« Fertilité et immunité : quels liens ? »

Publié le 13 janvier 2018
Écrit par Laurence Sala, naturopathe

« Fertilité et immunité : quels liens ? »

Enfanter n’est pas vital. Respirer et avoir un cœur qui bat… sont vitaux ! Même si votre cœur de futur parent bat déjà pour cet enfant à venir, votre corps n’est peut-être pas prêt de son côté.

 

En effet, si l’organisme se bat sans arrêt contre des agresseurs (ex. : des allergies, une infection, une pathologie), ce n’est pas le moment de soutenir une grossesse. Il est occupé ailleurs. Cela explique pourquoi votre système immunitaire est peut-être la cause de vos fausses couches à répétition, de votre endométriose, ou de l’échec d’une insémination ou d’une fécondation in vitro (FIV). Il ne tolère pas l’embryon, c’est-à-dire que les cellules immunitaires de l’endomètre (la paroi interne de l’utérus) empêchent l’embryon de s’accrocher.

Comme j’ai eu un parcours de fertilité difficile, je sais combien chaque fausse couche est une épreuve. La recherche de grossesse n’est pas toujours ce qu’on aurait imaginé. On a besoin de réponses. On a besoin de devenir acteur de sa santé. C’est pourquoi j’ai mis la naturopathie au service de la fertilité et de la maternité dans mon parcours professionnel. Aujourd’hui, j’ai la chance d’être maman d’une petite fille de deux ans grâce à la naturopathie. La compréhension du rôle immunitaire dans la fertilité a été une clé majeure pour préparer mon corps et soutenir une grossesse à terme.

Aujourd’hui, je vous partage une interview plus détaillée sur l’immunologie de la reproduction avec Amélie Bourdiec, directrice scientifique d’Ovo R&D et responsable du pôle de recherche immunologie de la reproduction à Montréal. Puis, dans un second temps, je vous donnerai des clés naturopathiques pour soutenir votre immunité dans le cadre d’une recherche de grossesse naturelle.

 

Le système immunitaire au cœur de la fertilité

Mme Bourdiec, pouvez-vous nous expliquer pourquoi la fertilité est intimement liée au système immunitaire ?

Aujourd’hui, il est reconnu que l’infertilité inexpliquée, les défauts d’implantation, les fausses couches à répétition, ainsi que l’endométriose sont liés à un défaut dans l’équilibre immunologique. De plus, une inflammation non contrôlée est délétère aux processus complexes de la grossesse. Cependant, l’infertilité liée à un désordre immunologique est largement sous-estimée par manque de tests diagnostiques cliniques. De plus, des traitements qui modifient l’immunité sont disponibles pour l’infertilité, mais trop peu envisagés sans indications cliniques. Alors la question demeure, comment évaluer correctement un désordre immunitaire dans le contexte d’infertilité féminine ? Cette question cruciale est d’autant plus importante alors que le programme québécois pour la fécondation in vitro (FIV) est aboli. Afin de maximiser les chances de succès en FIV, l’apport de tests spécialisés en immunologie de la reproduction en pratique clinique doit être envisagé.

 

Comment l’immunité fonctionne-t-elle dans la reproduction ?

Il existe de nombreuses cellules immunitaires qui ont chacune leur rôle spécifique dans la tolérance maternelle à l’embryon. Sans cellules immunitaires, il ne peut pas y avoir de grossesse évolutive : le système immunitaire doit également participer à la croissance embryonnaire et placentaire, en plus de gérer les mécanismes complexes de la tolérance

Les cellules « natural killer » endométriales (µNK) ont un profil d’action spécifique à l’endomètre. Elles sont considérées comme un pivot incontournable de l’adaptation immunitaire lors de la grossesse précoce.

Lors d’un biais immunologique où des molécules pro-inflammatoires sont produites en excès, les cellules µNK endométriales vont se transformer en cellule tueuse (LAK) et détruire l’embryon.

Un excès de cytotoxicité des cellules NK est en lien avec des échecs d’implantation et des fausses couches à répétition.

 

Dans le cadre d’une grossesse assistée, pourquoi l’immunité est-elle impliquée ?

