Circuit express au Japon en 9 escales

Publié le 9 octobre 2013
Écrit par Aurore Bonvalot, présidente l’agence Collectionneurs de Voyages

Circuit express au Japon en 9 escales

Mangas, ryokan, saké, geishas, cerisiers en fleurs, mont Fuji, Tokyo, Kyoto… autant de mots qui nous viennent en tête lorsqu’on pense au Japon. Le pays du soleil levant est une magnifique fusion entre le monde ancien et le monde moderne, entre la culture et la technologie. On y vient pour un dépaysement assuré, pour des expériences gastronomiques exceptionnelles, pour plonger dans un passé intact de traditions ancestrales, pour faire du shopping et être à la fine pointe des tendances, pour se ressourcer dans les eaux thermales… Découvrez le Japon avec nous !

 

Gastronomie

Le marché de poisson Tsukiji

On peut vivre toute une expérience au cœur du plus grand marché de poisson au monde situé sur le bord de la baie de Tokyo. Le matin, dès 5 h 30, on peut assister aux enchères où un thon entier peut se vendre jusqu’à 400 000 $. Ces criées sont ouvertes aux 120 premiers touristes qui se présentent. Le thon est la véritable vedette du marché puisque le Japon est le premier pays pêcheur de thon et que 80 % du thon rouge est consommé par les Japonais. À 9 h, le marché de 23 hectares ouvre ses portes au public. Près de 65 000 employés s’y affairent chaque jour : 2500 tonnes de poissons, crustacés, mollusques et algues sont vendues, soit l’équivalent d’environ 4 milliards de dollars par année. Un va-et-vient incessant de mareyeurs (les meilleurs du Japon et les plus riches du monde !), de restaurateurs et de poissonniers qui se pressent à travers les étalages… Vêtus de longs tabliers bleu marine et de bottes de caoutchouc, les poissonniers nous regardent déambuler à travers les allées, parfois avec un air amusé. On dit que ce marché pourrait déménager à Toyosu, dans l’arrondissement voisin, dès cette année. Renseignez-vous avant de vous y rendre.

 

Les sushis de Jiro

Avez-vous vu le documentaire passionnant consacré au succès des restaurants Jiro à Tokyo ? Jiro Ono, le père, a créé son restaurant Sukiyabashi Jiro et obtenu trois étoiles au guide Michelin. Son fils Takashi a ouvert le même genre de restaurant à Roppongi Hills,

une banlieue chic de Tokyo. Il s’est vu décerner deux étoiles au guide Michelin. Nous avions hâte de l’essayer après avoir vu le documentaire. Il faut normalement compter de deux à trois mois pour réussir à obtenir une réservation. Le concierge de notre hôtel avait sûrement de bons contacts, car en moins d’une semaine nous avions nos deux places ! Au restaurant, c’est Takashi Ono en personne qui nous a préparé différents sushis et expliqué comment les déguster. Le cadre est très intimiste : 16 places seulement et 2 services par jour.

On ne choisit pas le menu et on se laisse guider par les inspirations du chef. Ses tech- niques de préparation donnent des sushis délicieux, onctueux, raffinés… Une explosion de saveurs pour le palais ! À la fin du repas, n’hésitez pas à demander une photo avec le chef Ono pour garder un souvenir de cette expérience culinaire hors du commun. Pour avoir un avant-goût, regardez le documentaire Jiro Dreams of Sushi qui raconte ce formidable succès de la gastronomie japonaise.

 

Culture

Les geishas

À la tombée de la nuit, empruntez les ruelles sinueuses et très étroites du quartier de Gion, à Kyoto, une petite ville de 1,5 million d’habitants, pour avoir la chance de croiser des geishas. Ces « dames de compagnie » raffinées sont rattachées à des maisons spécialisées, les okiya, où elles apprennent à servir à table, à converser et à pratiquer les arts traditionnels japonais. Elles participent à divers banquets qui se déroulent dans des restaurants traditionnels, des salons privés ou chez des particuliers. Leur apprentissage est long et complexe. Comme il est de plus en plus difficile de recruter des jeunes filles intéressées par ce métier de nos jours, les apprenties sont chouchoutées par leurs aînées. On compte environ 200 geishas au Japon, principalement à Kyoto, ville où elles ont fait leur apparition en 1750.

Nous avons eu la chance de croiser la route de quatre geishas. Elles marchaient d’un pas effréné en faisant claquer leurs petites chaussures sur le pavé. Elles gardaient la tête baissée pour éviter de croiser le regard des passants. Nous avons même aperçu une maiko, une apprentie geisha toute jeune, suivre de près sa marraine geisha. On distingue une maiko d’une geisha à sa coiffure, aux couleurs de son kimono de soie (vives pour les maiko et plus discrètes pour les geishas de plus de 30 ans) et à son obi (ceinture portée en traîne par la maiko et en noeud de tambour par la geisha plus expérimentée). Les vrais kimonos, fabriqués et peints à la main, peuvent coûter jusqu’à 8000 $ pièce. Continuez votre balade le long de la rivière Kamo-gawa, parcourez les petits ponts très pittoresques et aventurez-vous dans les rues de cette ville si charmante.

