La sclérose en plaques

Publié le 15 octobre 2017
Écrit par Daniel-J. Crisafi, nd.a., m.h., ph. d.

La sclérose en plaques
Bio-Strath Novembre

Mon conjoint a reçu un diagnostic de sclérose en plaques. Pensez-vous qu’il soit possible de traiter cette maladie de façon naturelle ?

 

L’approche naturelle, plus particulièrement l’approche naturopathique, ne cherche pas à traiter la maladie, que ce soit la sclérose en plaques ou toute autre maladie. Elle cherche plutôt à corriger les excès et les carences qui jouent un rôle dans l’établissement de la maladie.

Donc, pour répondre à votre question de façon plus précise, l’approche naturelle peut être très efficace pour aider des individus affectés par la sclérose en plaques à mener une vie normale.

Le but de cet article n’est pas de vous donner un protocole d’intervention spécifique, chaque individu étant différent, mais de vous offrir quelques pistes qui sauront, je l’espère, aider votre conjoint à comprendre comment des modifications à son mode de vie peuvent l’aider à vivre une vie active longtemps.

 

QU’EST-CE QUE C’EST ?

La sclérose en plaques est considérée comme étant une maladie auto-immune dans laquelle la gaine recouvrant les nerfs et assurant la transmission nerveuse, la myéline, est endommagée. Étant donné que cette atteinte affecte le cerveau, la moelle épinière et les nerfs optiques, les individus souffrent d’une variété de symptômes neurologiques de différentes intensités, selon la sévérité de la maladie.

Les symptômes classiques comprennent des picotements ou engourdissements aux extrémités, une baisse ou perte de la sensation, des troubles de l’équilibre et de la marche ainsi que des troubles de la vision. Le diagnostic de la SEP (sclérose en plaques) se fait selon l’historique des symptômes ainsi que par diverses analyses, dont la résonance magnétique. Seuls les neurologues peuvent la diagnostiquer avec certitude D’après la Société canadienne de la sclérose en plaques, le Canada aurait le plus haut taux de sclérose en plaques au monde.

 

MALADIE AUTO-IMMUNE ?

Une maladie auto-immune est une maladie lors de laquelle le système immunitaire détruit nos propres cellules tout comme il le ferait pour une greffe d’un donneur ou pour détruire un intrus comme une bactérie ou un virus. Les maladies dites auto-immunes comprennent la SEP, la maladie de Crohn, le lupus et la sclérose amyotrophique latérale, pour n’en nommer que quelques-unes. On pourrait se demander pourquoi le système immunitaire attaque nos propres tissus sélectivement, comme si ceux-ci étaient des intrus. Plus précisément, il ne s’attaque qu’à un type de tissu. Dans le cas de la SEP la question devrait alors être : « Pourquoi mon système immunitaire ne reconnaît-il pas ma myéline ? ».

 

SEP ET L’ALIMENTATION

Quoi qu’en disent certains, l’alimentation joue un rôle important dans le développement ainsi que dans les poussées de la sclérose en plaques. La sclérose en plaques se manifeste souvent par poussées durant lesquelles des symptômes existants s’intensifient et de nouveaux symptômes peuvent apparaître. De nombreux cliniciens et de nombreuses personnes souffrant de SEP ont en effet constaté que des facteurs alimentaires semblent déclencher ces poussées. Le stress joue aussi un rôle évident.

Un certain nombre de chercheurs ont bien établi que l’alimentation était un élément très important dans toute approche clinique de la SEP. Deux médecins et chercheurs européens retiennent mon attention à ce sujet. La première est la docteure suisse Catherine Kousmine. Plusieurs connaissent Kousmine, auteure de Sauvez votre corps !, par l’entremise de la crème Budwig, petit-déjeuner santé qu’elle a fait connaître il y a plus de 30 ans. Ce que plusieurs ignorent, c’est que Dre Kousmine avait écrit un livre, La sclérose en plaques est guérissable, en 1989. Ce livre, depuis épuisé, est offert gratuitement sur le site www.kousmine.fr. Un autre chercheur et médecin à s’être attaqué à la sclérose en plaques est le Dr Jean Seignalet. Ce médecin français, pionnier des greffes, a dédié tout un chapitre à la SEP dans la 5e édition de son livre L’alimentation ou la troisième médecine. Les idées du Dr Seignalet ont été reprises par Mme Jacqueline Lagacé dans son livre Comment j’ai vaincu la douleur et l’inflammation chronique par l’alimentation. Laissons la parole à Seignalet : « … le changement nutritionnel, qui ne comporte aucun danger et aucune carence, mérite d’être systématiquement essayé. » (p. 256)

 

QUELS CHANGEMENTS ALIMENTAIRES ?

