Combattre le vieillissement par la nutrition

Publié le 9 septembre 2019
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.

Combattre le vieillissement par la nutrition
Atelier Deuil-Temps des fêtes

La perte musculaire associée au troisième âge, mieux connue en médecine sous le nom de « sarcopénie », est un problème de santé endémique chez les personnes âgées. En fait, la masse musculaire est le marqueur le plus révélateur pour évaluer la santé.

Si on ne se préoccupe pas de faire de l’exercice quotidiennement au cours de sa vie, la masse de graisse doublera entre l’âge de 20 à 60 ans. La perte musculaire peut commencer aussi tôt que l’âge de 40 ans et une perte de 8 % se fait tous les 10 ans. À 70 ans, la masse musculaire peut diminuer à un rythme encore plus rapide, soit 15 % par tranche de 10 ans.

 

Les facteurs de risque de la sarcopénie

Même si l’exercice et surtout les exercices de résistance sont les pivots pour renverser la sarcopénie, la recherche nous indique que l’exercice n’est pas le seul facteur mis en cause dans ce problème de santé. Certains facteurs nutritionnels, hormonaux, immunologiques et métaboliques peuvent être impliqués. Il peut s’agir d’une mauvaise assimilation des sucres dans les cellules, bloquant la production de l’énergie, ce qui nuit à la synthèse complète des protéines. L’inflammation due à un traumatisme ou encore à une infection subchronique peut aussi être liée à ce processus par le biais des hormones proinflammatoires. Même le vieillissement normal entraînant une baisse de production d’hormones dans le corps et plus particulièrement des hormones qui construisent les tissus, comme les hormones de croissance, la déhydroépiandrostérone (DHEA) et la testostérone, est initiateur de sarcopénie. En fait, tout facteur de santé pouvant faire basculer l’organisme d’un état anabolique (régénération cellulaire) à un état catabolique (destruction cellulaire) doit être considéré sérieusement.

 

Les protéines

La consommation insuffisante de protéines ou de mauvaise qualité peut également amorcer ce processus, tout comme la digestion, l’assimilation et l’utilisation de ces nutriments. Les facteurs qui peuvent nuire à l’absorption des protéines sont l’hypochlorhydrie, les médicaments antiacides, la déficience en zinc, les allergies alimentaires et les maladies inflammatoires de l’intestin.

Une des principales raisons pour ce problème de santé est la consommation inadéquate de protéines. Cela diminue la force musculaire, la masse osseuse, l’immunité et la fonction cognitive. Selon les études, la dose quotidienne de protéines dans l’alimentation pour augmenter la masse musculaire devrait tourner autour de 1,2 à 1,8 g par kilo de poids corporel (environ 84-126 g pour une personne de 70 kg). Comparativement, les statistiques mentionnent qu’aux États-Unis, le tiers des femmes et des hommes au-dessus de 60 ans consomme moins que les standards de la République démocratique allemande (RDA), soit 0,8 g par kilo de poids corporel de protéines par jour (56 g pour une personne de 70 kg).

 

Les nutriments d’importance

Certains nutriments, comme la créatine et la vitamine D, ainsi que l’isolat de petit-lait peuvent aider à prévenir la sarcopénie. Entre autres, la vitamine D, selon les dernières recherches, aide à préserver les fibres musculaires, qui sont plus sujettes à s’atrophier chez les personnes âgées. L’isolat pur contient, pour sa part, les acides aminés en proportion similaire aux besoins du corps humain et permet d’aller chercher un apport intéressant de protéines. Les oméga-3 ont la capacité de préserver la masse musculaire et peuvent jouer un rôle dans le contrôle de l’inflammation dans le corps. La carnitine et la glutamine ont aussi fait l’objet de recherches dans ce domaine.

 

L’isolat de petit-lait, un aliment à connaître

L’isolat de petit-lait a longtemps été considéré comme un supplément d’intérêt pour augmenter la masse musculaire chez les athlètes. Mais les études ont montré que ce nutriment permet également de contrôler la perte musculaire chez les personnes âgées, de ralentir le gain de poids et de prévenir les maladies cardiovasculaires. Ces protéines sont extrêmement anabolisantes et peuvent augmenter la synthèse protéique plus rapidement et mieux que toute autre protéine alimentaire ; leur profil supérieur en acides aminés leur donne un avantage par rapport aux autres protéines quant à leur digestibilité et à leur assimilation dans le tissu musculaire.

