Publié le 13 avril 2019
Écrit par Laurence Sala, naturopathe
Au québec, lorsqu’une femme est enceinte, elle a la chance de pouvoir réfléchir et choisir entre trois types de suivi de grossesse médical : gynécologue, médecin de famille ou sage-femme.
Il s’agit d’une décision importante, puisqu’elle influence grandement le lieu d’accouchement. Médecin comme sage-femme sont affiliés à tel ou tel hôpital, ou telle maison de naissance.
Cependant, les places sont rares pour un suivi sage-femme. Il est donc recommandé d’appeler un point de service dès que vous êtes enceinte, afin d’avoir la liberté de choisir votre lieu d’accouchement jusqu’à 36 semaines de grossesse. En effet, un suivi sage-femme permet d’accoucher à l’hôpital (affilié) comme à la maison de naissance, ou encore, à domicile.
Mais peu importe le type de suivi médical que vous avez, faire appel à une doula (aussi appelée « accompagnante à la naissance ») est un service 5 étoiles à s’offrir. Il permet de s’assurer d’avoir une personne en qui vous avez confiance le jour J, qui est expérimentée et passionnée par l’accouchement et qui collabore avec le corps médical pour satisfaire vos attentes autant que possible.
C’est pourquoi j’ai voulu démystifier le rôle d’une accompagnante à la naissance dans cet article en collaboration avec Annie Bouthot, doula et responsable du service d’accompagnement à La Source en soi, à Montréal.
Devrait-on avoir recours à une doula malgré un suivi médical ?
Une doula est une présence avant, pendant et après la grossesse afin de répondre aux questions et aux inquiétudes (douleurs, inconforts, craintes en lien avec l’accouchement, l’allaitement, le nourrisson, etc.), mais aussi pour écouter, réconforter, donner des conseils ou astuces lors des moments plus difficiles.
Je crois que les services d’une doula dvraient être proposés à toute femme, et ce, peu importe le lieu où elle souhaite donner naissance. Notre rôle est un rôle de soutien, qu’il ne faut pas confondre avec le rôle de la sage-femme. La doula ne peut pas procéder à des touchers obstétricaux ou encore poser des diagnostics. Mais si la sage-femme ne peut pas suivre un transfert à l’hôpital parce qu’on a besoin d’elle à la maison de naissance, la doula sera toujours présente. Peu importe ce qu’il se passe durant l’accouchement.
Si le couple suit déjà des cours prénataux (au CLSC, par exemple), des rencontres sont-elles nécessaires pour préparer l’accouchement ?
Généralement, les doulas proposent des cours prénataux privés en préparation à l’accouchement. Lors de ces rencontres, divers sujets sont abordés : les phases et les signes du travail, les différentes interventions médicales (induction, péridurale, etc.) avec avantages et inconvénients de chacune, l’allaitement, le retour à la maison, etc.
Lors de ces rencontres, on rédige aussi ensemble un « Plan de naissance », que je préfère appeler des « Souhaits de naissance », puisque chaque accouchement est unique et parfois différent des attentes du couple. Au fur et à mesure de la grossesse, les liens se créent, et l’équipe se tisse… afin d’être prête pour naviguer ensemble le jour de l’accouchement.
Les cours prénataux donnés en groupe sont un survol de plusieurs sujets, qui bien souvent ne rejoignent pas les objectifs et les valeurs des parents. Les services d’une accompagnante sont personnalisés, adaptés aux besoins de chaque couple, où tous les sujets peuvent être adressés, démystifiés afin qu’ils avancent en confiance pendant la grossesse.
Quelle place est réservée à une doula en milieu hospitalier ou en maison de naissance ?
Pendant la grossesse, les parents doivent informer le médecin ou la sage-femme du travail effectué avec leur doula. Notre travail se doit d’être collaboratif avec le personnel médical ou de la maison de naissance. C’est un travail d’équipe qui s’orchestre afin de donner le meilleur soutien aux mamans/parents.
