Des produits de santé naturels pourraient être plus appropriés que les approches thérapeutiques conventionnelles ?

Publié le 1 novembre 2021
Écrit par Éric Simard, docteur en biologie et chercheur

Des produits de santé naturels pourraient être plus appropriés que les approches thérapeutiques conventionnelles ?
Atelier Deuil-Temps des fêtes

Parce que oui, soyons clairs, certains produits naturels peuvent améliorer les approches thérapeutiques modernes, surtout dans un contexte de vieillissement de la population. J’en suis fortement convaincu et je ne suis pas le seul. Mes propos risquent de choquer certaines personnes, mais il faut bien que quelqu’un en parle. Mieux vaut que ce soit un chercheur.

Ce n’est pas tous les produits, bien sûr, il faut s’assurer de la qualité, des dosages, des ingrédients utilisés et des évidences cliniques qui permettent d’affirmer les effets bénéfiques visés. La somme de données probantes est très élevée, mais pas pour tous les produits ni pour toutes les applications.

Par exemple, une analyse systématique récente de la littérature scientifique (Shinjyo et autres, 2020), contenant deux méta-analyses positives, a conclu à l’efficacité de la valériane autant pour l’anxiété le jour que pour les problèmes de sommeil, basée sur 60 études cliniques. Soixante études cliniques, est-ce que c’est suffisant pour en parler ? Votre médecin n’est pas au courant ? C’est tout à fait normal, personne ne va lui dire. Les médecins font très bien ce qu’on leur a demandé de faire. C’est tout le système qui est à revoir.

Donc, je vais vous donner un peu plus loin quatre exemples pour lesquels il est évident que l’utilisation de produits de santé naturels de qualité peut améliorer les approches thérapeutiques conventionnelles, particulièrement pour les gens vieillissants. Juste avant, voici cinq angles à considérer pour discuter de la place des produits naturels de qualité dans l’offre thérapeutique :

  1. Les risques de dépendances ou d’accoutumance
  2. Moins d’effets secondaires – la tapette à mouches
  3. Les problèmes non résolus
  4. La complémentarité des approches – la santé intégrative
  5. Le désir de favoriser une approche naturelle

 

  1. Les risques de dépendances ou d’accoutumance

Il s’agit d’un sujet dont vous avez peut-être déjà entendu parler concernant par exemple les somnifères ou encore, les opioïdes pour la douleur. La dépendance ou l’accoutumance à un médicament est l’incapacité de réduire ou d’arrêter la prise d’un médicament dû à une prise plus ou moins répétée. Certains médicaments causent ainsi des dépendances très fortes qui nécessitent souvent six mois ou plus de sevrage avec des conséquences importantes sur la qualité de vie durant cette période de sevrage.

L’accoutumance est définie comme la baisse de la réponse à un médicament dû à l’usage répété, qui nécessite alors soit une dose plus élevée, soit la prise d’un deuxième médicament. Cela est souvent accompagné d’une dépendance, puisqu’il n’est plus possible d’arrêter la prise de ces médicaments. Des avertissements devraient vous être donnés par votre médecin et votre pharmacien pour ces médicaments.

Les produits naturels de qualité qui sont utilisés pour les mêmes types d’applications ne causent habituellement pas de dépendance et d’accoutumance parce que leurs bénéfices cliniques dépendent de plusieurs molécules et de l’effet cumulé de plusieurs mécanismes d’action. Non pas d’un seul mécanisme fortement sollicité comme c’est le cas pour les médicaments. La valériane, mentionnée précédemment, en est un bon exemple pour son effet anxiolytique. Il s’agit aussi de la raison pour laquelle les produits de santé naturels présentent habituellement moins d’effets secondaires.

 

  1. Moins d’effets secondaires – la tapette à mouches

Comme mentionné, les extraits de plante tirent souvent leur efficacité de la synergie entre différents composés, ce qui les rend inutilisables pour le développement de médicaments, mais aussi moins sujets aux effets secondaires. Les effets secondaires des médicaments proviennent souvent d’une action très ciblée, très puissante, sur un seul mécanisme d’action. L’usage des médicaments pour certains problèmes légers revient à utiliser un marteau pour tuer des mouches : ça va fonctionner, mais vous risquez de faire des trous dans les murs. Les produits de santé naturels sont donc la tapette à mouches que l’on devrait essayer en premier lieu. Par exemple, pour la dépression, Amsterdam et ses collaborateurs (2016) avaient identifié deux études cliniques randomisées avec placébo et sept études cliniques observationnelles (N=860 au total) qui suggéraient un effet antidépresseur de la rhodiole. Cet effet a été comparé à un médicament antidépresseur, la sertraline, avec la conclusion que la rhodiole est un peu moins efficace, mais avec moins de 50 % des effets secondaires du médicament (Mao et autres, 2015).

