Publié le 16 octobre 2019
Écrit par Anny SCHNEIDER, Auteure et herboriste-thérapeute accréditée
Si vous voulez récolter des louanges, vous devez en semer les graines : mots gentils et actes utiles. — Dr Benjamin Franklin
Digestives, diurétiques, galactagogues, pectorales, toniques ou révulsives, plusieurs semences aromatisent et soignent efficacement nos maux courants.
Exotiques ou faciles à cultiver ici, voici quelques graines et semences aromatiques et thérapeutiques courantes, mais encore trop méconnues, donc sous-utilisées. La plupart d’entre elles se récoltent à la fin de l’été, là où elles poussent, évidemment !
Sinon, vous pouvez en acheter en magasin naturel ou à l’herboristerie.
Prenez-les certifiées bio, seul gage d’efficacité, de fertilité et de garantie sans OGM : avec les graines, c’est un choix plus crucial que jamais !
Quelques précieuses graines carminatives et nutritives
Aneth (Anethum graveolens)
Désormais présent même dans les aménagements paysagers, grâce à ses grandes ombelles jaune vif, l’aneth est surtout utilisé dans les conserves. Ses feuilles et fleurs se vendent en bouquets dans les fruiteries à la fin de l’été, pour assaisonner les classiques marinades et autres cornichons dans le vinaigre.
Plus concentrées en arômes, quelques graines équivalent à une tige fleurie du plant. L’aneth est digestif, diurétique, tonique et aphrodisiaque.
Angélique (Angelica atropurpurea)
Grande apiacée altière, qu’elle soit sauvage et indigène ou cultivée, et archangélique : on utilise autant ses tiges que ses fleurs, puis ses graines très aromatiques et digestives récoltées l’automne de sa deuxième année, car elle est bisannuelle. Enfin, ses racines de la première année, cueillies l’automne, sont toniques, mais aussi emménagogues.
Anis vert (Pimpinella anisum)
Petite graine si nuancée et sucrée, souvent gobée sous forme de bonbons faits par les nonnes de l’abbaye de Flavigny ou encore dans les biscuits alsaciens de Noël sertis de ces graines que j’aime tant depuis la petite enfance, sans oublier le mythique pastis ! L’anis vert est un apéritif, bien sûr, mais aussi un anti-gaz efficace, déodorant de l’haleine et même un parasiticide efficace, surtout sur le plan intestinal. Son huile essentielle éloigne les poux aussi bien que la lavande. Appliquée sur l’abdomen, elle soulage les crampes intestinales et menstruelles.
Cumin (Cuminum cyminum)
Autre belle apiacée des prés, originaire de la Méditerranée, très utilisée dans les pains germaniques (choucroute), sans compter les fromages gras, comme le mythique munster alsacien !
Il est galactagogue, car il aide à la sécrétion lactée des nourrices et diminue les risques de coliques du bébé. Riche en progestérone, la graine de cumin est aussi une digestive, anti-gaz et surtout aphrodisiaque et pro-fertilisante. À ajouter aux pains maison, aux soupes-repas et aux plats de légumineuses.
Idéalement, employer les graines broyées au mortier et les ajouter à la dernière minute !
Cardamome (Elettaria cardamomum)
Serties par dizaines dans une petite capsule, les graines de cardamome verte sont les plus aromatiques et agréables à croquer pour désinfecter la bouche ou rafraîchir l’haleine. Originaire du Moyen-Orient, on utilise la cardamome infusée dans le café ou ajoutée aux tajines et à certains desserts, compotes et entremets. La cardamome a des propriétés aphrodisiaques et euphorisantes.
Céleri (Apium graveolens)
Les tiges de céleri sont rafraîchissantes et diurétiques, mais ses graines aussi sont hautement thérapeutiques.
