Arthrose de la hanche

Publié le 20 janvier 2020
Écrit par Nicolas Blanchette, B. Sc. kinésiologie, D.O.

Arthrose de la hanche

Commençons par ceci. L’arthrose (usure) articulaire est un phénomène tout à fait commun et normal. Tous les gens commencent à en faire à une articulation ou une autre dès 30 ans, voire avant. L’arthrose, qui est décelable à la radiographie, ne se traduit pas toujours par de la douleur. Elle est d’ailleurs, fort heureusement, asymptomatique dans la majorité des cas.

 

Il peut cependant arriver que la dégradation du cartilage de la hanche au fil du temps entraîne des contraintes mécaniques ou de l’inflammation, qui pourraient se traduire par de la douleur ou de la boiterie. Les facteurs de risque de développer de l’arthrose symptomatique à la hanche incluent le sexe (féminin), l’âge (50-60), le surpoids, la sédentarité, et la présence d’un ancien traumatisme à la hanche ou d’une malformation génétique. Les symptômes les plus couramment ressentis sont une douleur profonde à l’aine, qui irradie parfois dans la fesse, au bas du dos ou à la cuisse, ou une douleur lors de la mise en mouvement après une période d’inactivité, ainsi que des pertes d’amplitude de mouvement et de force musculaire.

Dans ce contexte, il est tout à fait logique de chercher un soulagement à l’inconfort. Mais par où commencer ?

 

Importance du mouvement

L’exercice est la clé pour les douleurs liées à l’arthrose, y compris l’arthrose de la hanche. Ce dernier procure des avantages, et ce, peu importe qu’il se traduise ou non par une perte de poids sur le pèse-personne. Dans les études, la pratique d’activité physique apporte (sur la diminution de la douleur) des résultats semblables ou meilleurs à ceux de la prise de médication, sans les effets secondaires négatifs. Pour obtenir ces résultats avec un minimum d’inconfort, il faut sélectionner des exercices qui ne nous causent pas trop de douleur, qu’il s’agisse tout simplement de marcher (sur terrain mou comme le gazon, de préférence), de faire du vélo ou encore de pratiquer la natation. Même si l’exercice est un peu inconfortable au départ, il est très fréquent qu’il devienne de plus en plus agréable lors d’une pratique régulière.

L’Organisation mondiale de la santé recommande un minimum de 150 minutes d’activité physique modérée par semaine. On entend par « activité physique modérée » la pratique d’un exercice, n’importe lequel, pendant lequel la fréquence cardiaque s’élève à 60-80 % de sa capacité maximale. En d’autres termes, il s’agit d’un exercice pendant lequel il serait encore possible d’entretenir une conversation, mais où il ne serait pas possible de chanter. La marche rapide, la randonnée, le jardinage, le vélo et la natation à un rythme facile à conserver sont des exemples d’activité physique modérée. Environ 150 minutes réparties sur 7 jours correspond à environ 20 minutes d’activité physique par jour. Vous trouvez que c’est peu ? Mais 75 % des Canadiens n’atteignent pas cet objectif . Il n’est pas étonnant que les maladies dégénératives comme l’arthrose symptomatique gagnent du terrain en Amérique du Nord.

Les résultats de l’activité physique pour préserver le cartilage articulaire de la hanche pourraient s’expliquer par une découverte faite en 2019 et publiée dans la revue scientifique Osteoarthritis and Cartilage. Les scientifiques ont ainsi pu constater que de petites structures cellulaires contenues dans les articulations, aussi minuscules que des cheveux et appelées « cils primaires », seraient responsables de certains résultats de la pratique régulière d’activité physique. En effet, durant l’exercice, les cartilages dans les articulations comme la hanche se trouvent comprimés. Ces pressions mécaniques sont détectées par les cellules ciliaires dans le cartilage. Ces dernières réagissent en bloquant l’action de molécules pro-inflammatoire, que l’on associe à des maladies dégénératives comme l’arthrose. Une stimulation soutenue dans le temps de ces molécules pourrait ainsi contribuer à préserver le cartilage articulaire en vieillissant.

 

Trouver la motivation

Pour vous motiver à bouger davantage, essayez de créer un environnement autour de vous qui fera en sorte que faire de l’exercice soit agréable plutôt qu’une corvée. C’est pour cette raison que la majorité des gens décrochent de leurs saines habitudes de vie. Assurez-vous d’avoir du plaisir en bougeant, comme la marche entre amis, les promenades dans la nature en écoutant de la musique ou des balados, l’achat de votre dîner en vous déplaçant à la marche. Toutes les excuses sont bonnes pour bouger davantage. Et les minutes se cumulent à la fin de la journée. Cela peut être aussi simple qu’utiliser davantage les escaliers ou stationner sa voiture plus loin. Votre corps s’adaptera à la demande que vous lui imposez en préservant ses articulations. Comme disent les Anglais, « Use it or lose it. »

 

Exercices spécifiques

Marcher ou faire du vélo tous les jours ou tous les deux jours, c’est déjà très bien, même mieux que ce que la grande majorité des gens font. Et cela apportera des avantages importants. Il peut cependant être intéressant de remplacer cette saine pratique par une courte séance d’entraînement en résistance et en mobilité, ciblant directement les articulations des hanches. Quelques minutes par jour seulement peuvent être efficaces.

