Publié le 20 février 2017
Écrit par Nicolas Blanchette, B. Sc. kinésiologie, D.O.
Février est le mois par excellence pour donner un peu d’attention à l’un de nos organes vitaux : je parle bien sûr de notre cœur. J’ai donc choisi de rendre hommage à ce petit travailleur infatigable par une brève revue de quelques récentes découvertes scientifiques à son sujet. Bonne lecture !
ÉVITEZ L’EXERCICE PHYSIQUE INTENSE LORSQUE VOUS ÊTES ÉMOTIONNELLEMENT PERTURBÉ
Voici les conclusions d’une récente étude portant sur plus de 12 500 personnes provenant de 52 pays différents. Le point commun entre tous ces participants répartis dans le monde était qu’ils avaient tous déjà vécu un infarctus du myocarde (crise cardiaque). Selon cette vaste étude, il semblerait que la combinaison d’exercice physique intense et d’activité émotionnelle élevée ne fasse pas bon ménage.
En effet, selon cette recherche, faire monter sa fréquence cardiaque grâce à l’exercice alors qu’on se trouve dans un état colérique ou anxieux triplerait les chances de subir un infarctus dans l’heure suivant l’activité physique.
Bien sûr, il est démontré scientifiquement depuis déjà plusieurs années que faire de l’exercice apporte de nombreux bienfaits pour la santé, dont une réduction du risque de développer une maladie cardiovasculaire. Cependant, le docteur Smyth, qui a présidé l’étude, y va de ce commentaire : « À la lumière de nos résultats, il est probablement plus prudent pour un individu qui souhaite faire de l’exercice dans le but d’évacuer ses frustrations qu’il évite les efforts physiques intenses pour lesquels il n’est pas habitué. […]
L’exercice physique, tout comme le fait d’expérimenter certaines émotions puissantes, peut élever la pression sanguine et augmenter la fréquence cardiaque. Si un individu présente déjà des vaisseaux sanguins dont le diamètre est réduit par le dépôt de plaques d’athérome, la superposition des deux éléments pourrait mener à une situation très risquée. »
Bref, s’entraîner dans les limites de sa condition physique demeure l’option la plus efficace et la plus sécuritaire pour prévenir les maladies cardiovasculaires. Toutefois, lorsqu’on a des antécédents de troubles cardiaques, il vaut mieux éviter les exercices intenses en période de perturbation émotionnelle.
DES CELLULES SOUCHES POUR RÉPARER UN CŒUR BLESSÉ
Dans une expérience à l’aspect tout à fait futuriste, des scientifiques japonais ont réussi à transplanter des cellules souches issues des muscles cardiaques d’un macaque en bonne santé dans le cœur de cinq autres singes dont le cœur était endommagé. Or, ces cellules souches se seraient correctement intégrées aux autres cellules du cœur et auraient permis aux cinq primates malades d’améliorer leur fonction cardiaque.
Afin d’atteindre leur but, les scientifiques de l’Université Shinshu se sont assurés qu’une protéine spécifique se retrouve à la fois dans le cœur du donneur et dans celui du receveur, évitant ainsi le rejet des nouvelles cellules. Ils ont observé que, lors des premières semaines après l’intervention, les cœurs des singes ayant reçu les cellules étrangères étaient plus à risque de manquer un battement. Cette arythmie cessait après environ quatre semaines. La capacité contractile du cœur était ensuite meilleure après l’intervention chez les primates aux cœurs endommagés. Leur cœur s’était littéralement régénéré !
Il est encore loin d’être certain que la même procédure fonctionnerait chez un être humain. Dans tous les cas, l’utilisation des cellules souches est un domaine certainement très prometteur pour le futur de la santé cardiovasculaire.
CALCIUM ET SANTÉ CARDIOVASCULAIRE : LA SOURCE EST IMPORTANTE
Selon une étude de l’Université de la Caroline du Nord parue en octobre dernier, il semblerait que les gens qui consomment régulièrement des suppléments alimentaires à forte concentration de calcium soient plus à risque de développer des dépôts de plaque d’athérome dans leurs artères. Oui, vous avez bien lu. Il s’agit d’un facteur de risque pour le développement de maladies cardiovasculaires. Par contre, les gens qui auraient un niveau de consommation élevé de calcium par les aliments qu’ils mangent présenteraient des risques plus faibles de développer des maladies cardiovasculaires.
L’étude d’une durée de 10 ans et portant sur 2700 personnes âgées de 45 à 84 ans va dans le même sens que les résultats d’une précédente recherche suédoise réalisée en 2012. « Quand il s’agit d’utiliser un supplément de calcium pour soutenir la santé des os, plusieurs Nord-Américains pensent que plus on en prend, meilleurs seront les résultats », explique le docteur Michos, coauteur de l’étude. « Mais notre étude semble plutôt démontrer qu’un excès de calcium sous forme de supplément peut être plus néfaste sur la santé cardiovasculaire que bénéfique […] Il est possible que la dose élevée de calcium contenue dans les suppléments puisse élever temporairement les niveaux de calcium dans le sang, ce qui contribuerait à un processus de calcification dans les vaisseaux sanguins (…). »
L’auteur de l’étude, John Anderson, y va de cette hypothèse : « Il y a manifestement une réaction différente dans la façon dont le corps l’utilise et répond à la consommation de calcium dans un supplément minéral par rapport à du calcium ingéré par les aliments. Il se pourrait que prendre une dose importante en un seul coup ne permette pas à notre corps de gérer et de transformer adéquatement tout ce calcium. »
Bien que d’autres recherches sur le sujet soient nécessaires, il semblerait néanmoins qu’un régime alimentaire riche en calcium soit bénéfique pour la santé cardiovasculaire. Quant à la prise d’un supplément de calcium, mieux vaut en discuter avant avec son médecin pour établir une posologie optimale, selon les auteurs de l’étude.
RÉFÉRENCES
ANDERSON, John, et coll. « Calcium intake from diet and supplements and the risk of coronary artery calcification and its progression among older adults », Journal of the American Heart Association, 11 octobre 2016.
SMYTH, Andrew, etcoll. « Physical activity and anger or emotional upset as triggers of a cute myocardial infarction»,Circulation, 10 octobre2016.
SHIBA,Yoji et coll. « Allogeneic transplantation of iPS cell-derived cardiomyocytes regenerates primate hearts», Nature, 10 octobre 2016.