Astuces pour planifier son jardin d’été – PARTIE 2

Publié le 15 juin 2017
Écrit par Gabriel Parent-Leblanc. B. Sc., M. Env.

Astuces pour planifier son jardin d’été – PARTIE 2
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Partie 2 : techniques et légumes vivaces

 

L’été est arrivé, et pour de nombreux jardiniers amateurs et professionnels, c’est le retour d’une période agréable, éducative et productive.

Le présent article s’adresse aux jardiniers débutants et présente des trucs et astuces pour un jardin comestible productif, facile à établir et à entretenir. Ce deuxième article expose les différents légumes vivaces à utiliser dans un potager et comment optimiser leur production, tandis que la première partie, publiée le mois dernier dans Vitalité, se concentrait sur les avantages du jardinage en général et la période des semis.

Peu importe si vous avez commencé votre période de jardinage plus tôt en élevant vos propres semis ou si vous comptez acheter vos plants matures en pépinière, plusieurs techniques peuvent améliorer le rendement de votre jardin, et surtout vous rendre la vie plus facile.

 

UTILISATION DE PAILLIS

L’utilisation de paillis dans le jardin est une technique que je ne connaissais pas avant de lire l’ouvrage Les 1 500 trucs du jardinier paresseux, de Larry Hodgson. Après tout, je ne suis qu’un jardinier amateur comme la majorité d’entre vous…, mais je dois avouer avoir hâte de l’essayer cet été !

Êtes-vous, comme moi, las de toujours devoir désherber le jardin ? Je suis sûr que c’est une des raisons pour lesquelles plusieurs personnes ne veulent rien savoir du jardinage… En fait, cette tâche ingrate doit être réalisée en raison de notre technique de culture déficiente, où nous laissons tout le sol à nu ! La solution est pourtant toute simple et logique : il s’agit de recouvrir l’espace jardin d’une bonne épaisseur de paillis naturel. Il existe trois types de paillis : le paillis inerte, le paillis de longue durée et le paillis à décomposition rapide.

Le jardinier paresseux nous conseille ce dernier, car en plus de tous les avantages énumérés plus haut, ce paillis se décompose et vient enrichir le sol. Cependant, cet avantage est aussi un inconvénient pour un jardinier paresseux, car il faut en rajouter tous les ans ou aux deux ans. Mais « les avantages l’emportent nettement sur le désavantage, car avec les paillis décomposables, le jardinage est incroyablement facile », note-t-il, toujours dans le même ouvrage.

Voici une liste des différents paillis à décomposition rapide pouvant être utilisés: écorce de conifères (petits morceaux), copeaux de bois, écales d’arachide, écales de cacao, écales de sarrasin, feuilles déchiquetées, foin, paille, paillis forestier, papier déchiqueté, sciure de bois, tourbe horticole ou un mélange de plusieurs de ces matières.

Maintenant que vous connaissez cette technique, vous vous demandez sûrement comment planter à travers cette épaisse couche de matière. C’est fort simple si vous avez des semis ou des plantes matures à planter : « il suffit d’enlever le paillis là où le trou sera fait, d’enterrer la motte de racines en appliquant une pincée de mycorhizes1, puis de replacer le paillis ». Pas plus compliqué que ça !

Pour des espèces qui doivent être ensemencées directement dans le sol, c’est un peu plus compliqué, car les graines ne peuvent pas germer à travers le paillis (c’est pratique pour les mauvaises herbes, moins pour les légumes). Pour éviter ce problème, on doit tasser le paillis sur tout le secteur à ensemencer, puis « quand les jeunes légumes auront atteint environ 10 cm à 15 cm de hauteur, arrachez manuellement les mauvaises herbes… et appliquez une couche de paillis à travers les nouveaux légumes ».

 

TRANSFORMER SON GAZON EN PLATE-BANDE FACILEMENT

Si vous êtes comme moi et que le fait de passer la tondeuse à gazon toutes les semaines vous donne de l’urticaire, vous pourriez penser à transformer une partie de celui-ci en platebande, comestible ou pas.

1Les mycorhizes sont des champignons bénéfiques qui « agissent un peu comme une extension des racines : ils permettent à la plante d’aller chercher davantage de minéraux et d’eau que les racines auraient pu le faire elles-mêmes » (Hogson, 2006).

 

Je vous entends déjà me dire : « mais ça va être beaucoup de travail, enlever tout ce gazon… », et vous avez totalement raison ! Sauf que le jardinier paresseux a aussi une méthode bien à lui pour nous éviter ce laborieux travail :

  1. Délimitez la zone où vous voulez implanter la nouvelle plate-bande ;
  2. Installez du papier journal (7 à 10 feuilles, même jusqu’à 30 si vous avez une problématique de mauvaises herbes persistantes) ou du carton par-dessus la zone ;
  3. Ajoutez une couche de bonne terre, de 20 cm d’épais dans le cas d’une plate-bande, et de 30 cm dans le cas d’un jardin ;
  4. Commencez à jardiner !

C’est aussi simple que ça ! Le papier journal ou le carton se décomposera avec le temps, mais pas avant d’avoir agi comme barrière contre les mauvaises herbes et le gazon. Vous voilà équipé d’une nouvelle plate-bande exempte d’intrus, et cela sans trop d’efforts !

