Ce que votre petit sandwich ne vous dit pas : le suremballage caché

Publié le 1 octobre 2024
Écrit par Christiane Lamarche

Ce que votre petit sandwich ne vous dit pas : le suremballage caché

Saviez-vous que le petit sandwich en pointe que vous achetez parfois vite fait est en réalité, bien souvent, un produit préfabriqué de l’industrie alimentaire, simplement réemballé pour votre commodité ? Dans la plupart des cas, les repas prêts à manger ou à réchauffer arrivent à certains commerces déjà emballés dans du plastique et du carton avant d’être déballés et réemballés pour être disponibles dans les rayons. Les sandwichs, pour se concentrer sur cet exemple, sont fournis dans une certaine quantité dans leur emballage d’origine, pour être simplement découpés et remis dans un nouvel emballage avant de vous parvenir.

 

La totalité des sandwichs du contenant commercial original n’est pas toujours utilisée dès son ouverture ? Qu’à cela ne tienne, le papier cellophane protégera ce qui reste jusqu’à son utilisation, que ce soit une heure plus tard ou quelques jours. Plusieurs cellophanes peuvent ainsi être mis à contribution avant que la totalité du contenu de la boîte ne soit utilisée et offerte au client. Cette pratique engendre non seulement du gaspillage de ressources en amont, mais elle contribue également à la surconsommation et à la surproduction. Est-ce que la planète en a besoin ? Certainement que non.

Pire encore, certains roulés, déjà emballés individuellement, subissent le même sort : déballés, coupés en deux sur le biseau, puis réemballés. Cette pratique s’étend à de nombreux plats « frais » à réchauffer, qui passent simplement d’un contenant à un autre avant d’atteindre votre assiette. Ne serait-il pas plus écologique d’apposer une étiquette sur l’emballage original plutôt que de le reconditionner ? D’autant qu’un contenant commercial de repas à réchauffer, quel qu’il soit, ne contient que deux ou trois portions pour la revente. Mieux encore, pourquoi ne pas faire à la main la totalité des mets pour ainsi proposer au client du vrai prêt-à-manger fait maison ?

Vous me direz qu’il semble contre-productif de tout faire manuellement. Pour avoir vu des personnes, derrière ces mêmes comptoirs, confectionner avec dextérité et efficacité des sandwichs de spécialité pendant que mijote une sauce à spaghetti, je vous dirai que oui, c’est possible. Car tout ne provient pas à l’origine d’un emballage d’usine, bien que ce soit trop peu, à mon avis.

Au mieux, à la maison, vous recyclez vos emballages et êtes même heureux de contribuer au bien-être de notre planète. Mais en grande surface, le laxisme est souvent de mise. Les employés peuvent jeter le plastique directement dans les ordures ou le recycler sans le nettoyer au préalable. Cette négligence contribue au gaspillage et à la pollution, des maux qui vont souvent de pair avec le suremballage.

Si votre petit sandwich pouvait parler, il vous dirait aussi que sa durée de vie « usine » va bien au-delà d’une durée de vie normale à la maison. Il traverse plusieurs étapes, de la fabrication en industrie à l’emballage, au transport en entrepôt, puis à sa destination. Il est ensuite entreposé dans le réfrigérateur du bon département en attendant d’être mis à la portée de l’acheteur, avec une nouvelle date de péremption.

Et oups ! Au passage quelqu’un a oublié de faire la rotation des produits frais dans le frigo ! Pas grave… On jette, puis on ouvre une autre boîte. Je suis outrée de vous parler de tout cela alors que tant de gens n’ont même pas de quoi se nourrir convenablement.

Mais chut, il ne faut pas en parler ! C’est ce que j’ai découvert lors d’une incursion derrière les comptoirs d’un service de prêt-à-manger. Ce que j’y ai vu a choqué mon cœur d’écologiste et m’a poussée à écrire ce billet pour dénoncer cette pratique méconnue du public. Je précise ici que ce ne sont pas tous les commerces qui ont cette pratique, mais mettre ces faits en lumière demeure quand même important.

 

Nous remplissons le mieux possible nos bacs bleus avec nos propres déchets de consommation domestique. Nous pensons que le contenant du petit sandwich coupé en pointe du prêt-à-manger n’a que peu d’impact sur la planète, alors que ce n’est pas du tout le cas, comme vous l’aurez lu. Évidemment, je ne blâme personne. Comment auriez-vous pu le savoir, sans mettre le nez derrière ces comptoirs réservés aux employés ? Ces derniers font aussi de leur mieux, considérant que leur formation est souvent incomplète, faute de temps et de main-d’œuvre, et que les journées sont parfois rudes à se faire pousser à toujours produire et produire…

Exposer cette situation à ceux qui ne le savent pas soulage un peu mon cœur ébréché d’environnementaliste. Le fameux prêt-à-manger n’est souvent qu’une façade rassurante pour le consommateur, le solitaire qui ne cuisine pas ou le travailleur qui pense faire un meilleur choix qu’en allant au restaurant. Ils ont l’impression que des gens y concoctent tous les repas et mets de consommation rapide, alors que la majorité de ce qui nous est proposé fait le même cycle que le sandwich, de transport, emballage, déballage, réemballage. Il est essentiel de remettre en question nos habitudes de consommation pour encourager des pratiques plus durables et responsables. Chaque geste compte dans la réduction du suremballage et la préservation de notre planète pour les générations futures.

 

L’éducation du public quant à ces problèmes est cruciale, car c’est en comprenant l’impact réel de nos choix de consommation que nous pouvons œuvrer ensemble pour un avenir plus durable. En prenant conscience de ces pratiques, nous pouvons également faire pression sur les entreprises pour qu’elles adoptent des méthodes plus respectueuses de l’environnement. Vous êtes aussi en mesure, en tant que consommateur, de choisir l’endroit qui vous permettra de mettre écologie et qualité en un seul même produit dans votre panier d’achats.

C’est ici que mon billet intervient. Je me sens moins seule de partager ces faits avec vous, et si vous, qui me lisez, regardez d’un autre œil vos prochains achats, j’en serai fort heureuse.

Changer notre rapport à l’alimentation et à la consommation nécessite une collaboration entre les consommateurs, les entreprises et les gouvernements. En encourageant les actions de réduction du suremballage et en favorisant des solutions alternatives durables, nous pouvons progressivement transformer notre système actuel en un modèle plus respectueux de l’environnement.

Chaque choix que nous faisons en tant que consommateurs a un impact sur l’environnement. Le suremballage caché est l’un de ces problèmes, mais il peut être atténué par des choix conscients et des actions collectives. Il est temps de repenser notre relation avec l’emballage et d’opter pour des solutions qui préservent la planète pour les générations futures.