Fleurs d’été à boire et à manger

Publié le 20 juillet 2018
Écrit par Anny SCHNEIDER, Auteure et herboriste-thérapeute accréditée

Fleurs d’été à boire et à manger
Bio Strath September

Les preuves de l’intelligence des plantes sont nombreuses, innombrables, continuelles, surtout parmi les fleurs où se concentre l’effort de la vie végétale vers la lumière, l’esprit et la pérennité́. MAURICE MAETERLINCK, L’intelligence des fleurs.

 

Mes mois d’été représentent le temps des fleurs par excellence

Effectivement, celles-ci ont autant besoin de lumière, de chaleur, que des pollinisateurs uniquement présents durant les périodes les plus chaudes de l’année. Les journées les plus longues sont faites pour croître, fleurir et aider à la reproduction des plantes à fleurs dans les meilleures conditions.

Qu’elles soient sauvages ou cultivées, toutes uniques dans leurs formes, leurs couleurs et leurs vertus, les 300 000 variétés de plantes à fleurs, présentes sur terre depuis 140 millions d’années, ne cessent de nous charmer.

 

Fleurs au menu ou placées dans l’armoire aux herbes

Pour accéder à un vaste choix d’entre elles, et disposer d’une grande biodiversité, il nous faut l’accès à des lieux de cueillette dans des territoires sains. Autrement, il faut se donner le temps et la joie d’en cultiver soi- même, soit à partir de semis, sinon de plants déjà démarrés par des pépiniéristes, des jardiniers ou des herboristes, bien sûr certifiés biologiques, du moins de bonne renommée locale.

Les jardinières et les herboristes d’aujourd’hui, des femmes en majorité, au Québec comme ailleurs, sèment, plantent, cueillent et transforment depuis des millénaires les fleurs pour leurs multiples usages ultérieurs hors saison.

Les fleurs se cueillent uniquement les journées ensoleillées, autour du zénith, juste avant leur éclosion totale et leur pollinisation, elles se sèchent à l’abri de la lumière ou se préparent fraîches en teinture mère et sous bien d’autres formes.

En cuisine, il y a des milliers de recettes avec des fleurs, et la plupart peuvent se manger crues et être ajoutées comme ornement à la dernière minute dans les salades, les cocktails, avec des fromages, des légumes et des desserts, pour garder entières leur fraîcheur, leur beauté et leur saveur. Procurez-vous des recettes dans les livres ou sur le Web.

 

Les meilleures fleurs à cultiver, à cueillir et à transformer l’été

Achillée (Achillea millefolium et ssp.) : Fleur vivace très puissante contre les chaleurs de la ménopause et les fièvres, en tisane refroidie. Elle cicatrise également les plaies et même les tissus internes, comme l’estomac et les intestins irrités. Il en existe plusieurs cultivars jaunes ou orangés, plus esthétiques et durables dans les bouquets, mais moins puissants d’un point de vue médicinal. Plutôt amère, l’achillée convient aux tisanes refroidies, contre les chaleurs et les fièvres, ou en cataplasme en cas d’infection.

Bourrache (Borrago officinalis) : Cette plante annuelle peut être utilisée entière, cuite à la vapeur pour ses vertus reminéralisantes, calmantes et immunostimulantes. On peut aussi la boire en tisane contre la fièvre, l’hypertension, la nervosité et les changements hormonaux. Ses fleurettes bleues ou roses garnissent les salades et les tisanes et font de jolis glaçons étoilés. Ses graines produisent une des meilleures huiles régénérantes, efficace contre la vaginite autant que contre les rides !

Brunelle (Prunella vulgaris) : Cette plante tout-terrain est très résistante et recouvre la plupart des pelouses non arrosées de produits chimiques durant toute la saison estivale. On peut manger ses pétales crus et faire sécher ses sommités pour la tisane d’hiver. Les Anglais l’appellent « heal-all ». Elle soigne surtout les malaises ORL, y compris ceux dus aux virus, mais aussi plusieurs troubles auto-immuns.

Calendule (Calendula officinalis) : Aussi appelée souci, cette jolie fleur jaune ou orange a de multiples vertus. Elle soigne les problèmes hormonaux, de foie et de la peau et renforce la vue. Ses pétales s’ajoutent à la salade, et on en fait de nombreux produits cosmétiques et dermatologiques émollients et cicatrisants. La calendule a été désignée plante de l’année 2018 par la Guilde des herboristes. Nous n’avons pas fini d’en entendre parler !

Camomille (Chamomilla recutita) : Sûrement la plus précieuse petite fleur médicinale des jardins et des bords des chemins. Sa tisane légère, à trois fleurettes maximum par tasse, combat la fièvre, la constipation, toutes sortes d’infections, et calme aussi la diarrhée et la nervosité excessive. En usage externe, son concentré éclaircit les cheveux, cicatrise les plaies et combat les rides. Elle se ressème facilement d’elle-même.

Capucine (Tropaeolum majus) : Cette jolie annuelle des bordures se mange toute entière, des boutons aux fleurs en passant par les feuilles, crues, de préférence. Elle est antibiotique, apéritive, aphrodisiaque, dépurative et pectorale. En application régulière (teinture au vinaigre dilué dans le conditionneur pour cheveux), elle contribue à la repousse des cheveux.

Lavande (Lavandula officinalis, vera, stoechas et ssp.) : Parmi les 25 espèces de lavande toutes originaires du Moyen-Orient, il existe plusieurs cultivars très résistants à nos hivers mordants. La lavande est calmante, antiseptique, hypotensive et insectifuge (poux, tiques, moustiques). En bouquets ou dans des pochettes de tissu, elle se glisse bien dans nos armoires à vêtements, même nos oreillers. On l’utilise également en fine cuisine, dans les puddings et les sorbets. L’application de son huile essentielle sur nos centres énergétiques nous aide à surmonter nos préoccupations trop matérialistes et à élever nos objectifs.