En ce qui concerne la maladie qui nous intéresse, la sclérose en plaques ou SEP, les études les plus concluantes suggèrent certains paramètres importants par rapport au régime alimentaire. En voici, de façon synthétique, les grandes lignes.

Commencer les changements alimentaires par une période de détoxification comprenant un régime restrictif. Dans son livre sur la sclérose en plaques, Kousmine recommande de suivre un régime allégé de trois jours, composé de fruits seulement, afin de refaire la flore intestinale. Plutôt qu’un régime aussi restrictif, je recommanderais un régime d’au moins une semaine composé exclusivement de légumes (cuit, crus ou en jus), de fruits, de millet (bouilli ou en céréale à déjeuner) et d’amandes. La proportion devrait être établie en fonction du niveau d’activité du patient, de ses antécédents et de sa capacité à le suivre. Ce genre de régime devrait idéalement être établi et suivi sous la surveillance d’un professionnel de la santé.

Kousmine et Seignalet ont bien identifié le rôle d’une flore intestinale déficiente dans le développement de cette maladie. La Dre Kousmine recommande donc d’aider à refaire la flore intestinale. Étant donné l’état de la science « probiotique » lors des écrits de Kousmine, ses recommandations peuvent sembler archaïques. Néanmoins, Kousmine et Seignalet ont raison de cibler l’état du microbiote. La prise de probiotiques sera donc de mise durant ce programme.

Il faut suivre un régime hypotonique, soit un régime avec le moins de produits chimiques artificiels et d’allergènes possibles. Seignalet, contrairement à Kousmine, avait pour habitude de recommander l’élimination de la majorité des grains, comprenant le blé, le maïs et le riz. Pour beaucoup de gens, ce régime, ressemblant au régime paléolithique, est difficile à suivre. De mon côté, je me contente de leur demander d’éviter les grains avec gluten seulement (blé, épeautre, kamut, orge, seigle et parfois avoine) tout en consommant les grains permis, le riz, le sarrasin et le maïs, avec prudence. Dans le cas de Seignalet, comme dans celui du régime que je recommande, les produits laitiers sont aussi éliminés. Kousmine, quant à elle, ne fait que limiter la consommation de fromage maigre tel que le quark. La consommation de fortes quantités de légumes est encouragée et la consommation de sucres est réduite à son minimum, voire totalement éliminée.

Il faut éliminer les gras saturés (et les gras trans) et réduire sa consommation de gras animaux, à l’exception des acides gras essentiels oméga-3 et oméga-6. Les viandes devront être maigres et les fritures devront être éliminées complètement. Un nombre important d’études semble relier la consommation de gras — surtout les gras saturés — à l’augmentation de l’incidence de la sclérose en plaques. Certains auteurs vont jusqu’à recommander un régime végétarien afin de réduire tout gras saturé. Kousmine et Seignalet ne recommandent pas d’aller aussi loin.

Les hypersensibilités alimentaires peuvent jouer un rôle important quant au développement ou à l’intensité de la SEP. Les Drs Dominique Rueff et Jean-Pierre Willem ont bien souligné le rôle de ces hypersensibilités ou intolérances alimentaires dans les maladies auto-immunes. Il sera donc important d’en évaluer la teneur soit par l’application d’un régime hypo-allergénique, soit par des analyses d’immunoglobulines.

 

SUPPLÉMENTS ALIMENTAIRES

Certains suppléments alimentaires sont utilisés de façon constante lorsqu’il est question de la SEP. Notons le rôle des vitamines du complexe B, recommandé par Dre Kousmine dès ses débuts. Kousmine recommandait aussi les huiles végétales pressées à froid contenant des gras de type oméga-3 et 6. Or, de nouvelles études nous démontrent que ce sont surtout les gras de type oméga-3, le DHA (nécessaire à la croissance et à la réparation du système nerveux) et l’EPA ou EAP (anti-inflammatoires), qui jouent un rôle dans le soutien des gens ayant la SEP.

Un supplément d’oméga-3 avec des niveaux presque identiques de DHA et d’EPA sera alors utile.

