Guérir des cinq blessures qui nous rendent la vie dure

Publié le 29 février 2024
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A.

Guérir des cinq blessures qui nous rendent la vie dure

Février, on le sait, est le mois de l’Amour. Les marchands et les pubs nous inondent encore une fois de cupidons et de chocolats, mais on dirait que le cœur n’y est pas et il me semble que nous n’avons jamais été aussi nombreux à être célibataires ! Il faut dire que les dernières années n’ont pas été faciles sur plusieurs plans, et cette crise a ravivé pour plusieurs de vieilles blessures telles que le rejet et l’injustice. En tant que clinicienne, je suis témoin tous les jours de l’emprise que les cinq blessures de l’âme continuent d’exercer sur mes patients et il importe d’aborder cette question, car le stress que ces blessures nous infligent affecte non seulement nos relations personnelles, mais aussi notre santé globale. Je vous propose aujourd’hui d’apprendre à les reconnaître et des moyens concrets de vous en libérer.

 

Les cinq blessures de l’âme

Le best-seller Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même, écrit par l’auteure québécoise Lise Bourbeau, a grandement popularisé cette thématique, mais on doit leur découverte à John Pierrakos, un psychiatre américain. Selon la théorie, ces blessures ont été subies en lien avec nos parents et se sont inscrites en nous durant l’enfance. Elles pourraient même avoir une composante transgénérationnelle. Pour nous protéger et survivre à ces blessures, nous avons adopté des stratégies de défense qui continuent à se mettre en place automatiquement chaque fois qu’un enjeu relationnel les réactive. Ces mécanismes de protection, aussi appelés « masques » se renforcent tant que nous n’en prenons pas conscience et finissent par se confondre avec notre personnalité.

Les blessures de l’âme sont le rejet, l’abandon, la trahison, l’injustice et l’humiliation. Toujours selon la théorie, nous possédons tous une blessure dominante et généralement une ou deux blessures complémentaires qui s’expriment à différents degrés et de différentes manières au cours de notre vie et des événements que nous rencontrons.

  1. BLESSURE DE REJET

Tout part de cette blessure qui se développe entre 0 et 1 an, lorsque l’enfant ne se sent pas accepté ou désiré. Cette blessure crée un « masque fuyant » et ses conséquences sont que la personne qui en souffre se considère la plupart du temps sans valeur et sans intérêt. Les problèmes de dépendances aux drogues, au travail, au sexe et de toute nature trouvent souvent leur origine dans cette sensation de rejet que l’on tente d’engourdir. Du point de vue morphologique, les personnes ayant souffert de rejet peuvent avoir un corps plutôt étroit, contracté et le buste replié sur lui-même. Elles s’expriment souvent à voix basse.

  1. BLESSURE D’ABANDON

Elle apparaît entre 0 et 3 ans lorsque l’enfant manque de nourriture affective, qu’il ne se sent pas soutenu ou en connexion avec ses parents. Cette blessure crée un « masque de dépendant ». Les conséquences de cette blessure font en sorte que la personne est en perpétuelle recherche d’approbation, de soutien et qu’elle éprouve une peur profonde de la solitude. Sa morphologie présente un corps long et mince, le dos courbé et les épaules sont tombantes.

  1. BLESSURE DE TRAHISON

Cette blessure apparaît entre 2 et 4 ans lorsque l’enfant s’est senti trahi ou manipulé ou encore, s’il est témoin de maltraitance que le parent du sexe opposé fait subir à celui du même sexe que lui ou elle. Cette blessure génère le « masque de contrôlant ». Les conséquences de cette blessure font en sorte que la personne développe un physique imposant et une forte personnalité. Leur principale peur est la dissociation qui leur fait perdre le contrôle.

  1. BLESSURE D’INJUSTICE

Elle apparaît entre 4 et 6 ans lorsque l’enfant souffre de l’insensibilité et de la froideur de ses parents (généralement le parent du même sexe) dont l’autoritarisme les empêche de s’affirmer et de s’exprimer. Cette blessure crée un « masque rigide », et cette rigidité peut s’exprimer dans le conformisme ou au contraire, par un côté rebelle. Les conséquences de cette blessure engendrent souvent le perfectionnisme. Certaines personnes tentent aussi de la camoufler en étant constamment dans l’action et très optimistes en surface. Ces personnalités ne demandent généralement pas d’aide, elles refusent toute forme d’autorité et se coupent de leurs émotions pour ne pas être blessées. Leur principale peur est la froideur. Leur morphologie présente généralement un corps droit, équilibré et plutôt bien proportionné.

  1. BLESSURE D’HUMILIATION

Cette blessure est la seule qui n’est pas portée par tous, selon Lise Bourbeau. Elle apparaît entre 1 et 3 ans lorsque l’enfant s’est senti rabaissé, critiqué et quand on le réprimait de toute forme de plaisir physique. Cette blessure crée un « masque masochiste ». Ces conséquences font en sorte que la personne refoule les plaisirs associés aux sens, alors qu’elle est généralement très sensuelle. Ce type de personne a un besoin viscéral de se sentir serviable et utile et n’hésite pas à s’oublier pour répondre aux besoins de ses proches. Sa plus grande peur est la liberté. La morphologie des personnes portant la blessure d’humiliation est souvent ronde, en surpoids et de petite taille.

