Publié le 9 juin 2017
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.
On dénombre environ 4,2 millions d’Américains de 40 ans et plus souffrant de cécité et de divers troubles visuels pouvant influer sur leur qualité de vie et leur autonomie.
La dépression, les accidents de la route et l’isolement social sont quelques-unes des conséquences de ce problème de santé grandissant. Toutefois, la dégénérescence maculaire est le problème visuel le plus courant chez les personnes de 60 ans et plus et la principale cause de cécité chez ces dernières.
LES PRINCIPAUX TROUBLES DE VISION, LEUR PHYSIOLOGIE
La dégénérescence maculaire se manifeste lorsque la dégradation d’une partie de la rétine, appelée « macula », s’installe. C’est à cet endroit que le foyer de la vision centrale s’organise. La perte de la vision centrale est donc le premier symptôme à apparaître, tandis que la vision périphérique reste intacte. Or, la macula est la région la plus vitale de la rétine. Elle enregistre les images et les envoie au cerveau par le nerf optique. Elle permet d’apprécier le détail fin des images que notre œil capte.
On dénombre deux formes de dégénérescence maculaire. La forme sèche est la plus répandue, soit dans 90 % des cas. Aucun traitement médical n’est disponible à ce jour et on observe une baisse graduelle de la vision. Le dessèchement est relié à la formation de petits dépôts de pigments jaunes, appelés « drusen », derrière la macula, une conséquence du stress oxydatif.
La deuxième, plus grave, c’est la forme humide, soit dans 10 % des cas. Cette forme de dégénérescence est caractérisée par une angiogenèse (une formation anormale de vaisseaux sanguins) se développant sous la rétine et la macula. Ces vaisseaux sanguins provoquent des hémorragies et de l’inflammation, entraînant une distorsion de la vision centrale. La photocoagulation au laser est un traitement actuellement offert pour ralentir la production de vaisseaux sanguins dans l’œil. Malgré ce traitement, la cécité s’installe rapidement. La forme sèche peut éventuellement évoluer en forme humide.
La cataracte survient quand les fibres dans le cristallin sont endommagées, provoquant une opacification de cet organe et une perte de la vision. Le seul traitement efficace à ce jour est une intervention chirurgicale. On enlève le cristallin opaque et on le remplace par un cristallin artificiel. Fait intéressant, on peut prévenir ce trouble de santé avec l’approche nutritionnelle afin de contrôler le stress oxydatif (les molécules instables, comparables au phénomène de la rouille et responsables de dysfonctionnements internes) et la glycation (un facteur majeur de vieillissement associé aux complications du diabète), deux processus en cours dans cette maladie.
Le glaucome est diagnostiqué, quant à lui, quand une augmentation de la pression dans l’œil peut créer un dommage au nerf optique. La perte de la vision est périphérique. Certaines médications sont accessibles, mais associées à plusieurs effets secondaires. La dysfonction mitochondriale (nos petites centrales d’énergie cellulaires) serait responsable de cette situation reliée au stress oxydatif. Le CoQ10, l’extrait de pin maritime (pycnogénol) et l’euphraise sont des nutriments dignes d’intérêt pour contrer cette perte énergétique et abaisser la pression intraoculaire.
La rétinopathie diabétique est un trouble de santé multifactoriel pouvant causer la cécité en raison de dommages oxydatifs aux capillaires sanguins de la rétine, d’inflammation et de formation de produits finaux de la glycation avancée, soit les PGA (réaction naturelle lors d’hyperglycémie, au cours de laquelle les protéines sont soudées aux glucides, rendant les tissus dysfonctionnels).
LES PIGMENTS MACULAIRES
Les cellules photoréceptrices de l’œil sont protégées contre le dommage de la lumière par les pigments maculaires composés, quant à eux, de caroténoïdes. La lutéine est un pigment retrouvé en grande quantité dans les légumes vert foncé, dont les épinards, le chou frisé et le brocoli. La zéaxanthine se retrouve dans les fruits et les légumes jaunes, dont les pêches, les mangues et le maïs, tandis que la mésozéaxanthine est transformée par la rétine à partir de la lutéine consommée. Ces pigments absorbent la lumière bleue et neu-tralisent les radicaux libres. Ces trois nutriments sont parmi les plus importants antioxydants capables de protéger la macula (Beatty et coll., 2000, 2001). On a observé que ceux-ci ont la capacité d’augmenter la densité de la macula. Or, plus la macula est dense, moins il y risque de dommages à la rétine.
