Publié le 7 mai 2022
Écrit par Marik Péro, ND.A.
Ah ! La maternité ! Cette magnifique période de la vie, tant attendue parfois, où l’on passe nos journées dans la gratitude la plus complète de l’existence de ce merveilleux petit miracle qui nous sourit pendant qu’on le berce tout doucement et qu’on l’allaite confortablement dans un état de parfaite béatitude !
Enfin un moment de congé pour prendre soin de la maison et réaliser tous les projets les plus chers à notre cœur, dont veiller à l’épanouissement de cet être humain parfait dans la bienveillance la plus idyllique.
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Vous pleurez de rire… ou vous riez jaune ? Moi aussi… les deux ! C’est pourtant l’image de la maternité que la vaste majorité des femmes absorbent jusqu’aux jours suivant leur premier accouchement. Quand la réalité ne satisfait pas les attentes (c.-à-d. souvent), la nouvelle maman peut voir son joli monde de bisounours s’ennuager.
La dépression postnatale est encore un sujet tabou (de moins en moins, je l’espère sincèrement), malgré qu’elle touche jusqu’à 20 % des nouvelles mamans (et même certains papas). C’est énorme… et ça ne tient même pas compte de toutes les familles qui passent sous le radar et n’obtiendront jamais de diagnostic !
Contrairement au fameux baby blues, de nature éphémère et survenant dans les quelques jours suivant l’accouchement, la dépression post-partum (DPP) peut se manifester à tout moment dans la première année suivant la naissance de son enfant. Elle dure au moins deux semaines, et peut s’étendre sur plusieurs mois si elle n’est pas reconnue et traitée adéquatement (1).
Le percutant documentaire Maman, pourquoi tu pleures ? sorti sur Noovo le 26 janvier dernier (2) contribue à déboulonner les mythes entourant cette complication. D’ailleurs, il fait aussi la lumière sur bien davantage que la dépression post-partum. Car s’il est vrai que la maternité peut passer du rose au gris en un instant, elle peut aussi passer au noir et porter un autre nom : psychose post-partum.
Dans tous les cas, il s’agit d’une condition qui peut fortement gâcher l’expérience de la maternité et entraîner des répercussions profondes sur le développement de l’enfant.
Vous n’avez pas encore écouté ce documentaire ? C’est à voir, absolument, qui que vous soyez. Il ne concerne pas que les femmes ou les (futures) mères. Bien au contraire. Il constitue un cri du cœur des femmes pour une reconnaissance véritable, pour un réseau capable de les valider et de leur venir en aide le plus rapidement possible quand tout bascule, soudainement ou alors très graduellement, après l’arrivée d’un enfant (le premier ou le cinquième, peu importe) dans leur vie.
Faute d’espace dans cet article, je ne m’étendrai pas sur tous les symptômes, tableaux cliniques et difficultés diagnostiques en lien avec la santé mentale postnatale. Le documentaire le fait à merveille et je veux ici amener des pistes de solutions concrètes.
On a longtemps cru que la chute hormonale post-accouchement était une cause majeure de la DPP, mais les études ne sont pas concluantes en ce sens (3). Et c’est logique : toutes les femmes vivent cette chute hormonale après leur accouchement. Pourtant, toutes ne tombent pas en dépression.
Les facteurs psychosociaux sont vraisemblablement les plus importants dans ce tableau (3) : historique de dépression prénatale, accouchement surmédicalisé, échec de l’allaitement, charge mentale, manque de soutien du partenaire et/ou relation insatisfaisante et absence de « village » sont quelques exemples des facteurs les plus importants dans le développement de la DPP.
