Comment préserver une bonne santé oculaire ?

Publié le 16 septembre 2019
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A.

Comment préserver une bonne santé oculaire ?
Now pour mai 2024

Au moment de la rentrée, on doit aussi s’occuper de la santé de ses yeux, qui sont souvent les premiers affectés par la charge de travail intellectuel accrue.

 

Ces précieux organes sont particulièrement fragiles et très sollicités, notamment en raison de notre exposition croissante aux fameux écrans. Bien que certaines affections comme la myopie, l’hypermétropie et l’astigmatisme soient influencées par notre génétique, beaucoup de problèmes oculaires peuvent être évités, ou à tout le moins ralentis lorsqu’on met en application certaines recommandations. Grâce à cette nouvelle science qu’on appelle l’« épigénétique », nous savons aujourd’hui que nous possédons toujours le pouvoir d’influencer nos gènes via notre alimentation et notre mode de vie. Que peut-on donc faire pour conserver, voire améliorer notre santé oculaire ? C’est ce dont il sera question dans le cadre de cette chronique.

 

Les troubles oculaires communs

 

  • La fatigue oculaire (numérique)

Puisque nous passons de plus en plus de temps les yeux rivés à un écran, cette affection est maintenant très répandue. Les symptômes les plus courants de la fatigue oculaire sont les yeux secs, la vision trouble et les maux de tête. Les personnes affectées par la fatigue oculaire peuvent également éprouver de la raideur dans le cou et les épaules ainsi que des maux de dos.

 

  • La presbytie

Souvent considérée comme faisant partie du processus naturel du vieillissement, la presbytie se caractérise par la perte de la capacité naturelle des yeux à voir les objets qui sont proches. Selon la croyance populaire, plus on avance en âge et plus la presbytie s’accentue, car les lentilles de l’oeil perdent de leur flexibilité. On corrige habituellement la vision grâce aux lunettes ou aux lentilles de contact.

 

Personnellement, je n’adhère pas à ce portail culturel qui nous condamne à nous résigner à tomber en décrépitude à mesure qu’on vieillit ! Nous ne sommes pas des victimes impuissantes face aux dommages infligés par le temps, mais bien des acteurs pouvant influencer notre niveau de santé grâce à nos choix en matière d’alimentation et de mode de vie. Selon moi, ce sont plutôt nos croyances limitantes alimentées par ce portail culturel qui nous font mal vieillir…

 

  • La cataracte

Cette importante affection constitue la principale cause de perte de vision en Amérique du Nord et la première cause de cécité dans le monde. La cataracte est caractérisée par l’opacification du cristallin, la partie de l’oeil située derrière l’iris et nous servant de lentille. Ce processus se produit progressivement et est généralement indolore, d’où l’importance de procéder à un examen annuel.

 

On traite habituellement la cataracte par voie chirurgicale. Son ablation permet que la lumière puisse à nouveau pénétrer à travers la lentille, et les résultats sont donc immédiats. Cependant, l’ablation d’une cataracte demeure une chirurgie et comporte donc certains risques, alors qu’il existe une solution naturelle efficace et sécuritaire pouvant la dissoudre.

 

  • La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)

Elle apparaît lorsque la macula – la partie centrale de la rétine de l’oeil – se détériore au fil du temps, provoquant une perte de vision. La DMLA survient généralement chez les personnes âgées et elle est associée à des facteurs de risque comme le tabagisme, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie et l’obésité. Il n’y a pas de remède contre la DMLA, mais il est possible de ralentir sa progression grâce à la chirurgie, à la thérapie au laser, à certains médicaments et, bien sûr, à l’alimentation et à la supplémentation en vitamines.

 

  • Le glaucome

Il s’agit d’une maladie qui apparaît lorsque le nerf optique est endommagé par une pression intraoculaire trop élevée comprimant ses fibres. Le glaucome entraîne une perte progressive de la vision et, s’il n’est pas diagnostiqué et traité à temps, on risque de perdre la vue de manière permanente et irréversible. Les traitements proposés en médecine conventionnelle incluent la chirurgie et les gouttes ophtalmiques.

 

L’alimentation pour prévenir les troubles oculaires

On retrouve un nombre croissant d’évidences nous indiquant qu’une amélioration de notre alimentation peut avoir un impact positif sur notre santé oculaire. On peut notamment réduire notre risque de développer la DMLA et ralentir sa progression. Tout ce qui est vrai pour cette affection s’applique aussi aux autres troubles oculaires.

 

  • Le rôle antioxydant des fruits et des légumes

Qui ne s’est pas déjà fait dire de manger ses carottes pour avoir de beaux yeux ? Le dicton populaire comporte une part de vérité, puisque le bêta-carotène contenu dans les carottes est doté de propriétés antioxydantes. Les antioxydants sont particulièrement importants pour nos yeux et notre santé en général, car ils protègent nos cellules contre les dommages causés par des molécules destructrices auxquelles nous sommes constamment exposées, soit les radicaux libres.

Le bêta-carotène fait partie de la famille des caroténoïdes, des pigments aux teintes orangées ou rougeâtres retrouvés dans plusieurs fruits et légumes. Plus récemment, on a découvert d’autres caroténoïdes qui sont aussi excellents pour notre santé oculaire. Il s’agit de la lutéine, de la zéaxanthine et de l’astaxanthine.