 

Le sumo

Ne ratez pas l’occasion d’assister aux combats de sumos, notamment au tournoi de Hatsu Basho, à Tokyo. Ils se déroulent toute la journée, les meilleurs commençant vers le milieu de l’après-midi. Les fans se pressent devant les portes d’entrée pour accueillir et acclamer leurs vedettes favorites. N’hésitez pas à vous faire photographier avec un lutteur… vous aurez l’air si petit à ses côtés puisque le poids moyen des sumos est de 150 kg (330 lb). Les combats sont brefs, mais les préparatifs sont souvent très longs. Avant l’affrontement, les lutteurs chassent les esprits en frappant le sol avec leurs pieds. Ils lancent ensuite une poignée de sel sur le cercle de combat pour purifier le sol, puis ils boivent et recrachent l’« eau de force ». Ces trois gestes rituels sont essentiels. Un arbitre rythme les combats. Promenez-vous dans les contre-allées du stade pendant les intermissions pour lancer un petit sourire aux sumos qui ont terminé leurs combats.

 

Le théâtre kabuki

Ne manquez sous aucun prétexte une représentation de kabuki, la forme épique du théâtre japonais traditionnel qui a vu le jour à l’époque d’Edo au XVIIe siècle. Il comporte un jeu d’acteurs spectaculaire bien codifié et se distingue par le maquillage élaboré et l’abondance de dispositifs de scène servant à souligner les changements dramatiques et les revirements soudains. Les pièces évoquent principalement des événements historiques et le conflit moral lié aux relations humaines. Il reste environ 90 acteurs de kabuki professionnels, uniquement masculins. En effet, seuls les hommes sont autorisés à jouer, et leur maîtrise des voix et des gestes est telle qu’il est difficile de penser que les personnages féminins sont interprétés par des hommes. Une autre particularité du kabuki est la pratique du mie. À un moment-clé de la pièce, l’acteur prend une pose appuyée et le public peut crier le nom de l’école à laquelle il appartient.

Cette pratique qui renforce le lien entre les spectateurs et les acteurs permet au public d’exprimer sa satisfaction.

Nous avons assisté à trois représentations de kabuki au théâtre Nissay de Tokyo durant près de 4 heures. On peut se procurer des écouteurs pour bénéficier de la traduction effectuée dans quelques langues, dont l’anglais. Nous n’avons pas eu cette chance, car aucune traduction n’avait été prévue pour notre représentation qui était en fait la première de la saison. Le public s’était mis sur son trente-six pour l’occasion. Les événements culturels revêtent un aspect très important dans la vie des Japonais encore aujourd’hui. Depuis 2005, le kabuki est inscrit au patrimoine oral et immatériel de l’UNESCO.

Zen

Le Reiki à Kurama

Le Reiki est d’abord une expérience spirituelle vécue par le docteur Usui Mikao pendant sa discipline shamanique sur le mont Kurama, dans la banlieue nord-ouest de Kyoto, au milieu du XIXe siècle. Il a découvert que la force spirituelle qu’il y avait reçue avait un pouvoir de guérison et que le Reiki permettait d’atteindre la sagesse de manière naturelle et de comprendre sa place dans l’univers. Le site de Kurama compte main- tenant un ensemble de plusieurs temples et sculptures, rénovés en 1949, qui prennent place sur les flancs du mont culminant à 542 mètres. Aussi, promenez-vous tout un après-midi au son des cascades, dans les sentiers tortueux bordés de cèdres centenaires et de lanternes rouges. Découvrez tour à tour le magnifique bronze représentant le mont Meru, la montagne mythique des bouddhistes, les nombreux sanctuaires, ou encore ce phénomène particulier, le Kinone Michi, un entrelacs de racines apparentes des cèdres de la montagne. La crypte du temple Honden est impressionnante avec son mandala, un immense cercle de marbre qui invite à la méditation et à l’apaisement. Il est conseillé de se placer en plein centre pour ressentir le maximum d’énergie. Avec le temps, si on se concentre bien, on peut faire l’expérience de différentes énergies selon la position que l’on occupe sur le mandala. Kurama est un véritable lieu de ressourcement. 

