Focus sur la vésicule biliaire

Publié le 1 avril 2025
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A.

Focus sur la vésicule biliaire
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La vésicule biliaire est un composant clé de notre système digestif qu’on connaît pourtant généralement très peu. À moins qu’elle ne soit la source de douleurs ou que la présence de calculs biliaires n’ait été diagnostiquée, on ignore bien souvent son rôle et son importance pour notre santé. La vésicule biliaire est même souvent qualifiée d’organe « inutile » en médecine conventionnelle. La méconnaissance de cet important organe et de ses précieuses fonctions explique sans doute en grande partie pourquoi son ablation (cholécystectomie) est une chirurgie aussi fréquente. Chaque année, environ 50 000 Canadiens se font enlever leur vésicule biliaire! Partons donc à sa découverte et tentons d’en prendre soin afin de la conserver.

 

Vésicule biliaire 101

La vésicule biliaire est un organe en forme de sac qui se trouve juste sous le foie. Elle mesure environ de 7 à 10 cm de longueur et de 2,5 à 4 cm de largeur. La vésicule biliaire est reliée au foie et au duodénum par une série de conduits appelés canaux biliaires. La vésicule biliaire et le foie collaborent étroitement. Le foie fabrique la bile, qui s’écoule du foie par les canaux biliaires intrahépatiques et se déverse dans le canal hépatique. Si la bile n’est pas requise pour la digestion à ce moment précis, elle s’écoule par le canal cystique jusqu’à la vésicule biliaire, où elle sera emmagasinée puis recyclée pour la digestion de futurs repas.

Se faire de la bile?

La vésicule biliaire absorbe l’eau de la bile, la rendant ainsi plus concentrée. Elle peut contenir de 30 à 80 ml de bile. Après un repas, la vésicule biliaire se contracte et libère la bile dans le canal cystique. La bile circule alors jusqu’au canal cholédoque et au duodénum, où elle participera à la digestion. Essentiellement, la bile aide les enzymes du corps à métaboliser les gras. Une bonne digestion des lipides est essentielle et nécessaire notamment à l’absorption des vitamines liposolubles (A, D, E et K). Les troubles de la vésicule biliaire peuvent occasionner des carences en ces vitamines.

 

Les cholélithiases ou lithiases vésiculaires

Certains éléments graisseux (comme le cholestérol) ne sont pas très solubles dans la bile. L’excès de cholestérol peut se séparer du reste du liquide et former des cristaux solides. Les particules solides sont aussi composées de calcium ou de bilirubine (principal pigment dans la bile). C’est ce processus qui entraîne la formation des lithiases vésiculaires, aussi appelées calculs biliaires ou « pierres au foie » dans le langage populaire. Au Canada, jusqu’à 20 % des femmes et 10 % des hommes âgés de 60 ans ou plus ont développé des calculs biliaires. Les femmes âgées de 20 à 60 ans ont trois fois plus de risques de présenter des lithiases.

 

La colique biliaire

Environ 80 % des personnes affectées par les calculs biliaires sont asymptomatiques. Cependant, lorsque les calculs migrent à l’extérieur de la vésicule biliaire, ils peuvent obstruer le canal cystique, le canal cholédoque ou l’ampoule de Vater et générer une douleur intense appelée colique biliaire. Les complications associées aux lithiases vésiculaires peuvent nécessiter l’ablation de la vésicule biliaire.

 

Lorsque la vésicule lance l’alerte

Certains signes avant-coureurs peuvent nous indiquer que notre vésicule biliaire est en souffrance. Si la consommation d’aliments riches en lipides occasionne fréquemment des problèmes digestifs, de la douleur et des signes d’enflure autour de la vésicule biliaire et du foie, vous devez consulter. Parmi les autres signes qui peuvent indiquer un trouble biliaire, notons la mauvaise absorption des gras (lipides), la jaunisse, l’urine de couleur foncée, les selles de couleur argile ainsi que les nausées ou les vomissements.

 

Prendre soin de notre vésicule biliaire

Il existe plusieurs moyens naturels qui peuvent nous aider à prévenir ou à résoudre les troubles associés à la vésicule biliaire.

 

Aliments à éviter:

  • Repas riches en graisses. Les coliques surviennent souvent après avoir consommé des repas lourds et elles se produisent généralement le soir ou pendant la nuit.
  • Aliments frits et huiles hydrogénées. Le fast-food, les huiles végétales raffinées (comme le tournesol, le carthame, le canola, le maïs, etc.), et les viandes ou fromages gras emballés peuvent être parmi les aliments les plus difficiles à digérer.
  • Sucre et glucides simples. Ils augmentent la probabilité de former des lithiases en favorisant la prise de poids et l’inflammation.
  • Aliments allergisants. Des liens ont été établis entre le dysfonctionnement de la vésicule biliaire, les allergies alimentaires et le microbiote. Les allergènes potentiels comprennent les produits laitiers, le gluten, les crustacés, les arachides et les légumes ombellifères.