 

Guérir les cinq blessures en huit étapes

Pour comprendre quelles blessures nous affectent, il faut d’abord décider de guérir, puis être attentifs à nos réactions. Une fois que nous avons pris conscience de nos schémas, nous pouvons mettre en place un processus pour diminuer leur impact dans nos vies et dans nos rapports avec les autres.

  1. Nourrir notre système nerveux. Les blessures génèrent souvent un stress chronique qui peut taxer grandement notre système nerveux. Nous devons nous assurer de consommer une alimentation saine, naturelle, variée et riche en protéines de bonne qualité. Nous devons nous abstenir le plus possible d’excitants ainsi que d’aliments hautement transformés. Un apport additionnel de vitamines du complexe B sous la forme bioactive, un supplément de magnésium et l’ajout d’oméga-3 peuvent s’avérer très bénéfiques. Dans certains cas, le recours aux adaptogènes tels que les extraits de glandes surrénales et aux plantes telles que l’ashwagandha, le rhodiola, la réglisse, etc. peut être indiqué, en fonction de la situation et si elles ne sont pas contre-indiquées.
  1. Travailler notre ancrage. Pour que notre égo accepte de déposer les masques, nous devons nous sentir en sécurité. Toutes les techniques favorisant l’ancrage et les respirations conscientes comme le earthing[1], le qi gong, le tai-chi, etc. contribuent à notre sentiment de sécurité et sont nécessaires au travail émotionnel.
  1. Se mettre à l’écoute. Une fois que nous nous sommes déposés, nous devons calmer le mental. Selon une étude menée sur 2 250 personnes par des psychologues de l’Université Harvard et publiée dans la revue Science, nous ne sommes conscients que 53,1 % du temps[i]. Pas étonnant dans ce contexte que nous soyons ballottés dans tous les sens et déconnectés de nos besoins!
  2. Se poser les bonnes questions. Pour reconnecter avec soi et combler nos besoins, nous devons engager un dialogue intérieur. Tous les jours et même plusieurs fois par jour, nous devons nous poser les questions suivantes :
  • Comment est-ce que je me sens en ce moment?
  • De quoi ai-je besoin maintenant?
  1. Accueillir les réponses sans jugement. Il arrive que lorsqu’on reconnecte enfin avec soi, de vieux besoins non satisfaits, des sentiments ou des sensations plus ou moins agréables se manifestent. On peut avoir recours aux fleurs de Bach telles que les remèdes Rescue, Star of Bethleem ou Clematis pour nous soutenir dans le processus.
  1. Prendre l’engagement de répondre à mes besoins et déterminer un échéancier. Cette étape peut être particulièrement difficile si depuis notre tendre enfance, nous avons été entraînés à ne pas nous accorder d’importance, à ne pas exprimer nos besoins pour ne pas déranger ou à placer ceux des autres en premier afin de nous sentir valorisés. Ce processus est pourtant crucial, car notre capacité à prendre soin de nos besoins favorise notre alignement intérieur – ou cohérence – qui résultera en une meilleure estime de soi. Le fait de nous accorder de l’importance et de combler nos propres besoins comme nous le ferions pour un ami est le meilleur moyen d’arrêter d’attendre après les autres pour le faire et d’apprendre à nous aimer nous-mêmes.
  1. Passer du contrôle à l’acceptation. Plus on se donne le droit d’être ce qu’on ne veut pas être, plus on devient ce qu’on veut être. Une phrase clé qui peut nous aider à relativiser est : est-ce si important?
  1. Se pardonner et pardonner aux autres. Cela ne veut pas dire accepter ni maintenir une personne toxique dans notre entourage. On veut simplement se libérer de l’emprise d’une situation en se disant que chacun a fait de son mieux selon son niveau de conscience. On peut se décharger de cette énergie en rédigeant une lettre qu’on fera ensuite brûler.

 

Conclusion

Même si ce processus de guérison peut nous sembler difficile, on doit l’amorcer afin de vivre enfin en cohérence avec notre être et nous épanouir pleinement. La guérison ne survient pas en ligne droite et des situations qui nous déclenchent se présenteront encore, mais on réagira moins fortement et de moins en moins longtemps. Même si la transformation générée par la guérison de nos blessures suscite parfois des réactions de la part de l’entourage, on doit se permettre de vivre ces changements qui nous propulsent en réalité vers une meilleure version de nous-mêmes.

 

 

RÉFÉRENCES : 

[1] Earthing : Pratique consistant à marcher pieds nus afin de nous décharger des électrons indésirables dus au stress et à la fatigue et à nous recharger en énergie bénéfique.

[i] https://www.science.org/doi/abs/10.1126/science.1192439