On l’emploie aussi comme assaisonnement, autant dans le bloody mary que dans la cuisine du terroir ou le comfort food parfois un peu lourd, ajouté en fin de cuisson, pour mieux digérer. Les graines sont employées en cure d’au moins une semaine contre la bronchite, la cystite et surtout les rhumatismes chroniques. À préparer en décoction à raison de deux grammes par tasse, à boire l’estomac vide. Manger beaucoup de tiges de céleri est très bon aussi, bien sûr !
Citrouille (Cucurbita pepo)
Pas qu’une décoration d’Halloween, la citrouille produit des graines qui ont plusieurs vertus méconnues et on devrait en consommer bien plus souvent. Ces graines sont digestives, hypoglycémiantes, diurétiques et vermifuges. Qu’on les incorpore à des recettes, qu’on les consomme comme beurre à tartiner où qu’on les grignote telles quelles une fois grillées au four, c’est une bonne idée que d’en consommer souvent, surtout pour les hommes en post-andropause, car c’est un bon remède pour la prostate.
Fenouil (Foeniculum vulgare)
Ses odorantes semences concentrent des huiles essentielles (anéthol, fenchène…) très digestives et désodorisantes, autant pour l’haleine que la sueur, sans oublier les gaz intestinaux.
Le fenouil est aussi reconnu comme un doux, mais efficace diurétique et pectoral.
Note importante : Il faut éviter de consommer les apiacées (ex-ombellifères) en cure ou en grande quantité s’il y a antécédents de cancers hormonodépendants ou allergies au soleil avec taches pigmentaires. En éviter aussi l’usage prolongé si on prend des anticoagulants ou des hypotenseurs de prescription. Nous parlons de l’angélique, de la berce laineuse, de l’anis, du cumin et du fenouil.
Néanmoins, en petite quantité, dans la cuisine ou en tisane, elles seraient plutôt bénéfiques.
Précieuses graines, plus que nourrissantes
Chanvre (Cannabis sativa)
Ce chanvre de culture n’offre que des atouts et, en tant que plante annuelle à croissance rapide, il serait une des solutions de rechange à court terme à la déforestation et même aux gaz à effets de serre. En outre, ses graines offrent un taux de protéines semblables aux céréales, de bons gras essentiels et des minéraux en quantité appréciable, surtout du magnésium et du phosphore, minéraux reconnus comme énergisants. Vérifiez bien la fraîcheur et la provenance : bio, canadien et gardé au frigo étant l’idéal. Ce chanvre-là, sans THC, est calmant et non pas hallucinogène comme l’autre.
Fenugrec (Trigonella foenum-graecum)
C’est une légumineuse ou brassicacée très riche en protéines.
On le consomme habituellement germé comme crudité dans les salades ou sandwichs. Les graines sont si dures qu’il faut absolument les faire tremper puis bouillir pendant une quinzaine de minutes avant de les consommer en décoction deux à trois fois par jour. Le fenugrec a aussi un bon effet régulateur du taux de sucre, donc indiqué dans la plupart des faiblesses reliées au pancréas. Il soulage la bronchite et tonifie les muscles respiratoires.
Ses effets sont galactagogues et aident même à augmenter le volume des seins, même sans qu’on soit enceinte, pas mal moins coûteux et risqué qu’un implant ! Par contre, consommé régulièrement, le fenugrec donne une étrange odeur à la sueur.
Lin (Linum usitatissimum)
Cette frêle plantule est néanmoins très résistante, car ses tiges donnent un des tissus les plus sains et durables. Ses fleurettes bleu ciel dansent joliment au soleil. Ses graines serties dans des globules bruns contiennent des acides gras essentiels très précieux. Ses lignanes régulent le transit intestinal, le taux de cholestérol, la glycémie et même les hormones. Elles aident aussi à la régénération des muqueuses de la bouche à l’ensemble du tube digestif. Le mieux est d’en moudre fraîchement chaque semaine et d’en incorporer de 20 à 50 grammes chaque jour aux potages, salades, céréales et muffins. Son huile fraîche et aux saveurs de dattes, combinée à la poudre d’orme, est une bonne aide contre les colites et bronchites chroniques.
