L’avenir de la planète se joue dans notre assiette – PARTIE 2

Publié le 15 novembre 2018
Écrit par Gabriel Parent-Leblanc. B. Sc., M. Env.

L’avenir de la planète se joue dans notre assiette – PARTIE 2

Avez-vous eu chaud, cet été ? Gageons que oui, avec les nombreuses canicules qui ont balayées le Québec…

 

LE MOIS DERNIER, dans la précédente édition du magazine Vitalité Québec, j’expliquais qu’un été aussi chaud pourrait bien devenir la norme d’ici quelques années en raison du réchauffement climatique. Je suis persuadé que vous avez tous entendu parler du phénomène : la concentration de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère augmente en raison des activités humaines (transport, industrie, habitation, etc.). Ces GES retiennent une partie des rayons infrarouges émanant depuis la surface terrestre, ce qui cause un réchauffement du climat.

 

Cependant, un secteur que l’on ne soupçonne jamais assez dans son rôle quant au réchauffement climatique est celui de l’alimentation. La première partie de cet article quantifiait l’impact environnemental de la viande d’élevage, de même que les conséquences au niveau de notre santé, de la perte de biodiversité, sans oublier l’éthique même de la chose et la souffrance infligée aux animaux. Cette deuxième partie se veut un exercice plus pratique, à savoir des astuces et des recettes pour ceux qui seraient tentés de diminuer leur consommation de viande.

 

Mais avant de tomber dans le sujet principal, voici les faits saillants du dernier article pour ceux qui n’auraient pas eu la chance de le lire.

  • Le secteur de l’alimentation est responsable de près du quart (24 %) des émissions de GES mondialement.
  • À lui seul, le secteur de l’élevage d’animaux de rente représente 14 % des émissions de GES, soit autant que tout le secteur du transport ! Vous avez bien lu, l’élevage d’animaux pour la viande et autres produits d’origine animale a pratiquement le même impact sur le climat que toutes les voitures, les camions, les avions et les bateaux réunis.
  • La viande ne fournit que seulement 18 % des calories et 37 % des protéines dans l’alimentation des humains (en usurpant 83 % des terres).

(Greenpeace, s.d. et 2018).

 

LEXIQUE

Végétarien : personne dont le mode d’alimentation exclut la consommation de viande, de poisson et de fruits de mer.

Végétalien : personne dont le mode d’alimentation exclut la consommation de tous les produits animaux, soit la viande, le poisson et les fruits de mer, mais également tous les autres produits d’origine animale comme le lait, les oeufs, le miel, etc.

Vegan : le « veganisme » est un mode de vie reposant sur le refus de l’exploitation animale. Donc, en plus de refuser de s’alimenter à partir de tout produit animal, les vegans ne portent pas de vêtements issus des animaux et n’utilisent que des cosmétiques non testés sur les animaux, par exemple.

 

 

Commencer par une journée par semaine

Une des façons les plus faciles pour entamer cette démarche est proposée par l’initiative Lundi sans viande. Le mouvement, né aux États-Unis, est également présent ici et a pour but de « motiver un maximum de Québécois(es) à remplacer, chaque lundi, leurs repas de viande par des mets à base de végétaux (légumineuses, noix et graines, céréales (riz, pâtes, etc.), légumes, fruits) » (Lundi sans viande, s.d.a.).

 

Le site Web du mouvement (www.lundisansviande.net) offre une multitude de recettes sans viande et même un répertoire de restaurants participants.

 

Végétarien, végétalien, vegan ?

En constatant l’impact que notre consommation de viande a sur la planète et sur notre santé (sans compter l’impact de l’industrialisation sur les animaux), nous réagirons tous différemment. Certains voudront couper entièrement leur consommation de viande du jour au lendemain, d’autres diminueront graduellement, alors que d’autres ne changeront rien et c’est tout à fait acceptable. Nous sommes tous différents, et une telle démarche doit être adoptée par et pour vous.