 

Les ryokan

Faites un petit séjour de trois jours dans un ryokan, une auberge typique du Japon faite de bois, de bambou, de cloisons de papier et de portes coulissantes. Une expérience relaxante pour le corps et l’esprit ! On recense environ 70 000 ryokan, dont 1800 sont membres de la Japan Ryokan Association. Durant notre séjour, il convient de respecter certaines règles. Il nous a tout d’abord été recommandé d’arriver au début ou au milieu de l’après-midi. Nous avons retiré nos chaussures à l’entrée pour enfiler les petits chaussons que nous a remis la maîtresse de maison et que nous avons gardés jusqu’à la fin de notre séjour.

On nous a ensuite remis un long yukata, un kimono bleu et blanc de coton que l’on devait porter constamment. On nous a accompagnés à notre chambre, dont la grandeur est calculée en fonction du nombre de tatamis dont elle est recouverte. On trouve une petite table basse dans le coin-repas situé au milieu de la pièce et un coin chambre à coucher plus loin. Le soir, les femmes de chambre installent des futons pour la nuit. Le petit-déjeuner est servi à la salle à manger tandis que le repas du soir est servi dans la chambre. Une gouvernante vient dresser la table et nous apporte tour à tour soupes, assiettes de poisson, fondue, légumes cuits et petits desserts. Elle nous sert le thé pendant le repas. Nous mangeons par terre, assis en tailleur.

Il est mal vu de se réveiller tard et de rester dans sa chambre pendant la journée. Il faut respecter l’harmonie et le bien-être des lieux. Aussi, une visite des bains chauds, les onsen, est tout indiquée. L’eau de ces bains provient de sources thermales situées sous le ryokan. Les hommes et les femmes sont séparés, chacun ayant son bain. On dépose toutes nos affaires dans de petits casiers et, après avoir pris une douche bien chaude, on se glisse rapidement dans l’eau brûlante, complètement nu. Ici, on ne traite pas la nudité de la même manière qu’en Occident. Il est tout naturel pour ces hommes et ces femmes de s’y retrouver nus devant des inconnus. Cela peut même être une initiation en famille. Nous avons croisé une mère et sa fille venues y passer l’après-midi. Petite délicatesse japonaise, les propriétaires du ryokan nous ont offert de prendre un bain entre conjoints pendant quelques heures. Une expérience dans un ryokan est indispensable à tout visiteur au Japon !

 

Au fil de l’eau

La Sumida à Tokyo

On peut visiter Tokyo en bateau en empruntant une des navettes faisant de petites croisières sur le fleuve Sumida, long de 23 km. Allez-y de nuit de préférence afin de pouvoir contempler la ville magnifiquement illuminée. Un peu comme dans les bateaux-mouches à Paris, une narratrice décrit dans plusieurs langues les principaux bâtiments que nous croisons en route. Restez sur le bateau et faites le tour au complet. Cette belle balade rafraîchissante permet de se sentir en plein cœur de Tokyo et de découvrir au loin différents points d’intérêt dont le Rainbow Bridge, la tour Skytree, la tour de Tokyo, le marché de poisson de Tsukiji et les immenses complexes résidentiels aux loyers exorbitants. Il faut savoir que Tokyo est une ville d’eau qui compte d’innombrables canaux et rivières formant un réseau très complexe.

 

La baie de Matsushima

Matsushima signifie « île aux pins ». C’est l’un des plus célèbres archipels japonais. On le surnomme « la perle des côtes du Tohoku » et il est situé au nord-est de Sendai. L’une des plus belles manières de découvrir cette baie est de la parcourir en bateau : la croisière dure environ une heure et permet d’observer de près d’étonnantes formations rocheuses. Composé d’environ 250 îlots couverts de pins maritimes sculptés par les vents, ce lieu est considéré comme l’un des trois paysages les plus beaux et les plus pittoresques du Japon. L’ensemble a même inspiré de nombreux poètes, dont l’auteur de haïkus Matsuo Basho. Une des attractions amusantes de la traversée a cours sur le pont avant, quelques minutes après le départ : on donne à manger aux centaines de mouettes venues piquer du nez vers le bateau. Avec leur bec pointu, elles attrapent en plein vol les chips que nous leur offrons du bout des doigts. Elles restent un long moment autour du bateau et nous escortent pendant une bonne partie du voyage. La traversée nous mène au petit village de Matsushima, où vivent 17 000 habitants, entre le parc de Saigyo Modoshi no Matsu, le temple bouddhiste zen Zuigan-ji, l’aquarium et de nombreux restaurants et logements. Une visite qui vaut le détour !

 Le Japon est un pays magique avec sa culture millénaire fascinante. La société nippone est gouvernée par un code de conduite et de politesse ferme relativement strict. Il est important de s’adapter à ses coutumes pour ne froisser personne. Même si on y parle peu l’anglais, on arrive à se faire comprendre par gestes. Il faut reconnaître que les Japonais sont très accueillants. Ils font tout en leur pouvoir pour aider les touristes et rendre leur expérience à la fois agréable et mémorable.