L’abc de l’énergie cellulaire

Publié le 9 janvier 2018
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.

L’abc de l’énergie cellulaire

Définir la fatigue ! En voilà un projet ambitieux !

Car, il faut bien l’admettre, ce problème n’est pas une maladie en soi, mais plutôt une myriade de symptômes passant par la sensation d’une énergie sous la normale à la difficulté de concentration, aux douleurs musculaires, aux troubles intestinaux, à la perte d’appétit, aux troubles du sommeil ou encore aux ganglions enflés. Parce que ce problème de santé est difficile à diagnostiquer, on tend à le confondre avec les troubles psychosomatiques, mieux dit encore, avec l’hypocondrie… Dans les causes possibles associées à la fatigue, on a identifié plusieurs affections. Citons parmi celles-ci l’anémie, l’arthrite, l’empoisonnement aux métaux lourds, l’hypoglycémie, l’hypothyroïdie, l’infection au candida ou aux parasites, l’embonpoint et la dépression. La personne peut aussi souffrir de déficiences nutritionnelles, d’allergies, de sensibilités environnementales, d’insomnie, de surentraînement physique ou de stress, qui n’aident en rien à la situation. John A. Stoff, M.D., auteur du livre Chronic Fatigue Syndrome, considère que cette maladie, ainsi que ses nombreuses variantes, est un problème endémique à l’heure actuelle, et concerne environ quatre millions de personnes seulement en Amérique. Il semble que la fatigue chronique et la baisse d’énergie soient le lot de notre société moderne caractérisée par le rythme de vie effréné, le travail toujours de plus en plus accaparant et le manque de temps.

 

L’ÉNERGIE, À QUOI ÇA RIME ?

Afin de mieux saisir la complexité de ce problème, il est important de comprendre comment l’énergie est fabriquée dans l’organisme. Pour le commun des mortels, l’énergie fait référence à la capacité de bouger et de faire des choses sans effort. Pour les professionnels de la santé, cela fait plutôt référence à tout le processus biochimique dans les cellules pour la production de ce qu’on appelle l’ATP ou adénosine triphosphate. Celle-ci est la substance énergétique que le corps utilise pour fonctionner.

Plus précisément, l’énergie vitale est produite à l’intérieur des nombreuses petites centrales d’énergie dans les cellules, que l’on nomme les mitochondries et qui permettent de maintenir le fonctionnement de nos organes dans le corps. Celles-ci doivent convertir les macronutriments (les lipides, les protéines et les glucides) extraits de la nourriture en énergie. Cela se fait par un processus biochimique très sophistiqué et compliqué appelé le métabolisme.

D’une part, les nutriments qui sont absorbés sont brûlés, ce qui veut dire combinés avec l’oxygène. Ce processus contrôlé étroitement permet de ne pas brûler entièrement l’énergie venant de l’aliment. En fait, l’énergie libérée durant le métabolisme est entreposée sous la forme de trois composés chimiques, soit l’adénosine triphosphate (ATP), le nicotinamide adénine dinucléotide (NADH) et le flavine adénine dinucléotide (FADH). Ces substances d’entreposage permettent ensuite de transférer l’énergie ailleurs dans d’autres tissus pour assurer des activités de maintien de la vie, dont la contraction musculaire, le transport d’hormones et de médiateurs, le fonctionnement du cerveau ou la réparation des tissus.

Ce processus nécessite des cofacteurs pour avoir lieu, soit certaines vitamines et minéraux comme la niacine, la riboflavine, l’acide pantothénique, le magnésium, le manganèse, l’acide alpha-lipoïque, la CoQ10, pour ne nommer que ceux-là. Si une personne n’a pas suffisamment de ces nutriments, elle aura de la difficulté à produire ces composés énergétiques, dont l’ATP. De plus, si elle est exposée à des substances toxiques ou oxydantes dans son environnement, le corps nécessite plus d’ATP pour les éliminer. Ces toxines ont, de surcroît, tendance à s’attacher à l’ATP, si bien qu’elles peuvent bloquer la production d’énergie.

Un autre facteur d’importance à considérer pour la production de l’énergie est la masse musculaire, car c’est dans celle-ci que l’on retrouve le plus de mitochondries responsables de la production de l’ATP sur le plan cellulaire. Donc, plus une personne est musclée, plus elle est capable de produire de l’ATP.

