«Je me souviens»

Publié le 27 octobre 2016
Écrit par Carmen Marois

«Je me souviens»
Atelier Deuil-Temps des fêtes

Présente sur toutes nos plaques d’immatriculation, cette devise de la province de Québec, que nous devons à Eugène Taché, nous rappelle notre devoir de mémoire.

 

Dans son discours du 24 juin 1895, l’historien Sir Thomas Chapais a mentionné : « … La province de Québec a une devise dont elle est fière et qu’elle aime à graver au fronton de ses monuments et de ses palais. Cette devise n’a que trois mots : «Je me souviens» ; mais ces trois mots, dans leur simple laconisme, valent le plus éloquent discours. Oui, nous nous souvenons. Nous nous souvenons du passé et de ses leçons, du passé et de ses malheurs, du passé et de ses gloires. » Ces paroles nous rappellent l’importance de nous souvenir du passé, car c’est à partir de lui que nous construisons l’avenir. Le temps file à toute allure et c’est maintenant qu’il nous faut songer à laisser des traces de qui nous sommes et de qui nous avons été. La richesse de nos vies est constituée d’une multitude d’évènements petits et grands, importants ou banals en apparence. Ce qui les rend uniques, c’est la manière dont nous vivons ces évènements personnels. Étions-nous triste ou joyeux à ce moment-là ? Sereins ou angoissés ? Avions-nous hâte de nous marier ? Étions-nous craintifs à l’idée de déménager à l’étranger ?

Quand nous feuilletons les albums de famille des temps passés, nous retrouvons des personnes immortalisées sur la pellicule, mais dont nous ne savons souvent rien. Ces photos anciennes sont rarement éloquentes, car les protagonistes n’expriment rien. Ils sont figés dans une pause, rigides et inexpressifs. Quand je regarde des photos de mariage de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle, j’ai du mal à savoir si mes grands-parents et arrière-grands-parents étaient heureux de se marier !

À cette époque, les pauses duraient un temps interminable et personne n’avait envie de sourire. Les gens se vêtaient souvent d’habits noirs ou sombres qui leur donnaient une mine encore plus triste. Ils demeuraient toutefois mariés pendant 50 ou 60 ans. Aujourd’hui, les couples modernes sourient sur toutes leurs photos de mariage, mais 50 % divorceront dans les deux années suivantes !

Je trouve qu’il est important de laisser des traces écrites précisant nos états d’âme du moment. C’est pourquoi j’encourage les participants à mes ateliers d’écriture à décrire les sentiments qu’ils ont vécus au moment de tel ou tel évènement de leur vie.

Prendre conscience de l’importance de laisser des traces écrites de nos souvenirs est la première étape d’un processus qu’il nous faut mettre en branle. Penser à écrire sur les évènements de notre passé suppose que nous devions faire du tri dans nos souvenirs. Les photographies s’accumulent rapidement sur les disques durs de nos ordinateurs et aussi dans des boîtes que nous empilons dans un coin de la maison ou de l’appartement. Nous avons souvent le réflexe d’en remettre le tri à plus tard, quand nous aurons un moment. Moment qui, bien sûr, ne se présente jamais à moins que nous ne le décidions.

Faire le tri de ses souvenirs implique un choix. Nos souvenirs sont si nombreux qu’il faut les classer avant de pouvoir choisir dans quel ordre nous les traiterons. Une méthode de classement classique, mais efficace, consiste à ranger ses souvenirs par années : 1930, 1940, 1950, 1960, etc. Certaines personnes ont beaucoup voyagé, souvent depuis la naissance, et trouvent très pratique de classer leurs souvenirs en fonction des États ou des pays qu’ils ont habités. Un autre type de classement efficace se fait en fonction des grands évènements de la vie d’une personne : naissance, enfance, adolescence, mariage, vie adulte, vie professionnelle, enfants, voyages, grandes fêtes de famille, passe-temps (cuisine, peinture, jardinage, chasse et pêche, sports, défis personnels, etc.)

Faites des dossiers. Classez-les. Rangez-y vos photos, vos documents, vos notes et vos textes imprimés. Vous pouvez également numériser vos photos et documents historiques et choisir de les classer dans des dossiers distincts sur votre ordinateur. Vos textes et vos notes écrites pourront s’y ajouter. N’oubliez pas de sauvegarder vos précieux documents sur un disque dur externe ou dans le nuage. Vous protègerez ainsi vos données numériques.

En ce qui concerne l’écriture proprement dite, ayez en tête des règles de base très simples : privilégiez toujours un style simple et direct. Utilisez les mots justes et des adjectifs précis. Ce que vous visez avant tout, c’est d’être compris et vous le serez si vous utilisez une écriture efficace, sans fioriture. Allez droit au but. Évitez les métaphores, le style fleuri d’une autre époque. Nous vivons dans un siècle où tout va vite et où nous croulons sous l’information. Ayez donc comme objectif de nous dire le maximum sur vous en un minimum de mots. Vos photos viendront appuyer et compléter le texte.

Rappelez-vous qu’un livre s’écrit une page à la fois. Si vous écrivez une page par jour, à la fin de l’année, vous aurez rédigé un livre de 360 pages !