 

  1. Les problèmes non résolus

Il existe plusieurs types de problèmes non résolus par les approches thérapeutiques conventionnelles, soit parce que la personne ne répond pas au traitement, soit parce qu’elle est allergique aux molécules utilisées, soit parce qu’il n’existe simplement pas de traitement ou de diagnostic clairs. Certaines de ces situations, comme par exemple les douleurs chroniques pour une personne allergique aux médicaments anti-inflammatoires, peuvent trouver des solutions potentielles dans les produits de santé naturels de qualité. Il s’agit alors d’une option pouvant être essayée. C’est la même chose pour la fibromyalgie ou le syndrome de fatigue chronique. Il y aurait peut-être aussi des solutions pour la COVID-longue.

 

  1. La complémentarité des approches – la santé intégrative

Dans certains cas, il est simplement possible d’obtenir de meilleurs résultats en combinant les deux approches. Pour reprendre l’exemple de la rhodiole, un autre groupe de chercheurs a confirmé un effet addictif à la sertraline, qui est dépendant de la dose (Gao et autres, 2020). Donc, en plus de constituer une solution de rechange à la prise d’antidépresseurs, la rhodiole pourrait être utilisée en concomitance et ainsi permettre de soit réduire la dose du médicament (pour réduire les effets secondaires) ou d’améliorer la qualité du traitement. Étant donné qu’elle présente moins d’effets secondaires, elle devrait logiquement être essayée en priorité pour valider si cela convient à la personne déprimée. Votre médecin n’est pas au courant ? C’est tout à fait normal ; personne ne va lui dire et aucune formation ne lui est offerte dans le domaine au Québec.

Un autre exemple, une étude récente (Xi et autres, 2021) a démontré de meilleurs résultats, pour le traitement de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) en cumulant les approches de la médecine moderne avec la médecine traditionnelle chinoise. Il s’agit d’une confirmation de l’importance de la santé intégrative. Il serait peut-être temps qu’on l’enseigne dans nos universités ?

 

  1. Le désir de favoriser une approche naturelle

Ce dernier aspect fait référence au désir et au respect des patients. Par exemple, pour le traitement de la dépression ou de l’insomnie, peut-être que beaucoup de gens voudraient essayer d’éviter les antidépresseurs ou les somnifères respectivement, en essayant en premier lieu une approche naturelle avec un produit de qualité. Il est évident que si cette possibilité ne leur est pas offerte, ils n’auront d’autres choix que de prendre les médicaments qui leur sont souvent présentés comme la seule option.

 

Quatre exemples spécifiques

Problèmes de sommeil

Saviez-vous que selon un guide de pratique clinique, publié dans la revue Canadian Family Physician | Le médecin de famille canadien (2018), il n’y aurait aucun usage justifiable des benzodiazépines pour les gens de plus de 65 ans et pas plus de 4 semaines pour les moins de 65 ans. L’équipe de cette publication scientifique comptait huit cliniciens : un médecin de famille, deux psychiatres, un psychologue clinique, un pharmacologue clinique, deux pharmaciennes cliniques et un gériatre. Il s’agit donc à la fois de médicaments causant des dépendances et des accoutumances, des effets secondaires importants (risques de chute, augmentation des risques d’Alzheimer), mais aussi de problèmes non résolus, puisqu’habituellement, rien d’autre n’est proposé pour soit accompagner le sevrage, soit remplacer cette médication inappropriée. Il y a clairement ici une place pour la santé intégrative et l’usage de produits naturels de qualité.

 

Problèmes de stress

Les médicaments anxiolytiques causent très souvent des dépendances ou des accoutumances tout comme les somnifères. Souvent, il s’agit des mêmes médicaments ou du même type de médicaments. Les commentaires précédents concernant les somnifères s’appliquent donc ici aussi. S’ajoute à ceux-ci, l’usage des antidépresseurs. Personnellement, je crois qu’il s’agit d’une classe de médicaments beaucoup trop utilisée, et ce, sans aviser suffisamment les utilisateurs des risques potentiels. Il est à souligner que le Canada, et encore plus particulièrement le Québec, est un des endroits dans le monde qui utilise le plus d’antidépresseurs. Ça doit être déprimant d’être québécois ?