De leur côté, les phospholipides jouent un rôle important par rapport à la santé du système nerveux. Ces phospholipides sont les constituants essentiels des membranes cellulaires. Or, des études entreprises dans les années 1990 avaient souligné le lien entre le dommage à ces phospholipides et la SEP. Faute d’intérêt, la piste des phospholipides a été mise à la retraite. Ce n’est qu’au début des années 2000 que ceux-ci sont revenus au premier plan de la recherche biochimique sur la sclérose en plaques. Des chercheurs ont découvert que la réaction auto-immune pourrait en effet être due à une altération des phospholipides cellulaires. Déjà, en 1989, Kousmine recommandait des phospholipides en supplément pour ses patients ayant la sclérose en plaques. L’utilisation de suppléments de phosphatidyl choline (ou de lécithine) peut donc être envisagée dans ce genre d’approche.

D’autres suppléments se sont aussi avérés utiles, tels que le magnésium, la N-acétylcystéine et la vitamine D. Ceux-ci seront recommandés selon les besoins de l’individu.

 

ET LE MERCURE !

Certains chercheurs ont associé le développement de la sclérose en plaques à la présence d’amalgames dentaires. En effet, les amalgames (on les nomme couramment plombages) contiennent environ 50 % de mercure. Or, certains croient que le mercure dentaire peut, sous certaines circonstances, s’échapper de l’amalgame et être absorbé dans le système. Le mercure ainsi absorbé pourrait alors endommager le système nerveux central. Une étude suédoise a démontré que tous les patients ayant la SEP avaient des niveaux de mercure 7,5 fois plus élevés dans le liquide cérébro-spinal que les patients n’ayant pas la SEP. Des analyses de cheveux ont aussi révélé que les personnes souffrant de SEP ont généralement plus de mercure dans leurs tissus que les personnes n’ayant pas la maladie. Outre les amalgames, le mercure peut aussi provenir de la consommation de certains poissons, de certaines substances chimiques et de certains pesticides. Quelques études, quoique controversées, ont démontré que le fait de remplacer les amalgames — on nomme cela la dépose — par des composites (matériaux dentaires qui ne contiennent pas de mercure) avait eu pour effet d’améliorer de façon importante les symptômes de certains patients. Si cette option est choisie, elle devrait être entreprise par un dentiste qui est au courant des protocoles pour une dépose sécuritaire.

 

CONCLUSION

La sclérose en plaques est une maladie grave pour laquelle la médecine officielle n’offre qu’un soutien symptomatique. Certes, celui-ci a rendu la mobilité à d’innombrables personnes, mais il ne s’attaque pas à la cause du problème. L’approche naturelle vise à régler les causes possibles de la SEP en travaillant sur les divers facteurs qui peuvent soit déclencher soit aggraver la maladie. Elle cherche aussi à permettre au corps de se réparer — et de réparer sa myéline — le mieux possible en le plaçant dans un environnement qui encourage la guérison. Les deux approches, loin d’être antagonistes, sont complémentaires et devraient fairepartied’uneapprocherationnelleausoutiendespersonnesayantcette maladie débilitante. Je termine en laissant la parole à la Dre Kousmine : « Le traitement proposé dans ce travail est causal… Même s’il est appliqué tardivement, comme nous l’avons fait, les résultats qu’il permet d’obtenir sont excellents par leur régularité. » (p. 233)

 

RÉFÉRENCES

https://scleroseenplaques.ca/a-propos-de-la-sp/quest-ce-que-la-sp

Kousmine, Catherine La Sclérose en plaques est guérissable Éd. Delachaux & Niestlé (1989)

Rueff, Dominique L’Immuno-nutrition François-Xavier De Guibert Éd. (2007)

Seignalet, Jean L’alimentation ou la troisième médecine, François-Xavier De Guibert Éd. (2004)

Willem, Jean-Pierre Les Intolérances Alimentaires Gut trédaniel Éd. (2012)

Ahlrot-Westerlund, B. Mercury in cerebrospinal fluid in multiple sclerosis, Swed J. Bill. Med. 1:6 (1989)

Qin J, Goswami R, Balabanov R, Dawson G. Oxidized phosphatidylcholine is a marker for neuroinflammation in multiple sclerosis brain J Neurosci Res. 2007 Apr;85(5):977-84

Roy A. Garvin Elevated Phospholipid Transfer Protein in Subjects with Multiple Sclerosis Journal of Lipids Volume 2015, Article ID 518654