Faire le bilan d’un tour du monde

Publié le 1 octobre 2013
Écrit par Aurore Bonvalot, présidente l’agence Collectionneurs de Voyages

Faire le bilan d’un tour du monde
Atelier Deuil-Temps des fêtes

LA DERNIÈRE ÉTAPE de notre tour du monde était l’Afrique du Sud. Aussi, après cinq mois passés à parcourir notre belle planète bleue d’ouest en est, en avion, en pirogue, à dos d’éléphant, en cyclo-pousse ou tout simplement à pied, nous voici rendus à l’heure du bilan de ce pari fou ! 

On ne sort pas indemne d’une expérience comme celle que nous venons de vivre.

 

Réajustement des valeurs

Il y a tout d’abord une notion de réajustement des valeurs. Nous rentrons chez nous, la tête pleine de découvertes, d’images, d’expériences uniques et trépidantes : nous sommes transformés, nous nous sommes ouverts à de nouvelles cultures et à des modes de vie différents, nous avons fait des centaines de rencontres avec les habitants locaux qui ont partagé avec nous leur savoir, leur manière de vivre et leurs émotions. Nous avons changé notre regard sur le monde, sur la vie. Des choses qui avaient beaucoup d’importance à nos yeux en ont moins aujourd’hui. La rencontre de peuples africains ou asiatiques nous a fait relativiser beaucoup sur ce que nous avions.

Nous ne nous rendons peut-être plus compte de la chance que nous avons de vivre dans un monde si évolué, si technologique, si riche, où tout est possible et atteignable. Nous pouvons nous offrir beaucoup de choses, nos conditions de vie sont très enviables. 

En Inde, par exemple, offrir à un enfant une pomme est pour lui un cadeau immense… Nous rentrons ainsi en appréciant encore plus ce que nous avons, ce qu’est notre vie.

 

Un certain décalage

Il y a aussi une notion de décalage. En six mois, nous avons appris mille et une nouvelles choses et découvert de nouveaux horizons, mais notre entourage, notre famille et nos amis ont continué leur vie, leur train-train quotidien. Nous avons profondément changé, mais eux, pas vraiment. C’est comme si nous avions, eux et nous, avancé à deux vitesses. Puis, il y a une notion de retour à la réalité. Depuis six mois, nous étions sur notre petit nuage, loin de tout.

On se recentre sur ce qui est vraiment important : notre bien-être, ce que l’on aime, les choses qui nous tiennent à cœur, le lâcher-prise, l’insouciance, le rêve du possible, l’amour… Car il faut vraiment s’aimer très fort pour rester 24 heures sur 24, pendant 6 mois, dans une sorte de huis clos avec la même personne. Ce test, nous l’avons réussi haut la main ! Alors, quand on revient à la maison après tout ce temps et que la vie « normale » reprend son cours, c’est un peu un choc. Obligés de travailler, de retourner trois fois par semaine au gym, de reprendre ses responsabilités et sa gestion financière… le rêve s’estompe petit à petit. Il y a aussi la vie professionnelle qui reprend son territoire. 

 

Le rapport à sa vie professionnelle

Et là aussi, le retour fut rude. Surtout pour moi, qui avais vraiment fait une pause complète : six mois sans solde ! Plus de courriels, plus de stress, plus d’échéanciers ou de livrables ! Ainsi, cela m’est apparu comme une évidence : l’industrie touristique était faite pour moi et me permettrait de m’épanouir pleinement. C’est ainsi que j’ai pris, avec mon conjoint, un cours de gestion touristique, que j’ai quitté mon emploi et que je suis devenue directrice des opérations dans une agence de voyages ayant pignon sur rue.

J’adore mon métier et je mets à profit mes connaissances glanées aux quatre coins du monde. Cette réorientation de carrière m’a beaucoup aidée à passer à travers ce retour.

 

On ne se prépare pas assez à vivre son retour

On se prépare évidemment beaucoup à partir, que ce soit en lisant des guides touristiques vendus en librairie, ou en visitant les sites web et les blogues, mais on se prépare rarement au retour de voyage. Erreur ! Il faut savoir que lorsqu’on revient d’un long voyage, il faut environ la moitié de ce temps parti pour se remettre de son expérience !

Je l’ai d’ailleurs vérifié. Les trois mois qui ont suivi notre retour à la maison ont été difficiles pour moi comme pour mon conjoint : l’envie de repartir et de tout laisser derrière nous était très présente. J’avais l’impression de m’ennuyer, la beauté des paysages et la richesse des cultures que nous avions découvertes me manquaient. La nostalgie me gagnait. Le meilleur conseil que l’on peut vous donner est de prévoir quelques semaines de battement et de repos à votre retour : prenez le temps d’apprécier les moments que vous venez de passer pour vous, repassez vos souvenirs. Ne retournez pas travailler tout de suite. Quand on part, on sait pourquoi on le fait et ce que l’on va chercher, mais on ne sait jamais comment on va revenir ni ce qui nous attend !

En conclusion de ce tour du monde, nous conseillons à tout le monde de s’octroyer cette pause magnifique et formatrice. Offrez-vous ce cadeau, pensez à vous et vous en ressortirez grandi, transformé, épanoui. Que ce soit pour quelques mois ou quelques années, en avion, en train ou en bateau, sur un ou plusieurs continents, un tour du monde est une bonne cure de jouvence : vous verrez la vie sous un nouvel angle et gagnerez sûrement quelques années… de bonheur ! C’est à mon tour de demander à mon amoureux : « Voudrais-tu repartir avec moi pour un nouveau tour du monde ? ».