Épuisement et burn-out

Publié le 27 septembre 2022
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A

Épuisement et burn-out

Depuis quelques mois déjà, la flagrante pénurie d’employés est sur toutes les lèvres, et elle commence à se faire cruellement sentir dans plusieurs secteurs d’activité. Il semble que le vieillissement de la population demeure la principale cause de cette pénurie, mais la pandémie de COVID-19 l’amplifie en redistribuant les cartes sur le marché de l’emploi[i]. Selon un rapport produit par l’Institut du Québec (IDQ), la belle province a retrouvé ses taux d’emploi et d’activité prépandémiques et comptait même 34 000 emplois excédentaires en décembre 2021 par rapport à décembre 2019[ii].

Conséquemment, la quantité de postes vacants continue d’augmenter et nous assistons à un exode de travailleurs des industries les plus affectées, dont le commerce de gros et de détail, la restauration et l’hébergement. Les domaines de la santé et de l’éducation sont aussi lourdement touchés par les pénuries. La situation ne semble malheureusement pas près de s’améliorer, puisque d’après une étude de la Banque de développement du Canada (BDC), 20 % des personnes qui ont perdu leur emploi pendant la pandémie se sont replacés dans d’autres domaines et ne reviendront pas à leur ancien secteur[iii].

Le gouvernement du Québec souhaite ajouter 60 000 personnes qualifiées supplémentaires pour assurer les services à la population dès l’année prochaine[iv]. Cependant, nous savons tous que malgré l’apparente bonne volonté du premier ministre François Legault, la concrétisation de ce vœu pieux risque de rencontrer de nombreux défis et qu’en attendant, les troupes – majoritairement composées de femmes – s’épuisent progressivement…

 

Causes et conséquences de l’épuisement professionnel

La pénurie de personnel occasionne inévitablement une surcharge de travail souvent accentuée par la diminution des journées de congé ou de vacances. À cela peuvent s’ajouter des facteurs de stress :

  • Avoir une faible estime de soi;
  • Des exigences déraisonnables au travail;
  • L’accroissement du taux d’absentéisme;
  • Le manque de reconnaissance;
  • Les mauvaises relations de travail;
  • Le manque de participation aux décisions;
  • Le manque de soutien, au travail ou à la maison;
  • Le déséquilibre entre le travail et la vie personnelle
  • etc…

La combinaison de quelques-uns ou de plusieurs de ces différents facteurs peut être responsable d’un sentiment de fatigue intense lié au travail, qualifié d’épuisement professionnel (burn-out).

 

Épuisement, burn-out et ménopause

La présence croissante des femmes sur le marché du travail combinée au vieillissement de la main-d’œuvre a suscité un intérêt croissant pour le lien entre la ménopause et le travail[v]. La ménopause constitue un processus physiologique complexe qui marque la fin de la phase de reproduction de la vie d’une femme et entraîne une variété de symptômes d’intensité variable souvent attribués à des changements hormonaux tels que les bouffées de chaleur, les troubles du sommeil, les changements d’humeur et la diminution de la force physique[vi].

Cependant, d’autres facteurs, tels que le mode de vie ou des problèmes de santé, peuvent également affecter les symptômes de la ménopause[vii]. Les symptômes apparaissent, en moyenne, entre 48 et 55 ans, avec une transition ménopausique qui dure généralement de 4 à 8 ans[viii]. Puisque les symptômes de la ménopause affectent négativement la qualité de vie des femmes, réduisant les niveaux de bien-être subjectif général,[ix] il est raisonnable de penser que lesdits symptômes pourraient contribuer à l’augmentation des niveaux d’épuisement professionnel.

Une étude italienne impliquant 524 infirmières publiée dans le BMC Women’s Health en 2019 a d’ailleurs conclu que les symptômes de la ménopause se sont avérés être positivement et fortement associés à l’épuisement professionnel[x].

Pour nous, naturopathes, le lien entre l’épuisement général, l’épuisement professionnel (burn-out) et les transitions hormonales est évident, puisque nous savons que les glandes surrénales chargées de la production d’hormones de stress telles que l’adrénaline et le cortisol doivent aussi assumer une partie de plus en plus importante de la production d’hormones stéroïdiennes (estrogènes et progestérone) à mesure que nous progressons dans le processus de transition hormonale associé à la ménopause.

Il est donc primordial de se pencher sur la question de l’équilibre hormonal simultanément à celle de l’épuisement, afin de retrouver l’état d’homéostasie du corps et un sentiment de bien-être.

 

Quelques pistes de solution

Chaque femme qui se retrouve dans un état d’épuisement ou de burn-out y est parvenue selon une trajectoire qui lui est propre et elle présente un état de déséquilibre hormonal spécifique. Il s’agit donc de situations multifactorielles complexes. Je ne saurais donc insister suffisamment sur l’importance d’un suivi personnalisé qui permettra d’identifier les facteurs à considérer et leur hiérarchie d’importance.

Par exemple, une alimentation carencée en différents nutriments tels que les vitamines du groupe B, le magnésium, les acides gras de type oméga-3 ou favorisant l’inflammation ou l’hypoglycémie entraînera des conséquences majeures non seulement sur les symptômes associés au burn-out, mais aussi sur ceux relevant de la ménopause. Chez une autre femme, la carence en progestérone affectera le niveau de GABA et augmentera le niveau d’anxiété et d’insomnie.

