Comment retrouver notre libido féminine

Publié le 17 septembre 2017
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A.

Comment retrouver notre libido féminine

À l’instar des fleurs qui s’ouvrent afin de permettre aux abeilles de les polliniser, le principe même de la vie dépend du désir féminin ! Pourtant, selon un récent sondage, environ le tiers des femmes âgées entre 18 et 59 ans avouent éprouver une baisse de désir sexuel1.

 

Que nous ayons un partenaire ou pas, la sexualité constitue une importante part de qui nous sommes, alors comment expliquer cette baisse de libido etsurtout, comment peut-on y remédier ?

Dans son essence, la libido est définie comme l’énergie relative à la pulsion sexuelle. Mais comme nous le savons tous, le désir et la sexualité féminine sont des sujets complexes qui englobent plusieurs aspects de notre vie. La libido est comme un baromètre qui reflète l’état général de notre santé, mais aussi denotre santé relationnelle, que ce soit face à nous-mêmes (estime de soi) ou par rapport aux autres. Lorsqu’on vit dans une société hypersexualisée, axée surla performance et où les modèles de beauté imposés sont complètement surréalistes, il est facile de ne pas se sentir à la hauteur, notamment face à cequ’on croit être« normal » en ce qui a trait à la sexualité et au désir.

Pourtant, ce qui est « normal », c’est que notre libido fluctue en fonction de plusieurs facteurs, incluant nos taux d’hormones, notre niveau de stress et defatigue, la prise  de  certains  médicaments et lors des cycles de notre vie.

 

LA CONNEXION HORMONALE

Parmi ces cycles, nous tenons souvent pour acquis que le voyage vers la ménopause s’accompagne d’une baisse du désir en raison de la diminution des hormones stéroïdiennes – estrogènes, progestérone et testostérone qui la caractérise. S’il est vrai qu’un déclin graduel de la testostérones’opère chez la femme de telle sorte que dans la quarantaine, le niveau de testostérone est réduit de 50 % par rapport à ce qu’il était durant la vingtaine, iln’y a qu’une minorité de femmes qui rapportent une réduction de leurs activités sexuelles2. De plus, les recherches démontrent que demeurer activesexuellement peut apporter des bienfaits physiques et émotionnels, et que ce sont justement les femmes d’âge mûr qui éprouvent le plus de plaisir à fairel’amour !

Ce fait s’explique notamment parce qu’il n’y a plus de craintes de grossesse non désirée et parce qu’en général, les femmes se connaissent mieux et s’affirment plus avec l’âge.

Le mythe largement répandu du déclin sexuel associé à la ménopause est plutôt un portail culturel et non un fait scientifiquement établi : la très grande majorité d’entre nous peuvent donc aspirer à une longue et satisfaisante vie sexuelle !

 

LA CONNEXION AVEC LE STRESS

Même s’il est indéniable que les hormones influencent notre état général de santé et notre sentiment de bien-être, nous ne pouvons ignorer le fait que par le temps où les femmes atteignent la mi-quarantaine et la préménopause, elles roulent généralement à fond de train depuis déjà au moins une décennie ! Et si le déclin de notre vie sexuelle avait beaucoup plus à voir avec notre mode de vie effréné qu’avec nos hormones ?

La réponse au stress a pour but d’améliorer nos chances de survivre à une menace physique compromettant notre sécurité temporairement, mais un stress prolongé, fréquent ou extrême peut avoir des effets néfastes pour le corps et le cerveau. Quelles sont les conséquences de ce stress chronique sur nos hormones et notre libido ?

 

DÉSÉQUILIBRE DES HORMONES STÉROÏDIENNES

L’hyperactivation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS) par le stress et le dysfonctionnement surrénalien qui en résulte perturbe profondément l’équilibre hormonal de différentes façons. Les glandes surrénales sont responsables d’environ 35 % de la production des hormones stéroïdiennes avant la ménopause et de plus de 50 % de leur production après son arrivée. Par conséquent, toutes les hormones stéroïdiennes sont perturbées par le stress chronique.

En plus de ses effets négatifs sur notre équilibre hormonal et notre libido, le stress est aussi considéré comme la principale raison pour laquelle les gens s’alimentent mal et abandonnent leur mode de vie sain3. Cela aggrave le problème, car une mauvaise alimentation et le manque d’activité physique se répercutent aussi sur notre désir sexuel.