En plus des caroténoïdes, la consommation de fruits et légumes nous fournit plusieurs autres phytonutriments aux propriétés antioxydantes, les vitamines C et E, ainsi que des minéraux tels que le zinc et cuivre, qui jouent un rôle important dans la santé de nos yeux.

Selon le Guide alimentaire canadien et différentes autorités en la matière, on devrait consommer au moins 7 portions de fruits et de légumes par jour. Cependant, près de 60 % des Canadiens âgés entre 45 à 64 ans en consomment moins de 5 portions quotidiennement.

 

  • L’importance des acides gras de type oméga-3

Les acides gras oméga-3, qu’on retrouve surtout dans le poisson, sont également importants pour la santé oculaire. Selon les études, l’acide docosahexaénoïque (DHA) contenu dans les oméga-3 est impliqué dans l’intégrité, le développement et la réparation de la rétine. La consommation de 2 portions de poisson par semaine réduirait même de 39 % le risque de DMLA avancée. Les oméga-3 protègent aussi contre la sécheresse oculaire.

Puisque le poisson est souvent contaminé par le mercure, il faut préférer les sardines, les anchois ou le saumon sauvage du Pacifique, ou se tourner vers les suppléments.

 

Habitudes néfastes à la santé oculaire

  • Le fast food : il peut doubler le risque de développer une dégénérescence maculaire !
  • La consommation de sucre : il est aussi dommageable, car il augmente la production de protéines glyquées, qui endommagent nos vaisseaux capillaires.
  • La cigarette : les fumeurs courent de 3 à 4 fois plus de risque de développer une DMLA.
  • Fixer nos écrans cathodiques : cela fatigue et dessèche les yeux, et peut même mener à la myopie. Il est recommandé de suivre la règle 20-20-20, c’est-à-dire qu’après 20 minutes devant un écran, on prend 20 secondes d’arrêt pour regarder 20 pieds (6 mètres) plus loin.

 

Suppléments pour la santé oculaire

L’idéal serait évidemment d’obtenir tous nos nutriments, incluant nos antioxydants et nos acides gras, via notre alimentation, mais comme nous n’arrivons plus à compenser les effets nocifs de notre mode de vie moderne grâce au seul apport alimentaire, le recours aux suppléments est désormais un must pour la très grande majorité d’entre nous.

 

  • Les études AREDS et AREDS2

L’importante recherche AREDS (de l’anglais Age-Related Eye Disease Study ou Étude des maladies oculaires associées à l’âge) effectuée pour le compte du National Eye Institute, une division du National Institutes of Health aux É.-U. et publiée en 2001 a évalué l’impact des vitamines C et E, du bêta-carotène et du zinc sur la progression de la DMLA et de la cataracte. L’étude conclut que la prise de suppléments de ces antioxydants permet de ralentir la progression de la dégénérescence maculaire et contribue au maintien d’une bonne vision.

En 2013, une deuxième étude, intitulée AREDS2 et comportant quelques changements à la formulation originale, a été complétée. On a ajouté la lutéine et l’astaxanthine, puis on les a substituées au bêta-carotène et on a aussi testé l’ajout d’oméga-3. L’étude démontre que la lutéine et l’astaxanthine sont plus efficaces que le bêta-carotène dans la formulation.

 

  • Multivitamines et minéraux, ou une formule spécialisée

On peut donc se supplémenter avec ces suppléments, mais je privilégie plutôt une formule de multivitamines et de minéraux contenant les vitamines C et E, le zinc, la lutéine et l’astaxanthine, en plus des ingrédients habituels.

 

  • Les vitamines B bioactives

L’apport en vitamines B est aussi particulièrement important pour la santé oculaire. Sous leur forme bioactive, la vitamine B1 (benfotiamine) et à la vitamine B6 (phosphate de pyridoxal ou P5P) réduisent efficacement la production de protéines glyquées, des radicaux libres hautement dommageables pour nos yeux et notre santé en général.

 

  • L’astaxanthine

L’astaxanthine est un pigment de la famille des xanthophylles (caroténoïdes) de couleur rosacée produit notamment par les crustacés et les algues. De façon commerciale, ce puissant antioxydant est surtout extrait d’une micro-algue l’Haematococcus pluvialis. En plus de prévenir la DMLA, la consommation d’astaxanthine réduit la sensibilité des yeux au soleil, les difficultés d’accommodation et la fatigue oculaire. Cet antioxydant est doté de nombreux autres bienfaits, notamment en ce qui concerne la protection de la peau. De manière isolée, on peut l’obtenir en dose de 4 à 20 mg.

 

  • La N-acétylcarnosine

La carnosine sous cette forme et présentée en gouttes oculaires a démontré son efficacité dans la prévention et le traitement des cataractes. Selon mon expérience, elle permet souvent d’éviter la chirurgie.

 

Conclusion

L’adoption de ces quelques mesures simples combinées aux examens réguliers et au port de verres solaires de bonne qualité peut faire toute une différence dans le maintien d’une bonne santé oculaire. Nos yeux – qu’on qualifie souvent de miroirs de l’âme – nous permettent de jouir des beautés qui nous entourent, même si, comme le disait le Petit Prince, « on ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »

 

RÉFÉRENCES

Disponibles à la demande du lecteur.