Publié le 11 mars 2022
Écrit par Louis Lapointe et Yves Prescott
Éduquer les très jeunes à la saine alimentation a toujours été et reste toujours un beau défi.
Ainsi, lorsque le père Marie-Victorin a fondé le Jardin botanique de Montréal, en 1931, avec Henry Teuscher, les deux hommes se sont engagés à épauler les jeunes citadins soucieux de découvrir la nature. Beaucoup se sont inspirés de leur passion. Il importe de préciser que le Jardin botanique de Montréal appartient non seulement aux Montréalais, mais à l’ensemble des Québécois.
Un peu d’histoire
Conrad Kirouac (1885-1944) était, dès son tout jeune âge, passionné par la botanique. Ayant adhéré à la prêtrise, il est devenu le père Marie-Victorin, ce qui a amené ce grand visionnaire à enseigner au Québec et aux États-Unis, en plus de réaliser de nombreux voyages à Cuba – se forgeant ainsi une solide réputation internationale. Engagé dans le Cercle des Jeunes Naturalistes, il a entretenu, avec l’aide de ses élèves, un jardin sur le terrain de stationnement du Collège de Longueuil, initiative qu’il a poursuivie jusqu’à la fin de sa vie.
La nature près de chez vous
Le Jardin botanique de Montréal demeure toujours très actif dans les objectifs qu’il s’est fixés à ses tout débuts, et la pandémie l’a même amené à exercer une présence dans les parcs et les autres espaces publics de la grande région montréalaise. Selon Anne Bourgoin, on avait à cœur de faire connaître les plantes comestibles qui poussent en milieu urbain. Pour ce faire, les animateurs étaient formés pour répondre aux questions des tout-petits, bien que l’initiative était ouverte à tous.
Le CPE La Ruche
Situé non loin du Jardin botanique de Montréal, le CPE La Ruche perpétue une tradition d’écologie urbaine à l’intention des jeunes. Née en Haïti, mais élevée en Beauce, Nadia Guay, initiatrice du projet, a su mettre sur pied un potager pédagogique et nourricier, espace vert où l’on trouve aussi bien des légumes que des fines herbes et des tomates. Sans qu’un budget mirobolant n’ait été mis à sa disposition, la responsable a créé un jardin avec les moyens du bord, c’est-à-dire avec des pots recyclés plus ou moins dépareillés.
Des marmottes se sont néanmoins invitées à se régaler de maïs, expérience malgré tout bénéfique, puisqu’elle a permis aux jeunes de réaliser que les animaux aussi ont besoin de se nourrir.
Comme les enfants âgés de zéro à cinq ans de ce CPE aiment visiter le potager en compagnie de leurs parents les soirs et les fins de semaine, les lieux sont donc devenus partie intégrante du quartier. Par conséquent, le vandalisme y est inconnu.
Le Cercle des Jeunes Naturalistes
D’autres projets à l’intention des jeunes méritent d’être salués, dont les animations scolaires réalisées grâce à la participation du Cercle des Jeunes Naturalistes, association qu’avait d’ailleurs mis sur pied le père Marie-Victorin en 1923. Le Cercle des Jeunes Naturalistes favorise la vulgarisation scientifique en offrant une formation portant sur le cycle de la germination. Des ateliers pratiques sont faits à partir de haricots, et on les considère comme un premier pas dans le processus d’apprentissage. Des camps de jour permettent aussi de conscientiser les jeunes citadins au fait que ce qui se trouve sur les tablettes des supermarchés ne pousse pas dans ces établissements.
En Mauricie
Ailleurs au Québec, l’apprentissage prend une autre forme. On a ainsi organisé des ateliers de fabrication de pain au Moulin seigneurial de Pointe-du-Lac, situé à l’ouest de Trois-Rivières. On produit chaque année environ 500 miches dans cet ancien moulin patrimonial, construit de 1765 à 1788. On notera qu’une part importante des participants est constituée de parents accompagnés d’enfants âgés de trois à quatre ans.
Dans un quartier défavorisé de Shawinigan, les étudiants de l’école des Phénix sont initiés depuis déjà quatre ans à adopter de saines habitudes de vie. Leurs enseignantes Nancy Cadotte et Geneviève Roy ont pallié l’absence d’espaces verts dans cette ville de Mauricie en transformant la cour arrière bétonnée en lieu porteur de fruits, l’accent ayant été mis sur les produits ancestraux. Elles notent également que les restes de collations trouvent inévitablement le chemin de bacs à compostage – ces restes devant assurer le succès d’une récolte à venir.
À L’Île-Perrot
Pour sa part, Sylvie Trépanier, de la Société d’horticulture environnementale de L’Île-Perrot, tient compte, d’une autre façon, de l’apprentissage des tout-petits. Pour marquer le 350e anniversaire de la fondation de L’Île-Perrot, elle a conçu 3 jardins en tenant compte des petites mains curieuses qui pourraient être tentées de goûter à des plantes en évitant les espèces nocives ou, encore, les arbustes porteurs d’épines. Le quatrième jardin sera précisément créé pour les tout-petits, bien que la supervision d’un adulte soit requise. Si le but est de leur apprendre à apprécier les tomates, la rhubarbe ou l’aubergine, ils doivent néanmoins comprendre que leurs feuilles ne sont pas bonnes à manger.
La marmite éducative
Ceux et celles qui se sentiront interpelés par de telles initiatives peuvent envisager une solution toute simple dans un domaine qui a énormément gagné en popularité au cours des 10 dernières années. La marmite éducative est un projet mis de l’avant par Équiterre et la Table québécoise sur la saine alimentation. Le site Web conçu souhaite centraliser l’ensemble des ressources, des outils et des ateliers de qualité offerts au Québec.
Conclusion
Certaines observations font l’unanimité. Les enfants prennent plaisir à expérimenter le jardinage et à s’émerveiller de ce qu’ils font eux-mêmes pousser. Ils dégusteront avec fierté le fruit de leurs récoltes dans des collations santé, et ce, tant à la maison qu’en milieu préscolaire et primaire.
Les surplus trouvent aisément preneur, même si certains fruits et légumes ne correspondent pas aux standards de l’industrie alimentaire. Dans certains cas, des produits recueillis avant terme permettent à des recettes du terroir de faire un retour en force, tel le ketchup vert.
Selon Gaëlle Zwicky, d’Équiterre, ce type d’apprentissage servira à l’enfant toute sa vie, et la transmission du savoir n’est pas une rue à sens unique, puisque même les parents peuvent profiter de ce qu’apprennent les jeunes au sujet du développement durable.