 

Peu importe l’intensité du changement de votre diète, il est important de bien vous renseigner. Ne faites pas que lire cet article, en particulier si vous comptez retirer tous les produits animaux de votre alimentation ! Effectivement, vous pourriez développer des carences de vitamines et minéraux, comme la vitamine B12, le calcium, la vitamine A, C et D, le fer, les oméga 3, etc. (Vegan Health, 2018). Il y a une foule de livres, d’articles sur le Web, de documentaires et de vidéos sur YouTube pour approfondir le sujet et trouver les bons aliments pour éviter les carences (une liste complète est présente dans la référence ci-haut) !

 

Une foule de choix

Contrairement à ce que certains pourraient penser, il y a vraiment beaucoup d’options dans le monde végétal pour s’alimenter. On est loin de la version du hippie qui mange du quinoa trois fois par jour !

 

Essayez de remplacer la viande dans vos recettes par ces aliments !

Légumineuses (lentilles, pois chiches, fèves, etc.) :

  • Dans les salades ;
  • Dans les soupes, les potages ;
  • En tartinade (houmous) ;
  • Dans les plats cuisinés (ex. : pâté chinois aux lentilles, sauce à spaghetti avec des lentilles ou d’autres légumineuses, chili aux haricots rouges, croquettes de pois chiches, macaroni avec lentilles, haricots rouges ou autres, riz ou couscous).

 

Tofu soyeux :

  • Mousses aux fruits, au chocolat, au citron, etc. ;
  • Trempettes aux fines herbes, à l’ail, etc.

 

Tofu ordinaire :

  • En cubes rôtis dans la poêle et ajoutés aux sautés de légumes, aux salades, aux plats de pâtes asiatiques, etc. ;
  • En croquettes ou en burgers ;
  • En cubes dans la soupe ou marinés et mis en brochette sur le BBQ ;
  • Émietté dans les sauces à spaghetti.

 

Noix (amandes, noix de Grenoble, noix du Brésil, noisette, pacanes, etc.) ou graines (tournesol, citrouille, sésame, etc.) :

  • Dans les salades ;
  • En tahini – beurre de graines de sésame –, beurre d’amande, de noisette, de noix de cajou, etc. ;
  • Dans les sautés de légumes ;
  • En collation ;
  • En lait de noix (lait d’amande, lait de sésame, lait de chanvre, etc.).

 

Tempeh (fait à partir de soya fermenté, texture agréable, plus de saveur que le tofu) ;

  • Seitan (produit texturé à base de gluten de blé).

 

Végé-pâté (fait de légumes, pommes de terre, graines de tournesol). (Liste modifiée à partir de Lundi sans viande, s.d.b.)

 

En remplaçant de plus en plus de viande par ces aliments, vous vous habituerez à leurs différents modes de préparation, leurs usages, leurs goûts et textures. Par expérience, de nombreuses recettes que j’ai essayées avec des substitutions végétales sont meilleures sans viande ! Peut-être que vos expérimentations vous épateront de la même façon !

 

Pour finir, voici quelques trucs en vrac pour faciliter vos démarches :

  • Avant de diminuer votre consommation de viande ou de la substituer, vous pourriez seulement ajouter plus de végétaux à votre alimentation (grains entiers, légumineuses, noix, tofu, etc.). De cette manière, vous vous familiariserez progressivement aux méthodes de préparation et de conservation de ces aliments si cela est nouveau pour vous ;
  • Remplacez le lait de vache par du lait végétal (soya, amande, chanvre, etc.). C’est littéralement le changement le plus facile que vous pourriez faire. De plus, le lait végétal coûte moins cher et rancit moins rapidement, du moins si j’en crois mon expérience ;
  • Lorsque vous faites l’épicerie, soyez simplement plus à l’affût des produits sans viande. Peut-être passiez-vous devant une tonne de produits toutes les fois sans vraiment leur porter attention ?

 

 

RECETTE

Collaboration avec Sylvie Leblanc, naturopathe et chroniqueuse pour le magazine Vitalité Québec.

