Publié le 10 mai 2017
Écrit par Stéphanie Plamondon, Ac., M. Sc.
Depuis qu’il a été découvert qu’il joue un rôle important dans le développement de certaines affections physiques, dont le diabète, et psychologiques, comme l’anxiété et la dépression, le microbiote fait l’objet de recherches biomédicales particulièrement soutenues.
En effet, bien qu’il soit connu depuis longtemps qu’il participe étroitement à la synthèse de certains nutriments ainsi qu’au maintien du système immunitaire, les nouvelles données permettent de comprendre que le microbiote est le siège de fonctions beaucoup plus complexes et nombreuses qu’on le soupçonnait et que son équilibre affecte la santé non seulement des intestins, mais de tout le corps entier.
PARTICULARITÉS DU MICROBIOTE
Bien que le microbiote soit composé d’une diversité de microorganismes, la grande majorité (95%) appartient au groupe des bactéries anaérobiques, dont les Clostridium, Lactobacillus, Bifidobacterium et Escherichia. On y retrouve aussi, dans une moindre mesure, des levures et des champignons, dont le Candida, l’Aspergillus et le Penicillium.
Malgré le fait qu’un petit nombre d’espèces soit partagé par tous les humains, chaque individu possède, comme une empreinte digitale, un agencement de microorganismes qui lui est propre et dont la composition varie selon la géographie et les habitudes alimentaires des populations.
FONCTIONS DU MICROBIOTE
Les recherches menées depuis quelques années ont permis de découvrir que le microbiote joue un rôle si important dans l’organisme que certains n’hésitent plus à le qualifier d’organe à part entière. Entre autres, un microbiote intestinal équilibré, diversifié et en santé permet de :
Une autre fonction importante du microbiote concerne le renouvellement de la muqueuse intestinale, car il permet à celle-ci de maintenir son étanchéité et d’empêcher le passage de certaines protéines et toxines dans le sang.
DÉSÉQUILIBRE DU MICROBIOTE
Considérant toutes les fonctions qu’il exerce dans l’organisme, il n’est pas surprenant de constater la façon dont un microbiote déséquilibré (appelé « dysbiose ») peut entraîner différentes affections physiques et psychologiques. Malheureusement, plusieurs caractéristiques reliées au mode de vie occidental ont comme conséquence de perturber le précieux équilibre de l’écosystème bactérien intestinal. Les causes fréquentes sont :
Parmi les causes les plus importantes à l’origine de la dysbiose intestinale se retrouve la consommation abusive d’antibiotiques, particulièrement durant l’enfance, qui affecte parfois en quelques jours seulement la diversité et la stabilité du microbiome. Un des problèmes majeurs de ces médicaments réside dans le fait qu’ils soient non sélectifs, c’est-à-dire qu’ils ciblent à la fois les bactéries pathogènes ET bénéfiques, provoquant non seulement la dysbiose, mais aussi la multiplication de bactéries nocives, puissantes et résistantes.
LES DÉSORDRES PROVOQUÉS PAR LA DYSBIOSE SONT NOMBREUX :
ENTRETENIR L’ÉQUILIBRE DU MICROBIOTE
Il existe dans les sociétés occidentales une habitude qui consiste à désinfecter de façon quasi obsessionnelle notre corps et notre environnement. Ayant été éduqués à croire que la saleté et les bactéries qu’elle contient sont dangereuses pour la santé, il paraît en effet difficile d’accepter qu’elles peuvent être au contraire bénéfiques et même essentielles à notre santé.
Plutôt que de poursuivre cette guerre déclarée aux bactéries nocives, il semble judicieux, à la lumière des nouvelles recherches sur l’équilibre du microbiote, d’entreprendre avec une force qui lui est au moins équivalente le renforcement de celles qui nous sont bénéfiques, notamment en adoptant plusieurs habitudes parmi les suivantes.
ALIMENTATION
Consommer quotidiennement des aliments prébiotiques (nutriments qui nourrissent les probiotiques) crus ou légèrement cuits :
Et fermentés, riches en probiotiques :
Boire de l’eau de source, filtrée ou non chlorée ;
Éviter le sucre et les produits contenant du gluten ;
Manger lentement dans un environnement agréable.
