Publié le 8 juin 2022
Écrit par Chantal Ann Dumas, ND.A.
Nous sommes constamment en train de perdre et de faire pousser nos cheveux. En temps normal, nous perdons entre 50 et 150 cheveux par jour, mais il arrive malheureusement que la perte soit beaucoup plus importante. En plus de nos prédispositions génétiques, les dérèglements hormonaux jouent un rôle très important dans le processus de croissance et de perte des cheveux, aussi appelé « alopécie ».
Certaines maladies, un choc émotionnel, des carences minérales ou vitaminiques, une anesthésie générale, une fièvre élevée et prolongée sont autant de facteurs pouvant aussi être en cause. Dans cet article, nous tenterons de mieux comprendre l’alopécie féminine et passerons en revue quelques conseils naturopathiques pour avoir des cheveux en santé.
Alopécie féminine
On aura beau dire que l’alopécie féminine est souvent passagère et principalement due à des bouleversements hormonaux tels que la grossesse, l’accouchement ou la ménopause, il n’en demeure pas moins que la vue de poignées de cheveux qui se détachent à chaque brossage est particulièrement éprouvante pour la plupart des femmes confrontées à ce problème ! Notre chevelure fait partie intégrante de notre image et est souvent associée à notre féminité.
Et puis nous n’avons pas toutes la chance d’avoir l’air d’une Jada Pinkett Smith avec sa belle tête rasée ! Et pourtant, la moitié des femmes remarqueront une chute de cheveux plus importante à un moment donné et environ un tiers d’entre nous souffriront d’alopécie féminine[i]. La prévalence de l’alopécie augmente avec l’âge, et sa physiopathologie n’est pas encore complètement comprise, mais semble être multifactorielle[ii].
Trois principaux types de perte de cheveux
Mais encore…
Les phanères, dont les cheveux, sont le reflet de notre état de santé général, alors l’alimentation et l’hygiène de vie influencent énormément leur vitalité. L’adoption de régimes draconiens ou très carencés favorise l’alopécie. Il en va de même pour les troubles d’absorption et l’excès de stress. Des médicaments ou substances qui modifient l’équilibre hormonal ou interfèrent avec l’absorption des nutriments peuvent aussi être en cause.
On doit aussi tenir compte des mauvais traitements qu’on fait subir à nos cheveux comme le recours à des shampooings non adaptés à notre type de cheveux ou comportant certains allergènes, les techniques telles que le lissage et le défrisage, le fait de procéder trop régulièrement à des colorations et décolorations, etc. Voilà autant de facteurs qui fragilisent les cheveux et favorisent leur chute.
Du côté médical
Des antécédents approfondis de la patiente, un examen clinique et une évaluation sont essentiels pour confirmer le diagnostic. Les patientes présentant des signes cliniques d’excès d’androgènes nécessitent une évaluation des paramètres biochimiques et des études d’imagerie. Il est prudent de dépister les patientes pour le syndrome métabolique et les facteurs de risque cardiovasculaires.
En ce qui a trait au traitement médical, le minoxidil continue d’être le traitement de première ligne, tandis que les anti-androgènes forment la deuxième ligne de traitement. On doit savoir que ces médicaments doivent être initiés tôt, car ils visent l’arrêt de la progression de la perte de cheveux plutôt que de stimuler la repousse en plus de comporter de nombreux effets secondaires potentiels, ils nécessitent un traitement à long terme pour obtenir un effet durable.
Et du côté de la naturopathie
L’objectif de la démarche naturopathique étant toujours de considérer la cause de la cause, on pourrait par exemple se pencher sur le déséquilibre hormonal, complémenter le traitement de diabète ou du syndrome métabolique, soutenir le rétablissement post-COVID ou pallier certaines carences nutritionnelles, le cas échéant.
Voici quelques pistes de solution :Précieuses protéines
Le collagène est la principale protéine dans les cheveux qui leur donne du volume et de la force. Une carence en protéines ou une mauvaise digestion de ces dernières peut par conséquent constituer un facteur majeur de la perte de cheveux ou de leur mauvais état. Je constate que la majorité des femmes qui me consultent ne satisfont pas à l’apport quotidien recommandé en protéines d’environ un gramme par kilo de poids corporel.
Il faut donc s’assurer de consommer suffisamment de protéines, mais aussi de les absorber, ce qui nécessite une production suffisante d’acide chlorhydrique. Plusieurs facteurs affectent sa production, dont le stress, alors que le recours à des médicaments antiacides (Gaviscon, Rolaids, etc.) ou de type inhibiteur de pompe à protons (Pantoloc, Inexium, etc.) bloque carrément son efficacité.
La bonne gestion du stress, l’arrêt ou le remplacement de ces médicaments et le recours aux enzymes digestives et différents suppléments soutenant la digestion en conjonction avec des aliments protéinés peuvent considérablement aider. Vous pouvez améliorer la production de collagène grâce aux bouillons d’os biologiques et des composés soufrés présents dans les oignons, les légumes crucifères et les champignons.
