Fruits oléagineux nutritifs et curatifs

Publié le 21 janvier 2016
Écrit par Anny Schneider, herboriste-thérapeute accréditée

Fruits oléagineux nutritifs et curatifs
Expo manger santé Quebec

Le terme anglais « nuts », qui signifie « être dingue » ou « un peu fou », est paradoxal quand on parle des noix.

 

Effectivement, les acides gras équilibrés qu’elles contiennent aideraient plutôt à protéger et à régénérer notre cerveau, nos méninges et tout le système nerveux, et même hormonal. Justement, les noix évoquent aussi les deux attributs nobles, garants de la fertilité de nos chers mâles, comme chez tous les mammifères.

 

ÉVIDENCES ET CRITÈRES DE QUALITÉ DE BASE

Au cœur de notre hiver rigoureux, s’il y a un type d’aliment des plus réconfortants qui soient, ce sont sûrement les noix, ces fruits oléagineux, cadeaux de nos grands amis les arbres.

Bien sûr, comme elles sont très calorifiques, il faut en consommer modérément, rarement plus de 50 grammes par jour, mais régulièrement, et idéalement combinées à d’autres aliments nutritifs, soit riches en glucides pour de l’énergie rapide (fruits ou fruits séchés) ou en protéines complémentaires dans les repas plus soutenants. Aussi, qu’elles soient fraîches d’une année au maximum, car les noix rances génèrent des radicaux libres qui nuisent au système immunitaire et encore plus au cerveau. À part les châtaignes, à consommer toujours bouillies ou rôties, faire tremper les noix quelques heures les rend plus digestes et assimilables.

Toutes les noix sont évidemment meilleures et plus saines quand on les achète avec leur coque qu’on brise juste avant de les consommer, dans les mois qui suivent leur récolte, la date, hélas, étant rarement ou jamais indiquée sur les étiquettes ou emballages. Les beurres de noix certifiés biologiques, néanmoins, affichent en principe la date d’empotage et de péremption. Mais le mieux est de les écaler, de les laisser macérer, voire les faire germer, et en faire des laits et beurres oléagineux de première fraîcheur, qualité et saveur optimales en sus ! Il va sans dire que nous nous réjouissons des expériences probantes de cultivars de noix adaptés à notre climat et de la multiplication de l’offre de variétés résistantes à notre climat, surtout en ce qui concerne les noix et noisettes rustiques hybridées.

 

COMPOSITION ET VERTUS DES GRAINES ET NOIX LES PLUS POPULAIRES
Depuis 2013, la Food and Drug Administration américaine permet d’inscrire ceci sur les emballages des noix : « Des évidences laissent croire que la consommation d’une once et demie (42 grammes) de noix par jour peut réduire les risques de maladies coronariennes. » Cette allégation est toujours interdite au Canada.

  • Amandes (Prunus amygdalus dulcis) :

Multiples utilisations des amandes douces et de leurs dérivés.

Calissons d’Aix, Marzipan allemand, tuiles aux amandes ou sirop d’orgeat, autant de desserts européens faits de ces délicieuses oléagineuses, qui, hélas, ne survivent pas sous nos cieux nordiques, plus purs, mais trop longtemps glaciaux pour les amandiers.

En 2015, de grosses gelées tardives en Floride et en Méditerranée, ainsi que certaines maladies, ont sérieusement diminué les récoltes d’amandes et fait grimper les prix, touchant davantage celles certifiées biologiques, encore plus rares et chères.

Le mieux est de les faire tremper dans le double d’eau (à donner à vos plantes), les écaler ensuite et les déguster telles quelles ou les ajouter à une recette.

D’en élaborer votre propre beurre ou lait est une bonne idée côté saveur et fraîcheur.

L’huile d’amandes douces est une des plus connues comme huile à massage et ingrédient de base des cosmétiques hydratants. L’amande amère est une autre variété d’arbres dont on utilise seulement l’arôme concentré en petite quantité, car elle contient du cyanure.

Composition biochimique : l’amande renferme 70 % de gras monoinsaturés et 20 % de polyinsaturés, donc stables à la chaleur, ce qui en fait la préférée des huiles à massage. Résistante à la lumière et au temps, l’amande contient aussi des vitamines A, du complexe B, beaucoup de vitamine E, du fer et du magnésium, sans oublier un honorable ratio de 20 % de protéines et des traces de glucides, qui leur confèrent sa douceur.

