Publié le 12 avril 2019
Écrit par Gabriel Parent-Leblanc. B. Sc., M. Env.
Cinquante-huit pour cent.
C’est ce que je vous apprenais dans la dernière parution du Vitalité Québec, où j’exposais les données d’une nouvelle étude révolutionnaire en la matière. En effet, l’étude, préparée par Value Chain Management International, à la demande de Second Harvest, un organisme canadien à but non lucratif, est beaucoup plus précise que ce qui était auparavant disponible et vient illustrer l’urgence de la situation.
Cette étude est d’une importance incroyable, car en utilisant une meilleure approche d’estimation du gaspillage alimentaire, on se rend compte que le phénomène est beaucoup plus inquiétant que ce que l’on croyait. Effectivement, les études précédentes estimaient au plus qu’un tiers de la nourriture au Canada était gaspillée… C’est déjà énorme, mais 58 %, ça dépasse l’entendement !
Pour ceux qui n’auraient pas eu la chance de consulter le précédent article, voici un résumé des données. Tout d’abord, il faut comprendre que le rapport classe les matières perdues ou gaspillées en deux catégories :
C’est donc au niveau du gaspillage évitable où il est le plus intéressant de travailler.
1re étape anti-gaspi : la planification
C’est dommage pour ceux et celles qui ont l’habitude de régler des problèmes grâce à l’achat d’un gadget miracle, mais il n’y a pas vraiment de solution miracle pour éviter le gaspillage de nourriture.
La vérité simple et crue, c’est qu’il faut y aller d’une meilleure gestion des aliments que l’on a à portée de main avant d’aller en acheter d’autres au supermarché. En faisant l’inventaire des aliments que vous possédez déjà (pas besoin d’agir dans l’excès et de noter tout l’inventaire non plus, allez-y avec parcimonie), vous pourriez « faire un dernier repas touski pour vider les stocks d’aliments frais avant d’aller en acheter de nouveaux » (Sauve ta bouffe, s.d.a.) !
Parlant de faire les courses, un bon truc pour ne pas acheter des aliments qui ne seront finalement pasconsommés est de se faire une liste d’épicerie et de la laisser au même endroit (comme sur la porte du réfrigérateur ou en version numérique dans votre téléphone). Rendu au supermarché, vous pourrez acheter seulement ce dont vous avez besoin. Effectivement, nous avons souvent le mauvais réflexe d’acheter beaucoup d’items en promotion une fois sur place, ce qui n’est pas la meilleure des choses selon le projet bénévole Sauve ta bouffe : « Les rabais ne sont pas économiques s’ils nous poussent à acheter des aliments qui seront gaspillés » !
Un bon truc pour ne pas acheter n’importe quoi à l’épicerie est d’y aller le ventre bien plein. Vous avez assurément, comme moi, déjà fait les emplettes en étant affamé… avec le résultat que ça donne, soit l’achat de plein de cochonneries dont on n’a pas besoin !
Pour finir, il vaut toujours mieux consommer des aliments de saison : « ce sera non seulement meilleur sur le plan gustatif, mais aussi meilleur pour votre porte-monnaie (moins cher !) ainsi que pour l’environnement » (Faustin, 2017).
2e étape anti-gaspi : l’organisation
Bon, c’est bien beau de ne pas acheter de superflu ou d’aliments en spéciaux redondants, encore faut-il utiliser ce que l’on a acheté de manière efficace.
Une bonne idée de gestion est d’agir exactement comme à l’épicerie dans son réfrigérateur et son garde manger : on met les nouveaux aliments dans le fond pour assurer une rotation de la nourriture. Ainsi, les aliments que l’on voit en premier sont les plus vieux et ceux qui devraient toujours être mangés en premier pour ne pas les perdre (Sauve ta bouffe, s.d.b.) !
L’organisme Sauve ta bouffe conseille également de ne pas cuisiner trop de portions, car les restants risquent de n’être mangés qu’en partie, puis jetés. Ils favorisent également le service de plus petites portions, quitte à aller se resservir si ce n’était pas assez pour votre appétit.
