La stéatose hépatique, les enjeux

Publié le 8 janvier 2020
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.

La stéatose hépatique, les enjeux

La population occidentale est incessamment bombardée de millions de kilos de produits chimiques déversés par l’industrie chaque année dans l’environnement, et ce n’est pas prêt de ralentir, malgré tous les efforts des gouvernements partout dans le monde pour la cause environnementale.

 

Cette pollution est surtout un défi de taille pour le foie, qui est le principal organe responsable de nous débarrasser de ces polluants, dont les métaux lourds, les solvants et les pesticides. Or, un fonctionnement optimal du foie est primordial pour tous les aspects de la santé, car cet organe gère au moins cinq cents fonctions vitales dans le corps.

Une majorité de gens pensent que cet organe fonctionnera toujours bien et qu’ils n’ont pas à s’en préoccuper. Le foie a effectivement plusieurs systèmes de détoxication pour neutraliser la plupart des toxines. Toutefois, ces systèmes génèrent une production massive de radicaux libres et avec la surcharge excessive de travail exigé, la capacité du foie décline à la longue et la détoxication ralentit.

C’est à ce moment que l’on risque de se retrouver avec une surcharge toxémique dans l’organisme, ce qui entraîne un stress oxydatif et de l’inflammation pouvant endommager le foie. Si ce dernier s’affaiblit, il perd certaines de ses capacités, dont la production de la bile, la capacité de débarrasser l’ammoniaque de l’organisme, la production des facteurs de coagulation, la production des hormones et de nombreuses autres fonctions.

 

La stéatose hépatique alcoolique et non alcoolique

La stéatose du foie est caractérisée par un dépôt de graisses principalement de type triglycérides dans le foie. Au début, ce dépôt passe inaperçu, mais cela peut dégénérer en fibrose et éventuellement en cancer, en hépatite, en cirrhose ou en insuffisance hépatique, si rien n’est fait pour enrayer le problème.

Parmi les facteurs de risque de la stéatose hépatique, l’alcool vient en tête de liste, suivi par l’abus de certains médicaments, dont l’acétaminophène (Tylenol). Même si on a démontré qu’une consommation faible en alcool peut amener certains bienfaits, une consommation plus élevée est responsable d’augmenter l’oxydation dans cet organe, ce qui peut dégénérer en inflammation. L’ingestion d’alcool enclenche une accumulation de gras dans les cellules hépatiques, provoquant une nécrose (mort) cellulaire et une augmentation sérique des enzymes du foie. L’alcool diminue dangereusement la réserve de glutathion, l’antioxydant majeur crucial pour toutes les cellules, ce qui rend ces dernières sans défense par rapport au dommage oxydatif causé.

De plus, l’obésité abdominale est devenue aujourd’hui un défi majeur pour la santé du foie. On la considère comme la cause principale de stéatose hépatique non alcoolique et ce qui est inquiétant, c’est que nous faisons actuellement face à une épidémie d’obésité dans la population occidentale. Plusieurs troubles sont associés à ce problème de santé, dont le diabète, l’hypercholestérolémie, l’hypertension et le syndrome métabolique. Il faut savoir que la stéatose hépatique peut apparaître chez près de 90 % des gens obèses.

 

Le gène PEMT et la santé du foie

Le gène connu sous le nom de Phosphatidyléthanolamine N-méthyltransférase (PEMT) fait partie de la famille des sept gènes humains connus pour leur rôle pivot dans la santé humaine selon le Dr Ben Lynch, un expert dans le domaine de la nutrigénomique. Un dysfonctionnement du PEMT rend l’individu plus susceptible de se retrouver avec des problèmes de santé chronique.

En effet, le PEMT est le gène responsable d’assurer le fonctionnement du foie ainsi que la qualité de nos membranes cellulaires. Il module la capacité du corps à métaboliser la phosphatidylcholine, soit par l’apport d’aliments riches en choline ou par le métabolisme interne. Ce nutriment est essentiel pour maintenir les membranes cellulaires en santé et assurer la fluidité de la bile, la santé musculaire et le développement du cerveau. C’est un gène complexe ayant de nombreuses fonctions clés, qui joue un rôle de premier plan pour la santé du foie.

Quand un polymorphisme génétique (SNP) du PEMT existe, l’individu affecté peut se retrouver avec des troubles de vésicule biliaire; le SIBO (Small Intestine Bacterial Overgrowth), caractérisé par des ballonnements et des fermentations chroniques de l’intestin; des complications pendant la grossesse; de la fatigue et des douleurs ou faiblesses musculaires.