HABITUDES DE VIE
L’INFLUENCE DES HE SUR L’ÉQUILIBRE DU MICROBIOTE
Face à l’inquiétude grandissante de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) concernant le développement de plus en plus important de bactéries multirésistantes aux antibiotiques, les recherches s’intensifient pour leur trouver des solutions de rechange. Parmi elles, les huiles essentielles font l’objet d’un intérêt renouvelé en raison des puissantes propriétés anti-infectieuses et immunostimulantes des molécules qui les composent. Des années d’expériences cliniques menées par des chercheurs, médecins et biologistes français ont en effet permis de constater l’effet anti-infectieux des huiles essentielles sans qu’elles perturbent la flore intestinale comme le font les antibiotiques.
Ici, au Québec, les recherches de David Drouin menées en 2013 ont réussi à démontrer les effets combinés de l’huile essentielle de cannelle (Cinnamomum verum) et des probiotiques sur la bactérie E. coli, à l’origine d’infections urinaires et intestinales ; pendant que le cinnamaldéhyde contenu dans l’huile de cannelle affaiblissait la bactérie, les probiotiques, eux, la détruisaient, et ce, sans lui permettre de développer de stratégies de résistance.
D’autres études ont permis de découvrir que l’huile essentielle de menthe poivrée (Mentha x piperita) s’avère très efficace dans le traitement d’affections intestinales, telles que les flatulences, la diarrhée, les spasmes, les douleurs, le syndrome de l’intestin irritable et la maladie de Crohn, surtout lorsqu’elle est prise à l’interne, dans des gélules entérosolubles 2,3.
Alors que les propriétés anti-infectieuses des huiles essentielles ne sont plus à démontrer, il reste à élucider comment elles se comportent face aux bactéries bénéfiques. Les perturbent-elles, comme le font les antibiotiques, ou au contraire, les protègent et les renforcent-elles ?
En 2009, une équipe de chercheurs australiens s’est intéressée à cette question, et les conclusions de leur étude sont étonnantes . Huit huiles essentielles ont été analysées afin de déterminer leur efficacité dans le traitement de la dysbiose et du syndrome de l’intestin irritable (SII). Les résultats de leur recherche ont permis de constater que les huiles essentielles analysées ont exercé une activité sélective sur les bactéries, ciblant celles qui sont pathogéniques tout en ignorant celles qui s’avèrent bénéfiques. Ces constats sont extrêmement prometteurs et ouvrent la porte à des recherches additionnelles afin de mieux comprendre comment les huiles essentielles parviennent à distinguer les « bonnes » des « mauvaises » bactéries.
D’après les huit huiles essentielles analysées, les plus efficaces dans le traitement de la dysbiose seraient :
Fait intéressant, les plantes aromatiques desquelles découlent ces huiles essentielles sont utilisées en médecine ayurvédique et en médecine chinoise depuis des milliers d’années pour leurs propriétés carminatives, antispasmodiques intestinales et antidiarrhéiques.
FORMULE
Afin de bénéficier des bienfaits des huiles essentielles sur l’équilibre du microbiote, voici une formule visant à réduire les symptômes associés à la dysbiose et au syndrome de l’intestin irritable ainsi que pour diminuer les flatulences, les crampes et les douleurs intestinales.
Dans une bouteille codigouttes de 5 ml, mélanger les huiles essentielles. Dans une petite casserole, faire fondre 10 g de beurre de coco extra vierge à feu très doux. Verser dans l’huile fondue 63 gouttes du mélange d’huiles essentielles. À l’aide d’une pipette, remplir 21 gélules entérosolubles et placer au réfrigérateur. Prendre une gélule au besoin, jusqu’à trois par jour. Pour le traitement de conditions plus sévères, consulter un aromathérapeute certifié.
Le mois d’avril, qui vient tout juste de se conclure, est celui de la sensibilisation au syndrome de l’intestin irritable. Malheureusement, les sociétés occidentales s’éloignent de plus en plus d’un mode de vie bénéfique pour le microbiote. Les huiles essentielles représentent une avenue extrêmement prometteuse dans le maintien de l’équilibre de notre flore intestinale, puisqu’elles contribuent non seulement à combattre les bactéries, mais aussi, il semble qu’elles savent protéger celles qui nous sont bénéfiques. « La nature se suffit », disait Hegel…
RÉFÉRENCES
1 http://ici.radio-canada.ca/NOUVelle/610650/cegepien-decOUVerte-infections-bacteriennes
2 https://www.ncbi.nlm.nih.goV/pubmed/9430014
3 http://www.altmedreV.com/publications/7/5/410.pdf
4 http://www.altmedreV.com/publications/14/4/380.pdf