Identification et distillation de plantes aromatiques sauvages

Publié le 7 août 2021
Écrit par Stéphanie Plamondon, Ac., M. Sc. et Sarah Milon, Aromathérapeutes certifiées

Identification et distillation de plantes aromatiques sauvages
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Quoi de plus plaisant, par une belle journée d’été ensoleillée, que d’observer et d’identifier des plantes aromatiques sauvages qui abondent tout autant dans des parcs et des jardins que dans des ruelles et des champs désaffectés? Alors que de petites quantités de plantes peuvent ensuite être recueillies pour être transformées en infusions et en macérats, de plus grandes sont habituellement récoltées par les distillateurs dans le but de les transformer en huiles essentielles et en hydrolats.

 

Identification de quelques plantes aromatiques sauvages

 

  1. Achillée millefeuille (Achillea millefolium)

Aussi appelée « herbe à dindes », l’achillée millefeuille se reconnaît par la délicatesse de ses petites fleurs blanches, parfois rosées, regroupées en corymbes aplatis mesurant de 5 à 10 cm au sommet de la tige. Ses feuilles soyeuses, aromatiques et disséquées facilitent grandement l’identification de la plante, d’où son nom « millefeuille ».

 

  1. Carotte sauvage (Daucus carota)

La carotte sauvage présente une délicate inflorescence qui a l’apparence d’une dentelle en forme de parasol et dont les fleurs sont blanches. Une fleur pourpre se trouve souvent en son centre. Les feuilles froissées dégagent une odeur de carotte cultivée. À maturité, la plante prend la forme d’un petit nid d’oiseau.

 

  1. Millepertuis (Hypericum perforatum)

On reconnaît aisément le millepertuis par ses petites fleurs jaunes qui laissent une trace rougeâtre lorsqu’on les presse entre les doigts. Les feuilles, quant à elles, sont dotées de nombreux petits trous qui laissent passer la lumière lorsqu’on les regarde dans la direction du soleil, d’où le nom de l’espèce « perforatum ».

 

  1. Tanaisie vulgaire (Tanacetum vulgare)

La tanaisie est reconnaissable par son inflorescence en forme de grappes de boutons jaunes, qui ressemblent au cœur des marguerites sans les pétales. Elle mesure de 50 à 100 cm de hauteur et ses feuilles sont dentées. Les abeilles en raffolent, car elle est très odorante.

 

  1. Valériane (Valeriana officinalis)

La fleur de la valériane est blanche ou rosée et ressemble un peu à celle de la carotte. On la distingue par la présence de nœuds le long de sa tige et par l’odeur très forte qu’elle dégage, que certains qualifient « d’urine de chat ». Cette odeur caractéristique provient des racines, riches en acide isovalérique.

 

  1. Verge d’or du Canada (Solidago canadensis)

Il existe tant d’espèces de verges d’or ! Une de celles qui abondent dans les champs du Québec est la verge d’or du Canada, qui fleurit de juillet à octobre. On la retrouve le long des bords de route et des voies ferrées. Son inflorescence est composée de nombreux petits capitules jaunes distribués sur une tige dont les feuilles sont étroites et légèrement dentées.

 

La distillation

De ces belles plantes aromatiques sauvages, il est possible d’obtenir une huile essentielle et un hydrolat en recourant à la distillation, un procédé à la fois simple et complexe.

Simple, car il consiste à faire circuler de la vapeur d’eau à travers les plantes pour en extraire les précieuses molécules aromatiques ; complexe, car cela requiert de savoir contrôler de nombreux critères, notamment la durée de la distillation, la pression et la température de la vapeur, en plus de savoir utiliser l’alambic sans lequel l’extraction ne serait pas possible.

 

Étapes de la distillation

L’alambic

L’alambic est l’appareil dans lequel s’effectue la distillation. Il est composé de trois parties :

  • La bouilloire, qui fait chauffer l’eau pour la transformer en vapeur
  • La cuve, qui est remplie de végétaux à distiller
  • Le refroidisseur, qui refroidit la vapeur pour lui faire reprendre une forme liquide

 

Préparation

Les plantes sont d’abord cueillies par une journée sans pluie, puis généralement séchées pendant 24 heures. Ceci permet de concentrer les molécules aromatiques de la plante et d’éloigner les insectes qui pourraient s’y retrouver. La cueillette se fait dans le respect des cycles naturels de la plante afin d’éviter tout risque d’épuisement de la ressource.

 

Préparation de la bouilloire

Avant de remplir la cuve de plantes, la bouilloire est mise en route pour produire de la vapeur d’eau qui circulera dans la cuve lorsque celle-ci sera pleine de végétaux. La bouilloire est munie d’outils qui permettent de mesurer la pression et la température de la vapeur. Celles-ci seront contrôlées tout au long de la distillation.

