La nutrigenomique, l’avenir pour la sante humaine

Publié le 9 novembre 2018
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.

La nutrigenomique, l’avenir pour la sante humaine
Expo manger santé Quebec

Les maladies de l’ère moderne sont en constante évolution dans les pays industrialisés. La maladie d’Alzheimer, le syndrome de fatigue chronique, le déficit de l’attention et l’autisme augmentent tous à un rythme alarmant.

 

Par exemple, en 2002, le Center for Disease Control, aux États-Unis, estimait que l’autisme atteignait un enfant sur 150. En 2013, on en dénombre un sur 50. C’est une augmentation d’environ 300 % en 11 ans seulement. Jusqu’à présent, la médecine conventionnelle s’est concentrée sur la suppression des symptômes avec les molécules de synthèse, dont l’action est de bloquer certains mécanismes dans le corps. Mais avec le projet du génome humain achevé en 2005, on a découvert comment les gènes fonctionnent, les facteurs qui l’influencent et comment les changer par des mécanismes non reliés à notre ADN. Rappelons que ce projet devait identifier les 25 000 gènes dans l’ADN humain. Cette entreprise, qui est le résultat d’une coopération scientifique internationale, a introduit un tout nouveau chapitre de notre compréhension de la santé et a révolutionné notre façon d’aborder la maladie.

On a découvert que les gènes sont identiques d’un humain à l’autre, à quelques différences près. Mais on a compris que ces petites différences avaient une influence majeure sur notre santé. En effet, un seul nucléotide disposé dans une position précise sur un gène peut influencer grandement une susceptibilité à développer une maladie. Or, il y a plus de trois millions de variations de ces nucléotides chez les humains. On appelle ces déformations des polymorphismes nucléotidiques (SNP). Cela indique que même si nous n’avons que 25 000 gènes, il y a une infinie possibilité de variations dans leur construction. Ces variations sont très fréquentes et les SNP représentent 90 % de l’ensemble des variations génétiques humaines. Comment ces trois millions de variations peuvent-ils influer sur notre santé ? C’est la façon dont ils influencent les fonctions cellulaires qui est cruciale.

 

La nutrition génétique

On aurait deux types de gènes dans notre système, les gènes de type constitutionnels, sur lesquels nous avons peu d’influence, mais aussi les gènes influençables, sur lesquels nous avons un certain contrôle et grâce auxquels nous pouvons mettre en place un programme de nutrition génétique pour se protéger des problèmes de santé à long terme. C’est ce que nous appelons la nutrigénomique. Celle-ci ne vise pas à changer les gènes eux-mêmes, mais plutôt à apporter les nutriments nécessaires à une fonction optimale pour aller chercher le meilleur de nos gènes.

Cette découverte vient complètement bouleverser la pensée générale qui véhicule l’idée que la maladie n’est que le résultat de nos gènes, dont nous avons hérité à la naissance. Mais avec le décodage du génome humain, on réalise que cela n’est en réalité qu’une partie de la vérité. Il semble que ce que nous avons mangé et bu, le stress que nous avons supporté, l’environnement dans lequel nous baignons ou l’air que nous avons respiré déterminent l’expression de nos gènes.

 

L’exemple de l’acide folique

Prenons l’exemple du polymorphisme du méthylènetétrahydrofolate réductase (MTHFR).

Cette variation génétique touche environ 30 % de la population. Celle-ci ne peut être sous-estimée, car elle perturbe de façon importante le métabolisme de l’acide folique dans l’organisme.

Ce nutriment est d’une importance capitale dans plusieurs fonctions, dont celles touchant le cœur, le cerveau, les cellules sanguines, le système immunitaire et le développement du fœtus. Une déficience en acide folique peut de plus enclencher une augmentation du taux sanguin d’homocystéine, qui est un facteur de risque significatif pour les maladies cardiovasculaires. Cette déficience peut augmenter le stress oxydatif interne, altérer le métabolisme des graisses et promouvoir la formation de caillots sanguins.

La vitamine B6, la vitamine B12 et l’acide folique sont les cofacteurs nécessaires pour diminuer l’homocystéine dans le sang. Or, les personnes affectées par le MTHFR ont un besoin accru d’acide folique et certaines n’arrivent même pas à métaboliser la forme non méthylée de ce nutriment que l’on retrouve dans les aliments. L’acide folique méthylée sous forme de supplément, soit le 5-méthyltétrahydrofolate (5-MTHF), peut faire une grande différence dans son utilisation par l’organisme. D’ailleurs, le 5-MTHF a attiré l’attention de plusieurs chercheurs dans le traitement de la dépression, car l’acide folique joue un rôle important dans le métabolisme des neuro-transmetteurs dans le cerveau. La découverte de ce SNP dépendant d’un nutriment a permis au domaine de la nutrigénomique de prendre son essor, car cette approche unique préconise la prescription de nutriments en quantité suffisante et sous la bonne forme pour permettre au fonctionnement cellulaire de reprendre ses fonctions.