L’APPROCHE NUTRITIONNELLE
Plusieurs études ont démontré l’efficacité des interventions nutritionnelles et des changements dans le mode de vie pour ces troubles de santé. Les oméga-3, les caroténoïdes, la vitamine A et E, le zinc et le cuivre, le complexe B et le coenzyme Q10 sont des nutriments capables de protéger la santé de l’œil. De plus, de récentes études ont confirmé la supériorité de certains antioxydants, dont le safran, le resvératrol, la lutéine et la zéaxanthine, des nutriments pouvant moduler l’expression des gènes rétiniens, stimuler le mécanisme de réparation interne, diminuer l’inflammation et l’oxydation pour optimiser la fonction visuelle.
Le contrôle du taux de sucre sanguin par l’alimentation fait partie de la solution pour limiter les PGA. Éliminez la nicotine, car celle-ci double le risque d’entraîner une dégénérescence maculaire, surtout chez les femmes (Seddon et coll. 1996).
D’autre part, une consommation d’un à deux verres d’alcool par jour a été associée à une augmentation de 21 % du risque de développer une dégénérescence maculaire (Adams, 2012). On recommande aussi d’éliminer les aliments dénaturés (sucre blanc, farine blanche, gras trans) et les stimulants (café, thé, sodas) qui favorisent l’oxydation dans le corps. Intégrer l’exercice peut aider à ralentir la progression de troubles visuels. Le port de lunettes de soleil de haute qualité peut protéger la vue des rayons ultraviolets du soleil, car la lumière qui pénètre dans l’œil suscite une grande production de radicaux libres sur la macula.
Les facteurs de risque et les solutions naturopathiques
Le stress oxydatif réduit la circulation sanguine dans l’œil et augmente la formation de radicaux libres. C’est le facteur de risque numéro un pouvant enclencher la dégénérescence maculaire. Les plus importants antioxydants pour les yeux sont les caroténoïdes, que l’on trouve en grande quantité dans les fruits et les légumes colorés. Ils agissent un peu comme des lunettes de soleil internes.
À cet effet, l’extrait de safran (crocus sativus) est utilisé depuis des centaines d’années pour ses effets protecteurs sur la santé visuelle. Plusieurs études ont démontré la supériorité de cet antioxydant, surtout lorsque combiné au resvératrol et à d’autres nutriments reconnus pour leur effet sur la santé visuelle. Par exemple, la crocétine (la forme aglycone de la crocine), un des caroténoïdes dans le safran, inhibe la dégénérescence photoréceptrice et la dysfonction rétinienne dans les tests in vitro et in vivo (Yamauchi et coll., 2010).
L’inflammation et l’homocystéine sont d’autres facteurs cruciaux pouvant engendrer un dommage à la rétine. Une étude à l’Université du Michigan a établi que les gens souffrant de dégénérescence maculaire ont un excès d’homocystéine dans le sang, une molécule responsable d’initier l’athérosclérose et l’inflammation. La vitamine B12, la B6 et l’acide folique offrent à cet effet une protection intéressante, car ces nutriments aident à dégrader l’excès d’homocystéine. D’autres nutriments, dont le ginkgo biloba, sont capables d’améliorer la circulation microcapillaire de l’œil et de ralentir la progression des maladies oculaires.
Le resvératrol, un antioxydant retrouvé dans les petits fruits, a un effet protecteur sur le système cardiovasculaire et diminue l’angiogenèse observée dans la pathologie de la dégénérescence maculaire. Le curcuma diminue la progression de la rétinopathie diabétique et la cataracte, et prévient la formation de vaisseaux sanguins dans la dégénérescence maculaire.
La glycation associée au diabète peut affecter la santé de l’œil si l’organisme n’arrive plus à éliminer l’excès de PGA. La carnosine est un nutriment pouvant contrôler la glycation. D’ailleurs, des gouttes ophtalmiques de N-acétylcarnosine sont vendues en boutique.
La recherche confirme une fois de plus que l’approche nutritionnelle offre une panoplie de ressources à votre portée pour protéger votre santé visuelle.
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