À noter aussi : un haut taux de phytostérols de 100 mg pour 100 grammes, qui aiderait à réduire l’absorption du cholestérol.

  • Avelines ou noisettes (Corylus avellana ou Cornus americana ou C. cornuta [Québec]) :

Les plus accessibles dans les magasins sont les avelines, nommées selon Avellino, une province italienne, grande productrice de cette variété.

En forêt québécoise, c’est le noisetier à long bec (C. cornuta) qui produit de délicieuses noisettes au goût très fin. Hélas, les écureuils et tamias sont souvent les premiers à les dévorer. Il faut les faire sécher durant un mois dans un sac de jute, puis les extraire en les cassant avec un maillet et des gants, car les coquilles sont munies de micropoils irritants.

 

QU’Y A-T-IL DE SI BON DANS LES NOISETTES ?

Les noisettes contiennent 80 % de gras monoin saturés, 10 % de polyinsaturés et 10 % de saturés, donc elles sont très stables pour la conservation. Ce sont d’excellents lubrifiants, antirides et protecteurs dermatologiques. Leur huile au goût très fin est néanmoins rare et coûteuse.

Elles offrent aussi 20 % de protéines, toutes les vitamines liposolubles, beaucoup de potassium et de phosphore et des phytostérols immunorégulateurs.

Ses rameaux, aussi appelés « coudriers », servent aux sourciers à repérer les sources d’eau souterraine, et fixés sur un poteau à l’extérieur, de baromètre à l’ancienne, étonnamment infaillible ! Ses chatons sont fébrifuges, et ses feuilles, en décoction, de bons dépuratifs sanguins.

La noisette aiderait la glande pinéale qu’évoque sa forme, donc tout le système neuroendocrinien.

 

  • Châtaignes ou marrons (Castanea vesca) :

« Je vous attends, venez ! Mais vous ne trouverez pas ici de friandises. C’est un repas de poète qui vous est préparé : châtaignes tendres, fruits savoureux, lait frais. » Lettre à un ami, Pétrarque, 1337

Son nom latin « Casta Nea » viendrait de la chaste nymphe Néa, qui s’est refusée à Jupiter au péril de sa vie, d’où les piquants de son bogue, qui ne l’ont toutefois pas assez protégée… De plus, la châtaigne cuite allumerait le feu des ardeurs de la chair, chez l’homme en particulier… à vérifier !

La variété nord-américaine, Castanea dentata, hélas presque éradiquée par la brûlure du châtaignier, a été longtemps cultivée pour tirer des tanins tinctoriaux et astringents pour les fourrures et tissus.

On l’appelle parfois « marron », à tort, une autre variété d’arbres magnifiques (Aesculus hippocastanum) aux effets thérapeutiques certains, mais non comestible, sauf pour les chevaux, et qui est utilisé en remède comme vasoconstricteur, entre autres…

 

NOURRISSANTE CHÂTAIGNE

Aliment réconfortant par excellence des longues veillées d’hiver, la chair de la châtaigne est douce et très nourrissante, car elle contient beaucoup d’amidons (40 %), de glucides, de protéines et de vitamines B et C.

Grillée ou bouillie dans de l’eau salée, précuite sous vide, en confiture ou au pire en conserve, agréable au goût et de texture douce, la châtaigne est un délice qui rassasie, quelle que soit la manière dont on la consomme.

Noix d’Amazonie, dite noix du Brésil (Bertholletia Excelsa) :

Cette noix amazonienne généreuse donne entre 12 et 18 noix, disposées en cercle dans une coque sur des arbres très élevés que les autochtones du Brésil viennent ramasser au printemps, en famille.

Composition : ce fruit oléagineux est très nutritif et énergisant. Outre son bel équilibre en acides gras : 16 % de saturés, 23 % de monoin saturés et 24 % de polyinsaturés, il contient beaucoup de carbone et surtout de minéraux : 725 grammes de phosphore (très énergisant), 659 mg de potassium (le double des bananes !), 376 mg de magnésium et 160 mg de calcium. Côté oligo-éléments, on y décèle beaucoup de cuivre, de manganèse et surtout un haut taux de sélénium.

À consommer seul en collation, avec un fruit frais ou du bon pain, sans abuser, surtout que son prix a beaucoup grimpé avec la demande ainsi que l’éradication galopante de la jungle, son habitat naturel.

  • Noix de cajou (Anacardium occidentale) :

Cette noix tendre est en fait la graine de la pomme de cajou, fruit acide et astringent.

