Publié le 8 juin 2022
Écrit par Marik Péro, ND.A.
La promesse d’un bel été est à nos portes, et avec elle, l’envie d’en profiter pleinement en famille, de déguster chaque instant de chaleur, chaque rayon de soleil, chaque grain de sable chaud qu’on pourra trouver.
L’arrivée de la belle saison sonne aussi les mille et une questions au sujet des écrans solaires. Malheureusement, l’équation ne se résume pas à prendre n’importe quelle crème à FPS pour protéger les peaux fragiles de nos enfants contre les rayons UV du soleil.
D’ailleurs, un article de Statistique Canada datant de 2017 affirme que l’incidence des cancers de peau associés au soleil continue d’augmenter (1), et ce, malgré l’augmentation fulgurante de l’utilisation de la crème solaire depuis son invention il y a un siècle et plus particulièrement depuis les 40 dernières années !
Bien entendu, la couche d’ozone n’étant plus aussi épaisse qu’au temps de nos grands-parents, il convient d’être prudent, sans toutefois tomber dans l’extrême de la phobie des rayons UV. Si l’exposition déraisonnée au soleil comporte certainement des dangers à long terme, j’aime bien rappeler que le soleil est avant tout bénéfique pour la santé (2).
En priver totalement nos enfants (en les gardant à l’intérieur ou en les crémant de la tête aux pieds avant même qu’ils ne mettent le bout du nez dehors) est incontestablement aussi dommageable que d’en abuser. En fait, l’idée n’est pas de ne pas s’exposer au soleil, mais bien d’éviter de brûler (3) ! La modération en toutes choses est la clé, et le soleil, au même titre que la crème solaire, ne font pas exception à cette règle !
Bienfaits de l’exposition au soleil
Spontanément, quand on pense à l’exposition au soleil, on pense à l’activation de la synthèse de vitamine D grâce à la peau. Effectivement, notre corps dépend des rayons UVB du soleil pour fabriquer cette précieuse vitamine-hormone aux multiples bienfaits pour la santé (3). Santé musculosquelettique, immunitaire, nerveuse, hormonale, cardiovasculaire… il n’y a à peu près aucun système qui s’en sort indemne en l’absence de vitamine D. Elle est partout !
La vitamine D est d’autant plus importante chez les tout-petits, car elle permet l’absorption intestinale du calcium, du magnésium et du phosphore, minéraux essentiels à la croissance osseuse (2). Tous les bébés qui naissent au Québec se font prescrire de la vitamine D par leur médecin pour leur première année de vie, mais cette supplémentation devrait idéalement être poursuivie pendant toute la petite enfance et la scolarisation des enfants.
De plus, les effets positifs de la vitamine D sur le développement du système immunitaire ne sont plus à prouver. Grande immunomodulante, elle prévient ou corrige tant les paresses (infections ORL à répétition, cancers) que les excès (allergies, maladies auto-immunes) du système immunitaire chez les enfants. Une grande salvatrice !
Toutefois, les bienfaits du soleil ne se limitent pas à la synthèse de vitamine D ! Parmi les avantages de l’exposition quotidienne au soleil, on note la régulation du cycle circadien. Empêcher son bébé de jouer dehors au soleil peut compromettre sa capacité à… enfin faire ses nuits (ou les vôtres !).
Le soleil a également un effet régulateur de l’humeur, apaisant, calmant, anxiolytique (2). Qui n’a pas déjà remarqué que les enfants sont généralement beaucoup plus calmes après une période de jeu à l’extérieur ?
Bref, les bienfaits sont beaucoup trop nombreux pour tous les sacrifier en échange de l’illusion de sécurité que procure l’application de crème solaire. Au Québec, nous vivons sous une latitude qui, entre les mois de septembre et d’avril, ne nous permet tout simplement pas de synthétiser de la vitamine D ! (4) Si, pour les quatre mois qui restent, nous ne laissons nos enfants sortir qu’une fois couverts de crème solaire bloquant les UVB, aussi bien dire que nous les privons à l’année d’une vitamine indispensable à leur croissance et leur équilibre…
Comment exposer nos petits sans danger ?