 

ALIMENTATION POUR ACCENTUER NOTRE LIBIDO

Pour optimiser notre circulation sanguine, notre santé générale et notre équilibre hormonal, nous devons mettre l’emphase sur une alimentation à prédominance végétale, qui peut être complémentée occasionnellement par des protéines animales de haute qualité – œufs biologiques de poules élevées en liberté, poisson sauvage, fromage de chèvre frais, viandes biologiques, etc. – contenant peu de gras saturés.

Les poissons à chair grasse contiennent des acides gras essentiels de type oméga-3 qui améliorent la circulation sanguine et l’afflux sanguin vers les parties génitales. Les oméga-3 peuvent aussi augmenter le taux de dopamine dans le cerveau, un neurotransmetteur qui favorise le sentiment de désir.

Les noix, les graines et les avocats fournissent également de bons gras qui peuvent favoriser une meilleure libido. Ils permettent aussi une meilleure lubrification, rendant les rapports sexuels plus agréables. Les graines de lin renferment de précieux phytœstrogènes – des principes actifs végétaux pouvant produire des effets similaires à ceux des estrogènes dans le corps – qui peuvent réduire les symptômes associés à la carence estrogénique.

 

ACTIVITÉ PHYSIQUE À LA RESCOUSSE

Presque tous les symptômes associés à la ménopause peuvent être soulagés grâce à la pratique d’activité physique, incluant la baisse de libido.

Une étude de 2008 publiée dans le Journal of Sexual Medicine a révélé que l’activité physique de haute intensité de courte durée (20 minutes avec une cible de battements cardiaques atteignant 70 %) augmente la réponse physiologique à l’excitation de manière significative chez les femmes4. En prime, les gains esthétiques associés à l’exercice entraînent souvent une meilleure estime de soi pouvant se traduire par un intérêt accru envers le sexe.

 

SUPPLÉMENTS NUTRITIONNELS

  • Adaptogènes et extraits glandulaires surrénaliens

Le recours à des extraits botaniques dans le but de restaurer l’équilibre interne du corps est une pratique traditionnelle répandue à travers le monde. L’efficacité des plantes adaptogènes telles que l’ashwagandha, le maca, le ginseng, la réglisse, le basilic sacré et le bacopa est aujourd’hui validée par les études cliniques. Les adaptogènes aident à supporter la réponse face au stress, ce qui se traduit par une meilleure tolérance face au stress physique et émotionnel.

 

  • Ashwagandha (Withania somnifera)

Dans la tradition ayurvédique, l’ashwagandha possède une solide réputation en tant que tonique réjuvénateur servant à fournir de l’énergie, incluant la vigueur sexuelle.

L’ashwagandha a démontré qu’elle peut améliorer la circulation sanguine et stabiliser les hormones qui aident à bonifier la vitalité sexuelle. Dans le cadre d’une étude clinique, les individus qui prenaient l’ashwagandha ont éprouvé un accroissement du désir sexuel à l’intérieur de trois jours de leur prise5. Dans une autre étude, impliquant 51 femmes ménopausées, une réduction significative des symptômes tels que bouffées de chaleur, changements d’humeur et anxiété ont été signalés6.

En normalisant la réponse au stress et en favorisant la détente, l’ashwagandha peut constituer un merveilleux allié afin d’aider à restaurer l’équilibre hormonal et des neurotransmetteurs, ce qui aura comme conséquence une meilleure libido.

 

  • Maca (Lepidium meyenii)

La racine de maca est considérée comme un légume et un aliment de base dans l’alimentation des populations des Andes depuis des millénaires. Elle est aussi vénérée par les Incas pour ses propriétés médicinales.

Selon l’ancienne tradition, le maca est bien connu pour sa capacité légendaire à fournir de l’énergie, la clarté mentale et pour améliorer les relations sexuelles.

Plus près de nous, les scientifiques occidentaux confirment que le maca est rempli de minéraux, comme le zinc, l’iode et des acides gras essentiels. Nous apprenons aussi qu’il pourrait contribuer à l’équilibre des hormones sexuelles et à l’amélioration de l’humeur7. Quelques études randomisées ont conclu que le maca pourrait bénéficier aux femmes ainsi qu’aux hommes aux prises avec une diminution de la libido8. Les études suggèrent qu’il pourrait soulager les symptômes associés à la ménopause tels que les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes, les troubles du sommeil et la dépression9.

La capacité du maca à restaurer la libido dans le cadre d’études cliniques supporte clairement son utilisation traditionnelle.

 

  • Extraits glandulaires surrénaliens1

L’expérience clinique endosse depuis longtemps l’utilisation d’extraits glandulaires afin de supporter l’activité d’une glande cible. Les extraits glandulaires fournissent les peptides et les cofacteurs nutritionnels retrouvés dans la glande elle-même – lorsqu’elle est en bonne santé et fonctionnant de façon optimale – et qui sont requis par la glande afin de mener ses fonctions biologiques à bon terme.