 

LÉGUMES VIVACES

L’utilisation de légumes vivaces s’accorde parfaitement avec l’esprit d’un jardinage facile, accessible et agréable. Effectivement, en plantant des espèces pérennes, vous vous assurez d’une production de nourriture pour les années à venir, pourvu que la plante soit placée dans les bonnes conditions. Effectivement, certaines espèces peuvent vivre et produire pendant plus de 20 ans…

M. Hodgson conseille de placer ces légumes vivaces dans une plate-bande plutôt que dans le jardin, pour ne pas déranger leurs racines.

 

Voici une liste des légumes vivaces pouvant pousser au Québec et quelques commentaires par rapport à leur culture :

Asperge (Asparagus officinalis) :

  • Très rustique (zone 2),
    • Longévité de 15 à 20 ans,
    • Plante pouvant être utilisée comme haie,
    • Plante à croissance lente, dont « la première récolte se fait seulement au cours de la troisième année (la quatrième année si vous avez planté des graines et non pas des griffes » (Hodgson, 2006) ;

 

Rhubarbe (Rheum rhabarbarum et Rheum rhaponticum) :

  • Rustique (zone 3),
    • Longévité de plus de 20 ans,
  • Seul son pétiole épais (tige) peut être mangé, car le limbe (la feuille) est toxique,
  • La montée en graine affaiblit le plant, «donc, à la fin de la floraison, donnez à la tige fleurale un bon coup de machette » (Hodgson, 2006);

 

Poireau (Allium porrum) :

  • Très rustique (zone 2),
    • Le long fût blanc est obtenu en coupant la lumière de la base du plant. Cela demande de l’effort et n’est purement que pour l’aspect esthétique du légume, car « le goût du fût vert est aussi bon que celui du fût blanc »,
  • Peu de gens le savent, mais le poireau est bel et bien une vivace: «si vous ne le récoltez pas à l’automne, il va fleurir au printemps […] et se diviser au pied, formant plusieurs plants très serrés. […] Je vous suggère de planter deux fois plus de poireaux que vous n’en avez besoin : ainsi, vous pourrez en traiter la moitié de la manière conventionnelle, c’est-à-dire en les récoltant à l’automne, et laisser les autres en place pour qu’ils pérennisent et vous donnent par la suite une récolte annuelle » (Hodgson, 2006) ;

 

Topinambour (Helianthus tuberosus) :

  • Seul légume vivace ET envahissant, si bien qu’on doit le planter « loin des autres légumes, dans un coin mi-sauvage de votre cour ou, encore, à l’intérieur d’une barrière » (Hodgson, 2006),
  • Si on laisse le rhizome (c’est le tubercule, enterré, de la plante que l’on récolte) enfoui pendant l’hiver et qu’on le récolte au printemps, il sera plus sucré ;

 

Ciboulette :

  • Très rustique (zone 2),
    • Fort probablement « la plus facile des fines herbes à cultiver. Elle […] pousse au soleil ou à l’ombre, tolère aussi bien les sols secs que les sols humides » (Hodgson, 2006),
  • Pour repousser, il faut qu’elle ait gelé (donc, il est possible de la cultiver à l’intérieur pendant l’hiver seulement si elle a subi deux ou trois bonnes gelées avant d’être rentrée).

 

Pour terminer, j’espère que ces quelques conseils vous faciliteront la vie cet été lorsque vous ferez votre jardinage ! Pour ceux qui n’ont pas le temps ou qui ne peuvent le faire en raison de limitations physiques, sachez qu’il est possible d’avoir la même qualité de fruits et légumes frais dans votre assiette tout en encourageant l’agriculture locale. Voici ce que j’écrivais en 2016 dans un autre article :

 

Encourager l’agriculture locale en se procurant des paniers bio (extrait de l’article Vitalité de juin 2016 : « L’agriculture bio de proximité pour lutter contre la famine et le réchauffement climatique »)

 

Au Québec, il y a vraiment une tendance à acheter de plus en plus local et biologique depuis quelques années. Plusieurs programmes sont disponibles pour se trouver un « fermier de famille », mais le meilleur demeure celui des paniers bio d’Équiterre.

Une carte de tous les producteurs locaux est disponible à cette adresse Web : http://www.paniersbio.org/fr/

Ou pour ceux moins a l’aise avec Internet, par téléphone : 1 877 272-6656

Vous y retrouverez des producteurs variés dans pratiquement toutes les régions : paniers d’été, paniers d’hiver, viande… Tout cela bio et local bien entendu !

 

RÉFÉRENCES

FORTIER, J. M. Le jardinier-maraîcher – Manuel d’agriculture biologique sur petite surface, Montréal, Éditions Écosociété, collection Guides pratiques, 2012, 198 p.

HODGSON, L. Les 1 500 trucs du jardinier paresseux, Ottawa, Broquet inc., collection Le jardinier paresseux, 2006, 704 p.

HODGSON, L. « La rhubarbe : lente mais sûre »,
Le Soleil, [En ligne], 2015. [http://www.lapresse.ca/le-soleil/maison/horticulture/201505/16/01-4870268- la-rhubarbe-lente-mais-sure.php]
(Page consultée le 6 avril 2017).

JARDINIER PARESSEUX (s.d). Biographie, [En ligne]. [https://jardinierparesseux.com/biographie/] (Page consultée le 17 février 2017).