En plus d’être une source complète de protéines, on retrouve dans l’isolat pur des acides aminés à chaîne ramifiée (BCAA) soit la leucine, l’isoleucine et la valine, jouant un rôle fondamental dans l’augmentation de la masse musculaire. La leucine, en particulier, est la protéine la plus bioactive pour construire le muscle en renversant l’état de catabolisme. Or en vieillissant, les muscles deviennent résistants à la stimulation de la leucine. Bonne nouvelle, les études ont montré qu’on pouvait renverser ce problème en se supplémentant avec de l’isolat pur riche en leucine. On retrouve également dans l’isolat des quantités non négligeables d’immunoglobulines et de lactoferrine, deux composés jouant un rôle de premier plan pour renforcer le système immunitaire.

Le potentiel le plus prometteur des isolats de protéines de petit-lait est leur capacité à accroître notre réaction immunitaire, en particulier dans la lutte contre le cancer. C’est un nutriment qui augmente considérablement la production du glutathion, soit l’antioxydant majeur des cellules dans le corps. De cette façon, il protège les cellules de plusieurs polluants et poisons, et joue un rôle central pour assurer une bonne détoxication.

Maintenir un haut niveau intracellulaire de glutathion devient un des facteurs les plus importants dans la prévention des maladies de dégénérescence liées au vieillissement. Son rôle est d’ailleurs très bien documenté sur le cancer, la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer, le diabète, l’artériosclérose, l’hépatite, le sida et la sclérose en plaques.

 

Isolat ou concentré de petit-lait

Pour obtenir un isolat de petit-lait de grande qualité, on utilise d’abord du lait cru, non chauffé et non pasteurisé. Le petit-lait est le liquide qui reste après la fabrication du fromage ; par conséquent, les protéines (caséines, etc.) auxquelles plusieurs personnes sont allergiques sont absentes du petit-lait ; elles peuvent donc le consommer en toute sécurité. Le petit-lait est ensuite délactosé à plus de 99 %, ce qui permet aux personnes intolérantes au lactose de le consommer. Ce petit-lait est aussi appelé « lactosérum ». Il est un sous-produit de l’industrie du fromage.

On soumet ensuite le petit-lait à plusieurs procédés de filtration pour concentrer les protéines et on le déshydrate pour obtenir une poudre jaunâtre, 100 % naturelle, qui contient tous les acides aminés essentiels.

Le petit-lait se retrouve sous deux formes : le concentré et l’isolat. Les concentrés contiennent 80 % de protéines. C’est la forme la plus économique pour augmenter la masse musculaire chez les gens non intolérants au lait. Dans un isolat de qualité supérieure, on retrouve jusqu’à 98 % de protéines pures sous leur forme bioactive et non dénaturée riche en immunoglobulines. Assurez-vous toutefois de sélectionner un isolat produit avec du lait non chauffé qui préserve son pouvoir antioxydant.

 

Les recherches sur le petit-lait

Les recherches dans le domaine de la médecine sportive nous permettent de découvrir les nombreux bienfaits de l’isolat de petit-lait sur la santé. Entre autres, une étude dirigée par une équipe de chercheurs en gérontologie et publiée dans le prestigieux Journal de Geriatrics & Gerontology International est ici digne de mention. Cette étude contrôlée regroupait 81 femmes âgées de 65 à 80 ans, et était divisée en trois groupes témoins. Parmi ces groupes, le premier faisait de l’exercice deux fois par semaine, le deuxième se supplmentait en isolat de petit-lait sans faire d’exercice et le troisième prenait de l’isolat suivant chaque exercice (deux fois par semaine). Après 24 semaines, on a noté une augmentation significative de la masse musculaire, de la force musculaire et de la vitesse de marche chez le troisième groupe (isolat de petit-lait et exercice) comparativement aux deux autres groupes. Plusieurs études démontrent régulièrement que le petit-lait est supérieur à d’autres sources de protéines pour stimuler la synthèse de masse musculaire au repos et après un exercice de résistance.

Gardez en mémoire que l’isolat de petit-lait n’est pas seulement utile à la catégorie des athlètes ; ce supplément peut grandement aider à prévenir plusieurs effets du vieillisse ment, dont la perte de masse musculaire et le gain de poids. C’est un outil puissant pour améliorer la qualité de vie et la longévité !

 

RÉFÉRENCES

AOYAMA, K et T. NAKAKI. « Impaired Glutathione Synthesis in Neurodegeneration », International Journal of Molecular Sciences, vol. 14, no 10, 18 octobre 2013, p. 21021-21044.

MORI, H et Y. TOKUDA. « Effect of whey protein supplementation after resistance exercise on the muscle mass and physical function of healthy older women:

A randomized controlled trial », Geriatrics & Gerontoly International, vol. 18, no 9, septembre 2018, p. 1398-1404.

DE FLORA S., A. IZOTTI, F. D’AGOSTINI et C.F. CESARONE.

« Antioxidant activity and other mechanism of thiols involved in chemoprevention of mutation and cancer », The American Journal of Medicine, vol. 91, no 3C, 30 septembre 1991, p. 122S-130S. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5568273/