Les extraits glandulaires ne conviennent pas pour les végétariens, mais pour la majorité des gens nécessitant plus de support pour leurs glandes surrénales, ils constituent une façon éprouvée de fournir des facteurs-clés directement à la glande.

 

OXYDE NITRIQUE (NO)

Les nitrates et les nitrites présents dans les fruits et les légumes tels que les betteraves et les légumes verts feuillus augmentent la production d’oxyde nitrique (NO) dans notre corps. Cette simple molécule est chargée de plusieurs fonctions incluant l’amélioration de la circulation sanguine et donc de l’oxygénation et du transport des substances nutritives vers les tissus. Une meilleure irrigation de nos organes sexuels peut contribuer à augmenter la sensibilité et l’excitation. En tant que molécule de signalisation, le NO est aussi impliqué dans la communication cellulaire, la réponse immunitaire, la formation osseuse et d’autres aspects de notre santé globale.

En vieillissant, notre corps produit moins d’oxyde nitrique, mais il répond toujours aux nitrates et aux nitrites en provenance de notre alimentation. Cependant, dépendre uniquement de notre consommation quotidienne de fruits et de légumes afin de rencontrer nos besoins peut constituer un défi.

Pour une santé optimale et une meilleure circulation, vous pouvez considérer l’incorporation d’un nutraceutique contenant un mélange de jus de fruits et de légumes (betteraves, framboises, bleuets, et myrtilles) réduit en poudre et combiné à vos suppléments habituels.

 

EN CONCLUSION

Contrairement au narratif fataliste et réductionniste relatant que notre libido est inexorablement appelée à s’estomper en vieillissant en raison de la chute hormonale associée à la ménopause, il est absolument possible (et souhaitable) de maintenir une vie sexuelle saine et satisfaisante tout au long de notre vie.

Si nous considérons l’énergie sexuelle dans son sens le plus large en tant que force vitale ou d’énergie provenant de la Source, nous saisissons que la santé et la vitalité de notre sexualité sont inexorablement liées à la santé et la vitalité de nos vies.

  1. Afin de s’assurer de leur innocuité et de leur efficacité maximale, les extraits glandulaires devraient toujours provenir d’une source fiable et être manipulés de façon à garantir leur pureté et à préserver l’intégrité de leurs diverses composantes.

 

RÉFÉRENCES

  1. http://www.webmd.com/sex-relationships/features/loss- of-sexual-desire-in-women#1
  2. « La libido après la ménopause ». La Presse, 19 mai 2013. http://www.lapresse.ca/le-soleil/z/archives/coin-du- psy/201305/18/01-4652326-la-libido-apres-la- menopause.php
  3. Nutritional Strategies for Wild Moods & Crazy Days. Managing the Stress Response. Functional Medicine Clinical Series. 2006. P.
  4. (2015), « Proceedings of the 14th Annual Meeting of the International Society for the Study of Women’s Sexual Health », Austin, États-Unis, The Journal of Sexual Medicine, vol. 12, no 273-291, 19-22 février 2015. doi:10.1111/jsm.12922
  5. ARCHANA, R., et A. NAMASIVAYAM. « Antistressor effect of Withania somnifera », Journal of Ethnopharmacology, vol. 64, no 1, 1er janvier 1998, p. 91-93.
  6. MODI, M.B., S.B. DONGA et L. DEI. « Clinical evaluation of Ashokarishta, Ashwagandha Churna and Praval Pishti in the management of menopausal syndrome », Ayu,; vol. 33,
    no 4, octobre 2012, p. 511-516.
  7. BROOKS N.A., et autres. « Beneficial effects of Lepidium meyenii (Maca) on psychological symptoms and measures of sexual dysfunction in postmenopausal women are not related to estrogen or androgen content », Menopause, , vol. 15, no 6, novembre-décembre 2008, p. 1157-1162.
  8. STONE, M., et autres. « A pilot investigation into the effect of maca supplementation on physical activity and sexual desire in sportsmen », Journal of Ethnopharmacology, vol. 126, no 3, 10 décembre 2009, p. 574-576.
  9. MEISSNER, H.O., et autres. « Therapeutic Effects of Pre-Gelatinized Maca (Lepidium Peruvianum Chacon) used as a Non-Hormonal Alternative to HRT in Perimenopausal Women – Clinical Pilot Study », International Journal of Biomedical Sciences, vol. 2, no 2, juin 2006, p. 143-159.