La fasciathérapie et le stress

Publié le 15 janvier 2017
Écrit par Fabien Rosenberg

La fasciathérapie et le stress

Aujourd’hui, les phénomènes de stress sont de mieux en mieux connus et étudiés.

 

Après avoir fait le tri des renseignements importants à retenir, je vous rappelle qu’avant tout, ce que l’on nomme une réaction de stress n’est pas une notion négative, mais plutôt un phénomène d’adaptation du corps à un ou plusieurs événements. On peut donc dire qu’il y a vraiment un aspect positif dans la réaction de stress. C’est ce qui nous permet d’agir, de nous sentir stimulés, voire réveillés, et c’est aussi ce qui nous amène, parfois, à nous dépasser. Dans tous les cas, cependant, ces réactions nous incitent à nous adapter aux différentes situations de notre vie, que ce soit dans le rythme effréné au travail, dans les demandes et besoins de notre entourage, ou dans les relations sociales, affectives ou professionnelles. Évidemment, nous cherchons la plupart du temps à nous maintenir dans les états bénéfiques que génèrent ces réactions de stress, puisque, comme le disait le célèbre physiologiste Hans Seyle (1907-1982), père fondateur du concept de stress, « le stress, c’est le sel de la vie ».

Alors, à quel moment l’aspect négatif de la réaction de stress intervient-il ? On pourrait tout simplement dire que c’est à partir du moment où l’on commence à ressentir des effets négatifs. Même si cet aspect semble bien subjectif et très personnel, on verra que le rapport que chacun entretient relativement aux événements est justement la partie très singulière et non spécifique dans les phénomènes de stress. Cependant, il y a bien des réactions que l’on puisse percevoir concrètement, notamment, des tensions musculaires qui amènent des douleurs, des symptômes d’anxiété ou une perte de sommeil, ou encore des migraines à répétition.

Un manque de concentration, la perte d’appétit et la démotivation pourront aussi faire partie du tableau. Quand ces symptômes perdurent, des problèmes plus importants peuvent survenir. Il faut comprendre que tout cela commence quand il y a une accumulation ou quand nos capacités à gérer certains événements sont dépassées. Ce qui nous stimulait au départ vient petit à petit grignoter notre vitalité et nos capacités d’adaptation. Notre organisme n’arrive plus à revenir à son état d’origine. C’est comme un ressort que l’on étire et qui revient en permanence à son état de départ ; cela fonctionne jusqu’à ce qu’on étire trop le matériau dont il est fait et, à ce moment-là, il ne peut plus revenir à son état d’origine.

 

COMMENT CELA FONCTIONNE-T-IL ?

Concrètement, comment cela fonctionne-t-il dans le corps ? Pour que le corps s’adapte et réagisse aux différents événements de notre vie, plusieurs éléments collaborent :

 

Le système nerveux autonome

Constitué de deux systèmes complémentaires, ce système va demander au système sympathique d’envoyer une information pour que le cœur s’accélère, que la respiration devienne plus ample et augmente au maximum ses capacités d’oxygénation.

 

Le système vasculaire

De son côté, ce système, qui s’occupe de réduire ou de relâcher les parois artérielles, va aller irriguer les régions dévolues à l’action, comme les muscles et le cerveau. Il va également quitter les régions moins utiles à l’action, comme les viscères.

 

Le tonus musculaire

Il va augmenter, créant ainsi une plus grande tension : nous serons prêts à bouger, voire à fuir, à moins que nous nous figions sur place, ce qui ne fera pas relâcher la tension musculaire pour autant.

 

Le système neuroendocrinien

Ce système régit les hormones dans le corps, ces agents chimiques qui distribuent des informations aux différents sites anatomiques pour répondre aux besoins distincts du moment et faire face aux situations. Il agit plus lentement et à plus long terme. Il va stimuler la glande surrénale pour créer une décharge d’adrénaline. Les poumons, la gorge et les narines s’ouvriront davantage pour avoir plus d’air. Les pupilles se dilateront et tous les sens s’aiguiseront. Là également, le travail ne se fait pas seul ; une autre hormone arrive vite à la rescousse : le cortisol. Ce dernier va transformer les gras en sucre et envoyer cette source d’énergie dans les zones cruciales, comme les muscles. On comprend bien que lorsque le cortisol et l’adrénaline sont sollicités en permanence, les réserves d’énergie s’épuisent vite.

 

QUELS SONT LES AUTRES ÉLÉMENTS EN JEU ?

Le corps n’est pas le seul responsable de la façon dont nous vivons le stress ou comment nous appréhendons les événements. Comme je l’ai déjà mentionné, chacun va faire face à une situation en fonction de son vécu, de son histoire, de sa culture, de son environnement familial et culturel. Cela explique que chacun vivra le même événement d’une façon différente. Par exemple, on m’annonce que mon lieu de travail doit fermer pendant une journée afin de réaliser des travaux. Je me dis : « Ouf! J’ai enfin le temps de souffler un peu et faire ce que j’aime ». Apprenant cette nouvelle, mon collègue, lui, fait de l’anxiété. Il a peur de manquer de temps pour finir ce qu’il avait commencé et sa routine est perturbée.

La façon dont je me perçois est aussi un élément fondamental qui fait toute la différence dans les processus reliés au stress. La perception que j’ai de mes capacités et de mes ressources pour affronter une situation va influer directement sur ma manière de réagir et d’anticiper les incidents de ma vie. On comprend ici qu’au-delà de l’image que l’on a de soi et de ses capacités, il est important d’avoir accès à ses vraies ressources. On commence alors à envisager la fasciathérapie comme solutions possibles de prévention et de gestion du stress.

 

Les solutions qu’apporte la fasciathérapie dans les phénomènes de réaction de stress

Avant tout, comprenons en quoi consiste cette approche.

