La maladie qu’il disait !

Publié le 8 mars 2019
Écrit par Sylvie Rousseau, ND.A.

La maladie qu’il disait !
Expo manger santé Quebec

J’ai perdu mon beau-frère, il y a quelques mois, d’un cancer de la moelle osseuse, mieux connu sous le nom de myélome multiple. Un cancer particulièrement difficile à traiter dans son cas, en raison d’une double mutation génétique, la t(4;14), qu’il disait. Un jeune retraité de 66 ans avec la tête pleine de projets à réaliser avec sa douce. Je n’arrive pas encore à me consoler de cette perte.

 

D’une part, je dois accepter de ne plus pouvoir revoir ce beau-frère si attachant. D’autre part, j’ai été choquée de le voir traverser une chimiothérapie très agressive qui l’a anéanti en quelques mois. Mais le cancer, lui, est resté. C’est comme si on l’avait vu se noyer sans que personne ne puisse arrêter cette descente aux enfers. Jusqu’à la fin, il a espéré trouver un traitement qui pouvait fonctionner pour lui.

J’ai tenté à quelques reprises et bien timidement de lui parler de la possibilité d’être soutenu en médecine naturelle, même s’il subissait des traitements de chimiothérapie. Il était intéressé, mais pas suffisamment, j’imagine. Il a eu une confiance aveugle en son oncologue jusqu’à la fin, qui a été, tout de même, une personne-ressource inestimable par son dévouement, sa délicatesse et sa grande disponibilité. Je me suis dit qu’il ne fallait pas sous-estimer non plus le pouvoir de la pensée et que cela pouvait sûrement avoir un effet positif sur ses résultats. De plus, on ne sait jamais. Chaque cancer a sa propre signature et répond différemment à différents traitements. En vain…

 

L’exploit de Nathalie Prudhomme

Les jours précédant le décès de mon beau-frère, j’ai pu entendre en conférence une battante qui est venue parler de son combat, un sixième cancer, dans son cas. Elle avait les yeux pétillants, décidée à savourer chaque moment de sa vie et déterminée à faire tout ce qu’elle pouvait pour gagner toujours plus de temps.

Nathalie Prudhomme. C’est elle qui a remué ciel et terre au Québec pour réussir à recevoir des injections de vitamine C en soutien à sa chimiothérapie. Ce traitement naturel sert à améliorer la qualité de vie des gens atteints de cancer et à soulager les symptômes neuropathiques causés par la chimiothérapie.

Tout y a passé. Requêtes auprès des comités pharmacologiques des établissements hospitaliers, représentations politiques, présence sur les médias sociaux et vidéos pour alerter l’opinion publique. Elle a réussi à recueillir 67 000 signatures du public pour appuyer sa requête, qu’elle a remise à son député dans l’objectif de la déposer à l’Assemblée nationale.

Cette battante a réussi non seulement à recevoir gratuitement les injections dans son CLSC, mais elle a aussi aidé à ce qu’un projet de recherche sur cette pratique soit mis en branle au Québec. Chapeau ! Elle mentionne que seule la vitamine C est arrivée à faire disparaître ses nombreux symptômes après une longue utilisation d’antalgiques, dont la morphine et le naproxène, ce qui lui a permis de continuer sa chimiothérapie. Puis, son oncologue lui a confirmé dernièrement que non seulement la chimio avait stabilisé la maladie, mais les métastases n’étaient plus perceptibles à l’examen de tomoden sitométrie.

 

La recherche sur l’administration de la vitamine C en intraveineuse

Vous avez bien compris, ce traitement est inaccessible au Québec, alors qu’il est offert en Ontario et dans au moins cinq autres provinces canadiennes. Pourtant, cette pratique a démontré qu’elle a des effets positifs dans la lutte contre les cellules cancéreuses, selon certaines études préliminaires. C’est toutefois l’administration de la vitamine C en intraveineuse, permettant d’atteindre les niveaux sanguins nécessaires, qui peut attaquer les cellules cancéreuses sans perturber les cellules saines. La vitamine C injectée génère du peroxyde d’hydrogène par réaction enzymatique, qui a des propriétés oxydantes, tout comme la chimiothérapie. La littérature médicale la décrit comme une forme de chimiothérapie qui peut être utilisée conjointement avec la chimiothérapie traditionnelle en les administrant à distance de quelques jours l’une de l’autre.