Toutefois, le principal problème n’est pas là. Ces médicaments qui devraient être évités autant que possible sont présentés comme la seule option valable, sans rien essayer d’autre. Comprenez-moi bien, dans beaucoup de situations l’usage des antidépresseurs est nécessaire et souhaitable, mais pour beaucoup de gens, l’activité physique, une meilleure hygiène de vie, une thérapie cognitivocomportementale et/ou des produits de santé naturels de qualité auraient peut-être permis d’éviter la médication.

 

Déprime saisonnière ou autre

Malheureusement, l’usage des antidépresseurs suit une variation annuelle qui reflète des facteurs externes prédisposant à la déprime. Parmi ceux-ci, la déprime saisonnière trouve bien sûr une partie de ses raisons dans la baisse de la luminosité (et de la production de vitamine D), mais probablement aussi dans le changement des activités, la baisse du niveau d’activités physiques, le changement de l’alimentation et d’autres facteurs. Ici aussi, avant de traiter le symptôme avec des médicaments qui peuvent causer des torts, nous devrions considérer les sources du problème et agir en amont. Les habitudes de vie, l’amélioration du sommeil, l’alimentation et les produits naturels de qualité peuvent sûrement aider.

 

Douleur

La gestion de la douleur est une des facettes pour lesquelles la réponse à des traitements ou à des approches complémentaires varie grandement. Plusieurs approches peuvent être considérées et elles devraient être offertes au même titre que la médication, avant ou en concomitance ou comme solution seule si les gens sont allergiques, qu’ils ont trop d’effets secondaires ou qu’ils ne répondent pas aux traitements proposés. Parlez-en à votre naturopathe. Il saura vous orienter vers les différentes possibilités à votre portée, dont les suppléments applicables à votre situation en collaboration avec la prescription de votre médecin.

 

Conclusion

Il existe une place pour les produits de santé naturels efficaces, non pas seulement pour les aspects de nutrition, mais aussi pour compléter les besoins des approches conventionnelles. La maladie n’est pas le symptôme d’une carence en médicament et il faut arrêter de tout opposer comme si une approche détenait la vérité. La santé intégrative, qui consiste à tenir compte de l’ensemble des approches bien documentées scientifiquement, dans le respect des choix de la personne, devrait permettre de plus grands bénéfices pour tous.

 

 

RÉFÉRENCES

  • Amsterdam JD, Panossian AG. Rhodiola rosea L. as a putative botanical antidepressant. Phytomedicine. 2016 Jun 15;23(7):770-83.
  • Eric Simard, Dr en biologie et Jacques Lambert, MD : Vivre jeune DEUX fois plus longtemps, chapitre 12 : Sommeil. Marcel Broquet la nouvelle édition, 270 pages.
  • Gao et al, 2020. Antidepressants effects of Rhodiola capsule combined with sertraline for major depressive disorder: A randomized double-blind placebo-controlled clinical trial. J Affect Disord. 2020 Mar 15;265:99-103.
  • Georgiev et al, 2013. Harpagoside: from Kalahari Desert to pharmacy shelf. Phytochemistry. 2013 Aug;92:8-15. doi: 10.1016/j.phytochem.2013.04.009. Epub 2013 May 1. PMID: 23642455.
  • Mao et al, 2015. Rhodiola rosea versus sertraline for major depressive disorder: A randomized placebo-controlled trial. Phytomedicine. 2015 Mar 15;22(3):394-9.
  • Pottie et al, 2018. Déprescription des agonistes des récepteurs des benzodiazépines. Guide de pratique clinique. Vol 64: MAY | MAI 2018|Canadian Family Physician | Le Médecin de famille canadien. 16 pages.
  • Site Internet ‘’Choisir avec soin’’ : choisiravecsoin.org. Choisir avec soin est la version francophone de la campagne nationale Choosing Wisely Canada. Choisir avec soin agit comme porte-parole national pour la réduction des examens et des traitements inutiles en santé.
  • Shinjyo et al, 2020. Valerian Root in Treating Sleep Problems and Associated Disorders-A Systematic Review and Meta-Analysis. J Evid Based Integr Med. 2020 Jan-Dec;25:2515690X20967323.
  • Xi et al, 2021. Application of traditional Chinese and Western medicine combined with chronic disease management in pulmonary rehabilitation and evaluation of efficacy. Am J Transl Res. 2021;13(6):6372-6381. Published 2021 Jun 15.