COVID-19 : ces avenues naturelles non explorées

Publié le 17 décembre 2020
Écrit par Stéphanie Plamondon, M. Sc., anthropologue et aromathérapeute certifiée

COVID-19 : ces avenues naturelles non explorées

Au moment d’écrire ces lignes, la pandémie de la COVID-19 sévit encore de façon importante dans le monde, et pourtant, les conseils provenant des autorités sanitaires ont peu évolué depuis les 10 derniers mois. Des études démontrent néanmoins que certains produits naturels pourraient être utiles et efficaces dans la prévention, de même que dans la gestion de la maladie, et qu’ils auraient tout avantage à être présentés par la Santé publique. 

En voici quelques-uns :

Zinc

Le zinc est un oligo-élément reconnu pour réduire la gravité et la durée des infections respiratoires en plus de prévenir leur développement lorsqu’il est pris sous forme de gluconate ou d’acétate. Une étude réalisée en 2011 a en effet démontré l’importance du zinc dans l’efficacité de la réponse immunitaire et dans la vitesse de la guérison des infections. Les carences sont cependant fréquentes en raison d’un apport alimentaire insuffisant (pauvreté des sols en zinc, raffinage des céréales, etc.). De plus, plusieurs médicaments réduisent de façon importante les niveaux de zinc dans l’organisme, notamment les vasodilatateurs, les hormones de remplacement et les diurétiques, que bon nombre de personnes consomment. Les femmes enceintes et les personnes âgées seraient particulièrement à risque d’être carencées en cet important oligo-élément, et les études démontrent que même une faible carence peut mener à la diminution des fonctions immunitaires.

Concernant les infections de type grippal, le zinc aurait comme effets d’inhiber certaines enzymes nécessaires à la réplication des virus au sein des cellules hôtes et de contrer les tempêtes inflammatoires cytokiniques, qui provoquent des complications et qui sont à l’origine de nombreux décès (1).

La COVID-19 affecte particulièrement les personnes âgées, dont au moins 25 % souffriraient de carences importantes en zinc. À l’inverse, les personnes de 60 ans et plus ayant des taux plasmiques normaux de zinc ont un risque de mortalité diminué de 39 % (2). Concernant le zinc en thérapeutique, un sondage démontre que ce sont 66 % des médecins qui l’incluent dans leur arsenal, qui le considèrent comme efficace dans le traitement de la COVID-19 (3).

Sachant que les infections, le stress et les traumatismes augmentent de façon importante les besoins en zinc, que les carences rendent les personnes susceptibles de connaître des complications et que la COVID-19 a particulièrement ravagé les CHSLD, il semblerait important que les autorités sanitaires soulignent l’efficacité du zinc et encouragent la prise d’un complément quotidien, particulièrement auprès des personnes âgées.

 

Vitamine D

Le système immunitaire requiert de la vitamine D pour assurer son fonctionnement optimal, dont la carence est liée à une augmentation des dépressions, des maladies auto-immunes et des infections. De plus, la vitamine D joue un rôle très important dans la réduction des risques et des complications liées aux infections respiratoires, car, comme le zinc, elle diminue les tempêtes inflammatoires cytokiniques, qui mènent à la pneumonie et à la détresse respiratoire aiguë. De plus, elle stimule la production de cathélicidine, un peptide antimicrobien qui diminue les risques de surinfection bactérienne pulmonaire.

Une nette corrélation a été établie entre les taux de vitamine D et la gravité des symptômes chez les personnes atteintes de la COVID-19 (4); plus les niveaux sont bas, plus les risques de complications et de décès sont élevés (5). Les carences sont particulièrement importantes dans l’hémisphère Nord en raison de la réduction de l’exposition au soleil durant la saison hivernale. Aussi, les infections respiratoires ont tendance à être plus sévères dans ces régions du monde, comme en témoigne la grippe espagnole, qui a causé plus de décès dans les pays occupant l’hémisphère Nord que dans ceux de l’hémisphère Sud.

Selon le Dr Reinhold Vieth, grand spécialiste canadien de la vitamine D, il est préférable de recourir à la vitamine D3 sous forme liquide afin d’en assurer l’absorption maximale (10 000 UI/jour pendant 2 semaines et ensuite 5000 UI/jour).(6)

Ces recommandations valent pour la prévention ; en cas d’infection, ce sont 63 % des médecins qui utilisent la vitamine D parmi leurs traitements qui la considèrent comme efficace dans le traitement de la COVID-19 (7).