Aliments à favoriser:

  • Aliments à base de plantes et aliments crus: Les fruits, les légumes, les noix et les graines sont naturellement riches en eau, en électrolytes, en antioxydants et en fibres tout en étant pauvres en gras et en sel. Selon une étude, les femmes qui consomment plus de fruits et légumes présentent un risque inférieur de cholécystectomie.
  • Betteraves, artichaut et pissenlit : Ces aliments sont détoxifiants et peuvent améliorer l’écoulement de la bile.
  • Aliments riches en fibres : Visez la consommation d’au moins 30 g de fibres par jour. Les bonnes sources de fibres pour réduire le risque de lithiases incluent les haricots et les légumineuses, les noix, les graines ainsi que les légumes et les fruits frais.
  • Bonnes sources de lipides, non saturés : L’huile de noix de coco contient des acides gras à chaîne moyenne, plus faciles à digérer. L’huile d’olive extra vierge est anti-inflammatoire et a plusieurs bienfaits pour la santé.

N.B. : Bien qu’il soit important de consommer de bonnes sources de lipides, elles peuvent déclencher une colique. Le contrôle des portions est la clé. Évitez d’en consommer plus que 15 ml (1 cuillère à soupe) à la fois.

  • Noix et graines germées. Les graines germées de lin, de chia, de chanvre et de citrouille sont plus faciles à digérer et peuvent réduire l’inflammation. Limitez toutefois leur consommation à 30 ml (2 cuillères à soupe) à la fois.
  • Jus frais à l’extracteur ou smoothies. Essayez d’ajouter des aliments riches en potassium  comme l’avocat, les légumes verts feuillus, les bananes, etc.
  • Protéines de qualité. Si vous consommez des protéines animales, optez pour le poulet, la dinde, ou le bœuf nourris à l’herbe, le bison ou le poisson sauvage. Vous pouvez complémenter par des suppléments de protéines de bonne qualité et du bouillon d’os biologique.

N.B. : Procédez régulièrement à des programmes de détoxification et inspirez-vous de ce type d’alimentation qui est de plus anti-inflammatoire et hypoallergène.

 

Suppléments nutritionnels

  • Mélanges d’enzymes digestives. Ils peuvent prévenir et soulager les troubles associés à la vésicule biliaire. Ces mélanges peuvent aussi contenir d’autres ingrédients tels que :
    • Pancréatine : il s’agit d’un mélange d’enzymes, y compris la lipase, l’amylase et la protéase, dérivées du pancréas.
    • Extrait de bile de bœuf : fournit les sels biliaires nécessaires pour émulsionner les lipides et favoriser leur digestion. Cet ingrédient est particulièrement salutaire pour les personnes ayant subi l’ablation de la vésicule biliaire.
    • Chlorhydrate de bétaïne : soutient la production d’acide gastrique essentielle à la digestion.
  • Probiotiques: Ils modifient la composition du microbiote intestinal et la synthèse des acides biliaires qui favorisent la réduction du cholestérol, la perte de poids et l’amélioration de la sensibilité à l’insuline.
  • Chanca piedra (Phyllanthus niruri). Tel que son nom l’indique, cette plante est utilisée traditionnellement pour réduire et éliminer les différents types de « pierres ». L’efficacité du chanca piedra dans la dissolution de calculs rénaux inférieurs à 10 mm a été démontrée. On présume que le mécanisme d’action de la plante serait le même pour les calculs biliaires.
  • Curcuma (Curcuma longa). La curcumine, principal ingrédient actif du curcuma, favorise la contraction de la vésicule biliaire dans les études humaines et permet de réduire la formation de lithiases biliaires chez les souris.
  • Chardon-Marie (Silybum marianum). Traditionnellement, le chardon-Marie est utilisé notamment pour réduire les calculs biliaires, la jaunisse, améliorer les fonctions du foie, de la rate et des reins.
  • Artichaut (Cynara scolymus L.). Il favorise le bon fonctionnement de la vésicule biliaire, aide à stimuler la bile et est également bénéfique pour le foie.
  • Pissenlit (Taraxacum officinale). Cette plante d’usage traditionnel est utile dans les cas de troubles gastro-intestinaux, incluant les calculs biliaires, la dyspepsie, le reflux gastro-œsophagien, la colite ulcéreuse, la pancréatite aiguë, etc.

 

Conclusion

La vésicule biliaire est un organe très important dont nous devons prendre soin grâce à une alimentation appropriée. L’ajout de suppléments d’enzymes, de probiotiques et de plantes ciblées peut contribuer à la prévention et même favoriser la réduction de lithiases biliaires. Cependant, on doit éviter d’avoir recours à des cures de type huile d’olive et jus de citron, qui sont inefficaces et peuvent causer un déplacement des lithiases ainsi que l’obstruction des canaux hépatiques. Il est fortement suggéré de collaborer avec un naturopathe compétent et vos autres professionnels de la santé.