Cette thérapie manuelle et corporelle est née il y a 30 ans. Issue des recherches du professeur Danis Bois1, cette approche simple et rigoureuse s’adresse à la personne dans sa globalité. Pour cela, le praticien pose ses mains enveloppantes sur le corps de la personne, comme une oreille à l’écoute du rythme et du mouvement, qui animent les fascias et les différentes structures du corps. À travers ces rythmes, il relance un tonus spécifique qui permet au corps – et à la personne – de retrouver sa vitalité. En suivant cette mouvance particulière, en faisant des temps d’arrêt précis, il remonte et libère les tensions et les blocages de la personne.

Ce qu’il faut savoir : Le fascia est un magnifique tissu méconnu, mais bel et bien présent dans tout le corps, comme l’a dit en l’an 2000 le professeur Danis Bois:« Il est omniprésent dans le corps, il s’immisce et se faufile autour et à l’intérieur de toutes les structures anatomiques afin de réaliser l’unité fonctionnelle du corps. »

Tout choc physique, même s’il n’y a pas de fracture ou de lésion apparente (chute, accident, coup du lapin, etc.) et tout choc psychologique (dispute, harcèlement, conditions de travail néfastes, rupture, décès d’un proche, etc.) laisse des traces dans le corps et dans le fascia, qui est un tissu particulière- ment sensible. Ces traces ne sont pas toujours décelables par des examens classiques. Tous ces chocs sont absorbés par les différentes structures du corps, incluant les fascias, qui se densifient et perdent au fur et à mesure leurs qualités d’adaptation. On arrive ainsi à un terrain qui se fragilise et le corps devient de plus en plus vulnérable. La vie perd ainsi de sa saveur et un déséquilibre s’installe jour après jour. Au bout du compte, le symptôme s’exprimera soit physiquement (douleurs de dos, sciatique, sensation d’oppression, migraines, etc.), soit psychologiquement (mal-être, anxiété, dépression, etc.). Il est alors temps de faire appel à un fasciathérapeute qui saura écouter et soulager la personne en souffrance.

En ce qui concerne la prévention et la gestion du stress, la fasciathérapie a une action très intéressante. Comme nous l’avons vu, pour bien gérer une situation stressante, il est important de percevoir ses faiblesses, de connaître ses capacités et ses ressources et peut-être même ses limites, dans le but d’éviter d’accumuler des tensions et des malaises, mais aussi d’agir avant qu’il ne soit trop tard. C’est souvent le cas des gens qui poussent leurs limites au maximum sans écouter les signes avant-coureurs de l’épuisement professionnel ou de la dépression.

 

La question est donc : comment fait-on pour être davantage à l’écoute de ces signes avant-coureurs ?

Il faut savoir que les zones de son corps, figées par protection, créent également une déficience sensorielle, ce qui veut dire qu’il devient plus difficile de bien ressentir nos tensions. Quand la main du praticien, par un toucher doux et lent, permet aux différentes zones qui se sont immobilisées dans le corps de se remettre en mouvement, on devient plus à l’écoute de notre corps, mais on a également accès à la sensation de soi véhiculée par un corps plus habité. Cela nous procure un sentiment de solidité pour faire face aux différentes situations de notre vie.

Enfin, le toucher particulier de la fasciathérapie vient donner au corps un tonus spécifique. Celui-ci serait le tonus qui nous permettrait de nous adapter et de réagir aux situations imprévisibles et, surtout, de pouvoir les affronter en y trouvant des solutions adaptées. On voit que ce tonus, que le professeur Danis Bois2 appelle « psychotonus », est une force de résilience qui concerne à la fois la sphère psychique et la sphère corporelle. Quand ce tonus est stimulé et éveillé dans le corps, nos capacités à gérer notre stress deviennent optimales. Et parce que nos perceptions s’affinent, nous pouvons faire des choix et agir en tenant compte de ces perceptions. Quand je commence à sentir en temps réel mes tensions et mon état de fatigue, je choisis mes moments de repos et je dis non au surplus de travail. Cela m’évite d’accumuler des tensions qui peuvent amener, à moyen ou à long terme, des complications plus graves.

Le dernier point concerne la prise en charge des phénomènes du stress dépassé : ces moments où nous dépassons la ligne au-delà de laquelle nos facultés d’adaptation n’arrivent plus à revenir à leur état physiologique de base. Le praticien, en appliquant un toucher par mouvements lents et doux, va permettre aux différentes structures du corps de se relâcher et, par le fait même, va leur redonner du tonus. Les temps d’arrêt appliqués dans différents endroits vont venir solliciter l’homéostasie3 du corps pour que celui-ci revienne à un état d’équilibre profond.

Quoi qu’il en soit, aucun état n’est figé définitivement, car nous avons des ressources disponibles et notre corps vivant a la capacité, quand on lui donne des conditions favorables, de retrouver un état de vitalité physique et psychique optimale.

 

Références

  1. Danis Bois est professeur agrégé en sciences humaines et sociales. Docteur en sciences de l’éducation, il dirige le CERAP (Centre d’Étude et de Recherche Appliquée en Psychopédagogie perceptive) ; il est également le fondateur de la fasciathérapie et de la psychopédagogie perceptive.
  2. Pour obtenir plus de renseignements, on peut visiter le site du CERAP (rendez-vous au www.cerap.org) qui propose en ligne les travaux universitaires sur les recherches de ces différents concepts.
  3. Initialement élaborée et définie par Claude Bernard, l’homéostasie est la capacité que peut avoir un système quelconque à conserver son équilibre de fonctionnement en dépit des contraintes qui lui sont extérieures. (Définition proposée par : http://fr.wikipedia.org/wiki/Homeostasie)