L’alopécie, de quoi s’en arracher les cheveux !

Publié le 9 octobre 2018
Écrit par Sylvie Rousseau, nd.a.

L’alopécie, de quoi s’en arracher les cheveux !

La perte des cheveux (alopécie) est un problème très répandu dans la population. On dit qu’une femme sur trois peut subir une perte de cheveux importante à un moment ou l’autre de sa vie. C’est un problème complexe et épineux qui peut dépendre de plusieurs facteurs de risque, dont la génétique, le vieillissement, les changements hormonaux ou une maladie cutanée.

 

La santé du cuir chevelu, tout comme celle de la peau et des ongles, dépend directement de la santé du tissu conjonctif. Or, avec le vieillissement, le corps produit moins de protéines structurales, dont les principales pour les phanères sont le collagène et la kératine. Cela provoque une lente détérioration du tissu conjonctif.

Les signes annonciateurs sont la perte des cheveux, la peau sèche ou ridée et les ongles cassants. Mais à l’intérieur de l’organisme, cette détérioration prend la forme de problèmes plus insidieux qui affectent l’intégrité des vaisseaux sanguins et des os, et affaiblissent le fonctionnement des organes vitaux, où les protéines structurales sont prédominantes.

 

Les facteurs de risque

La perte de cheveux chez les hommes est surtout causée par ce qu’on appelle l’alopécie androgénique. Celle-ci est due à une surabondance de la déhydrotestostérone (DHT), une forme active de la testostérone dont le follicule du cheveu contient beaucoup de récepteurs. Or, les changements hormonaux pendant le vieillissement amènent une baisse de production de la testostérone. Les œstrogènes se retrouvent alors en prédominance dans l’organisme, ce qui entraîne une augmentation de la conversion de la testostérone en DHT. En effet, le taux plus élevé d’œstrogènes serait l’élément clé responsable de cette conversion et empêcherait la diminution de la DHT en raison de l’activation d’une enzyme connue sous le nom de 5-alpha-réductase, produite dans la prostate, les glandes surrénales et le cuir chevelu, qui favorise la conversion de la testostérone en DHT. Il peut y avoir ensuite une réaction anormale du système immunitaire, qui attaque alors le follicule du cheveu, le percevant comme un antigène, ou une surstimulation du follicule qui entraînerait sa sénescence.

Chez la femme, la perte de cheveux est généralement diffuse. On remarque un amincissement du cheveu à partir de l’âge de 40 ans, devenant plus notable avec la ménopause. Cette perte de cheveux due aux changements hormonaux n’est pas totale, mais elle est permanente.

Sinon, la perte de cheveux est temporaire. On parle alors d’un effluvium télogène. On observe ainsi un passage prématuré du cheveu en phase télogène (mort du cheveu), ce problème pouvant être plus important lors des changements de saison. Parmi les causes les plus connues, nommons le mauvais traitement des cheveux, la prise de médicaments, des carences nutritionnelles ou un régime radical. Nommons également d’autres facteurs de risque, dont une mauvaise circulation sanguine, une opération chirurgicale, une chimiothérapie ou de la radiation, une infection ou une maladie de peau, une perte de poids soudaine, un stress important, une forte fièvre, un déficit en fer, un diabète, une hypothyroïdie ou une exposition à des substances toxiques. L’alopécie areata, d’autre part, est un trouble auto-immun qui peut amener des pertes de cheveux soudaines et en plaques.

La femme peut aussi se retrouver avec une alopécie de type androgénique. En fait, c’est un facteur de risque trop souvent occulté chez la femme. Encore une fois, l’enzyme 5-alpha-réductase qui transforme la testostérone en DHT est activée, couplée à un changement dans la sensibilité des récepteurs cellulaires aux androgènes, qui explique ces effets chez la femme. Toutefois, la femme aux prises avec ce type d’alopécie ne perdra pas autant ses cheveux que l’homme.

 

Les nutriments aidants

Plusieurs nutriments peuvent aider à la repousse des cheveux. La cystéine, un acide aminé soufré et la composante principale de la kératine, aide à reconstruire les phanères et les cheveux. C’est un cicatrisant de l’épithélium. Les cheveux contiennent d’ailleurs 14 % de cystéine. L’acide pantothénique (B5) et la pyridoxine (B6) améliorent l’intégrité du tissu conjonctif et aident à l’activation de la cystéine. La biotine (B8) est concernée dans la respiration cellulaire et est utile dans les troubles d’alopécie. La silice joue un rôle important dans la cicatrisation et la restructuration de collagène. En fait, c’est une des macromolécules du tissu conjonctif.

Le collagène hydrolysé stimule la production de l’élastine dans la matrice extracellulaire de la peau. Le fer, quant à lui, prévient la chute de cheveux causée par une anémie.

Les dernières recherches nous ont permis de découvrir un nutriment puissant jusqu’alors inconnu dans le pépin de raisin. On le nomme procyanidine B2 ; il s’agit d’une sous-classe de flavonoïdes qu’on trouve en grande concentration dans le chocolat, les pommes et les raisins. Cette substance aurait un effet positif, renversant la phase télogène (mort du cheveu) en phase anagène (repousse du cheveu) et améliorant la densité du cheveu.

Les antioxydants, dont l’extrait de thé vert (EGCG), sont de première importance pour protéger la santé du cuir chevelu. L’huile d’argan appliquée en externe augmente également la capacité du cheveu à se régénérer, stimule la repousse et améliore la densité du cheveu.

 

L’enzyme 5-alpha-réductase; comment y voir

D’une part, les recherches ont montré qu’une diète équilibrée en protéines a pour effet de diminuer l’activité de l’enzyme 5-alpha-réductase, alors qu’une diète pauvre en protéines l’augmente. D’autre part, le zinc, ayant la capacité de diminuer l’activation de cette enzyme, devient un minéral clé dans ce trouble de santé. Également, il devient essentiel de contrôler le taux d’œstrogènes dans l’organisme. En effet, si ceux-ci se retrouvent en dominance, ils bloquent l’absorption du zinc et activent la 5-alpha-réductase qui entraîne l’alopécie androgénique. Attention à la consommation régulière de bière, car elle peut augmenter la sécrétion de la prolactine et devenir un facteur aggravant. Plusieurs herbes médicinales peuvent aider à contrôler cette enzyme, dont le palmier nain, qui est très connu, tout comme l’ortie et le prunier d’Afrique (Pygeum africanum).

De façon générale, évitez les pesticides et gardez un taux de cholestérol normal pour contrôler l’activation de l’enzyme 5-alpha-réductase. Arrêter de fumer est une excellente idée, car le cadmium, un métal lourd que l’on trouve en concentration importante dans le tabac, est un antagoniste du zinc. Finalement, pensez à augmenter vos apports nutritionnels en zinc dans votre assiette, dont les graines de citrouille, les légumineuses, les graines de sésame grillées, les shiitakes, le foie de veau, les huîtres, les palourdes et le poulet. Voilà quelques idées pour vous assurer de garder une chevelure en beauté et en santé !

 

 

RÉFÉRENCES

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Takahashi, T. et coll. The first clinical trial of topical application of procyanidin B-2 to investigate its potential as a hair growing agent, Phytother Res, 2001 Jun;15(4):331-6.

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