 

Crème de brocoli surprise

 

Ingrédients

  • 1 gros brocoli bio ou 2 petits en bouquets, les pieds pelés et en morceaux
  • 1 poireau en rondelle, le blanc et le vert
  • 1 échalote française, hachée
  • 1 oignon, en morceaux
  • 2 gousses d’ail
  • 4 grosses ou 6 petites pommes de terre bio, pelées en rondelles
  • 4 à 5 t. de bouillon de légumes bio naturel
  • 1/2 c. à t. de curcuma
  • 1/2 c. à t. de cumin
  • Sel et poivre, au goût
  • 1 contenant de tofu mou bio soyeux
  • 3 c. à s. d’huile végétale de votre choix (olive, canola bio, etc.)

 

Mode de préparation

  • Préparer les légumes et mettre le tout dans un grand chaudron.
  • Faire suer les légumes dans le l’huile durant 2 minutes en brassant.
  • Ajouter le bouillon et les épices. Faire mijoter le tout jusqu’à tendreté des légumes (15 à 20 minutes).
  • Ajouter le tofu mou et cuire de 5 à 7 minutes additionnelles.
  • Laisser refroidir quelque peu, et passer le tout au robot pour en faire une crème ou un potage onctueux. Ajouter sel, poivre ou herbamare, au goût ! (Si vous désirez congeler, ne pas mettre le tofu mou, car le tofu congelé a tendance à granuler).

 

Une bonne façon d’aller chercher de nombreux antioxydants, dans les brocolis, l’ail, le curcuma et le tofu. Délicieux et réconfortant même pour ceux qui ont l’habitude de repousser les brocolis !

 

Cette recette fait partie du répertoire Alimentation thérapeutique pour petits et grands Tome II Droits d’auteur exclusifs © Sylvie Leblanc n.d

 

Bref, notre consommation de viande représente une bombe climatique à retardement et l’on en parle trop peu. En fait, les problématiques reliées à la consommation de viande sont telles que nous n’aurons pas vraiment le choix d’intégrer plus de végétaux dans notre alimentation, du moins si nous voulons léguer un monde viable aux prochaines générations. Afin d’atténuer suffisamment ces effets négatifs, Greenpeace propose dans son rapport Moins mais mieux – moins de viande et de produits laitiers pour une planète en bonne santé une diminution de 50 % de la production de viande et de produits laitiers par rapport aux niveaux actuels d’ici 2050. Pensez-vous être en mesure de diminuer votre consommation de moitié ? J’espère de tout coeur que ces quelques astuces et recettes vous donneront le goût d’essayer !

 

Collaboration avec Sylvie Leblanc, naturopathe et chroniqueuse pour le magazine Vitalité Québec.

 

Salade de carottes à la façon de ma « soeurette mignonnette »

 

Ingrédients

  • 4 belles grosses carottes biologiques, râpées
  • 1/4 t. de fèves de soya bio, décongelées et rincées
  • 1/4 t. de canneberges séchées bio ou raisins secs
  • Quelques c. à s. de graines de tournesol bio ou graines de chanvre bio, selon vos goûts
  • Herbamare épicé, poivre
  • Personnellement, je rajouterais des petits oignons verts hachés pour donner un peu de goût !

 

Sauce à salade

  • 2 c. à s. d’huile de lin ou de canola bio de première pression à froid
  • Votre mayo préférée ou nayonaise (tofu) (facultatif)
  • 1 c. à t. de vinaigre de cidre de pomme bio (facultatif)

 

Mode de préparation

  • Sortir les fèves de soya du congélateur.
  • Râper les carottes (et les oignons verts, si vous les ajoutez à ma suggestion !)
  • Rincer les fèves de soya et les assécher.
  • Assembler la salade dans un bol, avec les canneberges, les graines de tournesol, la mayo et l’huile. Ajuster les assaisonnements avec l’herbamare et le poivre.

 

Voilà, pas plus compliqué que cela ! Colorée et nutritive, elle saura sûrement plaire aux enfants et aux grands !

 

Cette recette fait partie du répertoire Alimentation thérapeutique pour petits et grands Tome II Droits d’auteur exclusifs © Sylvie Leblanc n.d.