Finalement, il est recommandé d’intégrer le « minimalisme » même dans votre réfrigérateur, car on a tendance à ne plus voir les aliments lorsqu’il y en a trop (les mauvaises langues me diront que c’est parce que j’ai mis mes yeux de gars) (Sauve ta bouffe, s.d.c.).
La valeur monétaire du gaspillage alimentaire dans les foyers
Le gaspillage alimentaire au canada en bref
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3e étape anti-gaspi : la conservation
On a beau être efficace dans notre gestion du réfrigérateur, autant mettre toutes les chances de notre côté et stocker les aliments de la bonne manière pour ainsi prolonger leur durée de vie ! Voici quelques-uns des fruits et légumes les plus fréquemment utilisés ainsi que la manière optimale de les entreposer (certains vous surprendront). Si vous aimez ce genre contenu, je vous suggère fortement de visiter le site Web de Sauve ta bouffe (www.sauvetabouffe.org), c’est une mine d’or où l’on retrouve énormément d’astuces pour tous les types d’aliments. Bref, je crois que l’on peut tous être en accord pour dire qu’un système qui produit des pertes de 58 % annuellement n’a rien de durable. Dans ce cas-ci, où l’extrant est de la nourriture, la situation est inacceptable, surtout en considérant que mondialement, 821 millions de personnes sont touchées par une insécurité alimentaire chronique (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 2018). Assis sur un trône en or, nous levons le nez sur une ressource extraordinaire, alors qu’une meilleure gestion du système permettrait assurément de nourrir la planète au grand complet.
Les grands médias nous demandent constamment comment nous allons faire pour nourrir 10 milliards d’humains en 2050… Je n’ai pas les données exactes, mais si on additionne la quantité de nourriture gaspillée par l’Occident et la quantité d’aliments qu’on sauverait si on arrêtait (ou diminuait) de consommer des aliments d’origine animale, il me semble que ça serait plus que possible. Mais bien évidemment, on entre dans un tout autre débat qui, je l’espère tout de même, vous fera réfléchir quant à vos choix.
Soyons reconnaissants de manger à notre faim et cessons de gaspiller les aliments ainsi que les ressources derrière leur disponibilité (les efforts des cultivateurs, l’eau potable, l’humus, le pétrole, l’électricité, etc.).
« Manger plus intelligemment, pour que d’autres puissent tout intelligemment manger » Transformation de la célèbre citation de Gandhi « Vivre plus simplement pour que d’autres puissent tout simplement vivre »
Références
FAUSTIN, S. La cuisine zéro déchet, Paris, Rue de l’échiquier, 2017, 94 p.
GOOCH, M. ET AL. The Avoidable Crisis of Food Waste: Technical Report, Second Harvest and Value Chain Management International, [En ligne], 2019.
[https://secondharvest.ca/download/11273/]
(Page consultée le 5 mars 2019).
NIKKEL, L. ET AL. The Avoidable Crisis of Food Waste: Roadmap, Second Harvest and Value Chain Management International, [En ligne], 2019.
[https://secondharvest.ca/download/11271/]
(Page consultée le 5 mars 2019).
SAUVE TA BOUFFE. Prévoir – Penser avant de faire l’épicerie, [En ligne].
[https://www.sauvetabouffe.org/fiches-conseil/boiteoutils/prevoir/]
(Page consultée le 5 mars 2019).
SAUVE TA BOUFFE. S’organiser – Cuisiner sans gaspiller,
[En ligne]. [https://www.sauvetabouffe.org/fiches-conseil/boite-outils/sorganiser/]
(Page consultée le 5 mars 2019).
SAUVE TA BOUFFE. Conserver – Éviter les pertes dans le frigo ou le garde-manger, [En ligne].
[https://www.sauvetabouffe.org/fiches-conseil/boiteoutils/conserver/]
(Page consultée le 5 mars 2019).
SAUVE TA BOUFFE. Le petit aide-mémoire de la conservation des fruits et légumes, [En ligne].
[https://www.sauvetabouffe.org/fiches-conseil/boiteoutils/le-petit-aide-memoire-de-la-conservation-desfruits-et-legumes/]
(Page consultée le 5 mars 2019).