Sachant que les carences parmi la population sont très courantes, que 75 % des personnes âgées ont de faibles niveaux de vitamine D, qu’il est difficile de répondre aux besoins de l’organisme par la seule alimentation et que 58 % (8) des décès liés à la COVID-19 seraient attribuables à de faibles taux de vitamine D, il semble important de préconiser la prise d’un complément afin de prémunir les gens, surtout les personnes âgées, des risques de complications y étant associés.

 

Quercétine

La quercétine est un polyphénol appartenant à la famille des flavonoïdes. On la retrouve dans plusieurs végétaux, dont des baies, des légumes et des céréales. Elle est particulièrement abondante dans les oignons et le chou frisé (kale). La quercétine neutralise les radicaux libres et, de ce fait, possède de grandes propriétés antioxydantes.   

Au début de la pandémie, la quercétine a fait grand bruit lorsque le chercheur Michel Chrétien, de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), a discuté de ses recherches dans les médias (9). Selon lui, la quercétine, qui protège de l’Ebola et du Zika, pourrait également être efficace dans la prévention et le traitement de la COVID-19.

Michel Chrétien s’est intéressé aux effets de la quercétine à la suite de l’épidémie du SRAS de 2003, alors qu’il s’est avéré qu’elle possède d’importantes propriétés antivirales et qu’elle intervient dans le processus d’infiltration du virus dans l’organisme. Le chercheur explique que les cellules ont à leur surface une sorte de serrure (récepteurs ACE2) dont certains virus possèdent la clé leur permettant de s’y infiltrer ; la quercétine agirait ici comme une colle qui bloquerait et empêcherait l’ouverture de cette serrure (10). La quercétine serait d’autant plus intéressante qu’elle est peu dispendieuse, naturelle et facilement prise par voie orale.

Au moment d’écrire ces lignes, les résultats des recherches de Michel Chrétien concernant l’efficacité de la quercétine sur le virus SARS-CoV-2 ne sont pas encore connus. Mais comme le dit Joe Schwarcz, chimiste et directeur de l’Organisation pour la science et la société de l’Université McGill, il existe des raisons de croire que comme pour le SRAS, la quercétine pourrait jouer un rôle dans le traitement de la COVID-19, provoqué par un coronavirus appartenant à la même famille virale que le SARS-CoV-1, et que dans tous les cas, la prise quotidienne d’un complément de 500-1000 mg ne nuirait d’aucune façon à la santé (11).

 

Huiles essentielles

Jonathan Jarry, autre communicateur scientifique à l’Organisation pour la science et la société de l’Université McGill, déclara en juin dernier que l’aromathérapie « est une pseudoscience, dont l’activité antivirale n’est pas fondée du tout » (12). Cette affirmation étonne et témoigne de l’ignorance des nombreuses recherches qui sont entreprises en aromathérapie scientifique et qui démontrent clairement que certaines molécules aromatiques possèdent d’importantes propriétés anti-infectieuses.

Les huiles essentielles ont ceci de fort intéressant qu’elles ont la capacité physicochimique de dissoudre la membrane phospholipidique enveloppant les virus enveloppés, dont les coronavirus, rendant ceux-ci très vulnérables aux effets de certaines molécules aromatiques. Parmi ces huiles essentielles, celles qui sont riches en eucalyptole (1,8 cinéole) sont particulièrement reconnues pour les propriétés antivirales qu’elles exhibent, à savoir, entre autres, celles du laurier noble (Laurus nobilis), du ravintsara (Cinnamomum camphora cineoliferum) et de l’eucalyptus radié (Eucalyptus radiata).

En 2008, Monica Loizzo, de la Faculté de pharmacie de l’Université de Calabre, en Italie, démontra l’activité inhibitrice in vitro de l’huile essentielle de laurier noble sur le coronavirus SARS-CoV-1, responsable de l’épidémie de SRAS de 2003 (13). Bien qu’il ne s’agisse pas exactement du même virus, il apparaît par cette étude qu’il y aurait tout intérêt à reprendre les recherches concernant l’effet de certaines molécules aromatiques sur le SARS-CoV-2, proche cousin du virus qui causa le SRAS au début des années 2000.