 

La nutrigénomique selon Dre Yasko

Dre Amy Yasko, une experte en immunologie en biologie moléculaire et en biotechnologie, a consacré sa vie dans la recherche du diagnostic et de la thérapeutique de l’ADN/ARN. Après plus de 30 années dans la recherche biomédicale, elle s’est orientée vers une approche plus sécuritaire pour la santé humaine, soit en médecine intégrative. Son approche préconise l’évaluation par des tests génétiques de ce qu’elle considère comme la voie biochimique centrale, le cycle de la méthylation. L’objectif de l’identification des SNP dans cette voie métabolique nous permet d’intervenir en nutrigénomique avec une supplémentation appropriée.

Pour mieux comprendre, elle illustre sa méthode par l’exemple d’un individu conduisant une voiture sur une route. Si celui-ci se sert d’une carte géographique pour se guider, il pourra voir où sont les endroits où il peut passer facilement et où il doit contourner une route impraticable. Le cycle de la méthylation est central, selon Dre Yasko, et s’il y a dysfonctionnement, il est corrélé à une pléiade de troubles chroniques. Elle considère que contrôler cette voie métabolique est LA clé pour maintenir la santé.

En effet, une mutation dans le cycle de la méthylation a la capacité de perturber plusieurs fonctions dans le corps. Chaque gène dans chaque cellule est régulé par ce cycle, dont le métabolisme de l’acide folique (MTHFR). La méthylation de l’ADN joue un rôle prépondérant dans l’expression des gènes. Elle détermine l’activation ou non de certains gènes et est concernée dans plusieurs pathologies.

Les mutations de ce cycle peuvent amener des maladies chroniques infectieuses, bloquer la détoxication, l’inflammation, la production de l’énergie et le fonctionnement des neurotransmetteurs. La méthylation favorise la myélinisation et protège du cancer. Plus important, le cycle de la méthylation est le système que le corps utilise pour éditer et corriger les problèmes avec les autres gènes. Ce cycle est le système de sauvegarde pour compenser les mutations dans l’ADN de façon générale.

Dre Yasko a mis au point un test génétique pouvant évaluer le cycle de la méthylation qui nous aide à déterminer notre profil génétique. Il est important de comprendre que notre génétique ne changera jamais indépendamment de ce que nous faisons dans notre vie, mais les nutriments pourront aider à contourner les déséquilibres biochimiques. Il est toutefois primordial de combiner l’approche nutrigénomique en intervenant également sur notre environnement externe, soit par le contrôle sur notre exposition aux toxines environnementales, dont les métaux lourds, suivi d’une détoxication de celles-ci. En effet, les toxines environnementales et surtout les métaux lourds peuvent perturber le fonctionnement normal du cycle de la méthylation.

 

Le rôle de la nutrigénomique dans les maladies, dont l’autisme

Dre Yasko a développé son approche nutrigénomique pour aider les gens aux prises avec des maladies chroniques, dont l’autisme. La recherche indique que ce trouble de santé est en lien avec plusieurs déséquilibres biochimiques et perturbe surtout le fonctionnement des neurotransmetteurs, qui a une influence sur les comportements, l’humeur, l’attention et la parole. L’autisme est un vrai casse-tête où plusieurs pièces du puzzle doivent bouger pour en arriver à voir une amélioration. Le test génétique évaluant le cycle de la méthylation peut aider à voir quelle voie métabolique est concernée. En plus de suppléer aux défauts génétiques avec les suppléments, il faut identifier et éliminer les excitotoxines qui perturbent les neurotransmetteurs, dont les métaux lourds, et traiter les infections chroniques. Réduire l’inflammation neurologique, enrayer les toxines, aider à la détoxication sont quelques-uns des objectifs de l’approche de Dre Amy Yasko.

Gardez en mémoire que chacun a une individualité biochimique unique qui contrôle son métabolisme, ses besoins nutritionnels et ses sensibilités environnementales. La médecine de l’avenir doit s’adapter à ce nouveau chapitre de la santé en s’orientant vers la personne et non la maladie, et en allant vers ce qu’on appelle la nutrigénomique en priorisant la supplémentation, les facteurs environnementaux et le mode de vie pour arriver à influencer positivement l’expression des gènes.

 

RÉFÉRENCES

1.Bland, Jeffrey S. Dr. The disease delusion, Harper Wave, New York, 2014.

2.Yasko, Amy Dr. Feel good nutrigenomics, your roadmap to health, Lightning Source UK Ltd, 2014.

3.Lipton, Bruce H. Ph.D. The biology of belief, Mountain of love/Elite books, 2005.

4.https://www.mygenefood.com/seven-genes-linked- high-homocysteine-levels/

5.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5482897/

6.https://www.dramyyasko.com/wp-content/files_flutter/1327512160_9_1_1_8_pdf_02_file.pdf