Douleur au poignet : la tenosynovite de quervain

Publié le 20 octobre 2016
Écrit par Nicolas Blanchette, B. Sc. kinésiologie, D.O.

Douleur au poignet : la tenosynovite de quervain
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Avez-vous mal au poignet ? Au pouce ? Êtes-vous gêné dans vos activités quotidiennes, particulièrement celles qui demandent de la finesse et de  la force dans le poignet et la main, comme la couture, la cuisine, ou le travail à l’ordinateur ?

 

Si vous répondez oui à toutes ces questions, vous pourriez bien souffrir d’une ténosynovite de De Quervain. Cette condition frustrante peut toucher tout le monde, particulièrement les gens qui pratiquent un travail manuel exigeant des mouvements répétitifs du poignet. C’est entre autres le cas des mécaniciens, charpentiers, massothérapeutes, travailleurs de bureau, couturières, etc. Peut-être en raison du fait qu’elles présentent souvent plus de souplesse ligamentaire au poignet et de la nature dégénérative de la condition, les femmes de plus de 50 ans semblent plus fréquemment touchées par ce problème.

Heureusement, lorsque l’on comprend mieux ce qui ne va pas, on peut appliquer une stratégie simple pour se rétablir d’une ténosynovite. Je vous propose de continuer à lire pour découvrir comment vous y prendre en trois étapes simples.

 

QU’EST-CE QU’UNE TÉNOSYNOVITE DE DE QUERVAIN ?

Les symptômes de cet état de santé se caractérisent par des douleurs à la jonction entre le poignet et le pouce. Il peut y avoir un gonflement (œdème) visible. L’inconfort irradie parfois au niveau de l’avant-bras ou sur le dos de la main.

Généralement, la gêne au poignet se développe progressivement sur une période de quelques semaines, mais elle peut aussi apparaître spontanément. Les mouvements de déviation du poignet et ceux du pouce seront inconfortables et possiblement limités, surtout lorsque l’on cherche à éloigner le pouce de la main ou le redresser (comme pour faire un thumbs up). La prise d’un objet entre le pouce et l’index peut également se révéler laborieuse.

C’est un phénomène inflammatoire qui est à l’origine de ces sensations déplaisantes. Dans cet état, c’est la gaine de tissu conjonctif, aussi appelé « rétinaculum », au travers de laquelle glissent les tendons des muscles extenseurs et abducteurs du pouce qui est souffrant. Qu’est-ce qui cause cette inflammation ?

La plupart du temps, ce sont de fréquents mouvements de préhension entre le pouce et l’index, parfois jumelés à des mouvements de déviation du poignet vers le côté du petit doigt. Cette position impose un stress à la membrane passant près du dos du pouce. Pensons par exemple à des mouvements de couture ou, plus fréquemment, des mouvements de traitement de texte à l’ordinateur. Ainsi, la ténosynovite de De Quervain est généralement classée comme une blessure de surutilisation.

Une épreuve appelée « test de Finkelstein » est utilisée pour objectiver la blessure. Elle est facilement réalisable soi-même. Faites un poing avec votre main, recouvrez le pouce de vos autres doigts. Avec votre autre main, amenez doucement le poignet en inclinaison vers votre petit doigt. Le test sera positif s’il provoque une vive douleur et une reproduction de vos symptômes. On compare souvent les deux poignets avec ce test pour voir si la douleur provient bien d’un phénomène inflammatoire localisé d’un seul côté.

 

Étape 1 – Gérer l’inflammation en modifiant ses habitudes ou son environnement

Lorsque l’on souffre de ce problème, il est très important de d’abord réduire les facteurs pouvant irriter le poignet. En voici quelques exemples :

  • S’endormir en tenant une couverture serrée contre nous, les poignets en déviation. Ceci arrive plus fréquemment que l’on pourrait le penser. Comme il s’agit en grande partie d’un positionnement inconscient, l’utilisation d’une attelle qui maintient le poignet dans une position neutre pendant la nuit peut être d’une grande aide (voir étape 2).
  • Faire du traitement de texte à l’ordinateur avec les coudes positionnés très large et éloignés les uns des autres. Ceci entraîne davantage de mouvements de déviation des poignets pour atteindre certaines touches.
  • Taper du marteau en se servant davantage de la force de son poignet que de celle de ses bras (en laissant le poignet détendu).
  • Appliquer beaucoup de force avec les pouces ou à travers la main avec le poignet en déviation. C’est très fréquent chez les massothérapeutes et autres travailleurs manuels. Les pouces ne sont pas faits pour déployer beaucoup de force, alors il est préférable d’utiliser davantage les articulations plus robustes comme les jointures, les avant-bras, les coudes, etc.
  • Plus généralement, il est recommandé de réduire les gestes répétitifs au niveau du poignet et du pouce.

Lors d’une crise de douleur aiguë ou à l’apparition des premiers symptômes, l’application de glace sur la région sensible pendant une dizaine de minutes toutes les heures aide à diminuer la réaction inflammatoire. Préférablement, n’appliquez pas la glace directement sur la peau, mais placez une serviette même entre le sac de glace et votre poignet. La prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens en vente libre peut aussi être utile.

 

Étape 2 – Utiliser une attelle

Une fois les facteurs d’irritation de la gaine tendineuse sous contrôle, la deuxième étape consiste en l’utilisation d’une orthèse de repos. Celle-ci stabilisera le poignet ou le pouce. Dépendamment du degré de sévérité du problème, l’orthèse sera portée le jour et la nuit ou seulement durant la nuit pendant quatre semaines.

 

Étape 3 – Entreprendre des traitements de thérapie manuelle si nécessaire

Si l’inconfort persiste après la mise en place des deux étapes précédentes, des traitements de thérapie manuelle par un professionnel peuvent grandement aider à en finir avec la ténosynovite. Le thérapeute qualifié (ostéopathe, physiothérapeute, chiropracticien, etc.) utilisera des modalités comme le massage par friction, le traitement des points gâchettes, les mobilisations articulaires ainsi que les étirements dans la non-douleur. Pour accélérer votre récupération, des exercices pouvant être réalisés à la maison vous seront aussi remis.

 

QUAND ENVISAGER LA CHIRURGIE ?

Quand la ténosynovite est bien installée depuis plusieurs mois, voire des années, lorsque les traitements conventionnels sur quelques mois ont échoué ou lorsqu’il y a présence d’une tuméfaction importante, une chirurgie ambulatoire peut être envisagée. Lors de l’intervention, la gaine autour des tendons des muscles sera retirée. Après la cicatrisation et le port d’une attelle pendant environ 15 jours, une rééducation des muscles du poignet et du pouce devra être entreprise.

Celle-ci dure en général de six à huit semaines. Pour ces cas récalcitrants, les résultats de la chirurgie sont souvent excellents et les complications sont rares. Quelques semaines après l’opération, il est conseillé de masser autour de la cicatrice et de mobiliser celle-ci pour éviter la formation d’adhérences sous-cutanées ou de dépôts de tissu cicatriciel pouvant causer de la gêne, cette dernière apparaissant parfois plusieurs années après l’intervention.

 

RÉFÉRENCE

HAMMER, WARREN I. Functional soft tissue examination and treatment by manual methods, Aspen Publication, 300 p.