La neuroplasticité, une science de l’avenir ?

Publié le 9 octobre 2016
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.

La neuroplasticité, une science de l’avenir ?

La croyance populaire que les problèmes ou maladies touchant le cerveau sont incurables et impossibles à traiter persiste encore malgré que la recherche scientifique ne cesse de démontrer le contraire. En effet, les scientifiques ont longtemps pensé que si une partie du cerveau était endommagée, cela ne pouvait se réparer.

 

OR, LE CERVEAU a une façon unique de se guérir. La propriété la plus impressionnante du cerveau est sa neuroplasticité. Cet organe a la capacité de se modifier dans sa structure et son fonctionnement en réponse à des activités ou expériences physiques ou intellectuelles. Les neuroplasticiens ont longtemps observé les activités microscopiques se déroulant dans le cerveau. Ils sont arrivés à démontrer qu’il peut se moduler au fur et à mesure qu’on le stimule. Par exemple, certaines études ont démontré que lors d’un processus d’apprentissage, de nouvelles connexions se créent entre les neurones et permettent un changement dans la structure neuronale. L’activité intellectuelle n’est donc pas seulement un produit du cerveau, mais aussi un modulateur.

Ces découvertes nous font espérer que plusieurs problèmes de santé pourront bénéficier de cette nouvelle spécialisation qu’est la neuroplasticité, dont les douleurs chroniques, les infarctus, les traumatismes crâniens, le Parkinson, la sclérose en plaques, l’autisme, le déficit d’attention, la dyslexie…

 

INTERACTION CORPS-CERVEAU

L’histoire de l’humanité nous dévoile que le cerveau a évolué plusieurs millions d’années après que le corps se soit développé. Ceux-ci ont commencé à interagir et à s’adapter l’un à l’autre par un système de rétroaction. Ils sont devenus ainsi partenaires dans la guérison du cerveau.

La plupart des interventions utilisées en neuroplasticité utilisent l’énergie telle que la lumière, le son, les vibrations, l’électricité et le mouvement pour moduler le cerveau. Ces formes d’énergie non invasives peuvent modifier les patterns des signaux électriques du cerveau et sa structure. Cette approche s’est inspirée des médecines traditionnelles chinoises où on retrouve la méditation bouddhiste, la visualisation, l’art martial, le taichi, le yoga et la médecine énergétique.

 

ON A RÉPERTORIÉ TROIS PROCESSUS EN COURS DANS TOUT PROBLÈME CÉRÉBRAL

  1. L’effet pervers de l’immobilisation d’un membre

Quand quelqu’un subit un AVC, le cerveau tombe en état de choc pendant six semaines, où il fonctionne au ralenti. Quand la personne tente de se servir d’un bras paralysé après un tel événement et qu’elle en est incapable, elle apprend que son membre ne fonctionne plus et commence alors à utiliser les autres membres non touchés. Edward Taub, un chercheur dans le domaine de la neuroplasticité, a prouvé que si on met le bras fonctionnel dans une écharpe empêchant la personne de l’utiliser, celle-ci tentera alors, même si c’est très douloureux et difficile, de restaurer la fonction du bras paralysé.

On a démontré que ce processus fonctionne même des décennies plus tard après un traumatisme (V.W. Mark, et collab., 2013). Il a découvert que cette approche fonctionnait pour toutes sortes de traumatismes, dont la paralysie cérébrale, les dommages à la moelle épinière, la sclérose en plaques et l’aphasie, par exemple.

 

  1. Le cerveau bruyant et la dysrythmie

Lors d’un traumatisme cérébral, causé soit par un infarctus, une infection ou une maladie dégénérative notamment, certains neurones meurent et cessent d’émettre des signaux électriques. D’autres sont endommagés mais ne deviennent pas silencieux et peuvent continuer à émettre des signaux électriques, quoique chaotiques.

Pour bien comprendre, on pourrait comparer le cerveau au cœur. Quand le système électrique du cœur est endommagé, il perd son habileté à régulariser ses impulsions et commence à émettre des signaux incohérents. Il peut aller trop lentement ou trop rapidement, ou battre irrégulièrement. C’est ce qu’on appelle l’« arythmie » ou la « dysrythmie ». Dans le cerveau, le même phénomène se produit. Ces signaux irréguliers ont un effet sur toutes les connexions neuronales et amènent un dysfonctionnement généralisé.

