Cinq plantes médicinales faciles à cultiver

Publié le 31 mars 2024
Écrit par Sarah-Maria LeBlanc, HTA

Cinq plantes médicinales faciles à cultiver
Now pour juillet

Que ce soit sur notre balcon, dans des bacs ou en pleine terre, on ne se doute pas d’à quel point il est facile de cultiver des plantes médicinales chez soi. Pourquoi se donner la peine de le faire, alors qu’elles sont disponibles sur le marché ? Parce qu’en plus des économies substantielles que l’on peut faire, il y a quelque chose de très thérapeutique dans le fait de voir grandir une plante, puis de la cueillir, la sécher ou la transformer soi-même. On connaît aujourd’hui les bienfaits des végétaux sur notre bien-être, comme le démontre l’intérêt populaire et médical pour le shirin-yoku – les bains de forêt japonais. Pour ce qui est du jardinage, on parle aujourd’hui de jardins thérapeutiques ou d’hortithérapie comme nouveaux outils d’intervention pour prendre soin de la santé mentale. En 2007, le chercheur Lowry et son équipe nous apprenaient que Mycobacterium vaccae, une bactérie présente dans la terre, pouvait augmenter les taux de sérotonine et ainsi aider à lutter contre la dépression. Bref, mettre les mains dans la terre et être en contact direct avec les végétaux seraient en soi des façons de se faire du bien.

Bien sûr, tout le monde n’a pas le pouce vert, l’espace, le temps et la patience de prendre soin des petits êtres végétaux qui savent si bien nous soigner et accompagner notre santé. C’est dans cette optique que j’ai pensé vous présenter aujourd’hui des plantes médicinales qui n’ont pas besoin d’être chouchoutées pour s’épanouir et qui, pour la plupart, reviennent d’année en année nous offrir leurs bienfaits. Voici donc cinq plantes médicinales faciles à cultiver et qui deviendront vite de grandes amies qui soutiennent votre vie.

 

Mélisse (Melissa officinalis)

La mélisse est une plante médicinale très accessible pour toute la famille. Son goût citronné fait qu’elle est délicieuse à boire en tisane, froide ou chaude. On peut d’ailleurs mélanger cette tisane avec de la vraie limonade ou avec un soupçon de miel. On la connaît surtout pour ses propriétés calmante et même sédative à forte dose – c’est vraiment une alliée de choix pour les personnes angoissées –, mais c’est également une alliée extraordinaire pour la digestion. Apéritive et carminative, on peut apprécier ses bienfaits avant ou après un repas. Très facile à cultiver, elle attire les insectes pollinisateurs et parfume l’air autour d’elle. On peut planter ses graines directement au jardin avant même que la terre ne dégèle complètement, car pour germer elle a besoin d’un peu de froid, ou les faire stratifier au réfrigérateur pour ensuite la planter en semis, qu’on transplantera au jardin ou en pot. De nos jours, l’on peut aussi acheter un plant très facilement chez les grainetiers ou en centre jardin. Quoi qu’il en soit, on ne fait cette opération qu’une fois, car par la suite, cette vivace poussera très bien et sera de plus en plus abondante d’année en année. Vous n’aurez plus qu’à cueillir ses feuilles avant la floraison, tout au long de l’été ! D’ailleurs, ses jeunes feuilles ciselées sont délicieuses en salade, avec d’autres verdures !

 

Calendula (Calendula officinalis)

La calendula, appelée « souci » par nos cousins européens, est une magnifique plante qui amène du soleil dans notre cœur. On la connaît pour les vertus impressionnantes de ses fleurs quant à la santé de la peau et à la cicatrisation, lorsqu’elle est macérée dans de l’huile tout comme lorsqu’elle est prise à l’interne, en tisane ou en teinture. Personnellement, je l’utilise également pour aider la circulation lymphatique, en association avec d’autres plantes alliées. Une des joies d’avoir cette dame au jardin, c’est la beauté de ses fleurs orangées et jaunes. Ses pétales sont comestibles : ainsi, on peut décorer nos salades et desserts, ou même en faire congeler dans des glaçons pour amener de la joie dans nos boissons estivales. Si la calendula n’est pas vivace, elle se ressème abondamment si on laisse les dernières fleurs de l’automne monter en graines. On peut également récolter ces dernières et les repartir en semis, année après année. La calendula aime le soleil et les sols bien amendés, donc un peu de fumier ou de compost lui font toujours plaisir. Comme toutes les plantes à fleurs, elle est très généreuse : plus on la cueille, plus elle fleurit !