Il est admis que le succès d’une fécondation in vitro ne réside pas seulement dans le fait d’une synchronisation parfaite entre l’endomètre et l’embryon, mais qu’il est impérativement associé à une tolérance immunitaire.

De nombreux laboratoires ont étudié l’implication des cellules immunitaires dans le cadre d’une infertilité féminine due à un échec d’implantation d’embryon ou à un avortement spontané. Ils démontrent qu’une altération de l’équilibre immunitaire pré-conceptionnel est significativement liée aux échecs de grossesse.

Après lecture approfondie des différents rapports issus des laboratoires de recherches en immunologie de la reproduction, il apparaît clairement que le ratio des cellules et des molécules anti et pro-inflammatoires, est le reflet d’un équilibre complexe entre les différents effecteurs de l’immunité.

Une altération dans l’une (ou plus) des trois propositions précédentes est le signe d’un désordre immunitaire significativement lié à l’échec de conception.

 

Peut-on désormais savoir si c’est le bon moment de faire un transfert d’embryon lors d’une FIV ?

Malgré toutes les avancées depuis le premier bébé éprouvette en 1978, les taux de succès en FIV (fécondation in vitro) sont limités par la réceptivité endométriale, suite à la stimulation ovarienne.

Pendant la majorité du cycle menstruel, l’endomètre est réfractaire à l’implantation embryonnaire, hormis pendant une très courte période, appelée « fenêtre d’implantation ». Pendant cette période, l’endomètre acquiert un statut transitoire réceptif qui permet l’adhésion de l’embryon. L’échec d’implantation causé par une réceptivité sous-optimale de l’endomètre, est devenu un enjeu majeur pour les cliniques de procréation médicalement assistée (PMA). On estime que près de la moitié des échecs d’implantation en FIV seraient dus à un défaut de réceptivité endométriale, et ce malgré le transfert d’un embryon de bonne qualité. Ainsi, le développement d’outils d’appréciation de la réceptivité endométriale est d’une importance capitale pour améliorer la prise en charge et les résultats en FIV.

Bien qu’actuellement il n’existe aucun test clinique optimal permettant d’identifier la capacité de l’endomètre à soutenir l’implantation embryonnaire, à la Clinique Ovo, nous offrons la possibilité de déterminer le jour du cycle optimal pour le transfert d’un embryon cryo-préservé (congelé) en adéquation avec la réceptivité endométriale. Ce test de laboratoire unique au Canada, commercialisé à la clinique sous le nom adhesio, est issu d’une collaboration avec l’INSERM et l’Université de Montpellier.

Merci, Mme Bourdiec.

 

SOUTENIR SON IMMUNITÉ POUR SA FERTILITÉ

Avant toute grossesse (naturelle ou assistée), il est donc important de préparer son corps pour mettre toutes les chances de son côté.

Afin de préparer le « terrain » d’un point de vue global, on pensera à :

  • boire une eau de qualité suffisamment chaque jour,
  • augmenter ses légumes (notamment, ail, oignon, betterave, céleri, endives, roquette),
  • favoriser les petits fruits comme les bleuets et les baies d’açaï,
  • ajouter des épices comme le curcuma, le gingembre, la cardamome et le clou de girofle,
  • consommer des aromates frais comme la coriandre et le persil,
  • ajouter des champignons dans une mijoteuse (shiitake, maitake, reishi),
  • remplacer le bouillon d’une soupe par une cuillère à table de miso,
  • laisser infuser les algues dans l’eau de cuisson du riz, par exemple.

 

Rappelons que la digestion est intimement liée à l’immunité : 80 % des cellules immunitaires sont dans nos intestins ! S’assurer d’un bon transit et d’une bonne absorption des nutriments est donc nécessaire dans une démarche de fertilité. Les plantes et les huiles essentielles peuvent s’avérer de bonnes alliées pour préparer son corps à une grossesse.

On conclura en rappelant que chaque couple est unique. Chaque protocole naturopathique est adapté à l’état de santé des futurs parents. Avant d’entreprendre toute démarche, pensez à consulter un professionnel de la santé afin de personnaliser au mieux ces conseils.

 

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