La technique active release (art)

Publié le 20 février 2018
Écrit par Nicolas Blanchette, B. Sc. kinésiologie, D.O.

La technique active release (art)

La technique active release (active release techniques ou ART) est une méthode de thérapie manuelle d’origine américaine.

 

Elle s’intéresse au traitement des tissus mous : muscles, tendons, ligaments, fascias et nerfs. Elle doit son nom et ses principes au docteur en chiropractie Michael Leahy, qui popularisa la pratique il y a plus de 30 ans. Le processus lui demanda beaucoup d’efforts et de réflexion. En effet, avant d’être thérapeute manuel, Leahy avait travaillé comme ingénieur dans l’aviation militaire. C’est en combinant les principes mécaniques qu’il avait appris lors de ses études et de l’acquisition de nouvelles connaissances en anatomie et en physiologie qu’il développa une méthode de traitement innovatrice. À ce moment, la clientèle de Leahy était composée surtout d’athlètes de haut niveau. Ces derniers, lorsqu’ils venaient de subir une blessure, avaient besoin d’une approche efficace en thérapie manuelle et, surtout, des résultats rapides afin de revenir au jeu sans perdre de temps.

En 1988, Leahy dévoila ses méthodes dans un séminaire regroupant plusieurs chiropraticiens. Aujourd’hui, plus de 10 000 thérapeutes manuels appliquent les principes de l’active release afin de soulager les douleurs chroniques de millions d’individus dans le monde.

 

BLESSURE PAR ACCUMULATION

Même s’il elle fut à l’origine inventée pour subvenir aux besoins d’une clientèle sportive, la technique peut être bénéfique pour la plupart des gens. C’est parce qu’elle s’intéresse aux blessures créées par accumulation. La plupart du temps, il s’agit d’adaptations du corps à la suite de mouvements répétitifs et mal exécutés ou exigeant une quantité d’endurance trop importante en comparaison à l’état physique du moment.

C’est souvent le cas lorsqu’une douleur semble apparaître sans aucune raison (par exemple, « j’allais bien la semaine dernière, mais tout à coup, j’ai commencé à avoir mal profondément dans l’épaule ou la hanche »). Mais la blessure par accumulation peut aussi être créée à la suite de la guérison d’un traumatisme, comme une chute.

Sur le plan physiologique, lorsqu’un tissu mou comme un muscle ou un tendon est endommagé, sa guérison laisse place à la formation de tissu cicatriciel, tout comme la peau. Ce dernier est souvent palpable sous la peau. Il peut créer des adhérences entre les différents tissus mous, comme les fascias (enveloppes de tissu fibreux contenant les muscles). La présence de tissu cicatriciel participe à la friction des éléments anatomiques entre eux. Cette friction engendre à son tour une réaction inflammatoire locale qui contribue à diminuer l’apport en oxygène des cellules environnantes et à irriter les nerfs périphériques.

Ce manque d’oxygène et une diminution de la circulation sanguine locale contribuent à raidir et affaiblir le muscle qui en est victime. C’est le cercle vicieux des blessures par accumulation. La technique active release, en délogeant manuellement l’accumulation de tissu cicatriciel, vise à rompre cette chaîne pour permettre à nouveau un mouvement fluide et indolore.

Entrent dans la catégorie des blessures par accumulation des affections très communes, comme le syndrome du tunnel carpien, les épicondylites, les ténosynovites, les douleurs myofasciales, les tendinites et les bursites, les compressions nerveuses périphériques, ainsi que de nombreuses autres. La méthode active release est d’ailleurs utilisée depuis plusieurs années pour soulager des affections telles que les fasciites plantaires, les sciatalgies (sciatiques), les céphalées (maux de tête), les maux de cou chroniques ou lombaires, les répercussions d’une entorse ou d’un claquage musculaire, etc.

Il vaut mieux ne pas utiliser cette méthode pour les traumatismes aigus, par exemple les premiers jours après une blessure par impact, une chute ou un coup. Elle pourrait cependant être utile dans les semaines suivantes, lorsque la réaction inflammatoire s’est résorbée, laissant place à la prolifération de tissu cicatriciel.

 

L’EXAMEN

Le succès de l’utilisation de la technique repose sur un examen minutieux, que le thérapeute effectuera sur la peau du patient. Après avoir écouté l’historique des symptômes du patient, le thérapeute laissera parler le corps de ce dernier : le thérapeute s’intéressera à la texture du tissu sous la peau et à la tension qu’il palpera avec ses mains. Il comparera souvent le côté endolori au côté sain pour en rechercher la différence dans le tissu et ainsi réunir de l’information. La rigidité des muscles et leur aspect sous les doigts sont-ils symétriques ? Peut-il palper l’aspect rugueux des tissus cicatriciels ? La peau est-elle froide au toucher ou présente-t-elle des varices, signe d’une circulation sanguine locale diminuée ? Le thérapeute observe aussi le mouvement des articulations près de la blessure : les différents éléments anatomiques glissent-ils adéquatement entre eux ? Y a-t-il présence de frictions ou de crépitements audibles ? Réunir l’information est une étape capitale d’une intervention efficace.

 

L’INTERVENTION

Une fois qu’il aura formulé dans sa tête la stratégie adéquate à adopter, le thérapeute appliquera les principes du traitement sur le patient. La plupart du temps avec son pouce, il maintiendra une compression longitudinale sur la région où il aura décelé des adhérences. Plutôt que de glisser avec ses mains comme lors d’un massage, la méthode active release fait plutôt appel à un mouvement du patient pour briser doucement les adhérences. Le mouvement peut être actif : le thérapeute vous demandera de lever le bras dans les airs, par exemple. Il peut aussi être passif : le thérapeute soulèvera lui-même votre bras tout en continuant à réaliser la compression de son autre main. Quelques passages seront ainsi réalisés (le plus souvent, entre trois et cinq). Selon la région sur laquelle la technique est appliquée, il est tout à fait normal de ressentir un certain malaise passager. Cette douleur doit être contrôlée par le thérapeute, mais n’hésitez pas à lui exprimer vos sensations. Ces petites douleurs passagères valent le coup, car c’est surtout après le traitement, parfois immédiatement à la fin de la séance, que le soulagement est ressenti. Il est fréquent d’expérimenter quelques courbatures locales dans les 24 à 48 heures suivant un traitement par la méthode active release. Cet effet, semblable à celui qu’on expérimente après un entraînement, partira graduellement à mesure que le processus de récupération suivra son cours.

 

COMBIEN DE TRAITEMENTS SONT NÉCESSAIRES ?

Les effets de l’active release sont souvent très rapides lorsque correctement appliqués. Il n’est pas rare, par exemple, de résoudre un syndrome du tunnel carpien en moins de six interventions. Il vaut mieux respecter un délai d’au moins 48 heures entre les séances, parfois davantage, selon sa condition physique. Chaque cas diffère cependant légèrement et nécessite une approche hautement individualisée.

 

TROUVER UN THÉRAPEUTE

Pour localiser un professionnel pratiquant la technique active release près de chez vous, rien de plus facile. Il vous suffit de visiter la section Recherche du site web officiel d’ART au www.activerelease.com/find-a-provider.asp.

 

RÉFÉRENCE

LEAHY, P., Active Release Techniques: Soft Tissue Management System, 2008.