Mauve (Malva moschata) : Cette belle fleur médicinale naturalisée au Québec est une des meilleures plantes émollientes, car elle répare les muqueuses, combat la constipation et régénère autant les intestins que les poumons. On peut utiliser autant ses feuilles que ses fleurs, ajoutées à la salade. Ses doux pétales riches en mucilages sont également des antirides, des hydratants et des régénérants méconnus.

Monarde (Monarda didyma et spp.) : Outre sa beauté et ses vertus digestives, elle améliore et renforce la microcirculation, surtout dans les neuropathies diabétiques et les problèmes ophtalmologiques. Grâce à ses anthocyanes attribuables à ses couleurs vives, elle augmente la régénération de la rétine et améliore la vision crépusculaire. Les monardes sont de grands antioxydants qui ont une action anti-œdémateuse. Elles diminuent la perméabilité des capillaires et augmentent leur résistance. Elles participent à la stabilisation du collagène et protègent les tissus conjonctifs contre la dégradation précoce. Les beurres et les limonades colorés aux fleurs de monarde sont bien connus des jardiniers et des herboristes gourmets

Pavot (Papaver rhoeas) : Ses délicats pétales sont adoucissants, calmants et excellents contre les affections pulmonaires. Ils se mangent en salade ou se boivent en infusion, en sirop ou en teinture mère. Les coquelicots ont des vertus similaires, quoique plus pectorales que sédatives, sauf le petit pavot jaune de Californie (Eschscholzia californica), annuelle fleurissant tout l’été.

Pensée sauvage (Viola tricolor) : Cette variété de pensées est la plus médicinale. En interne comme en externe, on l’utilise contre les maladies de peau chroniques, crue, en cataplasme, dans une salade, en infusion ou en teinture mère. Elle favorise la créativité en même temps que la microcirculation cérébrale.

Rose (Rosa centifolia, rubiginosa et spp.) : Les pétales de roses sont régénérateurs, autant contre les ulcères de la bouche que ceux des voies digestives, minimisant par exemple les crises de colites en douceur. En externe, l’infusion de pétales de roses soigne la couperose et la peau grasse. Les fruits ou cynorhodons mûrs préviennent la grippe, l’anémie et la fatigue, et sont également des anti-septiques des voies urinaires.

Tanaisie (Tanacetum vulgare) : Ses capitules jaune vif très aromatiques ont été incorporé dans plusieurs sortes d’apéritifs et digestifs connus (bénédictine, chartreuse). Cette fleur a des propriétés antifongiques reconnues, efficaces, contre les parasites intestinaux et insectifuges. Elle est amère et puissante, à utiliser parcimonieusement, surtout chez les femmes enceintes et les petits enfants.

Trèfle rouge (Trifolium pratense) : En salade, germé, en tisane ou en teinture mère, la fleur de trèfle (plus rose que rouge) aide à diminuer les bouffées de chaleur, à éclaircir le sang et la peau et à prévenir les mutations cellulaires anormales. C’est un des principaux ingrédients du remède pour l’immunité de Rene Caisse et aussi un incontournable des cures dépuratives. Avec sa cousine la luzerne, c’est la fleur préférée des vaches, hélas trop souvent prisonnières des étables modernes.

Verge d’or (Solidago canadensis, flexicaulis, virgaurea et ssp.) : Cueillies juste avant l’éclosion totale, ces fleurs préviennent et soignent les allergies, la constipation, les infections urinaires et les douleurs rhumatismales. Son nom vient du latin solidum agere, qui signifie « solidifie et répare ». Très puissante dépurative, c’est une dominante qui remplit toutes les friches sauvages, mais qui procure aussi un excellent miel de fin d’été. Ses fleurs prises en tisane ou en élixir floral renforcent l’esprit communautaire, au bureau ou dans le clan familial.

La plupart des fleurs sont bénéfiques et comestibles, néanmoins, voici quelques exceptions, belles mais potentiellement dangereuses, à éviter absolument si on a des animaux ou de jeunes enfants dans l’entourage proche.

 

Liste non exhaustive des fleurs les plus toxiques

Aconit, apocyn, arnica, belladone, berce, cigüe, colchique, crocus, datura, digitale, iris, jacinthe, jusquiame, muguet, petit prêcheur, troène, vérâtre.

 

Chers amoureux et chères amoureuses des fleurs

Pour conclure, du printemps à l’hiver : en bac, en jardinière, en pot, en massif ou en pleine terre, l’été, entourez-vous de ces jolies compagnes aromatiques si goûteuses et salutaires !

Fleurs à admirer, à déguster fraîches et à préserver sous une forme ou une autre jusqu’au cœur de l’hiver, elles sont de toute beauté et bonté !

 

Jolies petites fleurs, Riantes de couleurs, Symboles de jeunesse, D’amour et de tendresse. Comptine populaire française pour enfants

 

Ainsi, tentons de protéger les rares friches sauvages fleuries qui restent, bien plus utiles et saines que nos trop nombreux gazons transgéniques traités ou rasés !

Assurément, si elles sont bien choisies, élevées, cueillies et adéquatement utilisées par des herboristes ou des horticulteurs amateurs consciencieux, les fleurs surtout, comme les plantes en général, ont, depuis toujours et à jamais, des effets salutaires sur notre santé environnementale, morale et globale, psyché comprise !

 

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