 

 

LES ACIDES ORGANIQUES, MÉTABOLITES DE L’ATP

L’énergie produite par l’oxydation brise donc les liens chimiques entre les molécules pour que l’énergie soit relâchée. Ilya alors production de différents types d’acides formés tout au long du processus, connu sous le nom de métabolites intermédiaires. Ceux-ci sont normalement dégradés en cours de route et on en retrouve très peu ou aucun dans l’urine. Mais lorsqu’une réaction biochimique est bloquée, en raison de déficiences enzymatiques ou de cofacteurs, on retrouve ces métabolites en plus grande quantité dans l’urine.

À la lumière de ce constat, certains tests fonctionnels ont pu être développés pour mesurer ces acides organiques dans l’urine afin de nous permettre de vérifier si une personne souffre de déficience nutritionnelle ou encore de polymorphisme génétique influant sur la structure de certaines enzymes et empêchant des réactions d’avoir lieu. Ces personnes ont alors un plus grand besoin de cofacteurs (vitamines, minéraux, antioxydants) pour relancer ces réactions enzymatiques. La recherche montre qu’au moins 50 conditions génétiques peuvent être stabilisées par l’apport de nutriments permettant de contourner le problème créé par ces enzymes mutantes ayant une pauvre affinité de liaison. Le test des acides organiques offert par des laboratoires en médecine fonctionnelle est une aide précieuse en naturopathie pour déceler des profils métaboliques, y compris les troubles génétiques qui passent trop souvent inaperçus dans les tests sanguins traditionnels.

 

REVOIR L’ALIMENTATION ET LA SUPPLÉMENTATION

Revoir l’alimentation d’un individu est un facteur crucial dans l’évaluation de la fatigue chronique, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, et devrait faire partie des premières analyses du professionnel de la santé. Il est important d’évaluer s’il s’agit d’allergies alimentaires, de consommation d’aliments riches en calories, mais vides en nutriments essentiels ou encore s’il s’agit d’une déficience nutritionnelle due à une incapacité de l’organisme à absorber les nutriments en lien avec un système digestif perturbé. L’approche en naturopathie est donc de rétablir le métabolisme perturbé et d’adopter une approche intégrationniste où tous les facteurs de risque sont pris en considération.

Toutefois, gardez en mémoire que lorsqu’un processus de dysfonctionnement mitochondrial s’enclenche, cela prend plus qu’une diète santé pour ramener l’homéostasie. Les phytonutriments sont alors protecteurs, mais peuvent aussi enclencher un mécanisme réparateur très prometteur. Même une petite quantité de ces nutriments peut changer le processus en cours. Qu’il s’agisse du resvératrol (retrouvé dans les petits fruits), de l’épigallocatéchine (dans le thé vert), de la quercétine (venant du sarrasin) ou des épices comme le romarin, le thym, le basilic et le curcuma, tous sont efficaces, simplement parce que ces phytonutriments, en parlant directement aux gènes, remettent en marche l’énergie mitochondriale.

Un exemple frappant de l’efficacité des nutriments dans le traitement de la fatigue chronique est cette étude du Centre pour la médecine moléculaire à l’Université de médecine à Atlanta, qui a dévoilé que dans la situation d’enfants nés avec une imperfection mitochondriale, les antioxydants comme le N-acétyl-carnitine, la CoQ10, l’acide alphalipoïque et le N-acétyl-cystéine pouvaient relancer positivement la bioénergétique.

Surtout, n’hésitez pas à consulter un naturopathe agréé si des symptômes associés à une baisse de production d’énergie se manifestent, car renverser le processus de dysfonction mitochondriale sera le moment décisif entre l’évolution vers une bonne santé ou, au contraire, vers un vieillissement accéléré.

 

RÉFÉRENCES

BLAND, Jeffrey S. Dr. The disease delusion, Harper Wave, New York.

LORD, Richard S. et J. Alexander BRALLEY Editors. Laboratory eValuations for integrATIVe and functional medicine, 2nd edition, Metametrix Institute, Georgia.

MURRAY, Michael, N.D. Encyclopedia of natural medicine, Prima Publishing.

SCHMIDT, Michael. Tired of being tired, Frog Ltd.

VANDERHAEGHE, Lorna R. La cure du système immunitaire, Éditions AdA