En 2020, santé et longue vie !

Publié le 16 janvier 2020
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A.

En 2020, santé et longue vie !
Now pour mai 2024

À chaque début d’année, le vent de renouveau nous pousse à prendre de belles résolutions afin d’améliorer notre santé et les autres aspects de notre vie.

Parallèlement, les chiffres croissants qui nous éloignent inexorablement un peu plus de notre année de naissance nous rappellent que nous avançons aussi en âge et en direction de notre fatidique finalité.

Selon la mortalité observée au Québec en 2017, l’espérance de vie s’établit à 80,6 ans chez les hommes et à 84,5 ans chez les femmes. Bien que ces statistiques puissent sembler enviables, le Canada se classe au douzième rang mondial en matière delongévité moyenne, selon l’Organisation mondiale de la Santé i. Que pouvons-nous donc faire pour améliorer ces statistiques etsurtout, notre espérance de vie ? C’est ce que nous allons découvrir ensemble en ce début d’année !

 

Les zones bleues

En l’an 2000, l’universitaire italien Gianni Pes et le démographe belge Michel Poulain ont découvert la plus forte concentration au monde d’hommes centenaires alors connue localisée dans de nombreux villages de montagne de la province de Nuoro, en Sardaigne. Ils dessinèrent sur une carte à l’encre bleue la zone regroupant ces villages qu’ils appelèrent alors simplement la « zone bleue ». Deux ans plus tard, un projet soutenu par la National Geographic Society a été lancé afin d’identifier d’autres zones bleues dans le monde. À ce jour, cinq zones ont été identifiées :

  1. Nuoro, en Sardaigne ;
  2. L’île grecque d’Ikaria, dans le nord-est de la mer Égée ;
  3. L’île japonaise d’Okinawa ;
  4. La péninsule de Nicoya, au Costa Rica ;
  5. Loma Linda, en Californie, une communauté d’adventistes du septième jour.

 

En 2008, Dan Buettner – explorateur du célèbre magazine National Geographic et auteur à succès – lançait le livre The Blue Zones: Lessons for Living Longer From the People Who’ve Lived the Longest dans lequel il nous partage le fruit de cette longue enquête. Ce livre, qui devint rapidement un best-seller, nous présente notamment le concept que nos habitudes et notre comportement ont infiniment plus d’impact sur notre espérance de vie que le facteur génétique. On y apprend, par exemple, que les habitants des zones bleues présentent des taux de diabète, d’obésité et de maladies cardiovasculaires particulièrement faibles. Ils demeurent actifs jusqu’à l’âge de 80 et même 90 ans sans souffrir de maladies dégénératives, contrairement aux gens vivant dans des pays industrialisés. Dans ces régions, les chances de franchir le cap des 100 ans sont jusqu’à 10 fois supérieures à ce qu’elles sont pour la moyenne de la population en Amérique du Nord ou en Europe. Que font donc les habitants des zones bleues différemment ? Existe-t-il une « recette » pour vivre le plus longtemps possible ? Bien que nous n’ayons pas de réponse définitive, les études ont néanmoins démontré des similitudes dans le mode de vie de ces centenaires.

1.  Alimentation

D’abord, l’alimentation est le point commun de ces populations. Les centenaires ont une alimentation à 95 % végétale composée de fruits, de légumes, de céréales complètes et de légumineuses. Ils se nourrissent d’aliments naturels, non transformés et ne consomment de la viande qu’en très petites quantités et en de rares occasions. De plus, ils consomment le plus petit repas de la journée l’après-midi ou le soir. Chaque zone se caractérise par des aliments particuliers qui semblent favoriser la longévité.

2.   Activité physique

Un autre point commun de ces centenaires est l’incorporation de l’activité physique à leur vie quotidienne. Beaucoup travaillent encore de leurs mains ou ont un métier physique et certains marchent des heures pour atteindre un autre village ou pour le plaisir. À Okinawa, par exemple, les personnes âgées passent de longues heures à cultiver leur jardin de plantes médicinales, et fait cocasse, aucun mot n’existe pour le départ à la retraite…

3.   Liens familiaux et sociaux

La valorisation de la place occupée par les personnes âgées dans les villages par rapport à nos pays occidentaux est d’ailleurs un autre point important rencontré dans les zones bleues. Toujours à Okinawa, les vieux sont célébrés comme des porte-bonheur ! Imaginez le contraste avec nos sociétés occidentales où le fait de vieillir est souvent mal perçu et par conséquent, mal vécu !

