Publié le 30 janvier 2024
Écrit par Louis Lapointe et Yves Prescott
Le Québec jouit d’une forte identité culinaire, et les plats préparés dans nos cuisines pour accueillir le Nouvel An sont témoins de nos racines rurales. Mais qu’en est-il ailleurs dans le monde ?
Les pays d’Europe ont des traditions variées, et peut-être la plus originale est celle en Estonie, où l’on prépare sept, neuf, voire douze, repas pour marquer la venue de la nouvelle année. En effet, les habitants de cet État balte considèrent qu’il s’agit de trois chiffres chanceux. Non loin de là, de l’autre côté de la mer Baltique, les Suédois se font un devoir de consommer des desserts hypercaloriques, souvent à base de crème et de chocolat. D’autres traditions sont tout aussi intéressantes : en Allemagne, les Glücksschweins sont des petits cochons de pâte d’amande supposés symboliser la bonne fortune. En Pologne, on optera pour de bonnes portions de hareng mariné, alors que les Espagnols croient qu’en dégustant 12 raisins sur le coup de minuit, les 12 mois à venir seront pleins de douceur. C’est à la suite d’une récolte exceptionnelle de ce fruit (vers 1900) que l’habitude naît en sol ibérique. Elle sera reprise avec enthousiasme dans quelques pays d’Amérique latine et au Mexique.
En Extrême-Orient, plusieurs peuples célèbrent aussi le Nouvel An le 1er janvier. À cette occasion, les Japonais prépareront, outre des pâtisseries farcies de pâte de haricot sucrée, des nouilles de sarrasin, devant assurer la prospérité pour les 12 mois à venir. En marge de cette tendance, plusieurs peuples d’Asie utilisent le calendrier lunaire et ils devront attendre le 10 février pour marquer le passage vers la nouvelle année. Exceptionnellement, en 2024, les Chinois, les Vietnamiens, les Coréens, les Tibétains et les Mongols, pour ne nommer que ceux-là, accueilleront l’année du Dragon plus ou moins le même jour.
À cette occasion, les Coréens dégusteront une soupe faite à base de quenelles de riz servies dans un bouillon de bœuf, et les Chinois offriront des Tang Yuan, des boulettes de riz farcies d’une pâte de sésame noir, sans compter les dumplings à base de viande. On pense que plus on mange ces genres de wonton, plus l’année à venir sera prospère. Les Tibétains consommeront, quant à eux, une boisson alcoolisée, appelée « chang », tout en grignotant des Khapse, des beignets frits servis lors de toute célébration marquant les moments importants de la vie.
Plus à l’ouest, les peuples ayant subi les influences de la Perse antique devront attendre le premier jour du printemps pour marquer la nouvelle année. Avant l’arrivée de l’islam, ces derniers ont connu l’influence de la religion zoroastrienne, et, selon certaines croyances, quelques herbes et aromates suggèrent la renaissance, alors que les œufs sont garants de fécondité. Il n’est pas étonnant que les omelettes Kuku Sabzi figurent prioritairement au menu. On sert aussi une soupe costaude et nourrissante, le Ash Reshteh, dont la recette fort ancienne a changé, il y a 1 500 ans, lorsque l’on a décidé d’y ajouter des nouilles. Cette affirmation semble remettre en doute les théories voulant que les nouilles ont été inventées en Perse (devenue Iran en 1935) et non en Chine. En Afghanistan, également héritière de la culture perse, on prépare un genre de salade sirupeuse faite de fruits et de noix, appelée « Haft Mewa ».
Dans le Sud-Est asiatique, le Nouvel An a lieu conformément à un calendrier hérité de l’Inde, et l’événement tombe habituellement aux environs du 14 avril. En Thaïlande, le pad thaï est un incontournable à cette occasion, et il s’agit essentiellement du même plat, désormais apprécié des gourmets vivant à l’étranger.
En Inde, on célèbre le Nouvel An à des dates variables. La fête du Vikram Samvat, ayant lieu le 9 avril, est soulignée par la consommation de plats sucrés. Mais c’est surtout la première récolte de riz qui, selon les régions, marque un Nouvel An régional, et rien d’étonnant à ce que cette céréale constitue l’ingrédient de base des banquets.
Le Nouvel An islamique aura lieu cette année du 6 au 7 juillet, et on notera que cette fête, connue sous le nom de « Al-Hijra », a lieu à des dates variables. Les plats seront définis par la gastronomie du pays, mais un dénominateur commun reste un festin partagé par des communautés désireuses de raffermir les liens de solidarité.
Le Roch Hachana, ou Nouvel An juif (du 2 au 4 octobre 2024), impliquera la préparation d’une assiette (séder) où l’on retrouve, entre autres, du pain challah, le fruit du grenadier, symbole des 613 commandements de la Torah, de même que des dates, des pois doliques, des poireaux, des épinards, des melons et du vin, aliments dont on fait mention dans les écritures sacrées. Des pommes trempées dans le miel seront garantes d’une bonne année.
Quelques cas d’exception
On ne fait pas que consommer les aliments lors des célébrations venant marquer la nouvelle année. En Grèce, on pendra un oignon au pas de la porte, symbolisant la croissance et la renaissance. Au Pays de Galles, des enfants avaient autrefois l’habitude de déambuler dans les rues avec une simple pomme ou une orange piquée de trois appuis et couverte de clous de girofle, d’avoine et de raisins secs. Ils offraient leurs vœux aux gens de leur quartier ou se contentaient de chanter pour le bon plaisir des adultes.
Un cas exceptionnel, sans doute : le Nouvel An balinais se situe à contre-courant des traditions déjà présentées, puisque les habitants de l’île, de même que les touristes de passage, respectent une tradition marquée par le jeûne, le silence et la méditation.
En Haïti, le 1er janvier marque aussi l’indépendance de la république. On consomme la soupe joumou, faite à base de courges, qui marque la réconciliation et, par conséquent, un nouveau départ.
En terminant, nous vous souhaitons une bonne année, peu importe la tradition que vous suivez.