Le travail de la doula, je le décris comme un petit givrage sucré, qui est réconfortant et enveloppant… sans toutefois trop s’imposer… tout en s’accordant à la saveur du jour.
« Accompagner quelqu’un, ce n’est pas le précéder, lui indiquer la route, lui imposer un itinéraire, ni même connaître la direction qu’il va prendre ; mais c’est marcher à ses côtés en le laissant libre de choisir son chemin et le rythme de ses pas », selon Patrick Verspieren.
Quels seraient les critères pour choisir une bonne doula ?
Un accouchement pour moi est comme partir en expédition en mer. Choisir sa doula, c’est choisir un membre de son équipage pour la grande traversée. On souhaite que la préparation du voyage, tout comme l’expédition, ou encore, l’arrivée à bon port, se déroule le plus agréablement possible.
Comme à bord d’une embarcation, l’espace peut parfois être restreint. Parler peut aussi devenir accessoire pendant l’accouchement. C’est alors que les liens tissés avec votre doula prennent tout leur sens.
Pour bien choisir son accompagnante à la naissance, il est important pour le couple de faire quelques rencontres d’approche (généralement gratuites) avec différentes personnes.
Chaque doula a sa « couleur ». C’est pourquoi regarder le profil de chacune, évaluer l’offre de service et choisir celle qui nous inspire le plus, nous met en confiance.
Chaque couple a aussi sa « couleur », ses valeurs, ses croyances. Lors de ces rencontres, il est important de questionner la doula afin de percevoir au mieux cette personne… avec qui vous passerez plusieurs heures, qui sera un membre de votre équipage lors de la grande traversée.
Le respect de sa couleur et la confiance sont selon moi, deux points à ne jamais négliger pour effectuer son choix.
Il existe des accompagnantes spécialisées en postnatal. Pourquoi ?
Lors de la grossesse, l’accent est principalement mis sur l’accouchement, et entre autres, sur comment réduire la douleur. Mais on néglige la préparation du « après » qui est, selon moi, prioritaire pour soutenir maman qui doit se remettre de son accouchement tout en apprivoisant le nourrisson et l’allaitement. Ce temps d’adaptation pour la famille est souvent exigeant et le manque de sommeil, très présent.
Les doulas spécialisées en postnatal pourront alors soutenir la famille. On appelle souvent ce service « relevailles ». Ce sont des petites pauses, du temps où prendre soin de maman et bébé est priorisé. Des soins, des petits plats cuisinés ou encore de légères tâches ménagères peuvent être proposés. Ce service permet de soutenir le couple dans sa nouvelle réalité familiale et de s’assurer que maman récupère bien : une maman heureuse est une famille heureuse ! Ce service est une belle idée de cadeau de naissance.
Qu’arrive-t-il si la grossesse est interrompue ?
Lors de ces moments difficiles, trop souvent, les femmes, les parents, se retrouvent seuls. Notre système de santé est peu adapté pour les accueillir.
Les doulas peuvent alors jouer un rôle important en offrant présence, écoute et réconfort dans un environnement sans jugement. Une personne qui sera à vos côtés afin de vivre le plus humainement possible cette épreuve. Une oreille pour vous écouter, une épaule sur laquelle vous poser.
Certaines accompagnantes se sont aussi spécialisées dans l’accompagnement d’un avortement afin d’humaniser cette étape de vie. Sans jugement, encore une fois.
Aujourd’hui, combien de couples ont recours au service de doula ?
À ce jour, cette donnée n’est pas répertoriée. Nous constatons cependant une hausse des demandes de formation et des activités de sensibilisation aux droits des femmes pendant leur grossesse et leur accouchement.
On rappellera, en conclusion, qu’une doula n’exclut en rien un suivi médical.
Pour compléter cette entrevue, voici plusieurs ressources supplémentaires :