Plusieurs autres paramètres physiologiques peuvent toutefois influencer la santé mentale de la nouvelle maman, tels que (3) :
La clé pour contrer ce fléau est sans aucun doute la prévention. La période postnatale devrait être préparée au moins autant (voire beaucoup plus) que la grossesse et l’accouchement. L’article de ma chère collègue Laurence Sala, paru dans le numéro d’avril 2018 de Vitalité Québec et encore accessible en ligne (6), présente d’ailleurs de nombreuses avenues à explorer pour préparer son « 4e trimestre » et vivre la plus belle rencontre possible avec son bébé, mais aussi avec son nouveau rôle de parent. Il est capital de comprendre l’importance du « village » dans la prévention de la DPP, et de s’en créer un avant d’accoucher si on n’a pas de famille et d’amis proches et disponibles.
J’ajouterais que certains gestes simples peuvent contribuer à prévenir les problématiques de santé mentale en période postnatale (3) (7) :
Quand on se sent sombrer malgré tout, il est important d’agir rapidement et de prioriser son bien-être ; l’équilibre de maman est essentiel à l’équilibre de toute la famille. Le ménage, la vaisselle, la brassée à plier et les soirées Netflix en amoureux qui repoussent l’heure du dodo attendront.
Pas votre santé mentale ! Les nouvelles priorités ? Massages, journées spa, sorties entre amis, bains chauds au sel d’Epsom et huile essentielle de lavande vraie (3), méditation et tout ce qui met un baume sur le cœur et le système nerveux.
Il faut oser demander de l’aide, voire engager de l’aide. Les familles que j’accompagne ont souvent un budget serré, mais j’aime bien leur rappeler qu’il leur coûtera toujours moins cher de faire appel à un traiteur, une doula postnatale ou un service de relevailles pendant quelques semaines que de laisser aller les choses jusqu’à l’hospitalisation et que l’autre parent doive cesser de travailler pour prendre le relais. Il existe aussi des ressources régionales gratuites !
Aussi, certains suppléments pourraient jouer le rôle d’une béquille temporaire pour l’entorse émotionnelle et psychologique invisible de ces femmes qui souffrent trop souvent en silence, le temps que leurs ressources internes reprennent le dessus. Zinc, magnésium, omégas-3 avec ratio en faveur du DHA, gelée royale et la classique vitamine D sont à considérer selon les situations (3) (5) (8) (9) (10).
Certaines plantes pourraient aussi contribuer à améliorer la situation, mais il est plus délicat de se tourner vers elles si l’allaitement a toujours cours. Un accompagnement avec un naturopathe ou un herboriste compétent est de mise. Un mélange de scutellaire, millepertuis, ortie, verveine et/ou camomille allemande pourrait être judicieux (3) (11).
Les solutions sont abondantes dans cet éléphantesque tableau plurifactoriel, mais la base sera toujours la même : le soutien du « village ». Une multivitamine et des tisanes ne remplaceront jamais un papa qui se lève chaque fois qu’il le peut la nuit, des grands-parents qui viennent faire un peu de ménage ou qui emmènent bébé en poussette le temps que maman fasse une sieste ininterrompue ou un service de relevailles qui remplit le frigo pour la semaine. Rien ne vaut une maman qui peut redevenir une femme à part entière et s’épanouir dans toutes les sphères de sa vie !
Si vous lisez ceci et connaissez une nouvelle maman : prenez soin d’elle ! Ne lui demandez pas seulement si elle a besoin de quelque chose ; demandez-lui plutôt de quoi elle a besoin spécifiquement. Et si elle dit « rien », anticipez si possible ses besoins. Apportez un plat préparé, pliez une brassée de linge ou massez-lui les pieds en discutant avec elle, accueillez-la dans toutes les couleurs qu’elle porte en elle (le rose comme le gris ou le noir)… tout cela peut faire une différence monumentale.
Si tu lis ceci et que tu es une jeune maman, premièrement, sache que tu n’es pas seule. Sache aussi que reconnaître, nommer ses limites et demander de l’aide est témoin d’une grande sagesse et d’une grande force. Je suis là, je te vois, je t’entends. Tu es mère-veilleuse et tu as simplement besoin que quelqu’un veille sur toi, comme tu le fais si bien avec ton mini. Fais-toi le cadeau de demander de l’aide.