On lit souvent qu’il faut éviter le soleil entre 10 heures et 14 heures en été, car c’est à ce moment que la vaste majorité des UVB du soleil nous atteint… Mais comme mentionné précédemment, ce sont précisément ces UVB qui permettent la synthèse de vitamine D. Si l’on expose nos enfants sans crème solaire uniquement aux heures où les UVB sont faibles ou absents, on les expose inévitablement aussi… à une carence en vitamine D (3) !
Voici donc des astuces pour une exposition saine et intelligente des bambins au soleil :
Comment choisir sa crème solaire ?
Comme naturopathe, je demande toujours aux parents de mes petits clients combien de temps par jour leur mini passe à l’extérieur sans crème solaire. La réponse que j’entends le plus souvent, voire presque systématiquement, est : aucun, été comme hiver. Écran solaire dès qu’on met un orteil à l’extérieur. Aïe !
Non seulement cet automatisme occidental bien ancré empêche coco de profiter des nombreux bienfaits cités plus haut, mais en plus, il faut savoir que la peau est un organe doté d’une grande capacité d’absorption. Ainsi, plusieurs molécules trouvées dans ces crèmes passent dans la circulation sanguine de vos enfants et peuvent avoir des effets toxiques, allergisants, perturbateurs endocriniens et cancérigènes (5) (6) (7).
Logiquement, si vous n’osez pas manger leur crème solaire, vous ne devriez pas non plus oser leur en mettre sur la peau… On opte idéalement pour des marques naturelles et biologiques qui prennent soin de sélectionner uniquement des ingrédients naturels de qualité, efficaces et sans danger.
Le Environmental working group (8), qui compile chaque année les recherches en lien avec la toxicité des produits de notre quotidien, répertorie comme suit les ingrédients à éviter dans les crèmes solaires :
Ceux dont un manque important de données sur la sécurité invite à la plus grande prudence :
3-benzylidène camphre (3-BC), 4-méthylbenzylidène camphre (4-MBC) (3), avobenzone, benzophénone-1 et 2 (BP-1 et BP-2) (3), oxybenzone / benzophénone-3 (BP-3 ou BZ-3), dioxybenzone, homosalate, octyl-méthoxycinnamate (OMC) (3), octocrylène, etc.
Le BP-3 surtout constitue un danger pour les enfants : il est allergisant et potentiellement un perturbateur endocrinien. Des études corrèlent son usage avec l’endométriose et le cancer du sein (3)…
Ceux dont la toxicité a été clairement démontrée :
PABA, trolamine salicylate, padimate O (3), ainsi que les ingrédients faisant partie du « Dirty Dozen » de la Fondation David Suzuki : parabènes, phtalates, polyéthylène glycol, propylène glycol, phonoxyéthanol, sodium lauryl/laureth sulfate, parfums synthétiques (9).
On prendra donc soin de bien lire les étiquettes pour s’assurer de l’absence de ces molécules dont il vaut mieux se passer. On évitera également les crèmes solaires en spray, qui, bien que pratiques, peuvent facilement être inhalées et affecter les poumons de vos enfants (7) (9).
Qu’est-ce qu’il nous reste donc de sécuritaire pour crémer nos enfants qui passent leurs journées d’été dehors et qui ne veulent rien savoir de rester à l’ombre ?
Il est normal que ces substances laissent un enduit blanc sur la peau et cela est même souhaitable ; elles réfléchissent les rayons UVB et sont un gage de l’absence de nanoparticules (les formes nano sont absorbées par la peau) (3) (10). Elles sont vos alliées pour profiter de l’été la tête tranquille !
Sur ce, sortez vos loupes pour bien lire les ingrédients avant d’acheter vos crèmes solaires et… à vos gougounes !
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