En fait, les premières études sur la vitamine C et le cancer datent des années 1970. Le chirurgien écossais Ewan Cameron a collaboré de nombreuses années avec le chimiste Linus Pauling (prix Nobel de chimie en 1954) pour étudier les avantages d’utiliser la vitamine C dans le traitement du cancer à cette époque. Des essais cliniques utilisant la vitamine C ont alors démontré que les patients avaient une meilleure qualité de vie et des améliorations physiques et mentales avec très peu d’effets indésirables.

Des chercheurs de l’Université McGill et des Instituts nationaux de la santé aux États-Unis ont également découvert, en 2006, que l’administration de doses élevées de vitamine C en intraveineuse (IV) ou par voie orale pouvait aider à diminuer les symptômes et à prolonger la vie des patients atteints de cancer terminal. Le directeur de projet, le Dr L. John Hoffet, a conclu que le rôle de la vitamine C devait être étudié davantage en cancérologie, car les résultats obtenus sont importants et fournissent des arguments solides en faveur de la poursuite de la recherche sur la vitamine C et son incidence dans le traitement du cancer.

Les essais cliniques randomisés sur la vitamine C en IV font toujours défaut à l’heure actuelle, même si au moins un essai contrôlé randomisé bien conçu est en cours, tel qu’indiqué dans la publication du Cancer Chemotherapy and Pharmacology Journal, en 2013.

 

Réglementation sur la médecine naturelle au Québec

Au Québec, le président de l’Association des médecins hématologues et oncologues du Québec, Martin Champagne, mentionne que la vitamine C suscite un grand intérêt depuis des années en cancérologie, mais que le traitement n’est toujours pas homologué par Santé Canada ni par la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis.

Il confirme qu’en laboratoire, on observe une certaine activité sur les cellules cancéreuses. Mais il mentionne aussi qu’il n’y a aucune donnée scientifique approuvée pour qu’un médecin puisse défendre l’utilisation de la vitamine C, même si elle est bien tolérée. Au Québec, on considère donc comme inapproprié et non éthique d’administrer la vitamine C en dehors d’une étude clinique. De plus, le Collège des médecins du Québec demande à ses membres de pratiquer selon les normes scientifiques en vigueur.

En Ontario, le Collège affirme plutôt que les patients peuvent prendre les décisions qu’ils souhaitent concernant leur santé, ce qui comprend la médecine complémentaire. Depuis 1991, les médecins ne peuvent être punis parce qu’ils pratiquent une médecine non classique. De plus, les naturopathes font partie d’un ordre professionnel depuis 2015, alors qu’au Québec, aucune loi ne protège un acte rendu par un naturopathe et la formation n’est pas standardisée.

 

Un dernier mot

Je vous ai fait part ici de mes réflexions sur les traitements complémentaires qui sont offerts aux gens atteints de cancer. L’administration de la vitamine C en intraveineuse n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Il est triste qu’au Québec, la population n’ait pas accès aux médecines alternatives et complémentaires alors qu’actuellement, la naturopathie est reconnue dans au moins cinq provinces canadiennes et plusieurs pays dans le monde. Il serait plus que temps qu’un mouvement citoyen soit mis en branle pour enfin activer une vraie demande de la population à nos élus sur l’accès à la thérapie et au thérapeute de son choix. À cet effet, un certain nombre de regroupements citoyens inviteront, dans les prochains mois, la population à signer une pétition officielle pour demander au gouvernement du Québec d’améliorer l’accessibilité, la qualité, la pertinence et la variété des soins de santé dans les prochaines années.

Je me dis que si la médecine naturelle avait été réglementée au Québec, mon beau-frère m’aurait peut-être plus écouté et il aurait peut-être eu plus facilement accès à différents types de soutien dans sa chimiothérapie. En attendant, je me surprends à rêver qu’il est encore avec nous et qu’il nous taquine… pour faire différent.

 

RÉFÉRENCES

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1081936/sante-cancer-injections-de-vitamine-c-ontario-reclamees-quebec

https://jacquelinelagace.net/2018/09/21/une-autre- preuve-que-notre-petition-va-arriver-au-bon-moment/

https://www.mcgill.ca/newsroom/fr/channels/news/lad ministration-de-vitamine-c-par-voie-intraveineuse-pour- rait-jouer-un-role-dans-le-traitement-du-ca-19302

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK127724/

http://www.psychostrategy.net/vitamine-c-en- intraveineuse-de-tres-fortes-doses-megadoses-de-vita- mine-c-peuvent-detruire-les-cellules-cancereuses-et- reduire-les-tumeurs