Le renforcement des muscles des hanches permet une meilleure distribution des forces sur l’articulation, ainsi qu’une meilleure stabilité et une meilleure mobilité. Un groupe musculaire profond de la hanche, appelé « muscles pelvi-trochantériens », propose une action particulièrement intéressante par rapport à la prévention de l’arthrose de la hanche.

En effet, ces muscles participent à l’activité de la hanche. Ils ont une action « décompressive ». Ils empêchent la tête fémorale de trop s’enfoncer dans la cavité cotyloïde . C’est un mouvement de faible amplitude, mais particulièrement utile en cas de souffrance cartilagineuse (arthrose de la hanche, usure, etc.). Ils agissent un peu comme un hamac, qui soutient le bassin avec les fémurs comme point d’ancrage.

Un exercice efficace pour stimuler et renforcer ce groupe musculaire est l’exercice de l’huître. Pour l’exécuter, couchez-vous sur le côté. Pliez les hanches à 45 degrés, une jambe par-dessus l’autre. Soulevez lentement le genou supérieur vers le plafond en vous arrêtant avant que le bassin commence à tourner vers l’arrière. Maintenez la position supérieure pendant 3 secondes. Répétez l’exercice pour un total de 12-15 répétitions. Reposez-vous 30 secondes. Faites 2-3 séries par jour.

Pour la mobilité articulaire, on retrouve souvent des limites dans les mouvements de flexion (apporter le genou vers la poitrine) et de rotation interne. Il est donc intéressant de chercher à préserver ces amplitudes de mouvement en réalisant quelques exercices, mais en s’arrêtant avant l’apparition de douleur liée à la compression articulaire.

Pour mobiliser la hanche en flexion, placez-vous à quatre pattes. Descendez progressivement votre centre de gravité pour que vos fesses se rapprochent de vos talons. Maintenez la position limite (avant l’apparition de douleur) pendant 2-3 secondes.

Répétez 10-15 fois l’exercice.

Pour mobiliser la hanche en rotation interne, couchez-vous sur le dos. Avec les deux genoux fléchis et les pieds à plat contre le sol (d’une largeur plus grande que vos hanches), laissez tomber un genou à l’intérieur, vers le plancher. Ce mouvement créera une rotation interne de la hanche. Rendez-vous à la position limite (avant l’apparition de douleur). Maintenez la position pendant 2-3 secondes pour 10-15 répétitions.

Un kinésiologue, ayant une formation universitaire, peut vous être d’une grande aide pour vous préparer un programme d’exercice approprié et vous superviser au fil des semaines.

 

Soulagement des symptômes

Pour se sentir mieux, l’exercice physique peut être ajouté à des consultations avec un thérapeute. Les différentes formes de thérapie manuelle, telles que l’ostéopathie, la massothérapie, la kinésithérapie, etc., permettent de moduler (atténuer) les sensations douloureuses liées à l’arthrose. Par exemple, je constate en pratique privée que les différents types de traction articulaire apportent un grand soulagement aux gens aux prises avec des problèmes de la hanche.

 

Intervention chirurgicale

L’intervention qui consiste à remplacer la tête fémorale et le cotyle par une prothèse dans les cas d’arthrose très symptomatique de la hanche est courante. La prothèse a une durée de vie de 15 à 20 ans. Même s’il s’agit d’une intervention généralement très bien réussie et sécuritaire, toute intervention chirurgicale comprend des risques et devrait être pratiquée seulement si des traitements conventionnels comme l’exercice n’apportent pas de résultats suffisants après les avoir essayés pendant plusieurs mois. La récupération du patient post-intervention dépend en grande partie de son implication dans le processus de réhabilitation.

 

RÉFÉRENCES

« Le kinésiologue : l’allié de votre santé », Le Devoir, https://www.ledevoir.com/bis/562244/le-kinesio-logue-l-allie-devotresante?fbclid=IwAR2FswTQbe2PXu8mYTKpm7JMqDJR4q8jOmZkJcHJFW6NkzCGTz5Ct_bvrig, septembre 2019.

UTHMAN et coll. Exercise for lower limb osteoarthritis: systematic review, BMJ, 2013.

Ligue Suisse contre le rhumatisme, Arthrose de la hanche, https://www.ligues-rhuma- tisme.ch/blog/2017/arthrose-de-la-hanche, 2019.