Dans plusieurs problématiques de santé, on sait que les neurones émettent à des taux anormaux et incorrectement. Cela se produit entre autres dans l’épilepsie, l’alzheimer, le Parkinson, les troubles du sommeil, les troubles d’apprentissage, les troubles sensoriels ou les traumatismes crâniens.

Le cerveau devient alors bruyant, parce que trop de signaux sont désynchronisés et les neurones ne peuvent émettre de signaux clairs et précis. La neuroplasticité avec son approche énergétique peut aider à réentraîner les neurones encore en vie à émettre des signaux synchronisés.

 

  1. La formation rapide et continuelle des interconnexions neuronales

Le troisième facteur qui permet la guérison neuroplastique vient du fait que les neurones sont uniques, car elles fonctionnent en groupe élargi communiquant électriquement entre elles dans le cerveau dans un système d’interconnexion. Ces interconnexions se reforment continuellement en de nouveaux assemblages et ce fait est particulièrement vérifiable lors de fonctions conscientes. On a émis l’hypothèse que si un assemblage est endommagé, il peut être possible de le réorganiser.

 

LES STADES DE GUÉRISON DU CERVEAU EN NEUROPLASTICITÉ

 

  1. La correction de la fonction générale des neurones

Les cellules peuvent être endommagées parce qu’une source extérieure les a empoisonnées, dont une infection, une intoxication aux métaux lourds, des pesticides, de la médication, de la radiation, des toxines environnementales, des sensibilités alimentaires ou des déficiences nutritionnelles. Il est important d’enrayer ces facteurs et de détoxifier les neurones avant de tenter de les reprogrammer. La naturopathie peut être d’un grand secours pour y arriver.

 

  1. La neurostimulation

Toute neurostimulation basée sur l’utilisation de l’énergie comme cela est mentionné plus haut peut aider à ranimer les cellules dormantes dans le cerveau en souffrance, améliorer la capacité du cerveau bruyant à se régulariser et à se moduler afin d’atteindre l’homéostasie et d’aider le cerveau à construire de nouveaux circuits et à se créer de nouveaux chemins en évitant ceux endommagés.

 

  1. La neuromodulation

Il est important de créer un équilibre entre l’excitation et l’inhibition dans les circuits neuronaux pour arriver à diminuer le bruit interne dans le cerveau. D’ailleurs, on remarque que les gens affectés sont très sensibles aux stimuli extérieurs et insensibles à d’autres. Cette technique aide à améliorer le degré de réactivité de ces neurones dans l’objectif de régulariser le système nerveux autonome.

En effet, beaucoup de gens affectés sont pris dans un état de sympathicotonie amenant anxiété, désespoir et perte d’énergie. On doit arriver à stimuler le système nerveux parasympathique qui permet de ramener un état de calme et stimuler la croissance, une meilleure énergie et un meilleur sommeil, toutes des fonctions nécessaires à la guérison. Beaucoup de techniques comme la visualisation, le yoga, la respiration et la méditation favorisent la stimulation du parasympathique.

 

  1. La neurorelaxation

Quand le système nerveux parasympathique est en fonction, les gens peuvent se reposer et récupérer. Cette étape est importante, car la perte de sommeil amène une toxicité du cerveau.

 

  1. La neurodifférenciation et l’apprentissage

Dans ce dernier stade, le cerveau est reposé et le bruit interne est plus normal. La personne est alors capable de porter attention, d’apprendre et de déceler de fines distinctions. Les exercices pour moduler le cerveau sont basés sur la thérapie d’écoute, où la personne doit voir les distinctions subtiles dans les sons par exemple.

 

QUELQUES EXEMPLES DE NEUROSTIMULATION

La musique favorise les connexions de différentes zones cérébrales et agit comme un neurostimulateur. Elle développe le cortex, les facultés d’apprentissage et de concentration. Des études démontrent ses bienfaits dans la plasticité cérébrale, la mémoire et l’intelligence émotionnelle, et elle peut aider dans les troubles de motricité et du langage. Elle diminue aussi le cortisol, l’hormone de stress qui stimule le système sympathique. C’est un véritable outil thérapeutique.

Le neurofeedback, quant à lui, est une technique de biofeedback qui observe non pas les ondes cardiaques, mais plutôt les ondes cérébrales pour rééduquer le cerveau. La méditation assidue développe de son côté une meilleure organisation et harmonisation des ondes cérébrales.

La science a longtemps pensé que le cerveau était un organe beaucoup plus complexe que le corps humain et qu’il contrôlait ce dernier. Au XXIe siècle, la science commence à peine à utiliser le corps pour traiter des dommages au cerveau. Que de belles découvertes en perspective !