Publié le 9 septembre 2016
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.
La prévalence du tdah est à la hausse, atteignant actuellement de 3 à 7 % des enfants d’âge scolaire. Pour certains, cette hausse est attribuable à de meilleures méthodes diagnostiques, pour d’autres, il s’agirait d’une augmentation réelle, due à de nombreux facteurs environnementaux.
NÉANMOINS, la hausse de la consommation de psychostimulants est bien réelle, et non limitée aux enfants d’âge scolaire. Certes, ces médicaments peuvent corriger un déséquilibre neurobiologique et améliorer la vie de leurs utilisateurs, mais s’attaquent-ils réellement à la cause des déséquilibres métaboliques ? Sans parler de l’effet de dépendance à ces médicaments pour fonctionner et des nombreux effets secondaires possibles.
Examinons les principaux déséquilibres métaboliques reliés au TDAH, certains facteurs environnementaux qui favorisent et aggravent ces déséquilibres, ainsi que des habitudes pouvant aider les personnes démontrant des signes de TDAH.
QU’EST-CE QUE LE TDAH ?
Actuellement, le diagnostic de TDAH s’obtient par l’observation clinique. Les critères diagnostiques sont uniquement comportementaux, soit des problèmes de concentration (TDA), accompagnés d’hyperactivité (TDAH) ou d’impulsivité. Même si aucun marqueur biologique ne permet le dépistage, les études le relient à un trouble neurobiologique accompagné d’une diminution de la dopamine et de la noradrénaline. Les psychostimulants empêcheraient la dégradation de ces neurotransmetteurs et en prolongeraient la durée de vie. Le caractère héréditaire de ce trouble est indéniable, entraînant dans une même famille plusieurs cas de TDAH, entre frères et sœurs, de père en fils, etc.
Mais qu’entend-on par « hérédité » ? Y a-t-il un ou plusieurs gènes reliés au TDAH ? Est-il possible que l’on hérite également de déséquilibres métaboliques, de faiblesses héréditaires, voire de mauvaises habitudes de vie, notamment sur le plan alimentaire ?
Pour la naturopathie, le TDAH est un trouble complexe relevant d’une vulnérabilité biochimique, qui s’exprime lors de la présence de divers facteurs environnementaux. Les recherches actuelles font principalement état de déséquilibres des systèmes digestif et endocrinien.
LA PERMÉABILITÉ INTESTINALE
De plus en plus d’études démontrent les liens entre l’intestin et le cerveau. Ainsi, les troubles neurologiques trouvent fort souvent leur origine dans des déséquilibres digestifs. Un système digestif en bonne santé permet une bonne digestion (estomac et intestin) et une bonne assimilation (intestin) des nutriments essentiels. Une perméabilité intestinale entraîne une absorption insuffisante, donc de nombreuses carences en vitamines et minéraux pouvant affecter le système nerveux. De plus, cette perméabilité laisse passer dans la circulation sanguine de grosses molécules non digérées, qui peuvent passer au cerveau et interagir avec les neurotransmetteurs. Ces molécules non digérées peuvent également être prises en charge par le système immunitaire et entraîner l’apparition de réactions allergiques et d’inflammation chronique, autant intestinale que cérébrale.
Cette perméabilité intestinale laisse également passer des toxines qui nuisent au fonctionnement cérébral. Les facteurs favorisant la perméabilité intestinale sont nombreux : métaux lourds, parasites et levures, intolérances alimentaires, etc.
DÉSÉQUILIBRE DE LA FLORE INTESTINALE
Une flore intestinale saine et équilibrée est essentielle à la santé cérébrale. Les antibiotiques déséquilibrent la flore intestinale, détruisent les bonnes bactéries et favorisent la résistance des bactéries nuisibles et la prolifération de levures (candida) et de parasites, qui libèrent des neurotoxines entraînant des troubles du système nerveux tels que l’irritabilité, l’agressivité, l’hypersensibilité, l’hyperactivité, etc. L’état de la flore de la mère lors de la naissance de l’enfant est important, puisque l’accouchement par les voies naturelles permet la colonisation de la flore du bébé.
Il n’est pas rare de trouver des problèmes digestifs et nerveux chez la mère et dans la famille élargie (anxiété, dépression, etc.). La prise d’antibiotiques, une alimentation déséquilibrée et trop riche en sucre (aliment préféré des mauvaises bactéries, des levures et des parasites) ainsi que l’accouchement par césarienne nuisent à la culture de la future flore intestinale du bébé naissant.