La psychologue Susan Pinker s’est elle aussi intéressée aux centenaires de la Sardaigne, et selon elle, le prédicteur numéro un de leur longévité réside dans leurs étroites relations sociales. Ils ont toujours quelqu’un à qui faire appel en cas de besoin et des personnes avec lesquelles s’entretenir en cas de crise existentielle. Toujours selon Pinker, l’intégration sociale constituerait le deuxième facteur le plus important. Il s’agit ici de notre niveau d’interaction avec les autres au cours de notre journée. L’interaction face à face avec quelqu’un, établir un contact visuel, serrer la main, autant de gestes qui favorisent la libération d’une cascade de neurotransmetteurs comme l’ocytocine, qui augmente notre niveau de confiance et diminue notre taux de cortisol, cette hormone associée au stress et ayant un impact potentiellement néfaste sur notre santé. Nos interactions positives génèrent aussi la production de dopamine, qui nous procure une sensation de plaisir et diminue la douleur ii.

4.  Un petit verre, à l’occasion

Les personnes âgées des zones bleues aiment aussi trinquer entre amis ! Les Japonais optent pour un verre de saké quotidien, ce qui leur permettrait de réduire l’incidence de maladies cardiovasculaires grâce aux propriétés anticholestérolémiantes de cette boisson alcoolisée à base de riz. En Sardaigne, c’est plutôt de Cannonau – un vin rouge local riche en polyphénols – qu’on se délecte.

5. Réduire le stress

Dans nos sociétés modernes, il arrive pourtant que des gestes aussi simples en apparence que bien manger, faire de l’activité physique, se détendre et passer du temps avec des amis ou de la famille soient relégués au second rang. On accorde généralement la priorité au travail et aux tâches domestiques. Malheureusement, en plus d’avoir un impact direct sur notre santé, le stress chronique finit aussi par influencer notre alimentation et notre niveau d’activité physique, nous éloignant encore davantage du mode de vie des zones bleues. Dans ces dernières, on s’accorde notamment quinze minutes de méditation quotidienne. En nous octroyant une pause dans la journée, nous réduisons le stress qui oxyde nos cellules et accélère le vieillissement.

6.  La spiritualité

La spiritualité met en lumière le sens de la vie. Il faut se donner une tâche quotidienne qui donne envie de se lever tous les matins. À Okinawa, tout le monde, y compris les centenaires, dispose toujours d’un ikigaï, c’est-à-dire d’un but dans la vie ! Il n’y a donc pas d’appréhension face à la vieillesse ni face à la mort. Par ailleurs, Ikaria n’est-elle pas surnommée « l’île grecque où l’on oublie de mourir » ?

 

Conclusion

Les habitants des zones bleues ne font rien de très extraordinaire : ils mangent sainement, sont actifs, travaillent, s’occupent de leur famille, se font plaisir et boivent un petit verre en bonne compagnie. Il leur arrive sûrement parfois d’être stressés et même de rester à la maison pour ne voir personne ! Cependant, ils semblent arriver à gérer tous ces aspects avec modération. Le secret pour devenir centenaire résiderait donc en un seul mot, l’équilibre. Votre mode de vie est-il équilibré ?

Quoi qu’il en soit, vous savez maintenant comment vieillir en santé et vivre longtemps. Pour celles qui craignent de flétrir avec l’âge, rappelons-nous que, comme l’a si bien dit Coco Chanel : « Personne n’est jeune après quarante ans, mais on peut être irrésistible à tout âge. »

 

RÉFÉRENCES

I https://www.who.int/gho/publications/world_health_statistics/2016/Annex_B/en/

ii https://hackspirit.com/psychologist-reveals-secret-longevity-us-largely-ignore/