 

Remplissage de la cuve

Une fois légèrement séchées, les plantes sont placées et compactées dans la cuve. Au fond de la cuve se trouve une grille qui laisse passer et qui répartit la vapeur d’eau. Cette dernière, qui arrive de la bouilloire, circule vers le haut de la cuve en traversant les végétaux et entraîne avec elle les précieuses essences aromatiques. Ce processus s’opère en continu durant plusieurs heures afin de s’assurer de recueillir le totum aromatique de la plante, c’est-à-dire la totalité des molécules aromatiques qui s’y retrouve. À chaque végétal son temps de distillation !

 

Refroidissement

La vapeur maintenant chargée de molécules aromatiques est ensuite refroidie afin de lui redonner sa forme liquide. Deux produits sont ainsi récupérés à l’aide d’un vase florentin, soit l’huile essentielle et l’hydrolat, qui est l’eau ayant servi à la distillation de la plante et qui se retrouve maintenant gorgée de molécules aromatiques thérapeutiques.

 

Décantation

La dernière étape consiste à séparer l’huile essentielle et l’hydrolat. Pour ce faire, un décanteur est utilisé. Celui-ci permet de laisser couler l’hydrolat, jusqu’à ce qu’il ne soit plus rempli que d’huile essentielle.

La quantité d’huile essentielle obtenue sera toujours bien inférieure à celle de l’hydrolat, ce qui influencera grandement leur prix. Certaines plantes, par exemple, se retrouvent dans des quantités très limitées et dans des endroits très restreints, en plus d’avoir un rendement très faible. Leur prix sera alors plus élevé qu’une autre plante qui serait très courante et dont le rendement serait plus élevé. À titre d’exemple, 100 ml d’huile essentielle de girofle requiert 1 kg de clous, alors que pour en obtenir la même quantité en huile essentielle de rose, il faut de 350 à 400 kg de pétales de rose !

 

Il est plus facile de comprendre les raisons pour lesquelles certaines huiles essentielles sont beaucoup plus dispendieuses que d’autres et pourquoi il est important d’encourager les distillateurs et fournisseurs consciencieux qui produisent des huiles de bonne qualité pour un usage sécuritaire et thérapeutique.

 

Propriétés des huiles essentielles de plantes aromatiques sauvages

 

À la suite de leur distillation, voici quelques propriétés thérapeutiques des plantes aromatiques précédemment décrites :

  1. Achillée millefeuille

La distillation des sommités fleuries de l’achillée millefeuille permet de produire une huile essentielle bleutée, riche en chamazulène, en eucalyptol et en camphre. Elle possède de grandes propriétés anti-inflammatoires et cicatrisantes, utiles pour soulager des dermatites douloureuses et qui démangent. Diluez trois gouttes dans une cuillère à thé de lotion neutre et appliquez sur la région affectée pour un soulagement rapide.

 

  1. Carotte sauvage

La distillation de la semence de carotte sauvage produit une huile essentielle qui possède de grandes propriétés digestives et régénératrices hépatiques. En cas de lourdeurs ou de difficultés à digérer, on prendra deux gouttes de l’huile essentielle à l’interne diluées dans un peu d’huile d’olive.

 

  1. Millepertuis

La distillation de la sommité fleurie du millepertuis permet de fabriquer une huile essentielle anti-inflammatoire, cicatrisante et réparatrice. On en appliquera régulièrement cinq gouttes diluées dans de l’huile d’amande douce sur une foulure ou une entorse afin d’en accélérer la guérison.

 

  1. Tanaisie vulgaire

Les sommités fleuries de la tanaisie vulgaire accordent une huile essentielle qui contient du germacrène et des composés cétoniques lui conférant des propriétés anticatarrhales, mucolytiques et expectorantes. On l’utilise en suppositoires pour désencombrer les poumons, sous la supervision d’un aromathérapeute certifié ou d’une aromathérapeute certifiée. Les femmes enceintes, allaitantes et épileptiques s’en abstiendront.

 

  1. Valériane

La racine de valériane confère une huile essentielle qui rappelle le nard et qui est utilisée pour ses puissantes propriétés calmantes et sédatives. Comme son odeur est puissante, elle est habituellement préférée à l’interne, dans des formules contenant d’autres huiles apaisantes telles que la camomille noble, la lavande vraie et le petit-grain bigaradier afin de favoriser la détente et le sommeil.

 

  1. Verge d’or

Les sommités fleuries de la verge d’or accordent une belle huile essentielle apaisante, anti-inflammatoire et hypotensive. Elle agit sur le système cardiovasculaire et est utile dans la tonification des veines et le soulagement des varices. À cet effet, on en ajoute quelques gouttes à de l’huile végétale de calophylle que l’on masse sur les varices deux fois par jour.

 

La nature regorge de sublimes plantes aromatiques sauvages qui permettent de produire des huiles essentielles thérapeutiques à utiliser dans une aromathérapie écologique, équitable et locale ! Joyeuses découvertes estivales !