DÉSÉQUILIBRE GLYCÉMIQUE
Une autre cause fréquente du TDAH est un déséquilibre glycémique. Comme le cerveau ne peut fonctionner sans glucose, de trop grosses fluctuations de glycémie nuisent à son fonctionnement. Un stress hypoglycémique favorise le passage du cortisol (hormone du stress) au cerveau, déstabilisant les neurotransmetteurs comme la sérotonine, la dopamine et le GABA. Une baisse de glycémie en dessous des valeurs normales (moins de 4 mmol/L) entraîne de nombreux effets secondaires : irritabilité, agressivité, agitation et manque de concentration. Beaucoup d’enfants diagnostiqués d’un TDAH sont hypoglycémiques. Leur plan d’action doit inclure un redressement alimentaire, essentiel pour rééquilibrer la glycémie. Pour ce faire, en plus de couper toutes formes de sucre raffiné et d’aliments à fort index glycémique, on doit également manger régulièrement (environ aux trois heures), manger suffisamment de protéines à chaque repas et prendre des collations (pour ralentir l’absorption du sucre et stabiliser la glycémie et le niveau d’énergie).
Il est aussi nécessaire d’éviter les stimulants (café, chocolat, alcool), qui stressent les systèmes digestif, éliminatoire et nerveux, et à long terme, entraînent des déséquilibres glycémiques.
APPROCHE NATURELLE DU TDAH : RÉTABLIR LA FLORE INTESTINALE
L’approche naturelle du TDAH est multidimensionnelle. Notamment, on vérifie les hypersensibilités alimentaires, qui peuvent varier d’une personne à l’autre. Un test de dépistage est recommandé (prise de sang testant les IgG ou test d’élimination et de réintroduction) afin de détecter les aliments problématiques. Une fois ces aliments retirés, on doit rétablir la muqueuse intestinale et assurer son étanchéité. Différentes plantes et divers suppléments sont alors recommandés : orme rouge, L-glutamine, etc. On doit également rétablir l’équilibre de la flore intestinale, par un supplément de probiotiques, et aussi par la consommation régulière d’aliments riches en probiotiques naturels (choucroute, légumes lactofermentés, miso, etc.) et en prébiotiques naturels, la nourriture des bonnes bactéries (artichaut, bardane, topinambour, etc.). En cas de présence élevée de candida ou de parasites, une alimentation exempte de sucre est alors nécessaire.
APPROCHE NATURELLE DU TDAH : TONIFIER ET RECONSTRUIRE LE SYSTÈME NERVEUX
Le TDAH peut également être accompagné de nombreux troubles tels que le syndrome de Gilles de la Tourette (tics), de l’anxiété, des troubles d’apprentissage (dyslexie, dysgraphie, dyscalculie, etc.), des troubles du sommeil, des réactions d’opposition, le syndrome des jambes sans repos, de l’hypersensibilité, etc. Autant de signes d’un système nerveux défaillant. Un rétablissement durable du TDAH ne se limite pas uniquement à empêcher le recaptage de la dopamine par la prise de psychostimulants, mais à tonifier et reconstruire le système nerveux.
Pour ce faire, il s’agit tout d’abord d’éviter tout ce qui l’agresse et nuit à son bon fonctionnement : intolérances alimentaires, produits chimiques (additifs, pesticides, etc.), sucre et nourriture raffinés, etc. Ensuite, certaines vitamines et certains minéraux essentiels favorisent un système nerveux en santé, notamment le magnésium et les vitamines du groupe B, les acides gras essentiels, plus particulièrement les omégas-3, qui sont de puissants anti-inflammatoires, agissant à la fois sur l’inflammation intestinale et cérébrale. De plus, comme ils activent la circulation sanguine, ils permettent un meilleur apport de nutriments essentiels au fonctionnement du cerveau, améliorant mémoire, concentration et humeur.
Certaines plantes telles que la scutellaire restaurent en profondeur le système nerveux et aident notamment lors de la présence de tics nerveux. D’autres plantes calmantes, telle la cataire, aident lors d’hyperactivité mentale. On recommande de consulter un praticien de la santé naturelle pour établir un plan de santé adapté à ses besoins.
Il est également nécessaire d’avoir une hygiène de vie adéquate : faire suffisamment d’activité physique (qui augmente naturellement la dopamine et aide à réguler la glycémie), s’assurer d’un sommeil suffisant et réparateur, éviter la pollution électromagnétique en diminuant notamment le temps passé devant les écrans et l’exposition aux systèmes sans fil, etc.
L’augmentation du nombre d’enfants démontrant des signes de TDAH incite à une sérieuse réflexion. De plus en plus fréquent dans notre société, ce trouble est symptomatique d’un mode de vie accéléré, d’une alimentation dévitalisée, de la présence accrue d’installations électromagnétiques, etc. Ces déséquilibres nous rappellent qu’il serait souhaitable, voire urgent, en tant que société, de ralentir et de repenser nos valeurs, nos priorités et nos modes de fonctionnement.
Reconstruire et tonifier le système nerveux
Favoriser :
Éviter :
RÉFÉRENCES