Lancement d’une application pour faciliter le tri de vos matières résiduelles

Publié le 15 juillet 2018
Écrit par Gabriel Parent-Leblanc. B. Sc., M. Env.

Lancement d’une application pour faciliter le tri de vos matières résiduelles

Est-ce que vous vous retrouvez souvent aux prises avec un objet ou un contenant quelconque dans les mains, ne sachant pas trop comment vous en débarrasser de façon responsable ? «Recyclage…Non, poubelle ! Compost ? Pas sûr… »

 

Sachez que vous n’êtes pas seul1 ! En fait, un sondage mené en 2015 pour Recyc-Québec est catégorique à ce propos :

«56% des citoyens choisis sent encore de mettre un produit dans le bac de récupération même s’ils doutent qu’il y soit véritablement destiné et 47% pensent qu’ils récupéreraient plus s’ils savaient mieux où doivent aller les produits en fin de vie»(Société québécoise de récupération et de recyclage, 2018).

C’est en ayant ces données en main que Recyc-Québec s’est mis au travail pour développer l’application mobile « Ça va où ? », une base de données interactive ayant pour but de faciliter la vie des citoyens lorsque vient le temps de gérer leurs matières résiduelles.

L’application gratuite est disponible depuis avril 2018 sur l’App Store et Google Play, ce qui fait en sorte que n’importe qui ayant accès à un téléphone cellulaire ou une tablette peut l’utiliser !

 

Une information de qualité au bout des doigts

L’ayant moi-même essayé (sur mon téléphone Android), je peux certifier de l’utilité de l’application. La navigation est simple : après avoir ouvert l’application, celle-ci détermine votre position automatiquement pour déterminer les services disponibles près de chez vous (type de collectes, identité des centres de tri, etc.). Cela est vraiment très pratique parce que tous les centres de tri n’acceptent pas les mêmes matières. Auparavant, un citoyen vraiment motivé à savoir si une matière allait bel et bien dans le bac de recyclage devait contacter sa municipalité ou son centre de tri. Grâce à l’application, ce mal de tête disparaît entièrement !

Vous n’avez donc qu’à sélectionner la matière qui vous intéresse parmi les catégories incluses dans l’application. Dépendamment des cas, celle-ci vous dira si la matière peut prendre le chemin du recyclage, de la poubelle ou d’un centre de collecte spécialisé (en vous donnant les adresses des centres les plus près !).

 

Le recyclage, une habitude bien établie

Le lancement de cet outil fort pratique est l’occasion idéale pour survoler notre comportement en ce qui a trait aux matières résiduelles ! Proposé aux citoyens du Québec depuis une vingtaine d’années, le recyclage est une habitude bien ancrée. Effectivement, selon le bilan 2015 de la gestion des matières résiduelles du Québec, 97 % des ménages participent à la collecte de récupération des matières recyclables (70 % systématiquement + 27 % beaucoup). À noter que la disponibilité des services aide énormément à leur utilisation, car il est estimé qu’environ 99% de la population y a accès (Recyc-Québec, 2017).

Toujours en 2015, les 29 centres de tri au Québec ont reçu 996 000 tonnes de matière recyclable. De cette quantité, 774 000 tonnes provenaient des collectes municipales, tandis que les 222 000 tonnes restantes provenaient des ICI (industries, commerces et institutions). Une quantité non négligeable de ce matériel, soit 91 000 tonnes – 9,1%du total, n’a pu être récupérée par les centres de tri pour de nombreuses raisons et a plutôt pris le chemin du dépotoir (Recyc-Québec, 2017). Gageons que si l’application «Ça va où ?» remplit sa mission d’informer les citoyens quant aux matières acceptées, ce triste total diminuera avec les années.

 

Le compost, moins répandu !

La collecte des matières putrescibles (pelures de végétaux, restants de table, etc.) est, quant à elle, beaucoup moins présente que la collecte des matières recyclables. Toujours selon les données du sondage de 2015 produit pour Recyc-Québec, la collecte municipale des résidus alimentaires en vue du compostage n’était disponible que pour 27 % des répondants. Parmi ceux qui y avaient accès, c’est tout de même 67 % de répondants qui l’utilisaient (29 % systématiquement + 23 % beaucoup) (Recyc-Québec, 2015).

De plus en plus de municipalités se dotent d’un tel service (plus de 300 en 2017) et c’est tant mieux, car les gens veulent l’utiliser ! À preuve, 62 % des ménages interrogés qui n’avaient pas accès au service en 2015 « pensent qu’il serait important que la municipalité leur offre le service » (Recyc-Québec, 2015).

 

Une situation moins rose que ce qui pourrait paraître

Malgré une bonne participation citoyenne et une bienveillance certaine de la majorité des Québécois vis-à-vis la récupération, la réalité est malheureusement moins rose que ce que dépeignent les données jusqu’ici présentées.

Effectivement, sur l’ensemble de toutes les matières rejetées par les ménages québécois en 2015, seulement 54 % des matières pouvant être recyclées se sont finalement trouvées à l’être. Comme cette donnée est une moyenne et que les chiffres varient énormément en fonction du type des matières, voici un tableau détaillant le tout.

 

Vos yeux ne vous trompent pas, seulement18% du plastique et 14 % du verre générés par les ménages québécois sont recyclés. Du point de vue des matières putrescibles, c’est tout aussi bas, avec un faible 17 % des résidus verts et alimentaires municipaux qui sont recyclés(Recyc-Québec,2017).