 

12 conseils pour retrouver un meilleur taux d’énergie

  1. Consommez un déjeuner protéiné tous les matins.
  2. Demeurez bien hydratée tout au long de la journée.
  3. Évitez les stimulants tels que le café, l’alcool et les boissons gazeuses.
  4. Pratiquez quotidiennement une activité physique non compétitive, telle que la marche, si possible à la lumière naturelle.
  5. Choisissez une technique de gestion du stress telle que la cohérence cardiaque, et appliquez-la religieusement.
  6. Couchez-vous avant 22 h et éteignez les écrans au moins 90 minutes avant.
  7. Réduisez les glucides dans votre alimentation et favorisez les aliments complets.
  8. Adoptez un supplément de vitamines du groupe B bioactives.
  9. Incorporez aussi un supplément de magnésium à votre routine quotidienne.
  10. Soignez votre perfectionnisme.
  11. Apprenez à dire non et à demander de l’aide.
  12. Éliminez de votre vie les personnes et les situations toxiques.

 

Conclusion

Nous devons prendre conscience qu’en plus de la pénurie de main-d’œuvre à laquelle nous faisons face, les deux dernières années et demie ont été extrêmement éprouvantes à différents niveaux. Si, en plus, vous vous retrouvez présentement en situation de déséquilibre hormonal, vous devez avant tout avoir de la compassion envers vous-même. La phrase que j’entends le plus souvent comme clinicienne est : « J’ai l’impression de devenir folle ! », alors qu’en réalité, il s’agit simplement d’un état transitoire mal compris et mal vécu.

Le recours à certains tests fonctionnels permettant d’identifier la ou les sources de déséquilibre, à des corrections au mode de vie et à l’alimentation, ainsi que l’ajout de certains suppléments nutritionnels permettent en général de retrouver un meilleur niveau d’énergie. Dans certains cas, la prise d’hormones bio-identiques sera indiquée, mais celle d’antidépresseurs et autres psychotropes devrait être limitée aux cas récalcitrants ne répondant pas aux autres mesures.

Il ne faut pas non plus sous-estimer l’importance d’un suivi en psychothérapie durant cette période de transition que constitue le mitan de la vie. Quoi qu’il en soit, on doit se rappeler que rien ne dure toujours et que cet état aussi est temporaire. Avec un bon accompagnement, on s’en sort généralement bien.

 

RÉFÉRENCES :

[i] Venne, Jean-François. PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE : LA CATASTROPHE ANNONCÉE. Article web, Gestion HEC Montréal. https://www.revuegestion.ca/penurie-de-main-douvre-la-catastrophe-annoncee#:~:text=Le%20vieillissement%20de%20la%20population,a%20%C3%A9t%C3%A9%20de%20courte%20dur%C3%A9e.

[ii] Institut du Québec. 2022. Bilan 2021 de l’emploi au Québec. Transformations sectorielles et déficit de compétence en vue. https://institutduquebec.ca/bilan-2021-de-lemploi-au-quebec/

[iii] Banque de développement du Canada. 2021. Comment s’adapter à la pénurie de main-d’œuvre. Les difficultés d’embauche sont là pour rester. https://www.bdc.ca/fr/a-propos/analyses-recherche/penurie-main-doeuvre

[iv][iv] Robillard, Alexandre. Legault veut régler en 2022 la pénurie d’employés dans les services essentiels Le Devoir, 1 décembre 2021. https://www.ledevoir.com/politique/quebec/650847/conference-de-presse-legault-main-d-oeuvre-30-nov

[v] Griffiths A, Ceausu I, Depypere H, Lambrinoudaki I, Mueck A, Pérez-López FR, van der Schouw YT, Senturk LM, Simoncini T, Stevenson JC, Stute P, Rees M. EMAS recommendations for conditions in the workplace for menopausal women. Maturitas. 2016 Mar;85:79-81. doi: 10.1016/j.maturitas.2015.12.005. Epub 2015 Dec 15. PMID: 26857884.

[vi] Mishra G, Kuh D. Perceived change in quality of life during the menopause. Soc Sci Med. 2006 Jan;62(1):93-102. doi: 10.1016/j.socscimed.2005.05.015. Epub 2005 Jun 28. PMID: 15990213.

[vii] Moilanen J, Aalto AM, Hemminki E, Aro AR, Raitanen J, Luoto R. Prevalence of menopause symptoms and their association with lifestyle among Finnish middle-aged women. Maturitas. 2010 Dec;67(4):368-74. doi: 10.1016/j.maturitas.2010.08.007. Epub 2010 Sep 24. PMID: 20869181.

[viii] Nelson HD. Menopause. Lancet. 2008 Mar 1;371(9614):760-70. doi: 10.1016/S0140-6736(08)60346-3. PMID: 18313505.

[ix] Dennerstein L, Lehert P, Guthrie J. The effects of the menopausal transition and biopsychosocial factors on well-being. Arch Womens Ment Health. 2002 Aug;5(1):15-22. doi: 10.1007/s007370200018. PMID: 12503070.

[x] Converso, D., Viotti, S., Sottimano, I. et al. The relationship between menopausal symptoms and burnout. A cross-sectional study among nurses. BMC Women’s Health 19, 148 (2019). https://doi.org/10.1186/s12905-019-0847-6