Les recherches à ce sujet semblent encourageantes ; une étude publiée en mars dernier a su démontrer une autre façon dont l’eucalyptole peut freiner et neutraliser la réplication virale du SARS-CoV-2, en inhibant une importante enzyme, la Mpro/3CLpro, essentielle à la multiplication du virus au sein de l’organisme (14).

Une autre grande propriété des huiles essentielles semble cette fois résider dans leur capacité à inhiber la réaction inflammatoire qui survient chez certains patients atteints de la COVID-19 et qui mène au décès de nombreux d’entre eux. Selon Pierre Franchomme, expert en aromathérapie scientifique, certaines huiles essentielles, notamment le lentisque pistachier, le thym à thymol, le laurier noble et l’eucalyptus globuleux, ont comme effet de contrôler le développement effréné d’interleukines-6, une cytokine pro-inflammatoire responsable de l’orage cytokinique à l’origine des complications liées à l’infection (15).

Par les nombreuses propriétés antivirales qu’elles présentent, les huiles essentielles s’avèrent des agents prophylactiques et thérapeutiques incontournables qui méritent non seulement d’être examinés plus profondément, mais dont l’usage durant la pandémie devrait être abondement encouragé.

Jeter un regard sceptique sur tout produit et toute approche naturelle ne peut que démontrer que les recherches médicales semblent encore ne s’intéresser qu’aux seules approches conventionnelles et ne retenir que les thérapeutiques qui en découlent. Pourtant, dans le cadre d’une pandémie et à l’heure où des millions de personnes contractent toujours le virus, dont plusieurs continueront d’en décéder, il devient urgent d’ouvrir les champs de recherche afin d’identifier et de promouvoir toute approche efficace, y compris celles qui sont situées à l’extérieur des recommandations habituelles.

Dans une telle approche, les forces de la médecine conventionnelle pourraient être jointes à celles des approches traditionnelles et permettraient d’envisager des lieux de soins dans lesquels des repas nutritifs et vitalisants seraient offerts, où des compléments naturels ayant fait leurs preuves seraient distribués et où des huiles essentielles tonifiantes et antivirales seraient administrées et diffusées. Voilà ce à quoi ressemblerait, il me semble, un vrai système de santé.

Article écrit avec la collaboration de Sarah Milon, stagiaire en aromathérapie scientifique

 

RÉFÉRENCES

1. Zinc for the common cold. Singh M, Das RR. Cochrane Database Syst Rev. 2011 Feb 16;2:CD001364.

2. https://app.sigle.io/periggouanvic.id.blockstack/-JqQJMh1lpxFso2e5mp_W?fbclid=IwAR2Q_-sT3Fqn56mvZ-FQR7lFYnE6Em8VZF5S1vq-Nqv7PyPeXfQwucqoxOs

3. https://app.sermo.com/covid19-barometer/global

4. https://orthomolecular.activehosted.com/index.php?action=social&chash=f2217062e9a397a1dca429e7d70bc6ca.153&ref=facebook&sh=882a884dd7f416689cfe29c1e4b3320a&fbclid=IwAR2eKmI085dXgikrsoPx0LTwnajdYU3enXagl2NJ9TIgbnwEZ2hdJVhz6Z4

5. https://aru.ac.uk/news/vitamin-d-linked-to-low-virus-death-rate-study

6.  https://www.youtube.com/watch?v=F4tl9g9QVvE

7. https://app.sermo.com/covid19-barometer/global

8. https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.06.24.20138644v1

9.  https://ici.radio-canada.ca/info/videos/media-8234053/coronavirus-quercetine-testee-en-chine

10. http://www.mcgilltribune.com/sci-tech/montreal-researchers-propose-a-treatment-for-covid-19-170320/

11. https://www.mcgill.ca/oss/article/health/quercetin-take-or-not-take

12. https://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-faits-divers/2020-06-18/une-aromatherapeute-quebecoise-epinglee-par-les-autorites-americaines?fbclid=IwAR0Qb09UVu6DK1yfBDUMyibe4dx-w2yv1ueXuX-6MrP_cznkktg0hCDAPG4

 13. Loizzo et al. Chemistry & Biodiversity 2008, 5:461

14.  https://www.preprints.org/manuscript/202003.0455/v1

15.file:///C:/Users/splam/Downloads/COVID19,%20ce%20n%E2%80%99est%20pas%20fini%E2%80%A6%20-%20http___www.pierrefranchomme-lab.PDF