 

On fait quoi alors…

Est-ce que l’on abandonne les bacs de recyclage et de compostage parce que le système ne donne pas les résultats escomptés ? Bien sûr que non, il est d’une importance capitale que nos bonnes habitudes, qui ont nécessité une implantation de longue haleine, demeurent intactes.

 

C’est en amont du problème où il faut agir, pour devenir plus responsables dans notre génération de déchets. Vous avez assurément déjà entendu l’expression des «3RV», soit l’emploi de la réduction à la source, du réemploi, du recyclage et de la valorisation. Mais saviez-vous qu’il s’agit d’un ordre à respecter pour éviter le gaspillage des ressources ?

 

«Une fois que mes matières quittent mon bac de recyclage…, sont-elles réellement recyclées ? »

Chaque fois que je parle de recyclage avec quelqu’un (oui, je suis plate de même dans mes sujets de discussion !), je finis toujours par entendre cette question…

Ayant moi-même cette préoccupation, soit que les matières récupérées soient tout simplement acheminées au dépotoir dans un différent camion, j’ai décidé d’enquêter.

Comme mentionné plus tôt, les centres de tri au Québec avaient entre les mains 905 000 tonnes de matière recyclable pouvant être vendues (996 000 – 91 000 tonnes).

Or, toujours pour 2015, c’est 808 000 tonnes de matière recyclable qui ont été vendues à différents acheteurs. On parle donc d’environ 89 % de la matière pouvant être vendue ou 81 % de la matière reçue au total (Recyc-Québec, 2017).

Comme tous les acheteurs ont bel et bien payé pour cette matière, il serait surprenant qu’elle prenne le chemin du dépotoir… Du moins, c’est ce que je me dis. Parce qu’au final, la piste s’arrête là : il est impossible de savoir ce que les matières deviennent une fois vendues, car Recyc-Québec et les centres de tri ne divulguent pas ces renseignements.

 

En n’achetant pas, ou en achetant ce dont on a besoin dans moins d’emballage ou en vrac, on évite une quantité incroyable de déchets ! Prenez deux minutes pour analyser le contenu de votre bac de recyclage et de votre poubelle… La quantité d’emballages ou de contenants à usage unique que l’on utilise est démesurée et on ne s’en rend pas toujours compte ! Ce n’est qu’en agissant à la base du problème, soit consommer moins de matière, que l’on va arriver à un semblant de durabilité. Le simple geste de classer nos déchets ne nous mènera nulle part ; il s’agit d’en générer moins !

Pour finir, il y a des milliers de gestes que vous pouvez poser pour diminuer le gaspillage. Si vous étiez déjà à l’aise avec l’utilisation du « 3RV », je vous conseille d’étudier le mode de vie zéro déchet. Sans trop en parler (parce que je vais sûrement écrire un article à ce propos prochainement), sa devise ressemble à :

 

«Refuser (ce dont nous n’avons pas besoin), réduire (ce dont nous avons besoin), réutiliser (ce que nous consommons), recycler (ce que nous ne pouvons ni refuser, ni réduire, ni réutiliser) et composter (le reste) » (Johnson, 2013).

Bref, l’application mobile « Ça va où? » est un outil formidable et parfaitement adapté à la réalité du XXIe siècle. Recyc-Québec, en la publiant gratuitement, facilite énormément la vie des ménages québécois lorsque vient le temps de trier les matières résiduelles générées. Cependant, malgré que le recyclage soit une habitude bien ancrée et que les collectes des matières putrescibles sont de plus en plus nombreuses, les résultats sont toujours bien maigres.

À preuve, le Québécois moyen envoyait toujours 685 kilogrammes (1 510,20 livres) à l’élimination en 2015 (Recyc-Québec, 2017). Le simple fait de (bien) classer ses déchets n’est pas la solution ; c’est le strict minimum. Il faut faire mieux : consommer moins (et mieux) afin de générer moins de gaspillage de ressources. Surveillez votre magazine Vitalité dans les prochains mois pour y lire un article sur le mode de vie zéro déchet. J’y inclurai de nombreux trucs pour agir en ce sens !

 

Et rien ne vous empêche de lire sur le sujet en attendant (je vous conseille le livre en référence) !

 

Références

JOHNSON, B. Zéro déchet : l’histoire incroyable d’une famille qui a réussi à limiter ses déchets à moins de 1 kg par an, Montréal, Les Éditions Transcontinental, 2013.

RECYC-QUÉBEC. Portrait des comportements et attitudes des citoyens québécois à l’égard des 3RV, 2015. [En ligne] [https://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/sites/default/files/documents/etude-portrait-comportements-citoyens.pdf] (Page consultée le 1er mai 2018).

RECYC-QUÉBEC. Bilan 2015 de la gestion des matières résiduelles du Québec, 2017. [En ligne] [https://www.recycquebec.gouv.qc.ca/sites/default/files/documents/bilan-gmr-2015.pdf] (Page consultée le 1er mai 2018).

SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE DE RÉCUPÉRATION ET DE RECYCLAGE. Lancement de l’application mobile Ça va où ? RECYC-QUÉBEC dévoile un outil supplémentaire pour aider le citoyen à poser le bon geste de tri et de récupération, 2018. [En ligne] [https://www.newswire.ca/fr/news-releases/lancement-delapplication-mobile-ca-va-ou-recyc-quebec-devoile-un-outilsupplementairepour-aider-le-citoyen-a-poser-le-bon-gestede-tri-et-de-recuperation-679141703.html] (Page consultée le 27 avril 2018).