 

Achillée millefeuille (Achillea millefolium)

L’achillée est une plante vivace lumineuse qui enjolive les balcons et jardins, avec ses feuilles en forme de plumes et ses ombrelles de fleurs blanches aromatiques. Ces dernières sont intéressantes en cuisine : elles étaient d’ailleurs autrefois utilisées comme condiment ou en confiserie. On peut, comme Michel Durand Nollett, herboriste de la nation wabanakie d’Odanak, les déguster avec du miel sur nos crêpes… Miam ! De façon commune, on utilise les sommités fleuries d’achillée en tisane, en teinture mère et en bain thérapeutique. Ma grand-mère utilisait l’achillée contre les rhumes et grippes de ses enfants – effectivement, elle est antibactérienne et fébrifuge.

C’est une plante populaire en santé des femmes, pour régulariser le cycle et l’équilibre hormonal, diminuer les crampes et le flot menstruel. Riche en flavonoïdes, elle sera également utilisée pour tonifier les vaisseaux sanguins et fluidifier le sang. Ses sommités fleuries sont cueillies lorsqu’elles sont encore très blanches et vibrantes. Quant aux graines de l’achillée millefeuille, elles sont minuscules et délicates ; on les sème à la surface du terreau sans les recouvrir nécessairement, car elles ont besoin de lumière directe pour germer, et on les éclaircit lorsque les premières feuilles apparaissent. Comme une bonne vivace, elle va rapidement devenir grande et abondante !

 

Thym (Thymus spp.)

Si le thym est une plante classique et bien connue, elle n’en demeure pas moins une simple médicinale importante dans notre pharmacopée comme dans notre cuisine. Solide et nécessitant peu d’entretien, le thym peut créer un agréable couvre-sol de platebandes ou même un remplacement avantageux au gazon. On peut aussi le planter en balconnières, en pot ou dans le jardin. Quoi qu’il en soit, il servira en cuisine et dans notre pharmacie et pourra se cueillir été comme hiver – je cueille le thym sous la neige dans notre platebande ! On connaît ses vertus digestives et antibactériennes depuis longtemps, pour conserver les sauces et autres aliments ou contrer un mal de gorge ou une toux. En effet, il dégage les voies respiratoires, diminue les quintes de toux et l’inflammation dans les bronches, entre autres. Pour la première année, on peut le semer à la volée directement dans le jardin dès que le sol est dégelé ou le partir en semis, en recouvrant de terreau léger ou de sable. Le thym aime beaucoup le soleil. La première année, on l’hydratera bien pour lui donner de bonnes chances de survie, mais par la suite, il va préférer un peu de sécheresse. Il aime être taillé, surtout à la floraison – quand on ne le fait pas, il perd des feuilles et devient moins vigoureux. Ce qui est parfait pour s’en faire des bouquets et les faire sécher pour la saison froide !

 

Échinacée pourpre (Echinacea purpurea)

S’il existe aujourd’hui plusieurs variétés d’échinacées, l’échinacée pourpre est une valeur sûre en ce qui concerne sa facilité de culture et sa résistance au froid. Tout comme sa cousine, l’Echinacea angustifolia, elle est médicinale et saura prendre soin du système immunitaire de toute la famille. Ses racines sont les plus riches en principes actifs, mais on pourra également utiliser ses belles fleurs roses coniques en tisane. L’échinacée est notamment antibactérienne, anti-inflammatoire, et est un stimulant immunitaire et tonique du système respiratoire – ce qui en fait une alliée de choix pour la saison froide. Elle est également très efficace contre les affections de la peau telles que l’acné, comme le dit la médecin et sage-femme américaine Aviva Romm.

C’est une plante très jolie, qui fleurit en fin d’été et pour tout l’automne. Pour les personnes paresseuses comme moi, on peut la trouver facilement en centre jardin. Dans ce cas, il est important de couper les fleurs existantes et de ne pas l’acheter en fleurs, si on souhaite qu’elle résiste à l’hiver. Par contre, si l’on souhaite la partir en semis, il vaut mieux stratifier les graines en les mettant dès maintenant au réfrigérateur, pour partir les semis en mai, ou les planter directement au jardin une fois qu’elles sont stratifiées. On aurait également pu la semer directement au jardin à l’automne. Cette dame rose aime une terre bien drainée – elle a besoin d’être arrosée s’il ne pleut pas dehors ou si elle est en pot, mais n’aime pas avoir les pieds dans l’eau. Elle peut tolérer un peu de sécheresse sans problème. Traditionnellement, on attend trois ans avant de récolter une partie de ses racines, pour en retirer le maximum de propriétés.

 

Plusieurs autres alliées végétales auraient aimé faire partie de ce palmarès des plantes médicinales accessibles à tous les jardiniers et toutes les jardinières en herbe… C’est avec joie que je vous en reparlerai donc ultérieurement à l’automne ou l’hiver prochain, dans la deuxième partie de cet article sur la culture facile des plantes médicinales. En attendant, j’espère que vous aurez beaucoup de joie et d’émerveillement avec ces nouveaux bébés verts !