Moutarde (Brassica albanigra)
Ancienne crucifère désormais classée comme brassicacée, c’est une des plantes à graines pour condiment, la plus connue et utilisée en cuisine au quotidien. En grains, en poudre ou surtout comme pâte combinée à du vinaigre, en moutarde forte dite « de Dijon » ou américaine, colorée au curcuma, elle trône sur presque toutes les tables. Son nom vient de mustum ardens, signifiant « moûtardent ». On peut l’employer sous forme de cataplasme ou en « mouche de moutarde » appliquée sur le thorax en cas de bronchite pour « faire sortir le méchant », ou encore sur un furoncle pour le faire aboutir.
En cuisine ou comme remède concentré, en poudre diluée dans l’eau, elle est cholagogue, digestive, pectorale et vermifuge, vomitive à très haute dose.
Nigelle (Nigella sativa)
Assez peu utilisée ici, la graine de nigelle, aussi appelée « cumin noir », est pourtant une semence très nutritive et parfaitement équilibrée côté nutritif, avec ses hauts taux d’acides gras, de protéines et de minéraux.
Elle peut s’utiliser comme épice, comme en Orient, où on en assaisonne tous les plats quotidiens. Elle produit une très jolie fleur stylisée, facile à cultiver ici, mais ne pouvant développer suffisamment de graines, faute de soleil.
Grâce aux flavonoïdes et phytostérols qu’elle renferme, elle a aussi des vertus anti-histaminiques, immunostimulantes et anti-inflammatoires.
Sésame (Sesamum indicum)
Rare de sa famille des pédaliacées, elle a déjà été cultivée en Syrie il y a 3 000 ans. On en extrait surtout son huile équilibrée en acides gras essentiels et en vitamines A et E, très régénératrice et même anti-UV ; de plus, elle est peu rancescible. Les graines de sésame entières sont riches en calcium : (1000 mg pour 100 g) et en fibres, mais pour les consommer telles quelles, il vaut mieux acheter le tahini, les piler ou les passer au minirobot pour éviter d’irriter les intestins ou encore les griller à sec et les mélanger au sel de mer, à la mode japonaise, pour en faire du gomasio ou sel enrichi. L’huile de sésame non grillée bio constitue une bonne base d’huile de beauté pour le corps et le visage.
Tournesol (Helianthus annuus)
C’est une des rares graines à être cultivée intensivement dans notre pays et certifiée biologique. Son huile a un goût très floral, et les champs de tournesol ensoleillent nos cœurs en fin d’été.
Dans la plupart des pays du Sud, on consomme les graines entières à peine grillées en les écossant lentement, entre deux séances de palabres.
Les gras mono-insaturés extraits des graines de tournesol possèdent une puissante action antioxydante et drainante. L’huile de tournesol est utilisée en cuisine pour l’assaisonnement des salades ou les fritures brèves à la poêle. Elle est appréciée en cosmétologie pour ses grands pouvoirs de pénétration et d’hydratation grâce à ses acides gras essentiels mono et polyinsaturés et à sa haute teneur en vitamine E.
L’huile de tournesol est non comédogène, donc parfaite pour les bases de cérats, crèmes, lotions corporelles, savons, etc.
Conclusion
Les graines constituent la mémoire millénaire de leur espèce et sont des gages de longévité pour tous ceux et toutes celles qui en consomment régulièrement. Sauf le cumin, le fenouil, la cardamome et le sésame trop sudistes, les autres, certifiées biologiques, se ressèment au printemps et donneront de grands plants fertiles, comme les parents dont ils sont issus !
Avec ces délicieuses semences si différentes, parsemées çà et là sous diverses formes et recettes dans votre assiette ou vos tasses au quotidien, vos repas n’en seront que plus assimilables et aromatiques et, finalement, plus réjouissants ! N’oubliez pas cela : on récolte ce qu’on s’aime !