La phosphatidylcholine aide à la sécrétion de la bile dans la vésicule biliaire pour assurer la digestion des gras et contrôler les bactéries intestinales. Elle aide à transporter les triglycérides hors du foie vers la circulation sanguine. Si on manque de phosphatidylcholine, on est à risque de développer un foie gras, car les triglycérides piégés s’accumulent dans le foie.

Aussi, toutes les membranes cellulaires sont composées de phosphatidylcholine. Celle-ci permet aux cellules de rester fluides et de protéger le noyau de la cellule contenant l’ADN. Nous possédons environ 37,2 milliards de cellules dans notre corps. Chaque jour, chez l’adulte, 220 millions de cellules meurent et doivent être remplacées. Le procédé de mort cellulaire s’appelle apoptose et celui-ci est vital pour l’homéostasie. Ce qu’il faut éviter, c’est que trop de cellules meurent comparaTivement à celles qui se créent. Les infections, l’inflammation, les aliments dénaturés, le surentraînement et le manque de nutriments provoquent plus d’apoptoses.

Si les membranes deviennent rigides en raison d’un manque de phosphatidylcholine, elles ne peuvent plus amener les nutriments à l’intérieur des cellules et éliminer les débris, ce qui entraîne une mort cellulaire prématurée. L’enzyme codée par le PEMT joue, de son côté, un rôle central dans la réparation et la régénération des cellules.

Finalement, la phosphatidylcholine est nécessaire pour le fonctionnement du système nerveux et le développement du cerveau. L’acétylcholine, un neurotransmetteur important pour la concentration et l’apprentissage, a besoin de la phosphatidylcholine comme précurseur. Le cerveau d’un individu aux prises avec un SNP sera moins clair et causera des oublis fréquents.

 

Les aliments précurseurs de la phosphatidylcholine

Il est important de consommer des aliments riches en choline pour s’assurer que les cellules fonctionnent correctement. Les aliments qui en contiennent le plus sont le foie, les œufs, le poisson, le poulet et la viande rouge.

Certains segments de la population sont avantagés dans la production de la phosphatidylcholine. Par exemple, les jeunes femmes ont une capacité supplémentaire pour métaboliser ce nutriment, car les œstrogènes stimulent naturellement le PEMT. Cela les rend moins dépendantes de la choline alimentaire, ce qui a du sens, quand on comprend que les femmes enceintes et allaitantes en ont un besoin accru pour permettre le développement de l’enfant.

Quant à eux, les végétariens sont plus à risque de développer des carences en choline. Toutefois, ils peuvent se tourner vers des sources végétales contenant des petites quantités de ce nutriment, dont les asperges, les betteraves, le brocoli, le chou de Bruxelles, le chou-fleur, les graines de lin, les pois verts, les lentilles, les haricots mungo, les haricots pinto, le quinoa, les shiitakes et les épinards.

Des règles simples et accessibles peuvent être mises en place pour vous assurer que l’enzyme codé par le PEMT fonctionne optimalement. D’une part, mangez des aliments riches en choline tous les jours ainsi que beaucoup de légumes verts feuillus. D’autre part, il est primordial de contrôler votre stress, ce qui vous permet d’épargner votre choline. Assurez-vous que vous digérez bien et que vous absorbez vos aliments. Cela implique de bien mastiquer, de manger dans le calme, de ne pas boire plus de huit onces de liquide pendant le repas et d’éviter les antiacides. Diminuez l’apport de glucides, augmentez l’apport de protéines et de bons gras et limitez votre consommation d’alcool.

 

Le chardon-Marie, l’herbe médicinale préférée du foie

Parmi les plantes médicinales soutenant cet organe, on retrouve le romarin, le boldo, la verge d’or, l’artichaut et le curcuma. Mais c’est le chardon-Marie qui gagne la palme en ce qui concerne la santé du foie.

En effet, le chardon-Marie est la plante médicinale de choix pour assister le foie et aider à le régénérer, même lorsqu’une stéatose a été déclarée. Les études démontrent qu’il prévient tout dommage au foie, notamment en raison de l’alcool, et normalise les enzymes hépatiques lorsqu’elles sont élevées dans le sang. Également, le chardon-Marie augmente la production de glutathion, le principal anti-oxydant nécessaire pour la détoxication. Il peut, de plus, améliorer le profil lipidique, le niveau d’insuline, le taux de sucre sanguin et la résistance à l’insuline.

C’est une plante qui devrait faire partie de tout protocole thérapeutique visant le foie, car de nombreuses études sur la silymarine ont confirmé que celle-ci a un effet antioxydant et anti-inflammatoire majeur, travaillant donc sur les deux principales causes de détérioration de cet organe majeur.

 

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