de la fertilité. Ils sont également soupçonnés de jouer un rôle dans le développement de certains cancers, notamment celui du foie . Comme ces parfums sont appliqués pratiquement tous les jours sur notre corps, le rapport de Greenpeace met en garde les effets cumulatifs des phtalates dans notre organisme, dont on ignore encore les conséquences à long terme.

L’alternative: créer son parfum naturel à base d’huiles essentielles

 

Parfum naturel frais et ensoleillé

Quantité : 10 g

Durée de vie : 1 a

Contenant suggéré : contenant à bille

  • 8 g d’huile de jojoba bio
  • 30 gouttes d’essence d’orange (zeste) (Citrus sinensis) bio
  • 20 gouttes d’HE de litsée citronnée (Litsea citrata) bio
  • 5 gouttes d’HE de géranium (Pelargonium x asperum, var. Bourbon) bio
  • 5 gouttes d’HE de petitgrain bigaradier (Citrus aurantium aurantium) bio

Mélanger tous les ingrédients et verser dans un contenant à bille. Appliquer le parfum sur la peau du cou et des poignets quelques fois par jour . Un parfum à l’odeur exquise et aux propriétés thérapeutiques calmantes…

Devant leur potentielle toxicité, l’aromathérapie représente une belle alternative aux produits cosmétiques industriels et permet de fabriquer des soins de beauté qui respectent autant l’harmonie externe du corps que celle interne. N’est-ce pas la véritable définition de ce qu’est un produit de beauté ? Bonne production !

 

RÉFÉRENCES

Disponibles à la demande du lecteur