D’autres nutriments puissants qui améliorent la santé des cheveux sont les herbes anti-inflammatoires telles que le curcuma, l’origan et le gingembre. Les fruits riches en nutriments et à faible teneur en sucre tels que le citron, le citron vert, les baies et les pommes Granny Smith contiennent des antioxydants clés qui sont également bénéfiques pour la santé des cheveux.
En plus de son rôle essentiel dans la formation d’hormones et d’enzymes, le zinc contribue à préserver la santé des cheveux[iii]. Malheureusement, la carence en cet important oligo-élément est courante dans notre société. Plusieurs facteurs affectent l’absorption du zinc, mais l’une des causes les plus fréquentes de carence est la consommation accrue de phytates alimentaires présents dans de nombreuses céréales, légumineuses et noix.
Les acides phytiques alimentaires se lient au zinc et réduisent sa disponibilité et son efficacité dans le corps[iv]. La carence en zinc provoque de nombreuses conséquences, dont l’augmentation d’un messager chimique appelé « facteur de nécrose tumorale alpha » (TNF-a) qui peut causer un dérèglement du système immunitaire qui peut se mettre à attaquer les tissus sains tels que les cheveux[v].
La biotine (vitamine B8) est souvent connue en raison de son importance dans la production et le maintien d’une saine chevelure. Une consommation excessive d’alcool, d’aliments raffinés et de blancs d’œuf crus, ainsi que l’utilisation récurrente d’antibiotiques peuvent occasionner une carence en biotine ainsi qu’en d’autres vitamines B essentielles[vi]. Consommer de grandes quantités de blancs d’œuf sans une cuisson adéquate et sans le jaune peut s’avérer problématique, car ils contiennent l’avidine, une protéine qui inhibe l’absorption de la biotine[vii].
N.B. : Il est toujours préférable de consommer les suppléments de vitamines B en complexes plutôt que de manière isolée et idéalement, sous leur forme bioactive.
Douze conseils pour avoir des cheveux en santé
Conclusion
Bien que la chute des cheveux ou leur mauvaise santé soient habituellement temporaires, il s’agit d’une source de préoccupation pour beaucoup de femmes. Rien ne sert de se ruer vers les « produits miracles », car l’aspect et la santé de notre crinière reflètent ceux de notre organisme en entier. Il faut donc plutôt voir dans cette situation un signal d’alarme et examiner ce qui cloche, puis y remédier. C’est une approche qui demande certes plus de travail, mais c’est aussi la seule qui donne de vrais résultats durables.
RÉFÉRENCES :
[i] https://my.clevelandclinic.org/health/diseases/16921-hair-loss-in-women
[ii] Singal A, Sonthalia S, Verma P. Female pattern hair loss. Indian J Dermatol Venereol Leprol. 2013 Sep-Oct;79(5):626-40. doi: 10.4103/0378-6323.116732. PMID: 23974580.
[iii] Oregon State University. Linus Pauling Institute. Micronutrient Information Center. Zinc. https://lpi.oregonstate.edu/mic/minerals/zinc#reference7
[iv] Couzy, F., Mansourian, R., Labate, A., Guinchard, S., Montagne, D., & Dirren, H. (1998). Effect of dietary phytic acid on zinc absorption in the healthy elderly, as assessed by serum concentration curve tests. British Journal of Nutrition, 80(2), 177-182. doi:10.1017/S0007114598001081
[v] Wessels I, Haase H, Engelhardt G, Rink L, Uciechowski P. Zinc deficiency induces production of the proinflammatory cytokines IL-1β and TNFα in promyeloid cells via epigenetic and redox-dependent mechanisms. J Nutr Biochem. 2013 Jan;24(1):289-97. doi: 10.1016/j.jnutbio.2012.06.007. Epub 2012 Aug 16. PMID: 22902331.
[vi] Institute of Medicine (US) Standing Committee on the Scientific Evaluation of Dietary Reference Intakes and its Panel on Folate, Other B Vitamins, and Choline. Dietary Reference Intakes for Thiamin, Riboflavin, Niacin, Vitamin B6, Folate, Vitamin B12, Pantothenic Acid, Biotin, and Choline. Washington (DC): National Academies Press (US); 1998. Available from: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK114310/ doi: 10.17226/6015
[vii] Gitlin, G., Bayer, E. A., & Wilchek, M. (1990). Studies on the biotin-binding sites of avidin and streptavidin. Tyrosine residues are involved in the binding site. The Biochemical journal, 269(2), 527–530. https://doi.org/10.1042/bj2690527
[viii] Malavolta M, Piacenza F, Basso A, Giacconi R, Costarelli L, Mocchegiani E. Serum copper to zinc ratio: Relationship with aging and health status. Mech Ageing Dev. 2015 Nov;151:93-100. doi: 10.1016/j.mad.2015.01.004. Epub 2015 Feb 7. PMID: 25660061