Très populaire au Québec, où on l’appelle « cachou », il vient du fruit de l’anacardier brésilien. Maintenant cultivé en Afrique du Sud et au Vietnam, il est très consommé ici, surtout grillé dans l’huile et servi en guise d’apéritif (trop) salé.

Il contient beaucoup d’acides gras essentiels (la moitié de son poids), un haut taux de minéraux et de vitamines du complexe B.

  • Noyer (Juglans nigra, regia, cinerea et spp.) :

Son nom latin viendrait du latin « Jovis glans », le gland de Jupiter, roi des dieux romains et grand séducteur, d’où l’attribution à la noix de vertus aphrodisiaques. Dans plusieurs langues, les noix évoquent d’ailleurs les testicules, la fertilité et la vitalité sexuelle.

Par contre, son aspect révèle ses effets bénéfiques pour le cerveau qu’évoquent clairement les formes de ses cerneaux.

La noix dite « de Grenoble » est une appellation québécoise que je n’ai jamais comprise, puisque le noyer pousse aisément dans toute l’Europe et même une partie de l’Amérique du Nord. Par contre, le noyer aime prendre toute la place, et la juglone dont il est saturé empêche toute autre forme d’arbre de survivre à ses côtés.

Dans le sud du Québec, le noyer cendré pousse naturellement, hélas actuellement affecté par des maladies fongiques qui le mettent en danger d’éradication. Heureusement, il existe des cultivars résistants, prospérant désormais jusqu’à Kamouraska, où on cultive son cousin, le délicieux et très rustique noyer des Carpates…

Riche composition : avec ses 15 % de protéines et ses 62 % de matières grasses, dont un équilibre presque parfait entre les différents acides gras, la noix est bénéfique pour le cerveau, tout le système nerveux, les hormones et les muqueuses, à condition de ne pas dépasser les 50 grammes par jour, de bien les insaliver et de les consommer fraîches. Comme pour toutes les noix et graines, le rancissement génère des radicaux libres potentiellement cancérigènes. Leur écorce (ou brou) était utilisée par tous les peuples proches de la nature contre les rhumatismes, et ses feuilles, contre les champignons et les maux d’estomac (par exemple, les feuilles du noyer noir [Juglans nigra], autre arbre indigène, puissant fongicide au bois précieux).

D’après le Dr Bach, l’élixir floral de noyer Walnut aide à se libérer du poids du passé des mauvais souvenirs et des influences négatives. Le noyer incite à porter un regard neuf sur chaque jour et à mieux accepter les deuils et transitions inévitables de l’existence.

  • Noix de pecan (Carya illinoinensis) :

Appelée « pacane » par ici, elle est de la famille des juglandacées comme sa cousine précédente, elle est surtout cultivée aux États-Unis et au Mexique. Ses noix sont très nutritives et contiennent 41 % de monoinsaturés, 22 % de polyinsaturés, 6 % de saturés et 10 % de protéines. Elle contient aussi beaucoup de phosphore et de magnésium. Au Québec, il pousse des caryers issus de la même famille et certaines variantes, comme la noix de cœur, très jolie, comestible et facile à cultiver. La tarte aux pacanes est une délicieuse spécialité nord-américaine.

 

CONCLUSION

Faute d’espace, ceci constitue une liste incomplète des nombreux types de noix poussant sur la planète, comme la noix de coco, les noix de macadamia, les pignons de pin ou les pistaches, et bien d’autres oléagineux utiles, délicieux et précieux restant à découvrir et à décrire éventuellement.

Avec 50 % de la population canadienne carencée en acides gras essentiels, monoinsaturés et polyinsaturés, n’hésitez plus à les ajouter à votre menu quotidien !

Pour que ça baigne dans l’huile, il est essentiel de consommer plus de bons gras assimilables, cadeaux incontournables de nos amis les arbres à noix, à cultiver plus abondamment !

 

RÉFÉRENCES

Site des producteurs de noix du Québec

Beaucoup de renseignements sur la rusticité, la culture et les fournisseurs d’arbres à noix viables ici : www.noixduquebec.org

LEQUENNE, Fernand. Le jardin de santé, Les Hautes Plaines de Mane, Haute-Provence.

Marabout Service, 1972, 318 pages.

FOURNIER, Luc. Le rire des arbres – Les pleurs des forêts, Lanctôt Éditeur, Montréal, 2003, 260 pages.

SCHNEIDER, Anny. Arbres et arbustes thérapeutiques, Les Éditions de l’Homme, Montréal, 2012, 380 pages.